Jour 23

Je crois que Raphaëlle est connectée à mon esprit, parce que c'était exactement ce dont j'avais besoin. Nous avons passé quelques heures assis dans un simple fast-food, à discuter, se changer les idées ... Je ne saurais pas trop poser de mots sur notre relation, assez complexe et aléatoire, mais je ne sais pas que je deviendrais si jamais elle disparaissait.

C'est comme si ... Je passais ma vie dans le noir complet, et que seule Raphaëlle détenait le pouvoir de tout allumer. Moi y compris :-)

Blague à part ...

Je ne sais pas quoi dire, mais je suis certain que notre amitié sera magnifique, si seulement cette joie de vivre toute nouvelle pouvait rester à mes côtés ...

« Tout nouvelle ? », me demanderez vous ... Oui, toute nouvelle, parce que ... En réalité, même si je me suis confortée à l'idée que je suis « bien », ce n'était jamais vraiment ... comme ça.

Le problème étant que j'étais simplement bien. Lorsqu'on est bien, nous ne nous sentons pas mal, ni super bien, non, nous sommes dans une sorte de hall. C'est l'entre-deux, le lieu où l'on patiente, dans un état neutre, où nos sens et nos émotions sont anesthésiés par le brouillard continu du quotidien infernal. La souffrance est tellement présente qu'on ne la ressent même plus, trop occupé à suffoquer et à tenter de reprendre une respiration, quelque chose pouvant nous maintenir en vie pendant cette insupportable attente. La seule chose qui compte, c'est de ne pas bouger, de juste effectuer les tâches et actions du quotidien, d'éviter les sujets tabous, et tenter d'étouffer ce mal-être, cette brûlure qui nous accompagne partout où l'on va, peu importe le jour, le lieu ou la météo. On doit simplement se concentrer, rester immobile, avec ce putain de sourire qui transpire les larmes, à montrer, à prouver à toute la planète qu'on est là, que rien ne va mal, que tout est normal, et que rien ne peut nous ébranler, parce que nous sommes en sécurité.

Mais la vérité ... C'est que nous ne sommes pas en sécurité. Nous nous contentons du peu d'illusion que notre esprit nous offre, et nous la partageons comme un miroir à la moindre personne posant un regard sur nous.

Alors, oui, ce bien-être est tout nouveau pour moi, parce que depuis dix ans je ne me porte que bien.

Et que dans mon monde, bien égale une mort douce, un appel à l'aide. 

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