Chapitre 7

     Ron se fit réveiller par les tintements de cloches. Comme chaque samedi, il se leva, prit sa douche, passa un rapide coup de peigne dans ses cheveux et descendit manger. Harry se trouvait déjà en compagnie d'Hermione et il les rejoignit avec un grand sourire.

« Tu as l'air d'avoir bien dormi, lui fit remarquer Hermione, elle aussi de bonne humeur.

-Très bien, j'ai rêvé que les profs disparaissaient et qu'on était tous seuls au château. »

     Au regard de son amie il comprit que cela ne lui paraissait pas être un rêve mais un cauchemar. Harry, en revanche, commença à lui demander des détails et ils se mirent tous les deux à élaborer des hypothèses sur un tel scénario. Ils évoquèrent d'enfermer les Serpentard aux cachots quand les frères de Ron arrivèrent, s'asseyant de part et d'autre d'Hermione, en face d'eux.

« Prêt pour la première sortie de l'année à Pré-au-Lard ? »

     Ils répondirent tous par l'affirmative aux jumeaux alors qu'Allan franchissait les portes. Leur regard se croisèrent et Ron lui fit un signe de la main. Ils avaient pris l'habitude, depuis qu'ils avaient rendus leur devoir à leur professeur de divination, de se saluer dès le petit déjeuner. Après que le Poufsouffle lui ait répondu, il se décida enfin à se servir des œufs aux plats.

« Allan vient ? demanda Harry.

-Oui, on va aller s'acheter des bonbons. »

     Hermione le couva d'un regard bienveillant et ne put s'empêcher de remarquer, souriante :

« Tu ne grandiras donc jamais. »

     Il lui sourit en réponse, de ce sourire complice que s'échangent deux amis de longue date qui n'ont pas besoin d'explication, tout en étalant du beurre sur une tartine.

*

     Le chemin jusqu'au village de sorciers s'était déroulé dans la bonne humeur. Allan avait rejoint le groupe et plaisantait avec Hermione. Lui-même discutait avec Harry, trouvant un moyen de plus en plus satisfaisant d'enfermer les Serpentard dans les cachots ou, mieux encore, dans les toilettes du deuxième étage. En regardant Allan rire avec son amie, Ron réalisa qu'il passait de plus en plus de temps avec le Poufsouffle. Il se rapprocha de lui et naturellement Hermione rejoignit Harry. Se frottant les mains pour se les réchauffer à travers ses gants, Ron entama la discussion :

« Tu penses que Trelawney a apprécié notre devoir ?

-Quand elle ne dit rien, en général, c'est que c'est bon. »

     Ron se souvint de l'enthousiasme partagé de leur professeur avec Lavande Brown, l'année dernière, suite à deux rouleaux de parchemin et il fronça les sourcils. Allan dû lire dans ses pensées car il ajouta :

« On a la moyenne, de toute façon c'est pas un gros coefficient. »

     Il haussa les épaules et entra chez Honeydukes après lui, l'aidant à pousser la porte. Ses amis les suivirent et ils se dispersèrent dans les rayons. Il resta avec Allan, et ils se dirigèrent tout d'abord vers les chocogrenouilles. L'odeur de confiseries l'enveloppa et Ron se sentit détendu. Il avait aimé ce lieu dès l'année dernière, quand il avait passé pour la première fois les portes. Il se rappelait avoir parlé à Ambrosius Flume, le gérant de la boutique, qui l'avait pris sous son aile et lui avait fait visiter l'endroit. Evidemment, il avait dépensé presque tout son argent de poche en sucres.

     Ils achetèrent alors presque tout ce qui leur tombait sous la main. Hermione était passée devant eux et avait écarquillée les yeux en constatant leurs bras chargés de bonbons. Elle avait passé son chemin alors qu'Allan reprenait des dragées surprises.

« Mais tu en as déjà pris deux boîtes.

-J'ai un peu de mal à me retenir. »

     Le Poufsouffle lui fit alors un sourie d'excuse et Ron ne put s'empêcher de le trouver mignon. Il se surprit à rougir à cette pensée en ressentant la chaleur à ses joues. Ils se dirigèrent tous les deux vers la caisse et attendirent dans la file. Alors qu'Allan passait avec ses articles, Harry arriva derrière Ron, attendant lui aussi son tour. Ils échangèrent un sourire et le regard de Ron se perdit sur Hermione. Elle discutait avec ses frères et Ginny d'un produit sur une étagère et riait aux blagues des rouquins. Ron était ravi qu'Hermione accepte sans problème Allan et l'accueille à bras ouverts. En regardant Harry, il ne put savoir ce qu'il en pensait. Il voulait lui en parler mais ce n'était visiblement pas le lieu, lui-même devant déjà passer à la caisse. Il se promit de lui en toucher deux mots, assez anxieux à l'idée qu'Harry n'appréciait peut-être pas Allan sans oser le lui dire.

