Jour 34
Il faut croire que mettre nos blagues à exécution est devenu une sorte de rituel pour nous, parce qu'elle n'a pas paru surprise de me voir, au contraire. On aurait presque cru ... Qu'elle m'attendait.
Son appartement était, comme toujours, impeccable, sans rien qui ne traîne, mis à part sur le bureau, contre la fenêtre de sa chambre. Il regorgeait de matériel de dessin, et de croquis en tous genres.
Et il y en avait sur tous les murs, chose que je n'avais pas tellement pris le temps de remarquer auparavant, mais ils étaient là. Partout, représentant des tas de choses, de toutes les couleurs, tailles ou styles. Certains étaient de simples copies, mais mes favoris étaient les originaux, qui venaient directement de l'esprit d'Ella. L'un d'entre eux la représentait elle, un papillon sur le nez, en plein éclat de rire. Je me demande si cette photo existe, et j'espère que oui, j'espère que je pourrais la voir un jour.
La journée s'est déroulée sans accroc, dans la simplicité que nous connaissons depuis le début, nous avons tous deux travaillé, et pendant ce temps, elle me questionnait sur mes passe-temps, sur tout ce que mon emploi demandait. Je prenais tant de plaisir à lui répondre, à voir qu'elle s'intéressait à moi de la sorte, et surtout, qu'elle me souriait comme s'il ne s'était jamais rien passé. Ou comme si cette dispute nous avait aidés à se retrouver, plus soudés que jamais.
Tandis qu'elle dessinait sur son bureau, j'observais son profil, assis sur son lit, mon ordinateur sur les genoux. J'ai imprimé dans ma mémoire le moindre détail de sa peau parfaitement lisse, à la teinte si délicate, légèrement bronzée par les années, mais derrière laquelle on devinait des cellules pâles et fragiles. Et son cou. Son cou, auquel pendait un pendentif en or, son cou si magnifique et gracile. J'avais tellement envie de le caresser de mes mains, de mes lèvres, de l'embrasser avec douceur ou de le mordre comme un putain de vampire.
J'avais envie de la tenir entre mes bras durant des heures, de caresser ces cheveux d'un blond si doux, semblables à des fils de lumières tissés dans une matière pareille à du coton, et au parfum fleuri, me transportant dans des lieux où régnait la quiétude. Je voulais déposer mes lèvres sur chaque centimètre carré de sa peau, je voulais embrasser ces lèvres pulpeuses et si pâles, mêler toute la noirceur que je contiens à cette pureté qui la constitue.
Mais je me suis contenu, j'ai contenu ce désir qui montait en moi, ce besoin de constamment la toucher, et j'ai savouré le moindre contact avec elle, même les plus subtils, lorsqu'on se frôlait en se penchant dans nos éclats de rires, ou bien lorsque ma main touchait la sienne alors qu'elle me donnait quelque chose, et inversement.
J'ai délicieusement frémis alors qu'elle s'est installée par terre, au pied du canapé sur lequel j'étais assis, dos contre mes jambes, pour regarder cette série dont elle raffole et dont je n'ai pas retenu le nom. J'ai caressé ses cheveux lorsqu'elle rejetait la tête en arrière, larmes aux yeux dès qu'un patient mourait ou que deux protagonistes se disputaient. J'ai passé mes mains sur son visage lorsqu'elle a éteint la télévision et m'a ramené un donut au sucre, avant de grimper sur le canapé et de s'allonger, tête sur mes genoux, picorant des morceaux de mon donut.
Nous nous sommes allongés par terre, têtes côte à côte, en parlant de ma mère, de la femme incroyable qu'elle était, et de son fils, qui brûlait de revoir sa mère, et de rencontrer le monsieur qui lui donnait des idées de dessins.
Et lorsqu'elle a parlé de moi, j'ai ri, puis tourné mon visage vers elle, pour voir qu'elle m'observait déjà, de ses yeux bleus brillant d'une émotion contenue, que je ne saurais pas vraiment nommer. Je l'ai tenue dans mes bras, assis derrière elle dans son lit tandis qu'elle appelait Christen, qui lui disait combien elle lui manquait, et combien il était triste et qu'il voulait un dessin qui venait d'une idée du « monsieur trop génial ».
« Lucas, l'a-t-elle repris avec un petit sourire entre ses larmes. Il s'appelle Lucas. Mais tu veux un secret ?
- Oui !
- Moi je l'appelle Luke.
- Luke ?
- Oui. C'est mon Luke. »
Et à ces paroles, mon cœur s'est gonflé, il s'est gonflé, et je lui ai embrassé le sommet du crâne tandis qu'elle s'est laissé entraîner en arrière avec moi, pour que l'on s'allonge face à face sur son matelas moelleux – il faut d'ailleurs m'expliquer comment elle fait pour ne pas réussir à dormir avec ça.
« Maman ?
- Oui mon cœur ?
- Ze dois aller à la dousse. Ze t'aime.
- Moi aussi mon amour. Je te rappelle très vite mon bébé. »
Il n'y a rien eu de plus. Sa mère a pris le téléphone au petit, et a commencé à débiter d'une voix enjouée ce qu'il faisait de sa semaine, et qu'il avait fait un beau dessin pour faire comme Ella, qu'il voulait absolument lui envoyer, d'ailleurs.
Puis elle a raccroché, et Ella s'est écroulée contre moi, serrant son téléphone contre elle, éclatant en sanglots. Je l'ai serrée contre moi, et j'ai attendu, me promettant d'aller récupérer ce garçon. Elle a fermé le poing sur mon tee-shirt, et petit à petit, ses pleurs se sont calmés, et elle m'a enlacé, murmurant des remerciements.
Est venu le soir, et elle a vite retrouvé son sourire en décidant de cuisiner des fajitas au poulet, le plat préféré de son frère, qui avait déménagé en Thaïlande pour le travail. Et comme je ne cuisine que des boîtes de conserves, je me suis contenté de l'observer, discutant avec elle, replaçant les cheveux s'échappant de son chignon lâche, – Dieu qu'elle était sexy comme ça – et l'admirant d'être aussi forte.
Et je ne saurais pas vraiment comment appeler ça, mais je crois que je m'attache plus que permis à cette femme qui fait briller mes journées et apaise mes nuits.
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