Adieu Hovertown 1-4
Un silence prend place, puis, après avoir assimilé la nouvelle, Jenny cherche une solution.
— Une idée me vient. J'aurais besoin d'engager un détective privé. En connaissez-vous un ?
Nelson aspire alors plusieurs taffes de sa pipe, suivies d'une longue colonne de fumée. Son attention, focalisée sur le flux des quelques badauds dans la rue principale, tarde à délivrer une réponse.
— Oui, Benjamin Lemeunier, sa réputation le qualifie du meilleur dans sa discipline. Tu le trouveras à City of Kansas. On lui attribue souvent des enquêtes compliquées, certains lui octroie le surnom de "l'Artiste". De dires, il intervient aussi dans d'autres États limitrophes.
La jeune Parson cherche une solution quant à son principal problème : l'argent. Elle se doit de peser le pour et le contre de l'éventualité de vendre, à contrecœur, la ferme familiale.
— Vous n'allez pas faire ce à quoi je pense, Jenny, allons ?
Mitigée face à cette intervention, elle répond.
— Comment je peux faire ? Je culpabilise déjà. Je sais très bien ce que cela représente.
À cette annonce, l'homme retire sa pipe. Elle argumente alors sa position.
— Rodgers convoite la propriété de mes parents depuis des...
— On se demande tous pourquoi d'ailleurs ? Tu me donnes l'impression de comprendre ce qui se trame, je me trompe ?
— Jacko...
Tandis qu'elle ressasse à nouveau la scène, l'impression d'étouffer la submerge.
— Quoi, Jacko ?
Elle s'appuie contre la paroi, ferme les yeux et inspire profondément. Les images défilent devant elle et, à sa grande surprise, avec plus de clarté et de précision.
— Il... Je me souviens de son allocution maintenant, de chacun de ses mots, de l'odeur si particulière engendrée par son haleine au tabac froid. Une odeur unique, inhabituelle dans nos contrées, peut-être plus orientée vers un public aisé.
Elle tremble sous ses propres propos, puis son rythme cardiaque s'emballe à l'évocation du drame. Cependant, elle s'interdit tout arrêt. Une façon de se prouver à elle-même qu'elle peut dominer cette peur. Cette saleté de sensation néfaste vient à nouveau de s'immiscer d'une manière inopportune, comme lors de l'exécution de ses parents. Elle redresse son port de tête puis écarte les mèches blondes qui gênent sa vue.
— Il disait que, peu importe, de toute manière, il allait résoudre le problème à la racine.
Elle se surprend à ne verser aucune larme, par contre, sa gorge se noue, suite à cette évocation.
— Tout le monde ici pense que le Maire emploie cette bande de voyous, Jenny. Reste à le prouver. Mais je t'en conjure, ne vends pas.
Elle ne répond pas, puis réussit à reprendre quelques bribes d'air salvatrices. Malgré tout ses efforts, elle ne peut contenir les larmes qui dévalent sur son visage, jusqu'à atteindre son menton.
— Donne-toi la nuit, on dit que ça porte conseil.
Elle essuie sa peine grâce à deux, trois mouvements de poignet.
— Je... J'en sais plus rien. À chaque fois que j'y repense, je revois la scène qui se déroule devant moi. La ferme de mon enfance me répugne désormais, monsieur.
— Et ton frère, ta sœur...
— Mon choix s'avère impossible, docteur, et si je veux une chance de les retrouver, inutile de tergiverser, il me faut l'aide de ce détective et donc de l'argent. J'avoue ne plus savoir où j'en suis. Je...
Jenny scrute l'horizon par la fenêtre, petit à petit, les nuages noirs s'amoncellent. Des jours tourmentés s'annoncent. Elle le sent, tout comme l'éclair qui vient de percer le ciel, au loin, la soif de vengeance vient de réapparaître, comme tout à l'heure. Cette sensation si particulière vient d'évincer la peur pour la mettre à son profit. Même la colère, toujours mauvaise conseillère, décide de faire volte-face. Jenny serre la mâchoire.
