Chapitre 11
Avant de partir en vacances, Evelyn nous fit faire un tour dans un magasin de sport afin de nous acheter des chaussures de marche, des bâtons de randonnée, et des nouveaux vêtements plus adaptés au sport. Elle qualifia les t-shirts de « respirants ». Elle prit également des leggins de fitness pour homme et femme. Nous étions fin prêts pour le voyage. Nous prîmes le train le dimanche direction les Alpes suisses. Il y eut plusieurs correspondances pour arriver à destination. Cela nous prît la journée entière. Nous voyagions en première classe. Nous arrivâmes au coucher de soleil. Le chalet se trouvait en surplomb d'une grande vallée, près d'un lac. La vue était magnifique. À l'intérieur, il y avait cinq chambres, une grande salle de bain, un salon, et une cuisine. Le tout divisé en deux étages. Il y avait également une terrasse avec vue sur la plaine. Durant ce séjour d'un mois, nous avons fait des randonnées pédestres, nagé dans l'étendue d'eau, profité de l'air frais et vivifiant de la montagne...c'était tellement agréable. Il y eu quelques disputes, surtout entre Evelyn et Anne qui faisait toujours la tête. Elle faisait tout pour que Joseph reste près d'elle. Je me sentais exclue, et rejetée. Joseph était facilement manipulable. Ma sœur en profitait, bien qu'Evelyn fasse son possible pour l'arrêter. Elle prenait une heure chaque matin pour parler avec mon frère, lui rappeler que je n'étais pas la « méchante ». Par conséquent, qu'il ne fallait pas me rejeter. Il ne le faisait pas exprès. Il ne savait simplement plus où se mettre pour ne pas perdre ses deux sœurs. Je le comprenais, et ne lui en tenais pas rigueur. Malgré les dire d'Ethan et ma tutrice, je me sentais toujours responsable pour ce qui était arrivé. Je voyais en Anne celle qui m'avait aidée, et sauvée. Si j'avais été lui, je l'aurais choisie elle plutôt que moi.
Nous rentrâmes de vacances le dernier samedi de juillet. Evelyn devait reprendre le travail le lundi suivant. Nous étions autorisés à jouer dans le jardin à condition de ne pas rester sous les fenêtres. Je jouais presque tous les matins au football avec mon frère. Quand on n'était pas dehors, nous étions dans nos chambres en train de faire des activités plus calmes. Il faisait naturellement frais dans la maison, et avec la canicule qu'il y avait, c'était agréable de rester dedans. Nous faisions de la peinture, des coloriages, jouions avec de la pâte à sel, les Playmobil ou les Lego. Evelyn passait nous voir de temps à autre. Elle avait beaucoup de travail car sa collègue psychiatre était, à son tour, partie en vacances. Heureusement, les chambres s'étaient un peu vidées au début de l'été. Il y avait bien moins de patientes que d'ordinaire. Pour cause : la maison de repos fermait un service sur les deux pendant les grandes vacances afin de permettre la prise de congé de son personnel.
Anne resta enfermée durant tout le mois d'août. Elle révisait pour la rentrée. Elle voulait absolument être prête, et mettre toutes les chances de son côté afin de rester dans son pensionnat. Quelques jours avant son départ, elle est sortie prendre l'air alors que Joseph et moi jouions au football. Elle lui a fait signe, et il s'est approché. Ils ont discuté. Notre frère était triste de voir notre aînée partir. Il avait l'impression d'avoir été abandonné une fois de plus. Je ne voulais pas les déranger, parce que je savais qu'il avait besoin de ces petits moments avant qu'elle ne parte pour plusieurs semaines. Je passai devant eux quand Joseph lui posa une question.
- Tu dois vraiment partir ? Tu ne pourrais pas rester avec nous ?
- Ce serait trop compliqué, tu comprends ?
- C'est ma faute, je suis désolée.
La réponse était sortie de ma bouche sans que je ne le veuille. Je n'en pensais pas moins, pourtant.
