Effectivement, j'aurais du brûler ce tas de merde, pour ne jamais le rouvrir. Même pas dix heures du matin et je trahis déjà ma promesse, je ne sais même pas pourquoi, ni à quoi ça sert. Mais bon, coucher les mots sur le papier me fait du bien, même si ce n'est pas pour parler de cette femme, ça allège l'esprit.

Bon Dieu, cette femme ... Je l'ai retrouvé, lorsque je me me suis levé au beau milieu de la nuit, vers deux heures du matin – en vérité, je sais, il était deux heures sept précises, mais je ne veux pas passer pour un psychopathe.

Je comptais aller manger quelque chose – j'ai souvent faim, la nuit – et je l'ai vue. Elle loge l'immeuble voisin, parfaitement aligné au mien, dans un appartement aux fenêtres symétriques aux miennes. Une donnant sur la rue, l'autre, sur ... ma chambre. Je suppose que c'est la sienne aussi, je n'en sais pas grand-chose, à vrai dire.

La lumière était allumée, détonnant dans la noirceur de la nuit. Elle se tenait là, assise devant un bureau, posé contre la grande baie vitrée, identique à la mienne. Ses cheveux blonds étaient attachés en un chignon lâche, quelques ondulations s'échappant pour venir encadrer son visage aux traits fins. Elle n'était plus maquillée, et portait un sweat-shirt rose pâle, lui servant sans doute de pyjama. Une joue posée dans sa paume, elle était concentrée sur une pile de feuilles, qu'elle griffonnait de son crayon lorsqu'elle ne le mâchouillait pas en tournant la tête sous tous les angles pour mieux regarder son œuvre.

Elle a levé la feuille sur laquelle elle travaillait, et en transparence, j'ai pu apercevoir un dessin, même si je n'ai pas eu le temps de l'analyser et de voir ce qu'elle avait représenté. Une dessinatrice. C'est ma voisine, et elle dessine. A deux heures du matin, certes, mais elle dessine, et putain, ça e rend dingue. Je ne sais pas pourquoi, il n'y a pas de raison valable, simplement, ça remue quelque chose en moi de l'imaginer passer des heures à dessiner tandis que je l'observerais en silence, travaillant à corriger les erreurs dans les manuscrits avant de les renvoyer à mon patron.

Je pourrais simplement replacer les quelques mèches de cheveux lui tombant sur les yeux en la distrayant quelques secondes de son œuvre, et elle me remercierait de l'un de ses splendides sourires éclatants, qu'elle offre à son téléphone, aux déménageurs, à tout le monde sans doute, mais qui m'obsède jusqu'à se faufiler dans mes rêves.

Je ne sais pas pourquoi son sourire et elle prennent autant de place dans ma tête, pourquoi c'est si dur de la faire sortir de mon esprit, pourquoi je rêve de cette parfaite inconnue et d'un avenir totalement impossible à ses côtés. Non, ne me sortez même pas le mythe, l'excuse, ce que vous voulez qui a un rapport avec le coup de foudre.

Le coup de foudre n'existe pas, il n'a jamais existé, et il n'existera jamais. C'est totalement surfait. C'est un mensonge inventé par les poètes et écrivains, puis repris par la société indéfiniment, pour se convaincre que chacun peut vivre ces histoires d'amour à la con qu'on retrouve dans les classiques de littérature. Le coup de foudre n'existe pas. On ne marche jamais dans la rue, avant de croiser une personne et de tomber follement amoureux de celle-ci, jusqu'à pouvoir faire n'importe quoi pour elle.

Le coup de foudre nous raconte un amour soudain, mais ce n'est pas ça l'amour. C'est bien pire, bien plus pervers et sournois. On ne s'y attend pas, on ne sait pas que ça va nous arriver, mais on ne tombe jamais amoureux soudainement. On met les yeux en face des trous soudainement, on prend conscience soudainement, oui, peut-être. Mais l'amour n'est pas le coup de foudre.

L'amour, ça prend du temps. Tout amour commence par une situation différente, c'est là toute sa beauté. Tous les amours sont différents, et le coup de foudre renie la variété d'amours s'offrant à nous. Le coup de foudre renie l'amour lui-même, il le détruit pièce par pièce. Il nous parle de soudaineté, alors qu'il n'en est nullement question dans le développement des sentiments. Ils arrivent petit à petit, avec une mise en situation, une préparation.

L'amour c'est comme le sexe. Les préliminaires échauffent, donnent un avant-goût.

Si on n'a pas de rendez-vous, d'étapes avant la relation, les sentiments, l'amour n'a plus de sens. Il n'arrive pas, on le prend pour déjà acquis, ce avant l'heure. Et c'est la base même du divorce. Le coup de foudre.

La société détourne les mots. La beauté des choses.

Coucher ensemble, avec au lieu de faire l'amour.

Coup de foudre au lieu de amour.

L'amour est détourné.

Pas étonnant que le monde soit empli de célibataires.

Donc ne me parlez pas de coup de foudre pour cette femme, merde.

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Chapitres effectivement superrr aléatoires !! Surtout niveau taille ^^"

Donnes votre avis, je rentre de vacances le 21, flemme de calculer, mais j'ai trop envie de voir au moins quelques commentaires svpp