— Bon, si tu le souhaites, j'ai pris la liberté de mettre quelques affaires de mon épouse vers la baignoire, prends ce qu'il te faut. Tu possèdes, à quelque chose près, des mensurations identiques, je pense. Ça ne m'empêchera pas de me morfondre tous les soirs, pour finir bourré, mais bon...
Jenny cligne des paupières et revient à des considérations plus concrètes.
— Vous êtes sûr ?
— Oui. Sachant que tu viendrais, par le pasteur, j'ai préparé un seau d'eau, probablement tiède maintenant, ça te permettra de te laver. Faut pas rester comme ça.
Elle baisse la tête, grimace et abonde dans son sens.
— Merci beaucoup, je veux bien.
— Tu sais où ça se trouve. Je te donne avec plaisir le gros sac en cuir à l'entrée du local, avec quelques affaires propres en plus. Laisse les tiennes ici, je m'en occuperai par la suite.
Elle s'y rend et ferme la porte, puis pose son chapeau, de même que son chapelet et la lettre de son aîné, sur une chaise à proximité de la petite table, en guise de lavabo. La fenêtre, dont les volets sont presque rabattus, est couverte par un rideau blanc. En découle une lumière tamisée dans le local. Face au miroir, elle constate les dégâts. Sa lèvre inférieure enflée, l'œuf au-dessus de son œil et les traces de sang coagulées sur son visage, de même que sur sa robe. Elle se renfrogne et se déshabille. Cette souillure doit disparaître afin de laisser place à un minimum de décence. Demain, elle enterre ses parents et elle doit faire bonne figure, sinon, que vont raconter les gens comme ragots ? Après une bonne demi-heure, Jenny sort de la salle de bain, toute propre et munie du grand sac en cuir, puis elle rejoint le docteur qui vient d'ouvrir la porte d'entrée. Un courant d'air déboule et Jenny scrute alors l'horizon. Des grosses gouttes d'eau tombent, toutefois, elles restent sporadiques.
— Ah, ça te va à ravir, ça m'émeut.
— Merci pour votre bonté, monsieur Nelson.
Elle pose le sac sur le plancher.
— Mais entrez donc, shérif.
Jenny s'immobilise à la vue du grand homme de loi qui vient de prendre place dans la pièce principale, chapeau en main. Impossible de se méprendre avec son allure si particulière. En effet, d'aussi loin qu'elle s'en souvienne, ses cheveux, de même que sa grosse moustache qui descend et se termine de part et d'autre de son menton, exposent une couleur blanche unique.
— Mes sincères condoléances, jeune femme. Vraiment désolé.
— Merci, shérif Jackson.
Nelson ferme et le calme revient. Jackson se racle la gorge, replace son couvre-chef, puis lui expose deux avis de recherche, un dans chaque main. Jenny appréhende et recule d'un pas.
— Excusez mon manque de tact, mais la procédure officielle l'exige. Une simple formalité en fait, que je stipule ensuite dans mon rapport. Reconnaissez-vous ces types ?
Pétrifiée, l'espace d'un instant, elle s'avance, refusant de se laisser dominer par la peur.
— Oui... Lui... Enfin, la mention de son nom semble correcte, Jacko. Quant à l'autre...
— Humm, ouais, un certain Aldo. L'homme de main, je pense, il fait le sale boulot d'après les témoignages. Petit et barbu.
— Je... Je confirme, oui. Cet homme a appuyé sur la détente à deux reprises.
— D'accord, ça me suffit, ça corrobore le même schéma à chaque fois. Je ne vous importune pas plus longtemps et vous dis à demain, dix heures. Ma présence devient souhaitable au Saloon, Monsieur le Maire va finir en charpie sinon.
L'instant d'après, le vent s'engouffre à nouveau, puis retombe à la fermeture de la porte. Le docteur s'approche d'elle et une sorte de bonheur se dégage de l'expression de son visage.
— Mon épouse aurait aimé te voir ainsi.
Jenny, un peu embarrassée, reste silencieuse, puis le docteur sort sa montre à gousset et siffle un petit coup.
— Déjà dix-sept heures ! Le temps file. Tu peux dormir chez moi si tu le désires, ça sera avec plaisir.
