CHAPITRE 7 : L'écorchée vive 7-1
À l'orée du bois, la pleine lune délivre une vue imprenable sur les plaines gelées. La douleur aux poignets devient de plus en plus incisive. Jenny a beau essayer de défaire ses liens, impossible. L'herbe craque sous les sabots des deux juments reliées par une longe. Trois, quatre jours se sont écoulés depuis le drame, elle ne sait même plus exactement. Le duo s'arrête et son bourreau s'approche d'elle. Les équidés soufflent.
— J'te donne de l'eau. Ne me saute pas à la gueule, t'as presque rien bu.
Il lui défait le tissu fixé dans sa nuque. La bouche pâteuse, elle réhydrate ses lèvres d'un passage de langue. Le silence a pris la part belle et, peu à peu, remplacé la colère et la haine des premières heures. Ses cheveux en bataille lui collent au visage. Tandis qu'il présente la goulotte, elle bascule sa tête en arrière. Il verse avec parcimonie. Elle boit à pleines gorgées. Rester en vie, attendre la bonne occasion et trouver un moyen de le tuer, voilà son plan. Les marques de la pendaison la brûlent encore. Les images défilent devant elle, la peur de la mort, la suffocation, l'abdication puis la fureur de vivre. L'envie de lui régler son compte une bonne fois pour toute. Il boit à son tour, puis écarte les bras à l'horizontale.
— Au cas où, bienvenue au Colorado, p'tite !
Il se roule une cigarette, l'allume, puis s'affale presque dans sa selle, afin de profiter du moment. Une longue colonne grise s'échappe alors de sa bouche. L'odeur qui s'en échappe est identique à celle employée par Rodgers et elle n'en fait même plus cas. La complicité des deux énergumènes est avérée de toute manière.
— Pffff, tu sais, on est bientôt arrivé, cocotte. Tu m'as surpris quand même. Grimper dans le dos de ta copine pour éviter de crever, fallait en avoir dans le pantalon.
La tête baissée, honteuse, Jenny se remémore le drame. Myrtille et elle, juste derrière, assises sur la jument. L'instant d'après, l'équidé part au galop. Les larmes s'écoulent à nouveau sur son visage et sa gorge se noue rien que d'y penser. Le pire de tout, au final, au-delà de la strangulation, c'est ce bruit sournois de cette fichue branche qui revient la hanter à chaque fois. Ce craquement, si proche de la rupture, sous l'influence de leur poids, l'irrite.
— Pleure pas, chérie. Allons.
Elle ne peut plus se contenir et le flot de larmes dévale en abondance jusqu'à son menton. Elle serre la mâchoire de plus belle et redresse sa tête. Ce qu'il n'a pas remarqué ce jour-là, c'est que Myrtille, ligotée comme elle, les bras dans le dos, lui a sauvé la vie. À bout de souffle, elle l'a incité à prendre appui dans ses mains jointes.
— Sacrée Myrtille et jolie courte échelle au passage ! Jacko a l'œil !
Elle sursaute, renifle. Il ricane. Un coup de froid lui traverse l'échine. Une énième colonne de fumée s'évase, stagne, telle l'encre de sa peine infinie sous l'influence d'un papier buvard.
« Il sait ? »
— Faut avoir du cran et, surtout, de la lucidité, pour faire un truc pareil ! J'admire, j'admire.
Faut croire que l'instinct de survie prévaut sur n'importe quelle autre rationalité. Sa jambe droite s'est pliée, puis son pied s'est appuyé dans les mains jointes de son amie et elle a crié, poussé de toutes ses forces. Sous la libération de la contrainte, l'air a filé dans ses poumons.
— Bon, c'est pas tout ça, ma jolie, j'adore nos discussions, mais il me faut un truc pour tes deux copains. Une idée ?
Elle grimace. Par dégoût, et tant pis pour les répercussions, puis crache le liquide conservé dans sa bouche.
