Nous sommes montés dans la voiture. Partis. Et le silence s'installait. Lourd, plus qu'il ne l'avait jamais été. Je le sentais se tendre entre nous, s'épaissir, devenir ingérable. J'avais besoin d'air. Besoin de retourner dans ce coin paumé, là où être nous était si faux mais si simple.

« Une idée ? »

J'ai jeté un regard à Ella, et elle m'a souri. Elle m'a souri, et toute ma tension a disparu, j'ai senti mon corps se détendre, et un sourire s'épanouir involontairement sur mon visage.

« Voiture volante. »

Elle a arqué un sourcil, et j'ai su que nous venions de retrouver cette normalité que nous connaissons.

« T'as pas plus original ?

- Ben ... Un citron pressé ?

- Tu le fais exprès ou t'es rouillé ?

- D'accord, je le fais exprès. Hemmmmm dessine une chaise qui peint ?

- Merci Luke. »

Elle a sorti sa feuille et son crayon, et je l'observais à moitié, concentré sur la route, assistant à la naissance de cette petite chaise dessinant un arbre. Elle s'est arrêtée au croquis, rangeant ensuite tout son matériel qu'elle avait je-ne-sais-comment réussi à faire tenir autour d'elle. Voyant qu'elle somnolait, j'ai décidé de changer la musique, qui passait sur une chaîne d'information de l'autoroute, pour mettre la mienne. J'ai saisi mon téléphone, mais elle m'a arrêté, et je ne me suis jamais senti aussi rouge au niveau des joues. Pendant un instant, et je sais que vous allez me trouver ridicule mais je m'en fous parce que c'est vrai, mais pendant un instant ... Tout s'est arrêté. Il n'y avait plus qu'elle et moi, ces deux saphirs brillant qui me fixaient, me sondaient au plus profond de mon âme, plus que sa main sur la mienne, plus que cette tension dans ma voiture.

Tout s'est évaporé lorsque mon regard s'est reporté sur la route, mais pas le sentiment d'être perdu. J'ai bifurqué à droite, sortant sur la première aire d'autoroute que nous avons croisé, et je lui ai offert un café.

« Je ne veux pas rentrer ... »

Et ces quelques mots, cette courte phrase alors qu'elle était appuyée contre moi, tout ce mélange a fait tomber mes barrières, m'a décidé.

« Alors ne rentrons pas. »

Elle a levé la tête, et je me suis mordu la lèvre devant ses sourcils froncés.

« Tu dois aller travailler, Luke, je ne peux pas te kidnapper indéfiniment ...

- Logiquement, je t'ai kidnappée tout seul, avec ma voiture.

- Luke. »

Les choses sérieuses étaient donc venues. La fameuse discussion, où ne devons tout remettre en ordre. Ce nous à détruire.

C'est du moins ce que je pensais.

Parce qu'elle s'est serrée encore plus contre moi. Et elle n'a pas brisé mon cœur. Simplement laissé en suspens. Perdu.

« Nous allons rentrer à la maison. »