Jour 53

Elle était là. Elle a ouvert la porte. Et elle a du m'entendre. Je n'ai pas réagi, j'ai continué à écrire, trop absorbé par ce papier, par l'encre qui coulait, par les mots s'échappant de mon esprit, guidant chaque mouvement du poignet. Et j'écrivais, toujours plus, toujours plus, et toujours plus. Je vidais mon esprit comme je le pouvais, laissant ces mots prendre le contrôle de ce que j'étais.

Elle n'a pas fait de commentaire, elle s'est assise à côté de moi, sur mon canapé gris, et a posé sa main dans mon dos, puis son bras en entier, et sa tête est venue réchauffer mon omoplate. Elle n'a pas bougé, elle attendait simplement. Elle n'a pas lu, pas commenté, elle était simplement là. Juste là, et c'est ce dont j'avais le plus besoin. Que quelqu'un soit là.

Puis j'ai balancé ce foutu carnet qui m'a mené là où j'en suis sous le canapé, et mon stylo avec, ce sur quoi elle a eu la délicatesse de ne pas faire de commentaire. Je me suis juste laissé reculer, appuyant ma nuque contre le dossier de mon canapé, et elle m'a laissé faire en silence, m'observant, attendant que je sois prêt. Et elle a essuyé mes larmes. Encore, et encore, plus elle coulaient, plus ses mains étaient douces.

Et ces simples larmes ont grossi, pris de l'ampleur, me faisant trembler, trembler encore et encore, et j'ai laissé les sanglots éclater, me secouer tout entier, jusqu'à ce que j'ai du mal à respirer, jusqu'à ce qu'elle me prenne dans ses bras, ma tête enfouie dans son cou, caressant mes cheveux, m'embrassant le front, me murmurant qu'elle était là, que tout irait bien. Et je voulais la croire, je voulais croire que tout irait bien, que cette douleur cesserait, mais douze ans après elle reste là, et elle me hante, me hante si fort ...

Ella ne m'a pas lâché, et a promis de ne pas le faire.

« Je ne te lâcherai pas. Je ne te laisserai pas seul. Je serai là, d'accord ? Je serai là, Luke, je suis là. Je ne te lâche pas. »

Et elle tiendra sa promesse. Elle l'a tenu, et je sais qu'elle continuera, jusqu'à ce qu'elle soit emplie.

Elle m'a tenu contre elle, et l'espace d'un instant, tout s'est évaporé, je ne sentais plus que la douceur qu'elle dégageait.

Elle n'a pas fait de commentaire, et on n'en reparlera pas, à moins que je ne le veuille, que j'amorce la chose. Je le sais. Je le sens. Ella n'a rien dit. Elle m'a laissé me calmer, déverser tout ce mal qui me rongeait, elle est devenue ma bouée de sauvetage, celle qui me gardait tant bien que mal la tête hors de l'eau. Et lorsque c'était fini, lorsque mes pleurs se sont calmés, j'ai relevé la tête et elle a essuyé mes larmes, prenant mon visage entre ses mains, et déposant un baiser sur mes lèvres.

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