Chapitre-19 :
Présent- 9 mai 2018
La nuit était passée sans même qu'elle ne s'en rende compte. Comme à son habitude, elle se réfugia dans sa chambre. Ici, elle somnolait plus facilement. Meika émergea sous les coups de dix heures. Rory s'ennuyait ferme, il s'agitait dans tous les sens. Elle s'étira bruyamment et des cheveux roux ne tardèrent pas à se précipiter vers elle.
— T'as quoi à tes mains ? questionna-t-il en fronçant les sourcils.
Surprise de le voir, sa réponse mit plusieurs secondes à arriver :
— J'ai touché un oiseau empaillé et il m'a brûlé les doigts.
Il afficha une mine incrédule. Il ne connaissait pas ce phénomène.
— C'est George qui l'a mis pour protéger la maison mais depuis que ma grand-mère l'a changé de place, son champ d'action est réduit, continua-t-elle en s'affalant sur le dossier.
Rory sortit de la contemplation des fleurs en papier — idée de son père pour égayer la pièce. Il lui affirma que c'étaient des blessures superficielles et que d'ici quelques jours, elle n'aurait plus rien.
— C'est Natha qui me l'a dit quand tu dormais.
Il faisait référence à sa sieste d'un mois. À l'évocation de ce prénom, elle se raidit.
— Dis-moi Rory, est-ce que ton frère voulait vraiment que je contrôle ses rêves ?
Son nez en trompette se retroussa.
— Bah oui ! Mais t'as fait quoi ?
— Avant, je faisais des rêves lucides. Si j'avais un cauchemar, je le transformais. Et c'est ce que j'ai fait en partie.
— C'est pas possible !
Il peinait à la croire.
— Il s'est entraîné et il pouvait pas...
Son inquiétude se lisait sur sa frimousse, il était ahuri. Meika culpabilisa un peu plus, elle posa sa tête entre ses mains.
— Il va bien au moins ? J'ai dû lui faire remonter des mauvais souvenirs. C'est de ma faute et...
— Qu'est-ce que tu as vu ? interrogea-t-il d'une voix abrupte.
Il s'était figé au milieu de la salle. Elle emboîta ses vertèbres en se mettant droite. Elle était mal à l'aise à l'idée d'évoquer les malheurs de la famille Clerc.
— Vous étiez à Disneyland, débuta-t-elle, hésitante. Puis, tes parents se disputaient.
— C'est tout ?
Elle secoua la tête.
— J'ai vu l'incendie, ça me donne encore des frissons à l'idée d'y repenser. Et, je ne sais pas trop si c'est vrai...
Elle lui expliqua la dernière scène. Quand il était arrivé en pleurs jusqu'à que Nathanaël ne puisse appeler les secours. Il démentit en déclarant que ce n'était qu'un cauchemar.
— Il a toujours eu peur que je me fasse posséder.
Sa dernière remarque fit réagir la lycéenne.
— Un fantôme peut... Non, tu me fais marcher là. C'est juste dans les films d'horreur ça.
Elle émit un petit rire, pour cacher sa nervosité.
— C'est rare et ça marche jamais.
Ses muscles se détendirent, elle n'avait pas envie de se rajouter des problèmes.
— Je suis contente de te revoir, avoua-t-elle, je ne savais pas si tu allais revenir.
Son sourire lui confirma que c'était réciproque. Le cadet s'était installé en tailleur sur le sol et se balançait de chaque côté.
— J'ai réussi à capter l'attention de l'infirmier, tu sais celui qui a un chat.
Comment lui expliquer tout ce qu'elle venait de vivre ? Elle l'avait écarté et il y avait tellement de nouveaux éléments. Il connaissait l'existence de Joël et du fait qu'il avait été dans le coma. Personne ne savait pour Isaïah, pas même l'aîné. Le vieillard l'avait mis en garde.
— Il fait des recherches sur moi, pour comprendre pourquoi je suis dans le coma. Quand il parlait à ma grand-mère, j'ai réussi à sentir qu'il était juste curieux. Bref, c'est dingue tu ne trouves pas ?
Elle avait choisi de terrer certains détails. Nathanaël avait déjà vu George mais était-ce le cas de son frère ?