- Je te jure que si je pouvais faire quoi que ce soit pour réparer tout ça, je le ferais Anne, ajoutai-je.
- Arrête de faire celle qui s'en veut ! Tout est ta faute, et tu le sais ! Mais ne fais pas comme si tu t'en voulais vraiment ! Tu les détestais, et moi j'ai tout fait pour toi malgré ça. Et comment tu m'as remerciée ? En détruisant ma vie ! hurla-t-elle de toutes ses forces.
Je me suis enfuie. J'ai pris les escaliers, mais au lieu de monter, je suis descendue. Je suis restée devant la porte du garage qui était fermée à clef. J'étouffais sous les larmes. Ma sœur ne me pardonnerait jamais. Elle pensait que je les détestais, alors que c'est moi que je haïssais plus que tout. J'avais envie de m'arracher la tête, les poumons. Je me griffai de partout, déchirai mes vêtements, me mordit le bras fort. Je n'allais pas jusqu'au sang, mais cela me permit de me calmer un peu. J'avais les idées embrouillées. L'air me manquait vraiment. Petit à petit, mes bras s'engourdirent, et ma vision se troubla. Je perdis connaissance.
Quand je me réveillai, j'étais dans une chambre d'hôpital blanche. J'avais un masque à oxygène sur le visage. Je ne pouvais pas me concentrer, ni me rappeler ce qu'il s'était passé. Pourtant, je reconnaissais ce sentiment de confusion. L'espace d'un instant, j'eus l'impression d'être revenue au mois de février. Il y avait pourtant deux grands détails qui changeaient : tout d'abord, je n'avais mal nulle part. Je n'avais pas de bras cassé ou de visage recouvert de bandages. Enfin, la dernière fois que je m'étais retrouvée hospitalisée personne n'était assis dans la pièce à attendre mon réveil.
Evelyn était plongée dans son carnet. Elle y écrivait encore des notes sur moi. Je remarquai cependant qu'elle en avait deux aujourd'hui : le bleu et le vert. Elle prenait donc également des notes sur Anne. J'étais occupée à me demander ce qu'elle pouvait bien avoir à raconter sur nous, quand une infirmière entra.
- J'allais justement vous appeler. Elle est réveillée depuis cinq minutes. J'attendais de voir si elle avait quelque chose à dire. Elle ne doit pas souffrir, car elle n'a ni fait de grimace, ni gémi, annonce Evelyn.
L'infirmière pris en considération sa remarque. Elle me demanda comment ça allait, et si j'avais besoin de quelque chose.
- Non merci, croassai-je.
Elle s'en alla en me recommandant d'appuyer sur le bouton d'appel si j'avais besoin de quoi que ce soit. Evelyn approcha sa chaise de mon lit, fermant enfin ses carnets.
- Tiens, un peu d'eau.
Je bus toute la petite bouteille qu'elle me tendait.
- Maintenant, tu veux bien me dire ce qu'il s'est passé ?
- Rien. J'ai juste fait une crise d'asthme. Je vais bien, assurai-je.
- Tu sais qu'on a tous entendu Anne. Certaines patientes se sont inquiétées. Moi aussi, d'ailleurs. Joseph m'a tout raconté de toute manière. Je sais exactement ce qu'il s'est passé. Je commence à croire que le pensionnat est la meilleure solution pour vous deux. Anne a trop de colère en elle. Elle a besoin de temps pour remettre ses idées en place. Nous allons donc la laisser respirer un peu, et prendre son temps pour revenir vers nous, et surtout vers toi. D'accord ?
- Okay, répondis-je, incertaine d'avoir bien compris.
- Pendant ce temps, nous allons travailler avec Ethan sur toi et Joseph. Il va t'aider à gérer cette culpabilité qui te ronge, et à travailler sur tes émotions.
J'étais triste pour Anne, mais j'avais bien compris ce qu'essayait de me dire notre tutrice. Je pressentais que cette année n'allais pas être de tout repos.
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