Les prémisses de la révolte #2
Assise au troisième rang, Émilie s'ennuie : rien de plus long qu'un cours de science... Beaucoup dise que tout cela est logique mais c'est une logique suffisamment illogique pour qu'Émilie se perde et se réfugie dans son monde imaginaire depuis voilà vingt bonnes minutes. Elle était en train de voler quand la voix de son professeur de physique la ramène sur terre.
« Je suis désolée monsieur ! Que disiez-vous ?
-Vous m'avez l'air perdu Émilie... est-ce donc la définition du mouvement et de la trajectoire qui vous égare ?
-Non monsieur, ça ne se reproduira pas.
-J'y compte bien »
Heureuse de s'en tirer avec un simple rappel à l'ordre oral et non écrit, Émilie fait un effort : plus de rêverie pendant la physique ! Ou du moins, ce cours-ci : ce sera déjà un bon début. Alors, elle se concentre attentivement et tente de comprendre ce que signifie les termes barbares utilisés pour décrire un mouvement, ainsi que la différence entre « direction » et « sens ». Mais, comme pour prouver que ce n'est vraiment pas son truc, un bourdonnement se fait entendre. Légèrement curieuse de savoir d'où vient se bruit désagréable, elle tourne la tête pour tenter de deviner la source de ce parasite sonore.
« Émilie ! C'est la deuxième fois que votre attention diverge de la seule source d'intérêt de cette classe. Le troisième avertissement se fera à l'écrit. »
Puis, comme un professeur de 35 élèves, il se remet à faire cours comme si de rien n'était. En apparence du moins. Son oeil garde l'élève dissipée dans son champ de vision pour une troisième intervention plus rapide que les précédentes. Malheureusement pour lui et son plaisir de distribuer des punitions, Émilie effectue un sans faute pendant les dix minutes restantes et, quand la sonnerie retentit, aucune sanction est tombée.
Peu pressée de s'insérer dans la longue queue de la cafétéria, la demoiselle aurait bien prit son temps. Seulement, l'idée d'un tête à tête avec son professeur ne l'enchante guère donc, elle se dépêche tout de même un minimum. Pour un fois, son amie ne l'attendra pas. Peut-être même qu'elle arrivera avant elle... Ce serait une première !
L'heure du repas passe plutôt vite, dans la joie et la bonne humeur. Émilie et son amie ne sont qu'un groupe de deux mais cela suffit pour rire : pas besoins d'être plus. Elles ont le ventre plein malgré la nourriture indigne d'un restaurant quatre étoiles mais qu'importe. Demain, c'est le week-end et il ne reste plus qu'un seul après-midi de cours avant la délivrance de deux jours. Cela n'empêche pas que, lorsque la fin de la pause sonne, elles ronchonnent avant de partir chacune de leur côté. Avant de rentrer en classe, Émilie se fait la remarque que des rires ont suffit à la distraire de ce bourdonnement.
Pourtant, ce dernier se fait de plus en plus insistant et ne cesse de se faire plus bruyant au fur et à mesure que le temps passe. Après une heure a supporter cette nuisance sonore, Émilie se sent fatiguée. Assez pour qu'une de ses camarades l'aborde pour l'informer qu'elle à l'air plus pâle que d'habitude.
« Ce n'est rien. Juste une légère migraine.
-Ce n'est pas de chance ! Commencer le week-end avec une migraine... mais, mieux vaut ça que l'avoir en cours, certaines matières sont déjà suffisamment barbante comme ça. Quoi que... peut-être aurais-tu pus louper les cours ainsi...
-J'en doute, s'esclaffe Émilie, mes parents ne me laisseraient pas faire. De toute façon, après, il faudrait rattraper.
-Un mal pour un bien, que veux-tu ? Bon, je vais te laisser : moi, je vais par là. Salut ! À lundi !
-Bon week-end ! »
Marcher le temps de ce court échange à suffit pour rapprocher notre migraineuse de son chez-soi agréable. Elle continue son trajet quotidien en essayant de faire abstraction du bruit qui ne cesse de s'amplifier. Quand elle arrive devant chez elle, elle n'a aucune envie d'expliquer sa journée à ses parents alors, elle tente d'ouvrir la porte le plus discrètement possible. C'est une mission réussie mais, hélas pour elle, sa mère rentre dans le salon tandis qu'elle le traversait pour rejoindre sa chambre.
