Je cours pour moi, pour ma vie
Je cours, pour moi, pour ma vie.
Il faut que je rattrape cet avion si je veux survivre.
Ça fait une semaine que je suis partie sur cette île paradisiaque avec un hôtel cinq étoiles car c'est les trente ans de l'entreprise que mes parents ont fondée.
Tout est vraiment génial ici, sauf le fait que je dois quitter mon petit ami Aristid pendant trois semaines, on est un peu du genre sangsues, toujours collés. Quatre mois que cela dure et quatre mois de bonheur absolu.
Je regarde alors au loin, dans le hamac qui est accroché au balcon.
Autour de la plage, un lagon transparent s'étend et on voit tout les poissons, les coraux. C'est un spectacle magnifique dont je ne me lasse pas.
Un message troubla alors mon attention, il provient de Camille, la mère d'Aristid.
Elle dit que je dois venir en le plus vite possible, il n'y a pas d'autres précisions.
Je suis douée pour m'imaginer des scénarios horribles comme le fait qu'Aristid se soit remis en couple ou qu'il est disparu ou pire....
Et c'est parti pour angoisser des heures, je rejoins mes parents et leur montre le message.
Je vois passer sur le visage de mon père un voile d'inquiétude et de la tristesse apparaît au fond des yeux de ma mère, je les regardent sans comprendre.
Mon père se leve, se met face à moi et commence à pianoter sur son ordinateur, je ne vois pas se qu'il fait. Au bout de quelques minutes de silence pesant il fait un léger signe du doigt et montre l'écran à ma mère, elle regarde successivement dans ma direction, celle de mon père puis celle de l'ordinateur.
Elle prononce ensuite des mots qui resteront à jamais ancrés dans ma mémoire
--Il va falloir que tu cours mon ange, ses yeux brillent, aussi vite que l'éclair puis tu prendras l'avion numéro 404 à destination de Paris en France puis là-bas tu monteras dans le premier taxi que tu trouveras et tu te dirigera vers l'hôpital Kloma.
Tout en disant cela, elle griffonne les explications sur un post-it et me le tend, je la regarde avec stupéfaction, je ne comprends rien de rien.
Mon père me fais alors signe de monter dans notre voiture de location.
--Je ne suivrai personne tant que je n'aurai pas d'explications ! Dis-je en trepignant, je me comporte comme une enfant de cinq ans alors que j'en ai le triple.
--Aloïs, monte et nous t'expliqueront à l'intérieur.
Un combat du regard commence entre ma mère et moi, je flanche la première et selon notre rituel, je lui tire la langue d'un air amusé mais son visage reste impassible .
--Mon ange, repris ma mère, avec ton père nous savons depuis à peine un mois que Aristid souffre d'un cancer....
Je n'entends pas la suite, ma respiration se bloque dans ma poitrine, je suis presante mais sans l'être, des éclats de voix me parviennent mais sans réellement former de phrases. La réalité m'échappe ou plutôt je m'échappe de la réalité, une main se pose sur mon épaule, enfin je crois parce que tout semble étouffé. Les images se passent au ralenti, le visage effrayé de ma mère me secouant depuis le siège avant, mon père se retournant à son tour sans comprendre, la voiture déviant sa trajectoire, le lac.
Noir, mes sensations étaient vives mais je ne sais pas où est la douleur, je ne comprends plus rien, une seule chose me revint : les paroles de ma mère : il va falloir que tu coures.
C'est ça... Courir...
Mais je suis enfermée dans une salle qui se remplie d'eau, comment courir ?
Je trouve une porte et l'ouvre, de l'eau jaillit et sous la pression me compresse à l'autre bout de la pièce, je me relève et sort, je bats des pieds et une fois à la surface je cours.
Pour moi, pour ma vie.
Je cours sur la ligne droite et noire où il y a aussi des bandes blanches dessus, un bâtiment s'élève devant moi, j'entre et une personne me demande où je vais ou si je cherche une correspondance.
Quelqu'un prends alors possession de moi et remonte mes coins de lèvres et dit avec ma bouche :
--Bonjour, je suis tombée dans un ruisseau mais je dois attraper le vol pour Paris, sauriez vous où il se trouve ?
La personne à l'air de comprendre se que ma voix a voulu dire me pointe une direction avec le doigt. Je cours.
Pour moi, pour ma vie.
Il faut que je rattrape cet avion si je veux survivre.
Cette pensée m'obsède d'un coup, je passe les contrôles, on m'observe bizarrement mais je continue, je monte dans l'avion qui décolle, une phrase tourne en boucle dans ma tête et je ne pense qu'à ça pendant tout le long du vol : je cours.
Pour moi, pour ma vie.
A l'arrivée je descends et une personne prends à nouveau possession de moi, ça devient énervant, elle demande d'aller dans un certain hôpital.
Quand je suis là-bas je sais qu'il faut que je cours.
Pour moi, pour ma vie.
Donc je fonce et à l'accueil des mots se forment dans ma gorge et je crois que je prononce le mot Aristid, encore une main qui indique une direction.
Alors je cours.
Pour moi, pour ma vie.
Et j'arrive dans une salle blanche.
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