— Je l'ai vu tout à l'heure, il parlait d'un repas avec ta mamie.
Meika ne se fit pas prier et embarqua Rory avec elle. Pleinement habituée, elle traversa les différentes cloisons avec facilité. Ils filèrent dans les couloirs, aux aguets de la moindre paire de yeux verts. Le brouhaha de la cafétéria se propagea et le rouquin le repéra. La petite table en fer était submergée de feuilles.
La jeune femme lui expliqua la signification de ces dossiers. Le cadet se plaignit car il ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il pensait.
Une main se posa sur son épaule et le gobelet glissa. L'adolescente eut le réflexe de le rattraper. Ils tressaillirent et elle eut l'illusion de toucher le plastique. Son ami vint l'aider à éponger les papiers.
— Oh pardon, Baptiste, je ne voulais pas te faire peur, s'excusa-t-il en l'aidant à éponger les papiers.
— Non t'inquiète ça va aller, merci, bafouilla-t-il en rassemblant précipitamment ses affaires.
L'homme inconnu ramassa une photo d'un torse de cadavre. Interloquée, un tatouage prenait forme au niveau du plexus solaire.
— Laisse-moi ça, c'est pour mes devoirs, ordonna-t-il d'un ton paniqué.
Une fois que tout était bien camouflé, il put se détendre.
— Tu es vraiment sur les nerfs en ce moment, je ne vais pas te manger.
Meika le fixait, sa coupe afro et ses pupilles noires lui étaient familiers. Ils commandèrent une autre boisson et s'installèrent sur les chaises hautes. Ils étaient cachés par les plantes, loin des oreilles indiscrètes.
— Je suis épuisé, j'enchaîne les gardes.
Un lien amical très fort les unissait.
— Alors tes examens, tu en as bientôt fini ? questionna le barbu en avalant une gorgé.
Elle ne cessait de l'observer, où l'avait-elle rencontré ?
— J'ai plus aucun bout de verres. Ils ont bien vérifié cette fois, mon genou gardera la trace de cette infection à vie, grogna-t-il en étendant sa jambe.
Baptiste partit sur un débat sur le personnel hospitalier et leur manque d'effectifs pour la prise en charge des patients.
— Et la petite elle va comment ? J'ai entendu dire qu'elle est toujours dans le coma.
Un soupir lui répondit. Il posa la liasse de documents sur la table. Il était à court de réponses.
— Je te fais confiance, regarde ces deux photos. Là, ce sont des corbeaux qui sont dessinés. Le plus jeune, ça doit être le grand-père de Meika, Joël. Et l'autre, c'est George, il est mort il y a deux mois environ.
Ils portaient exactement le même tatouage. Elle avala difficilement sa salive.
— Tu sais ce que ça signifie ? Toi qui t'intéresses à ce genre de choses. Je n'ai rien trouvé ni sur Internet ni dans des livres. J'ai pensé à une sorte de secte.
Son interlocuteur contemplait le bout de papier avec une certaine absence.
— Désolé, je n'étais pas avec toi. Qu'est-ce que tu as dit ?
— Tu penses encore à l'accident c'est ça ?
Meika se souvenait à présent : c'était le dernier regard qu'elle avait aperçu avant de s'effondrer entre les sièges. Rory avait lui aussi compris.
— Oui, ça n'arrête pas de me hanter, marmonna-t-il en posant la feuille sur la table. Je vois toujours ce corbeau voler à côté du bus. Mais ça doit être mon cerveau qui déraille.
La jeune fille se tourna vers le rouquin.
— Tu te rends compte, il était là avec moi ! Et j'ai...
Elle n'avait jamais parlé de ce qui s'était passé à quelqu'un. Tout était flou dans sa tête, elle ne parvenait pas à démêler le vrai du faux. La taule qui se tordait contre le chêne était la seule image plausible.
— Je ne sais pas. Le fait qu'ils soient placé ici n'est pas un hasard. En général, c'est pour te protéger du mauvais œil ou des... démons. Mais quel est le rapport avec elle ?
Le Leroy posa les coudes sur la table.
— Comment te dire ça simplement. Le tronc cérébrale n'est pas endommagé et il y a bien des interactions avec les hémisphères cérébraux. Pour résumé : elle est censée être juste endormie.