— Merci, encore une fois, mais quelqu'un m'attend déjà à l'hôtel.
— D'accord, je te souhaite bonne chance ma petite. On se revoit demain au cimetière.
Elle acquiesce et sort, munie du sac. S'ensuit un signe furtif de la main, presque en guise d'adieu. Sans se retourner, elle bifurque à gauche et marche dans la rue principale. Le vent donne l'impression de baisser d'un ton, de même que la partition qui l'accompagne. Comme tous les jours d'été ici, la probabilité qu'il pleuve s'estompe encore une fois et la sécheresse maintient sa place inéluctable. Elle arrive à hauteur du Saloon et s'arrête devant, ça siffle à l'intérieur. Elle ne voit plus le chariot d'Ngoma et, déduction faite, la jument, ainsi que la carriole, doivent se trouver chez le maréchal-ferrant.
Après réflexion, elle décide de se risquer à le rejoindre, il est fort probable qu'Ngoma doit encore s'y trouver. Les portes battantes exécutent ce bruit si particulier lorsqu'elle franchit l'accès de l'établissement. La foule, en majorité masculine, crie en direction du Maire, debout sur une table. Un léger voile de fumée, octroyé par les cigarettes roulées, la saisit à la gorge et engendre une toux de circonstance. Elle se faufile, pas très rassurée, entre les protestants, dont certains sont assis sur des tabourets, le long du magnifique bar en bois de chêne.
— M'enfin, mon ami, tu comprends bien qu'il m'est impossible de te fournir une telle protection. Allons, un peu de bon sens.
— Ouais, eh ben tu peux te la foutre où je pense, ta logique. C'est pas toi, monsieur le Maire, qui fait face à la bande à Jacko lorsque ces types se pointent ! scande le conducteur de diligence, un poing levé.
L'élu, un homme plutôt petit et d'une forte corpulence, semble démuni face à cette situation explosive. Presque l'intégralité de la trentaine de famille est présente. Le responsable reprend de plus belle.
— Demande à l'armée, maire de mes deux !
La foule applaudit et siffle à cette proposition, tandis que Zachary Rodgers écarte les bras, afin que le calme revienne, avant de poursuivre. Monsieur le Maire se racle la gorge, et sursaute, tout comme Jenny et le reste de l'assemblée, au tir de sommation du shérif, qui se tient maintenant à proximité de la table.
— Un peu d'ordre, bande d'ignares ! On trouvera aucun compromis à ce rythme-là.
Une espèce de silence s'installe alors. Tandis qu'Ngoma, qui vient d'apercevoir Jenny, se fraye un passage, Rodgers argumente de plus belle.
— L'armée ? Vous rigolez ou quoi ? Ils sont en sous-effectif et se livrent à une guerre sans merci contre les peaux-rouges. Ils n'en ont que foutre de vos états d'âmes. Alors, des volontaires parmi vous ? Je fournis les armes et les munitions. Allons, la plupart d'entre vous ont participé à la guerre, mais peut-être que votre courage vient de disparaître dans vos chaussettes ?
Son allocution s'accompagne par un geste des mains qui se positionnent, par un ancrage des pouces, dans son gilet marron foncé, au niveau des aisselles. Cette attitude de supériorité exacerbe la situation déjà sur le fil du rasoir. Le conducteur s'avance, outré par ses propos. Immobile, Jenny tente de repérer en vain son ami entre les hommes, dont certains ne manquent pas de la reluquer, un verre de whisky en main.
— Vous faisiez quoi, vous, pendant qu'on se faisait trouer la paillasse ? Merde quoi.
— Je... Je m'occuperai de mes administrés et...
— Ben voyons, ça explique pourquoi on vous a botté le cul à vous, les Confédérés !