— Ehhhh, bordel !
Consterné par son audace, il coince sa cigarette entre ses dents, redresse d'un bond son buste et lui dévisse la tête d'un coup-de-poing magistral. Sous la violence de l'impact, elle manque de finir au sol. De côté, ses cheveux couvrent son visage. Elle cligne des paupières et s'interdit de pleurer une seconde de plus. La joue rougie au fer et la bouche grande ouverte, elle graillonne et peine à reprendre ses esprits. Dans l'opération, sa lèvre inférieure vient de se réouvrir et un mince filet de sang inhibe la végétation blanchâtre.
— Les chiens font pas des chats, nom de dieu. N'oublie pas la proposition que tu m'as faite lorsque tes vieux ont trépassé ! Merde quoi, tu cherches la merde. Allez, en avant et un conseil, ferme-la !
Jacko siffle et le duo reprend son périple. Penchée sur l'encolure, elle se gratifie de la chaleur que diffuse la jument et ferme les yeux au contact. Le goût métallique afflue sans cesse, elle déglutit au fur et à mesure.
— N'empêche que là, tu vois, j'ai pas eu besoin de t'arracher un bout de vêtements ou un paquet de cheveux. Tu pisses bien rouge et c'est pas de la nioniote !
Effarée par le Mexicain, elle ne peut que constater que son stratagème fonctionne. Il laisse des indices, de-ci, de-là, qui, en plus des traces des chevaux, ne peuvent que renforcer la probable poursuite d'Ngoma et de Joe.
Sous la torture du mégot de cigarette écrasé sur un avant-bras de la Canadienne, ravivé à chaque reprise, Myrtille avait cédé et lâché leur identité. N'importe qui l'aurait fait, tôt ou tard. L'odeur de la chair brûlée combiné à ses cris de douleur, l'entaillent écorchée vive. Owen, quant à lui, avait perdu l'échange de tirs avec Jacko. Le plus terrible, c'est d'être la seule à connaître la condition de Myrtille : enceinte. L'opportunité d'en finir avec Jacko reste unique, elle le sait, elle doit juste trouver un moyen de lui rendre justice.
— Si tu geins, je te remet le chiffon, capiche ?
Ses amis sont aguerris à ce genre de situation. Ils ne manqueront pas de comprendre son stratagème. Toutefois, elle se demande par quel moyen il compte les piéger. Petit à petit, le froid matinal disparaît, pour laisser place à l'aurore. Exténuée par presque aucun arrêt, les heures défilent et s'écoulent dans cette pénible lutte contre la fatigue qui l'anime. Les paupières lourdes, elle risque à tout moment de tomber de la selle. Dans l'incapacité de se contenir, elle urine à nouveau. Le liquide dévale sur les flancs de la jument et entame sa peau. Mais lorsque le jour décline, dans un relief de plus en plus accidenté, évoluant entre une terre ocre et des coteaux aux feuillus de mille nuances, encore une fois, tel un supplice exacerbé, Jacko la sort de sa semi-léthargie. Elle tressaille lorsqu'il saisit ses cheveux et lui relève la tête en arrière.
— AHHHHH !
— T'entends les canassons ? Un grand conseil, ferme ta grande gueule.
À peine le temps de réaliser le danger, qu'il attache déjà le tissu dans sa nuque. Ni une, ni deux, le binôme grimpe la forte pente pour se cacher dans une de ces innombrables cavités naturelles, façonnées par ce relief si particulier. Telles des statues de pierre et, aux premières loges pour identifier le groupe de guerriers, ils assistent à un long défilé. Une bonne trentaine de braves descendent vers le sud. Avec leurs peintures de guerre et les traces de sang sur eux, accentués par plusieurs morts dans le cortège, ils viennent de subir une défaite. Glacée d'effroi, Jenny reconnaît sans ambiguïté Woqini, dont les membres se balancent au gré de l'évolution de son cheval. Sa coupe de cheveux, si unique, l'atteste. Peu enclin à prendre davantage de risques, Jacko décide de camper ici pour la nuit. Il attache les juments, puis aide Jenny à descendre. Une fois au sol, elle se débat afin de se défaire de son étreinte. Il lève les mains, la mine satisfaite. Elle s'assied sur un coin de roche plate et pose son menton entre ses genoux ramassés.