« Je ne t'avais pas entendue rentrer ! Comment s'est passée ton vendredi de cours ?
-Comme d'habitude : ce fut long et ennuyant. »
Devant le soupir mi-exaspéré, mi-amusé de sa mère, elle développe :
« J'ai peut-être été légèrement dissipée en physique...
-Encore !?
-Ce n'est pas ma faute si aucune once de logique ne fait partie de ce cours ! Et puis, n'essaye même pas de me faire croire que cela t'étonne : tu sais très bien que je préfère le français et l'histoire.
-Sottises ! Tu verras, tu finiras par voir s'il n'existe rien de plus logique que les sciences. J'ai compris que tu n'aimais pas ces matières mais, c'est ta dernière année alors fais un effort s'il te plaît. Par ailleurs, ton incompréhension totale serait-elle la cause de ta pâleur ? Tu as l'air d'avoir au moins deux éléphants qui jouent à saute-moutons dans ta tête...
-Si je te confirme ta théorie, tu me fais un mot pour que j'échappe à la physique cette année ? Il ne faudrait pas que les éléphants invitent des copains...
-Même pas en rêve ! Prend plutôt un doliprane pour essayer de les endormir.
-Je doute que ça marche... »
C'est sur cet échange et un sourire amusé aux lèvres jumeau à celui de sa mère qu'Émile quitte le salon pour le confort douillet de sa chambre. Elle prend sa lecture cursive à terminer pour très bientôt. Cependant n'arrive pas à se concentrer : c'est maintenant toute une colonie d'éléphant souls qui font la fête sous son crâne. Un vrai tapage assourdissant ! Elle se relève et va dans la salon pour se prépare rune solution de doliprane. Ce qui semble bien désillusion par rapport à la tâche qu'il doit effectuer ! En attendant le soulagement promis, elle va s'allonger sur le canapé et finit par s'endormir.
Le soir est déjà tombé quand elle commence à se réveiller. Malheureusement pour elle, l'effet miracle n'a pas eu lieu. Ses parents qui discutent non-loin ne font qu'empirer son mal-être :
« Eh bien ! C'est un vrai cadavre que tu as sur ce canapé ma chérie !
-Ça fait depuis qu'elle est rentrée des cours qu'elle s'est écroulée sur ce canapé. Elle ne m'a même pas laissé une place pour que je puisse m'assoir devant la télé. De toute façon, je doute que la réveiller soit une bonne idée avec sa migraine. J'espère que le doliprane a fait son boulot. »
C'est alors qu'à la surprise des deux bavards, le cadavre remue pour prendre un cousin et le placer sur sa tête.
« Moins fort ! Exigeât-il d'une voix endormi, j'ai mal à la tête ! Ton remède miracle ne marche pas maman.
-Tu as encore mal ? Je passerais à la pharmacie demain pour prendre quelque chose de plus fort.
-Il te faudra une ordonnance pour ça, s'incrusta le mari.
-Alors, on ira chez le médecin demain Émilie. Va te coucher : je doute que te trainer sur la table de la salle à manger soit une bonne idée. Je t'apporterai un truc après. »
Ce fut avec beaucoup de difficultés qu'Émilie s'extirpa hors du canapé moelleux. Le chemin jusqu'à son lit lui semblait bien long. Chacun de ses pas résonnent sous son crâne avec beaucoup trop de force et de vigueur. Elle ne trouva même pas la force de se changer et se laissa tomber sur le lit qui, par bonheur, tenu bon et ne cassa pas.
Une nuit douloureuse passa et le lendemain matin, la plat fumant de la veille avait bien refroidi. Merci maman-qui-pense-à-tout-même-au-petite-faim-nocturne ! Malgré tout, la belle-au-bois-dormant fit un effort pour le grignoter : mieux vaut ça qu'un petit-déjeuné dans la lointaine cuisine ! Une petite hibernation dans sa chambre en attendant que sa migraine passe lui semblait la meilleure des idées. Idée qui tomba à l'eau dès que sa mère poussa la porte pour lui rappeler sa veste chez le médecin. Sans se changer, elles partirent tôt pour régler ce problème au plus vite.
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