Un second tir, qui dépite le barman et propriétaire des lieux, revient mettre un peu d'ordre. Au moment où une main baladeuse touche Jenny, Ngoma apparaît. Sortie de nulle part, il bouscule le quidam bien éméché, qui ne bronche pas et se contente de ricaner. L'Afro-Américain, front plissé, invite Jenny à le suivre à l'extérieur, car la grogne risque de dégénérer en combat de boxe généralisé. Maintenant dans la rue, l'intuition d'Ngoma s'avère juste et la bagarre commence. Le mobilier vole et, quelques instants plus tard, le Maire sort, sous la protection de Jackson. Essoufflé, Rodgers s'époussette et regarde derrière lui, puis éclate de rire.
— Ils continuent de se battre, n'importe quoi ! Je vous le dis, shérif, aucune jugeote !
— Dois-je intervenir ?
— Ah, bah, laissez tomber, qu'ils défoulent leur frustration, ça les calmera peut-être.
L'élu reconnaît Jenny d'emblée et s'avance vers elle, le couvre-chef dans les mains. Un peu plus calme, elle décide de lui faire face et de lui exposer sa proposition, déterminée à ne pas rester ici plus longtemps que nécessaire.
— Mes sincères condoléances, Jenny.
— Merci, Monsieur. Euh, l'instant n'est peut-être pas bien choisi, mais, après le drame que je viens de vivre, je ne compte pas traîner dans les parages.
Les trois hommes, interloqués, prêtent attention à la jeune femme. Elle inspire un grand coup et se jette à l'eau, de toute manière, elle ne voit pas d'autre alternative.
— Je sais que la propriété vous intéresse et je peine à comprendre pourquoi. Cependant, je ne peux fournir le travail exigé sur la ferme seule. Je ne vous mentionne même pas l'horreur du souvenir du drame et la perte des bâtisses par le feu.
— Vous voulez vendre ? demande l'élu, ses sourcils relevés, d'un noir identique à ses cheveux.
— Oui, après mûre réflexion, je le souhaite.
— Très bien, on peut régler la paperasse tout de suite, si vous voulez ? Jackson, informe le notaire, veux-tu ?
Sans tergiverser, le shérif entame de traverser la rue et part chercher ce dernier.
— Allons-y alors, monsieur Ngoma se joindra à nous, il possède, je pense, plus de notion que moi à ce sujet. Histoire de ne pas me faire rouler dans la farine. Ça ne vous pose pas de problème ?
Un sourire mi-figue, mi-raisin, s'affiche alors chez Rodgers, mais il se voit obligé d'accepter.
— Ça ira, suivez-moi.
Le Maire ouvre la voie, tandis que Jenny et Ngoma suivent. Ce dernier l'interpelle à voix basse.
— En fait, je n'y connais pas grand-chose, miss Jenny. Je sais à peine lire et écrire.
— Vous inquiétez pas, faites comme si, ça suffira à déstabiliser cette ordure.
Il acquiesce, puis sourit à cette demande. Rares sont les blancs qui le traitent d'égal à égal, et jouer un rôle d'une telle importance dans cette vente l'enchante déjà, rien que pour botter en touche l'élu.
— Des nouvelles de Joe ?
— Zéro, mais il sait où nous habitons. Ce qui m'inquiète le plus avec Joe, vient de sa capacité à s'attirer les problèmes.
— Un mauvais aura, un peu comme moi.
— Non, vous, c'est pas pareil. Lui, il possède un don à se foutre dans une merde monumentale et, à peine sorti d'une, qu'une autre apparaît.
Quelques minutes s'écoulent et au loin les nuages se désagrègent petit à petit, tout comme le vent, puis Rodgers ouvre la porte de la mairie et les invite à entrer. La pièce, plutôt restreinte, permet toutefois la présence de plusieurs individus de part et d'autre de la grande table en merisier. Chacun s'installe, face à face, et la culpabilité envahit Jenny. Elle sait que ce qu'elle s'apprête à faire risque de lui être reprochée toute sa vie, mais elle ne peut plus concevoir de continuer de la sorte. Elle considère le moment comme une nouvelle opportunité qui s'offre à elle, bien malgré l'origine conflictuelle qui en découle.