— Des Cheyennes et des Iroquois. Visiblement, ils repartent la queue entre les jambes. De plus, il me semble que le grand Norman Nose*...
Il fait un signe horizontal d'un pouce tendu au niveau de son cou et jubile.
— Ils vont bientôt comprendre leur douleur, ces peaux rouges de mes deux. Black Kettle va mordre la poussière une bonne fois pour toute. Oh, excusez ma vulgarité, gente demoiselle.
Tandis que la luminosité décline vite, il accompagne ses propos d'une révérence théâtrale. Outrée, Jenny l'ignore et se demande ce qui se trame pour les autochtones. Pour sûr, Jacko, qui lui retire ses chaussures, en sait long sur ce qui va arriver à Washita. Le quidam sort son Colt, bascule le barillet et extrait toutes les balles, sauf une. Le bruit de tourniquet interpelle toutefois la captive. Il replace l'élément métallique d'un geste usité, arme le chien et colle le canon sur lui-même, au niveau de sa tempe. Elle grimace au cliquetis. Il éclate de rire. L'énergumène cherche à défier son destin ou est-il avide de sensations fortes ?
— Ne me demande pas pourquoi je fais un truc comme ça, j'en sais rien moi-même, ça me fait bander. Probablement que je me sens invincible, à chaque fois un peu plus je suppose.
Puis il s'allonge sous sa couverture. Trop fatiguée et pieds nus, il sait qu'elle ne tentera rien, ou bien la met-il au défi d'oser l'impossible ? Le froid s'incruste avec la nuit. Elle claque des dents. Lorsque les premiers rayons du soleil inondent la cavité rocheuse, le malfrat se réveille en sursaut. En proie à un gros besoin de récupération, il se rend compte de sa baisse de vigilance.
— Et merde ! Putain, tu fais chier Jenny ! Une vraie plaie !
Il se lève d'un bond, libère les chevaux et prend place sur son équidé. Une fois le sentier rejoint en contrebas, il prend vers le sud, sur les traces des guerriers. Dissimulée dans une entaille rocheuse, juste à côté de la cavité, Jenny réussit enfin à couper ses liens sur une résurgence affûtée tel un rasoir. Elle gémit à cette mobilité retrouvée, puis s'avance avec prudence vers la sortie. Elle sait que son bourreau se rendra vite compte de la supercherie. Pourtant, elle préfère attendre une dizaine de minutes, espérant son retour. Elle veut cette confrontation, là, maintenant, elle attend cette opportunité depuis trop longtemps. De plus, tout bien réfléchi, quelles sont les maigres opportunités qui lui restent. Autant dire que la réponse est simple : zéro. Elle est pieds nus, seule, sans arme et sans cheval et pour finir le tableau, loin de tout. Ses dents claquent et elle décide de se mettre à découvert pour profiter des rayons du soleil. Elle se crispe illico au touché du canon du Colt sur sa tempe. En apnée, son cœur manque de sortir de sa poitrine.
« Dieu, si tu existes, sois avec moi ! »
— Tu croyais vraiment finter un vieux briscard comme moi, poupée de cire ?
Il amorce le chien. S'ensuit le cliquetis du barillet. La mine satisfaite, il appuie sur la gâchette. Les sourcils levés, il éclate de rire. Mais la prisonnière profite au change et le malfrat grimace au coup-de-pied latéral de Jenny.
— Ehhhh !