Même si elle en avait déjà conscience, l'entendre répéter cela à voix haute la fit frémir.
— Et Joël Pikerman a exactement vécu la même chose il y a plus d'un demi-siècle. Je suis totalement perdu.
Son pied tapait contre le sol.
— Dis-moi Baptiste, qu'est-ce qui se passe réellement ? Ne me dis pas que c'est cette patiente qui te met dans cet état.
Meika était d'accord avec lui, il y avait autre chose. Ses cernes entouraient ses yeux verts, la fatiguait courbait son dos.
— Je ne peux pas en parler, même à toi, refusa-t-il en se mordant la lèvre. Si ça se sait, j'y laisserai ma carrière, tu comprends ?
Adam jouait avec la bouteille de soda vide et observait son interlocuteur avec scepticisme, de même que les deux humains invisibles. Solange avait raison, il cachait un secret en rapport avec l'hôpital mais lequel ? Pourquoi s'intéressait-il autant à sa famille ? Qu'est-ce qu'il avait fait ?
— Tu n'es pas le seul à avoir besoin de te reposer. Je vais revenir en Colombie, aux côtés de ma famille maternelle dans deux semaines.
La mine de l'infirmier se figea et le désespoir s'y lisait facilement.
« Non, il ne peut pas partir ! Il pourrait m'aider, expliquer pourquoi toutes les personnes étaient figées »
— J'ai cru que j'allais mourir, je ne veux pas passer à côté de ma vie. Peut-être que tu pourrais venir me voir un jour, je te payerai la bouffe, promit Adam avec un faible sourire.
Il posa une main sur son épaule et ajouta :
— Peu importe ce que tu as fait, je te soutiens.
Meika trépignait, elle aurait tellement aimé leur poser des milliers de questions mais une barrière infranchissable les séparait.
— Je t'aurais invité chez moi pour un marathon Marvel mais j'ai un repas avec les doyens.
— Tu passeras le bonjour à Jean. Je viendrai lui rendre visite avant de partir. Son pudding va me manquer, c'est une tuerie ce machin.
— Je ne manquerai pas de le lui dire.
Ils se prirent dans les bras pour se saluer.
— Je vais peut-être découvrir des choses, la vétérante des Smith s'est jointe à notre table.
Ils se dirigèrent vers la sortie, sous les yeux attentifs de Meika.
— Fais attention à toi, ne te mêle pas de ce qui ne te regarde pas.
— Qu'est-ce qui peut m'arriver ? J'ai juste affaire à des secrets de familles.
Son ton n'était pas très convaincant. L'adolescente savait à présent que c'était bien plus. Le corbeau avait une place importante dans cette affaire. Elle se tourna vers Rory, qui n'avait pas pris la parole depuis le début de l'échange. Les deux hommes s'étaient séparés.
— Il faut rejoindre la maison des Leroy. Solange va y faire un tour. Connais-tu un moyen d'y aller ?
Le rouquin sourit de toutes ses dents et annonça qu'il fallait tout simplement le suivre. La suite n'étant pas passionnante, elle put à loisir se torturer l'esprit.
— George n'a pas fait ce tatouage au hasard, il a un corbeau qui le protège. L'un est vivant et me suit de partout, l'autre hante mes songes. Adam a dit qu'il l'avait vu et je suis sûre que ce n'est pas une hallucination.
Il l'avait déjà sur la photo avec Henry Charles. Peut-être même, que George et Joël l'avaient fait ensemble. Le cadet ne réagissait pas, il était en pleine réflexion.
— Tu m'as parlé de la possession tout à l'heure, est-ce que cela permettrait de protéger leur âme ?
Il se retourna brutalement, une véritable peur figeait ses traits.
— C'est pas possible. On ne survit jamais à une possession, affirma-t-il.
Il triturait ses doigts et jeta un coup d'œil à l'infirmier, qui s'occupait d'un malade.
— Tu te rappelles du papy qui prenait le bonheur de la mamie ?
Elle acquiesça, devinant l'horreur qui avait dû suivre.
— Elle est morte il y a deux semaines à cause de lui.
Un frémissement d'horreur lui parcourut l'échine.