La porte s'ouvre à nouveau, puis se referme derrière le notaire qui leur serre la main. Le quidam arbore un chapeau melon marron clair et une sorte de petite barbichette autour de sa mâchoire. Tandis que l'homme prend place à côté du Maire et pose sa sacoche en cuir à côté de lui, au sol, Jackson reste debout, près d'une des fenêtres, bras croisés. Le notaire sort des papiers officiels, de même que des plans cadastraux et les étale sur la table, puis se racle la gorge. Son intervention s'accompagne d'un crayon, qui précise ses propos.
— Voilà, ici, vous avez les numéros de parcelles qui concernent votre ferme, madame Parson. Étant la seule représentante légale au présent moment et me trouvant dans l'impossibilité de pouvoir contacter votre frère, vous pouvez vendre. Voici les quelques formulaires à dater et signer, il me faut juste remplir le montant de la transaction.
Rodgers gribouille un chiffre sur une feuille, puis présente son offre à la vue de tous.
— Belle somme, vous en conviendrez ?
Elle s'apprête à accepter lorsque Ngoma intervient.
— De mon expérience, ceci est inférieure à la valeur du bien proposé, sauf votre respect, Monsieur le Maire.
Interloqué et contrarié par cette intervention inopportune, l'élu renchérit et réécrit une seconde proposition, puis l'expose. Jenny, le cœur dans les chaussettes, recherche une validité de son ami.
— L'endroit est stratégique pour vous, soyez indulgent Monsieur, je pense que vous allez revendre la propriété cinq à six fois. Doublez la mise et elle sera vôtre.
Le coup d'éclat d'Ngoma transcende Rodgers, tout comme les autres. Jenny suffoque presque à sa requête. Toutefois, elle le reconnaît bien là, il a du cran, aucune ambiguïté sur ce point. Agacé à cette annonce, dans un silence presque morbide, Rodgers exécute un signe de la main vers le haut.
— Va pour le double, c'est culotté !
Le notaire inscrit le chiffre, date et signe, le Maire fait de même avec une sérieuse grimace, puis Jenny termine à son tour. Rodgers croise ses phalanges et s'accoude sur la table.
— Avec cette fichue grève et vu le montant exigé, je me vois dans l'obligation de vous demander un délai indéterminable, afin d'honorer ma dette. Mais, témoins à l'appui, vous serez payé de toute manière, l'acte notarié dont vous possédez maintenant une copie, me l'oblige.
— Mince, je comptais dessus. D'accord, je trouverai un autre moyen. Merci.
Dans la foulée, tout le monde se lève et se salue, puis sort de la mairie. Une fois dehors, le Maire s'allume une cigarette et expire une longue colonne de fumée. Sous cette odeur particulière, le sang de Jenny se glace d'effroi. Médusée, son visage se défigure face à ce monstre, son menton tremble, de même que ses jambes. Elle recule de deux pas avec un va-et-vient négatif de la tête, consternée par ce constat qui lui fait face, puis lâche son sac en cuir et s'effondre au sol, dans un nuage de poussière. Les hommes, interloqués, décident de s'éloigner. Le Maire exécute un geste rotatif de l'index, à hauteur de la tempe.
— Elle yoyote de la caboche cette gamine. Tant mieux, qu'elle dégage le paysage, bon débarras !
Ngoma rejoint Jenny, maintenant à quatre pattes au sol, les mains enfoncées dans la terre. Puis la rage inhibe son âme, proche de l'hystérie.
— AHHHHHHH !
Un peu perdu, Ngoma se contente de se mettre à genoux et de la prendre avec délicatesse dans ses bras. Tandis qu'un nuage de poussière s'élève, elle se recroqueville sur son torse et éclate en sanglots, ses doigts cramponnés aux habits de L'Afro-Américain.
— Chuuut, laisse-toi aller, va.
Elle murmure alors.
— L'odeur, Ngoma.
— Quelle odeur ?
— Celle de la cigarette, c'est la même que celle de Jacko ! Emmène-moi loin de cet endroit de malheur, s'il te plaît, je t'en supplie.
Le sang de l'Afro-Américain se fige. Tandis que les larmes dévalent à son tour sur sa peau ébène, Ngoma saisit le sac dans une main, soulève Jenny dans ses bras, qui s'agrippe alors à son cou, puis il la transporte.
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