Dans sa chute, il l'agrippe par ses habits et ils s'étalent de valeur sur la pente rocailleuse. L'arme dévale devant eux jusqu'au sentier. Jenny, le rythme cardiaque à son paroxysme, percute la première le passage et Jacko termine sur elle. Elle le tape de toutes ses forces, mais il la bloque sans difficulté.
— AHHHHH !
Il exerce tout son poids sur sa taille et ses grandes palmes se placent autour de son cou. À sa merci, il serre de plus en plus fort. Sous la contrainte, quelques veines frontales apparaissent chez Jenny. Ses ongles incrustés dans les avant-bras de son adversaire, elle lui arrache de la peau jusqu'au sang. Ses membres inférieurs gesticulent avec de moins en moins de vigueur.
Le regard hagard, elle suffoque et se sent partir. Le temps se dérobe et s'effiloche en dentelles pourpres, telle la fragrance des roches de cette contrée* sauvage. Sa vie défile en l'espace d'une seconde, comme les grains d'un sablier. Josh et leur jeu de cartes interdits à la lumière des bougies, ses parents, la belle époque où ils faisaient les foins à quatre. La rudesse de leur existence face aux hivers rigoureux. L'annonce de la Sécession. La solitude avec juste sa mère. La faim au ventre. Le froid, puis le retour de son père. Leur mort. Ngoma, l'incendie, Plume-de-Faucon, Woqini et enfin Owen et Myrtille.
La fureur de vivre lui donne les dernières ressources nécessaires pour étendre son bras droit à même le sol. Elle tâtonne un miracle quelconque, une dernière chance. La pierre s'éclate sur la tête de Jacko, qui lâche prise et termine étendu sur le dos à son tour. À genoux, il tape d'un poing rageur le sol granuleux et se lève en deux temps.
— Ahhh, bordel de merde !
Elle tousse et inspire par bribes, la bouche grande ouverte. Sans tergiverser et blessé dans son orgueil par le dénouement de ce minable face-à-face, Jacko lui assène un coup-de-pied dans les côtes.
— AHHHHH !
Tandis qu'il ramasse son chapeau et son revolver, Jenny se tord de douleur et se recroqueville sur un flanc. Du sang s'écoule de sa bouche et elle se trouve dans l'incapacité de riposter. Jacko ricane et semble jouir de ce genre d'échanges brutaux.
— Bon sang, t'as du cran ! J'adore ça !
Il la replace sur le dos et s'avachit sur elle. Il sort d'une poche extérieure de son veston une de ses maudites cordelettes toujours prêtes à l'emploi, puis lui ligote ses poignets ensemble.
— Allez, t'épuise pas va, poursuivons notre route, on a encore quelques jours de route. Allez hop, du nerf !
Il la balance sur une épaule. Elle gémit. Tout tourne autour d'elle. Les nerfs à vif, elle craque et pleure. À peine le temps de dire ouf, qu'il la bascule telle quelle sur la jument. Pliée au niveau ventral, Jenny subit. Le binôme repart vers le nord. Face à cette position inconfortable, elle réussit tant bien que mal à se remettre en selle, sous la surveillance affûtée du malfrat. Son rythme cardiaque reste élevé en raison de la souffrance physique et mentale.
« Comment tu pensais t'en sortir autrement aussi ? »
Le relief escarpé s'estompe petit à petit, par endroits, sous un ciel mi-figue, mi-raisin. L'épaisse couverture nuageuse délivre parfois des petites gouttes sporadiques, sans vraiment tourner dans un sens ou dans l'autre. Sa lutte incessante contre le sommeil reste une plaie incontournable dans ce périple. La peine a passé l'arme à gauche pour donner libre accès à la vengeance. Jusqu'à quelle limite un être humain peut-il encaisser les coups, tomber à genoux et se relever ? Le temps défile. Les nuits s'empilent. Un matin, tandis que le soleil touche les crêtes rougeâtres, ils arrivent enfin à destination.