— Je l'ai déjà dit : ça marche jamais.
La conversation était close.
***
A sa plus grande surprise, sa grand-mère rejoignit l'infirmier directement à l'hôpital. Elle était allée rendre visite à la comateuse. Ils se retrouvèrent tous les quatre dans la voiture. La discussion demeurait stérile, à son plus grand désarroi. Elle rencontra ce Jean et mit enfin un visage sur ce mystérieux personnage. Sa mine grisonnante s'éclaira à la vue de sa vieille amie. Le plus étonnant était qu'il était blond aux yeux marron, contrairement à son fils qui possédait une chevelure brune et des pupilles vertes. Il s'appuya sur sa canne et enlaça la doyenne. Cette dernière laissa tomber son grand sac à main sur le sol et rendit son étreinte. Les banalités passées, ils se retrouvèrent autour d'une table. La grande fenêtre illuminait le salon, aussi épuré que celui de Solange.
— Je ne pensais pas retourner un jour dans cet hôpital, soupira-t-elle en savourant son thé à mangue, petite attention qu'elle avait appréciée.
Meika s'arrêtait devant chaque meuble, à la recherche d'informations. Les photos l'intéressaient particulièrement. Rory la ramena à l'ordre et lui intima d'écouter.
— Je trouve toujours que le cas de votre petite-fille est...
Devant la mine réprobateur du père, Baptiste se tut.
— J'étais dans le même état que toi pour Joël mais s'il te plaît, parle de Meika comme une personne, pas comme un rat de laboratoire.
La dureté dans sa voix s'évanouit quand il continua :
— J'ai été le médecin de Joël pendant la durée de son coma.
Elle se stoppa un instant devant le cadre et tenta de deviner qui était l'identité de ces trois bambins. La photo était en noir et blanc. Deux garçons entouraient une plus petite fillette. Ils avaient l'air plus âgé et l'un d'eux avait un rictus collé sur son visage. Ce pourrait-il que ce soit les deux doyens dessus ?
— On n'en a pas fini d'assister à des horreurs après la retraite, lança-t-elle d'un ton lasse.
Une toux accompagna sa déclaration, Jean avait du mal à respirer. Solange l'aida à se placer correctement, une vraie source d'inquiétude se lisait dans ses prunelles noires. L'après-midi se prolongea et Meika finit par s'asseoir sur le vieux fauteuil en cuir. Rory avait épuisé son stock de jeux. Ils commençaient à désespérer, de même pour Baptiste, qui se confrontait sans cesse à un mur s'il osait évoquer le coma de Meika. Un bâillement trahit l'état de fatigue de l'infirmier et ils en profitèrent pour l'écarter de la discussion. Il refusa d'admettre qu'il avait sommeil. Rory sortit de sa contemplation des fleurs en pot et annonça :
— Ils veulent qu'il parte, Solange dit qu'elle a des comptes à régler.
Elle se redressa, impatiente à l'idée de découvrir les intentions de sa grand-mère. Le fils jeta un coup d'œil interrogatif à Jean et ne négocia pas plus longtemps. Elle s'étonna de le voir renoncer aussi facilement, il avait l'air pourtant déterminé à arracher des bouts de vérité aux deux protagonistes. Une masse la traversa et elle recula d'un bout, se propulsant hors de portée. Solange s'était assise, sans avoir conscience de la présence de Meika.
— Je te ramène une autre tasse de thé ? Proposa-t-elle en se redressant.
Jean se déplaça avec lenteur et n'écouta pas les réprimandes de son amie.
— Il manquerait plus que je ne puisse plus aller dans ma propre cuisine. Voyons ma Solange, je ne suis pas encore dans un fauteuil roulant.
Un long silence s'ensuivit, l'un s'affairait dans la petite pièce et l'autre avait sorti les dossiers d'une pochette en carton. Son sac était sur ses genoux, elle semblait être prête à partir. Elle s'enfonça un peu plus dans le cuir et fixa la photographie.
— As-tu gardé la copie que je t'avais offerte ?
Il revint avec la canne accrochée autour de son coude accompagnée d'un plateau dans les bras.
