Chapitre-40 :
Chapitre-40 :
Présent- 31 juillet 2018
Meika était vivante et maîtresse de ses mouvements. Elle pleurait sans retenue à chaudes larmes. Les bras du rouquin l'enveloppèrent.
— C'est fini, chuchota Nathanaël en resserrant son étreinte.
— J'ai cru que je n'allais jamais réussir. Je ne sais pas comment j'ai fait, sanglota-t-elle en s'accrochant à lui comme une bouée de sauvetage.
Toute la tension accumulée se relâchait, elle prenait enfin compte de la situation. Un fantôme l'avait possédé, en la manipulant pendant des mois et avait causé l'accident. Elle eut un mouvement de recul et fit face au pompier. Sa paume claqua contre sa joue. Son geste l'étonna elle-même et son voisin ne lui en tint pas rigueur.
— Je crois que je l'ai mérité, admit-il en baissant le regard.
— Bien sûr que oui ! Depuis le début tu savais que j'aurais le même don que George. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai été la nouvelle cible de Wendie.
Sa voix se brisa, elle voyait bien dans ses yeux noisette qu'il culpabilisait réellement.
— Meika, ne le gronde pas, marmonna Rory, qui se triturait les doigts. Je lui ai fait croire que Wendie était encore coincée avec moi.
Elle le fixa avec désarroi.
— Je pensais que leur âme était liée même après leur mort. Le seul moyen était que l'un des deux possède un humain. Tu étais une des seules à même de supporter le choc.
— Tu espérais sûrement que ce soit Rory qui me possède, ainsi tu aurais retrouvé ton frère.
— Je...
— Non ! Jamais j'aurais fait ça, contra le cadet en croisant les bras.
— Alors pourquoi n'as-tu pas dit que c'était un mensonge ? Tout ça s'est passé pour rien.
Rory ne contre-attaqua plus et se contenta d'observer le sol.
— Et toi ? Quel a été ton rôle ? Ce produit là, qu'est-ce qu'il m'a fait ?
Son ton montrait désormais sa détermination. Le choc avait laissé place à l'envie de comprendre.
— Ton cœur ralentissait considérablement. L'esprit se détache plus facilement de la chair, répondit Baptiste.
Elle s'assit sur le sol, le dos contre le mur et la tête entre ses paumes.
— George, murmura-t-elle en perdant son regard dans le vide. Le jour de sa mort...
— J'ai voulu mourir quand Wendie est partie. J'étais seul, reprit le cadet.
Un rire nerveux accueillit la réponse de Rory. Elle-même ressentait un étrange manque au creux de son plexus solaire. Cela demeurait pour elle, un profond soulagement d'être à nouveau en possession de ses moyens.
— J'ai pas eu le temps, si j'avais été là au bon moment, j'aurais pu l'empêcher de se tuer. Mon père avait une arme...
La fin de sa phrase se perdit dans un sanglot.
— Ton grand-père avait accepté d'échanger sa vie contre celle de mon frère. Wendie était juste censée transiter dans un autre corps.
Elle fermait les yeux, impossible de voir autant de remords.
— George n'a pas supporté la dose, il a eu une crise cardiaque.
Cette affirmation la fit réagir.
— Comme Henry ! s'écria-t-elle en relevant la tête vers les trois acolytes. Il l'avait déjà utilisé, il connaissait les risques.
— Bien sûr, Rory aurait lui aussi pu avoir un AVC.
— Quand Henry Charles est mort... Tu n'étais même pas né. Comment par miracle toi aussi tu avais ce genre de substance ?
Le teint de l'infirmier devint blafard.
— Jean, mon père adoptif était médecin.
— Oh, c'est lui qui a tout fourni, coupa l'adolescente. Il était ami avec George, il me l'a dit. Je suis bête, c'était évident. C'est pour ça qu'il l'a revu plusieurs fois pendant ses quarante ans d'absence.
Les éléments devenaient clairs à présent. Tout était sous son nez depuis le début.
— Ce n'est pas exactement ce qui s'est passé, rectifia le barbu. C'est moi qui ai donné le produit à George au mois de janvier, la fois où tu t'es réveillé du coma et maintenant.
— Oui je m'en souviens désormais et je confirme ce que Natha a dit tout à l'heure : ce n'est pas toi le meurtrier. Tu as fait confiance à ces deux hommes.
Meika lança un coup d'œil en biais, en direction du grand rouquin. Elle passa sa main sur sa figure, pour décontracter ses muscles endoloris par la peur.