— Bienvenue à l'une des innombrables villes fantômes de Pikes Peak*. C'est t'y pas beau tout ça, bichette ? Va falloir te laver, tu chlingues. Moi aussi, d'ailleurs !
Ancré dans une forêt de feuillus, dont les teintes automnales captent déjà l'attention par leur beauté, le binôme pénètre dans ce lieu de désolation totale. Le panneau, qui a fait peau neuve, affiche Blackhawk. Proche d'une rivière et dans un relief en adéquation avec l'amorce marquée des Rocheuses, les maisonnettes tombent en ruine. Ici, l'activité effervescente révolue depuis plusieurs années, porte encore les stigmates de la fièvre de la ruée vers l'or. Des outils en tout genre peuvent encore s'apercevoir à la dérobée, de-ci, de-là. L'ambiance est lugubre et, après un virage prononcé, toujours à fleur du cours d'eau, Jenny découvre un chariot dételé. L'équidé mange un peu plus loin et se contente des maigres et sporadiques touffes d'herbes à sa disposition. À côté, des bruits de marteau sortent depuis l'intérieur d'une bâtisse, où de la fumée s'échappe de la cheminée. Quelqu'un s'affaire à réparer cette dernière. Jacko siffle. La petite silhouette de son collègue se dévoile. Plus près, Jenny le reconnaît et son sang ne fait qu'un tour. Tout sourire, Aldo, celui qui a exécuté ses parents, vient à leur rencontre.
— Ola, mon frère, j'ai ramassé un truc en route.
Le barbu attrape les rênes de la monture de Jenny et l'attache à une barre raccommodée à cet effet.
— Puta merda ! Tou l'as trouvé où, la chica ? Ye l'ai presque pas roucounnu. Vous avez des sales goules !
— Je te raconterai. Mademoiselle joue les dures à cuire. Voici cow-boy Jenny !
Aldo s'étouffe presque de rire. Pied à terre, Jacko sécurise sa jument et aide Jenny à descendre. Alors qu'il lui défait ses liens, elle recule et titube, dans l'appréhension de prendre un coup. Il pointe son index vers la rivière.
— Je pense que t'as compris la leçon. Voilà tes godasses. J'ai remarqué des habits de rechange dans une des sacoches de ton canasson. Mets-toi dans l'intimité pour te laver, on viendra pas t'emmerder, promis, juré.
Muni de ses effets personnels, elle se dirige plus loin, afin d'être bien à l'écart. Inutile de penser s'évader à nouveau dans son état pitoyable. Mais la première phrase de son plan a fonctionné : une confrontation pour mettre à défaut ce pervers mysogine. Un passage obligé pour l'amener vers son but final : la mort, quitte à perdre la partie de poker engagée.
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* Pikes Peak : de 1858 à 1861, à eu lieu l'une des plus grandes ruée vers l'or des États-Unis, au Colorado, au sud-est des Rocheuses. L'activité reprendra petit à petit en 1868, l'année du récit, avec l'arrivée des machines. Les chercheurs d'or étaient appelés les fifty-Niner, les "quarante-neufvards", en référence de la pire des années, 1859, en terme d'affluence.
À noter que la découverte d'or dans cette région a amené au massacre de Sand Creek et une violation du traité de Fort Laramie. Les tribus Amérindiennes ont donc vu leur réserve se rétrécir à nouveau. Black Kittle en faisait partie d'ailleurs. C'est en toute logique que des combats entre colons et autochtones s'y déroulent, dont Woqini en fait partie.
* Norman Nose : autre nom donné à Woqini. Il décède le premier jour de la bataille de Bretcher Island, dans le nord&est de Colorado, le 17 septembre 1868. Ici, l'affrontement ayant durée six jours, on peut supposer qu'on est le 25 septembre.
* Contrée sauvage : ici, je fais référence aux Espagnols qui nomment la région Colorado, rouge. Cette couleur se trouve très liée au fleuve lui-même, riche en boues de grès rouge.
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