— Elle a dû se retrouver parmi les cartons de photo. J'ai fait le grand ménage après sa mort. Mais nous revoir, tous les trois, cela me remplit de nostalgie.
Elle lui vint en aide et plaça la tellière brûlante sur la petite table. Une fois installée, Jean remarqua la liasse de papiers étalée sur le meuble en chêne. Une tâche de café séché se trouvait dans un coin du dossier de George Miret. Elle avait demandé les dossiers à Baptiste tout à l'heure.
— Je me rappelle notre enfance Jean. J'aurais pu donner ma vie pour vous deux.
— Solange...
Ses mains tremblaient, il reposa la tasse et s'empara des papiers.
— Nous nous faisions confiance. Je croyais qu'un seul de vous deux m'avait trahie mais non, l'un comme l'autre, vous avez été des lâches.
Son habituel ton mielleux avait été remplacé par une voix pleine de rancœur. Les deux cadets assistaient à ce duel sans en comprendre le sens.
— Dis-moi la vérité : as-tu aidé Joël à s'enfuir ?
Le visage blême de son interlocuteur lui suffit.
— Qu'est-ce que j'aurais dû faire ? murmura-t-il en baissant les épaules.
Les paupières de Solange se fermèrent un instant et elle ne put réprimer sa colère.
— Me dire où il allait ! Me prévenir qu'il allait s'envoler dans la nature pendant quarante-trois ans, s'écria-t-elle en serrant le poing.
Meika s'efforça à respirer, elle coupait sa respiration à chaque réplique.
— Je ne savais pas ! Il m'a juste demandé de fermer son dossier médical. Il n'y a rien de plus...
La détresse marquait les rides du vieillard.
— L'as-tu revu après ? Connaissais-tu sa nouvelle identité ?
— Juste... trois fois, je prévoyais de te le dire, je te le promets mais il aurait pu nous détruire Solange, répliqua-t-il en se penchant vers elle.
— Qu'est-ce que j'en ai à faire de ma carrière ! Je désirais retrouver mon mari, le père de ma fille, rugit-elle.
Rory se tourna vers elle et Meika lui demanda ce qu'il avait entendu.
— C'est pas Joël ton papy ?
Ses sourcils se joignirent.
— Tu as accepté qu'il revienne chez toi après tout ce temps ! Tu as permis à cette immondice de partager à nouveau ta vie ! objecta-t-il avec mépris.
— Ce n'était plus Joël Pikerman qui était revenu mais George Miret. Il avait changé !
Ils se levèrent, l'un dépendant de sa canne et l'autre, droite comme un i et défiant quiconque s'opposerait à elle. Meika avait reculé d'un pas.
— Changé ? A chaque fois que tu m'appelais, tu me peignais le portrait d'un homme fade, mou, affalé sur son fauteuil roulant. C'est ça que tu souhaitais ? Il n'est jamais véritablement revenu.
Rory n'arrivait plus à calmer sa voisine, qui hoquetait.
— Moi je ne voulais pas d'un ami qui m'a menti, qui m'a trahie. Si tu m'avais annoncé ses projets, j'aurais pu l'empêcher de partir.
— C'était un mort-vivant pendant un an ! Katy grandissait aux côtés d'une larve.
— C'étaient les séquelles du coma, il fallait qu'il s'en remette. Partir l'a empêché de se retrouver, se reconstruire.
Des pas dans l'escalier se firent entendre, Baptiste était remonté à l'étage. La petite-fille s'appuya contre la table, sa vision se brouillait. Un chat se colla à ses jambes.
« George est mon grand-père et il nous a abandonnées. »
Il est parfois plus facile de se persuader qu'il y avait une seule issue, qu'on ne pouvait pas faire autrement, que d'accepter qu'on a été lâche.
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La bombe est lâchée et son explosion a touché Meika de plein fouet. Qu'est-ce que vous en pensez ?
J'aime beaucoup ce chapitre, même si je n'ai réussi à l'écrire réellement qu'après avoir entamé la réécriture.
Joël Pikerman a plusieurs visages, dont l'un portant le nom de George Miret. C'était peut-être prévisible mais là, de nouvelles questions s'ajoutent à la liste. Mais je ne vais en poser qu'une seule :
Pourquoi a-t-il abandonné sa famille ?
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