Jour 4
Je l'ai encore croisée aujourd'hui. Dans le parking, il y a dix minutes.
Bien sûr que non, je n'écris pas pendant que je conduis, bande d'imbéciles.
Je devrais conduire, c'est vrai, et aller ramener la paperasse à mon bureau, puis en prendre de la nouvelle.
Mais je l'ai vue. Et ç'a été plus fort que moi. Et si je n'écris pas maintenant, alors que c'est tout frais dans ma mémoire, j'ai peur de ne pas pouvoir me rappeler de ce qui s'est déroulé.
Je sortais de l'ascenseur, et elle est apparue devant moi, en tenue décontractée, portant un legging violet et un tee-shirt blanc. Elle avait les joues rosies non pas par du maquillage, mais plutôt parce qu'elle avait chaud. Ses cheveux étaient coiffés de ce même chignon lâche que la nuit où je l'ai surprise à dessiner, et j'ai décrété que c'est la coiffure que je préfère la voir porter. Elle tenait un sac de sport à la main, et comme le débile sans cervelle que je suis, j'ai lancé un commentaire. Oh non, rien de bien méchant, mais elle m'a dévisagé étrangement avant de me répondre, surprise que je lui adresse la parole.
« Vous étiez à la salle ?
- Euh ... Oui, oui, je me suis inscrite à leur cours de danse contemporaine, il faut que je me maintienne en forme ! »
Elle a souligné ses paroles de cet éblouissant sourire qui m'a fait perdre la parole un instant, puis qui m'a poussé à continuer à lui parler pour la faire rester, et profiter du son de sa voix mélodieuse.
« Vous êtes nouvelle ici, n'est-ce pas ? Je ne vous ai jamais vu auparavant. »
Passons l'éponge sur ce fabuleux mensonge.
« Oui, je suis arrivée il y a cinq jours. Les déménageurs sont passés peu après, vous les avez sûrement vus. Il était temps, d'ailleurs, parce que j'en avais un peu plus que marre de vivre sur mon carrelage. J'ai passé toute la journée d'avant-hier à monter les meubles, j'ai bientôt terminé.
- Je suis très heureux pour vous, vous verrez c'est un très beau quartier, je suis certain que vous vous y plairez. Nous pourrions organiser quelque chose pour fêter votre arrivée ! Et si vous avez besoin d'aide, j'habite juste là.
- Merci beaucoup, c'est très généreux. Nous pourrions organiser ça, en effet, a-t-elle ri. Je pourrais rencontrer des gens. En tout cas, merci beaucoup, c'est très aimable à vous de vous être arrêté pour discuter. Oh, j'oubliais ! Je m'appelle Raphaëlle. Raphaëlle Hébras.
- Eh bien, enchanté, Raphaëlle. Je m'appelle Lucas. Lucas Laffite, ai-je fait avec un petit clin d'œil, tentant d'imiter ces bourgeois toujours sur leurs grands airs. »
Elle a ri, et a serré ma main tendue. Puis elle a sorti son téléphone pour regarder l'heure, et s'est désignée d'un geste :
« Désolée, je passerais bien des heures à bavarder avec vous, mais il faut que je me rende présentable, j'ai un rendez-vous important dans à peine une heure. Mais nous pourrions nous revoir pour discuter de ce pique-nique. A plus tard, Lucas Laffite.
- A la prochaine, Raphaëlle Hébras. »
C'était à son tour de me lancer un clin d'œil, puis elle est entrée dans l'ascenseur, et j'ai rejoins ma voiture, où je suis en train d'écrire au lieu de me rendre au bureau. Déjà que je ne m'y rend que deux fois par semaine maximum ... Je devrais peut-être démarrer le moteur. Mais je continuerai plus tard.
***
Ouais, je me retrouve à faire des petites étoiles comme un con, et à écrire dans cette sorte de journal, comme un gosse. Vous aussi vous avez remarqué ? Ouais, je suis grossier par périodes. Faut juste tomber au bon moment.
En vérité, j'exagère. Emma Watson a eu pleins de journaux intimes dans sa vie, et je crois qu'elle en tient encore. Quoi que ce que je rédige n'est absolument pas un journal intime, c'est simplement ... Ma vie. Oui. Je sais. Un journal intime a le même but, mais je vous jure que ce n'est pas la même chose.
Premièrement, dans un journal intime, on relate tout ce qui nous passe par la tête, toute notre journée, on se met à nu. Or, je ne parle ici que de Raphaëlle. Et peut-être aussi que je fais quelques coup de gueule par rapport à la société et au reste, comme avec le « coup de foudre », mais cela n'a absolument rien à voir avec un journal intime, vous êtes fous.
Pour vous le prouver, je vais arrêter d'écrire. Maintenant. Allez à plus.
***
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