— J'étais en panique, je voyais mon frère encore prisonnier de ce maudit fantôme. J'ai provoqué la mort de quelqu'un qui ne voulait que notre bien, justifia Nathanaël dans un couinement.
— Nous étions ensemble durant des mois, tu as appris à me connaître mais tout cela n'était que du vent.
Il s'approcha d'elle et s'accroupit à son niveau.
— Tu m'as entendu, je lui suppliais sans cesse de tout arrêter et...
— Bien sûr qu'elle n'allait pas abandonner, elle vivait ! L'humain veut survivre à tout prix.
Elle s'adossa au mur, lasse.
— Vous m'avez tout de même sauvée, ajouta-t-elle en se frottant les yeux.
Un sourire moqueur apparût entre ses joues.
— J'ai eu la meilleure idée de ma vie en récupérant ce corbeau empaillé chez ma grand-mère.
Une autre émotion la saisissait, celle qui arrivait après avoir enfin clarifié les choses, mis des mots sur les problèmes.
— Vous avez encore failli me tuer avec ce truc. Quand je fais la projection astrale, il ne vaut mieux pas mettre ça sous mon lit.
— C'était pour t'empêcher de quitter sans faire exprès ton corps pendant ton sommeil, comprit l'infirmier, qui camouflait les preuves dans un sac.
— Jean m'a dit que j'étais en danger, naïvement je n'avais pas pensé que c'étaient mes amis qui allaient me trahir.
Même si elle n'avait plus envie de hurler sur l'aîné des Clercs, une méfiance vis à vis de lui persistait.
— Natha a dû déjà te faire un compte rendu sur les fantômes. Bienvenue dans le monde des passeurs d'âmes, clama Meika en tentant de se relever sans succès.
Le rouquin l'aida à se remettre sur ses deux pieds. Baptiste s'éclipsa pour mettre en lieu sûr les traces de l'intervention. Nathanaël et Meika ne savaient plus quoi rajouter.
— Me fais-tu encore confiance ?
— Non.
Sa réponse fut marquée par le hoquet de Rory.
— Ce n'est pas Wendie qui l'empêchait de partir mais c'est toi. Tu le vois tous les jours, tu lui parles. Comment faire son deuil avec ce don ?
Sa figure se figea et Meika profita de ce moment d'absence pour sortir. C'était l'heure de lui dire adieu et elle devait les laisser tous les deux.
Ses pas résonnèrent dans ces couloirs si familiers. Il lui restait une dernière chose à faire. Son souffle lui manquait, le produit l'avait exténuée. Elle se tenait à la rambarde, se concentrant un maximum pour ne pas tomber dans les escaliers. L'ascenseur la rendait claustrophobe. Elle avait déjà été assez enfermée.
— Meika !
Nathanaël descendit les marches et son frère atterrit à ses côtés avant lui.
— Je ne m'habituerai jamais, souffla la lycéenne en manquant de faire un bond sur le côté.
— Je veux te dire au revoir.
Son enveloppe corporelle n'était pratiquement plus visible. La lumière dans son plexus solaire avait totalement disparu.
— Je... commença-t-il avant de se retourner vers l'autre rouquin. Comment on dit...
Il reprit son souffle et le compléta :
— Je doute que des simples excuses puissent réparer tout le mal que l'on a fait.
La frimousse de l'enfant se contracta. Elle se plaça à sa hauteur.
— Je pars, signa-t-il en reniflant.
— Nath' te laisse enfin t'en aller, tu verras là-bas, ça va être chouette. Regarde moi, je te pardonne d'accord ?
Un sourire radieux lui répondit. En un battement de cils, il disparut. Sa respiration se coupa en même temps que son voisin. Elle poursuivit son chemin sans se retourner. Le pompier demeura statique et rejoignit Meika après avoir séché ses larmes, elle était déjà dans l'automobile. Baptiste s'était accoudé sur le rebord de la voiture et discutait avec Katy et sa fille. Ce dernier leva la tête et fit signe au pompier de ne pas s'approcher.
— Je t'appelle, tu me promets de venir ? lança l'adolescente au barbu.
L'automobile démarra en trombe, sous la mine déconfite de Nathanaël. Il venait aussi de perdre Meika.
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Plus qu'un chapitre ! Ah c'est étrange de me dire que l'histoire est bientôt finie... Ce n'est pas le moment, je vous laisse lire la suite !
Bien sûr, si toi, petit.e lecteur.ice fantôme tu n'as pas voté de toute l'histoire, je t'invite à le faire maintenaient. Ce n'est peut-être qu'une petite étoile mais cela me permettrait de voir qui a suivi cette aventure avec moi.
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