Chapitre 3 : Trahison

Arabella porta la main à son cœur, encore chamboulée par la beauté de celui qu'elle considérait être un prince. Elle inspira longuement, essayant désespérément de calmer son cœur. Soudain, une annonce passa dans les micros de l'école.

« Mesdames et messieurs, chers collègues, veuillez nous rejoindre dans l'amphithéâtre A. »

La jeune femme connut un instant de panique, car elle ne savait plus duquel il s'agissait, avant de se souvenir qu'il n'y avait dans l'établissement qu'un seul amphithéâtre.

Elle se dirigea donc vers ce dernier d'un pas mal assuré. Elle craignait de retomber sur Kévin.

Elle fut surprise, en arrivant sur les lieux, de trouver du calme. Ses collègues avaient pourtant pour habitude d'être bavards. Tous les regards se posèrent sur elle lorsqu'elle entra, et elle se rendit compte qu'elle était la dernière. Elle se tourna vers le nouveau directeur, sur l'estrade, pour s'excuser, mais se trouva muette.

Ses yeux accrochèrent les yeux verts de tout à l'heure, et elle sentit son myocarde battre plus fort, car de nouveau les émotions la submergeaient. L'homme continua de la fixer un instant avant de l'inviter à s'asseoir :

« Je vous en pris mademoiselle, prenez place. N'oubliez pas de respecter la distanciation sociale en laissant un siège vide entre vos voisins et vous. Et tâchez d'être à l'heure la prochaine fois. »

Puis il se détourna d'elle.

Alors Arabella se résigna à aller s'asseoir. Elle trouva une place entre un professeur de sport et un de physique-chimie. Elle ne les connaissait pas beaucoup, mais ils lui semblèrent immédiatement sympathiques.

Après un bref échange de sourires, elle se tourna vers l'auditeur, et fut encore une fois subjuguée. Elle ne parvenait pas à savoir s'il l'avait reconnue, mais elle en rêvait. Elle ne parvenait pas à se concentrer sur ce qui sortait de cette bouche probablement magnifique mais malheureusement dissimulée derrière un masque.

Mais elle fut subitement tirée de sa rêverie par une phrase qui lui brisa le cœur :

« De plus, dit le nouveau directeur, dont elle n'avait pas écouté le nom, trop concentrée sur ses fantasmes, les activités dites non indispensables seront remises en cause. Ainsi, la musique et l'art plastique ne seront plus que des options délivrées le midi, et, en cas d'affluence, le soir, avec des groupes limités. Avez-vous des questions ? »

Arabella le vécut comme une trahison. Comment pouvait-il, lui à qui elle avait tout donné, la priver de son essence même ? De la priver de ce qui la faisait vivre, et pas seulement par le salaire que cette activité lui apportait chaque mois ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top