     Il trouvait ridicule l'idée qu'Harry ne veuille pas lui en parler. Et c'était parce qu'il trouvait cela ridicule qu'il se rassurait en se répétant que le Poufsouffle était bien accepté par son meilleur ami. Il se demandait lui-même ce qu'il penserait s'il se trouvait à place d'Harry. A cette pensée, en comprenant ce que son meilleur ami pensait peut-être, il se mit à rougir de plus bel et observa Allan du coin de l'œil. Il observait les divers produits mis contre la vitrine et semblait intéressé par quelques-unes de ces boîtes. Les bras chargés de confiseries, il ne put s'empêcher de sourire en le voyant ainsi. Ron n'avait pas pris la peine de faire le point avec lui-même sur la situation. Hermione lui avait souvent répété qu'il était bon de s'accorder du temps à soi et de réfléchir à ce qui pouvait nous arriver dans la vie, et bien que n'ayant que très peu suivit ce conseil, Ron sentait que le moment en était plus que propice. En attendant de pouvoir se poser ces questions, il se concentra sur le fait qu'il se sentait bien en sa compagnie et que, pour le moment, là se situait le plus important.

*

     Ron venait de gravir les marches jusqu'à la tour d'astronomie. Ils avaient convenu, un peu plus tôt, de s'y rendre tous les deux dans la soirée. Il était encore seul alors il s'approcha de la rambarde pour pouvoir observer le parc du château. Bien qu'il ne fût pas particulièrement soumis au vertige, le rouquin évitait de regarder en bas. Il observait le décor avec calme. Il se sentait serein.

     Les étoiles arrivaient doucement les unes après les autres, la lune se cachait à moitié derrière un nuage, timide de se montrer entière cette nuit. Une légère brise venait caresser les feuilles des arbres et créer de petites vaguelettes sur le lac. Quelques hiboux fendaient les aires vers la volière.

     Ron l'entendit approcher avant même de le voir. Il se tourna et le vit alors, terminant juste de monter les marches. Il reprenait doucement son souffle en se dirigeant vers lui. Allan lui sourit et Ron sentit son cœur rater un battement avant d'accélérer l'allure pour un court moment. Le Poufsouffle vint se placer à ses côtés et observa lui aussi le décor présent sous ses yeux.

« C'est encore plus beau la nuit.

-Tu n'étais jamais venu ici, après le couvre-feu ?

-Je respecte les règles moi, comme tous les Poufsouffle. »

     Ron lui fit un regard entendu :

« On sait tous très bien que vous cachez votre jeu derrière vos sourires innocents. »

      Allan tenta vainement de se défendre et ils s'allongèrent tous les deux sur le sol, loin du vide mais pouvant tout de même observer le ciel. Ils discutèrent un peu, gardèrent régulièrement le silence, mais ni l'un ni l'autre ne semblait dérangé. Ron tourna la tête vers lui pour l'observer à la lueur de la lune. Elle avait vaincu sa timidité et se montrait à présent toute entière, diffusant sa lumière et faisant ressortir la couronne dorée des iris d'Allan. Avant même qu'il ne s'en rende compte, ce dernier lui confia doucement :

« Je me sens bien avec toi. »

     Il tourna alors la tête vers lui et Ron ne chercha pas une seconde à fuir son regard. Tout à fait sérieux mais dans l'attente, Allan l'observait en cillant à peine. Le Gryffondor eut l'impression que son propre souffle ne répondait plus à l'appel et il ressentit une tension au niveau de son cœur, comme si quelqu'un s'amusait à lui compresser l'organe. Mais il oublia bien vite cette sensation quand, comme tantôt dans cette même tour, il se sentit approcher du jeune homme. Le Poufsouffle venait aussi vers lui et aucun d'eux, pas même pendant une seconde, ne détourna le regard. Lui parvint alors son odeur et Ron eut l'impression de pouvoir de nouveau respirer. Ils s'approchaient encore l'un de l'autre quand il put remarquer les détails de son grain de peau. Et dans ce même geste, dans une fluidité parfaite et sans une hésitation, leurs lèvres se scellèrent.

     Ce fut un doux baiser. Allan avait attrapé sa lèvre inférieure dans une douceur infinie et, bien qu'au début ce ne fut qu'agréable, Ron commença à ressentir une sensation de palpitation sur sa lèvre en question. Instinctivement il se rapprocha un peu plus du jeune homme et leur baiser devint un peu plus intime. Sans se séparer, ils bougèrent leurs lèvres dans un rythme lent, empreint de douceur et d'une volupté que le Gryffondor découvrait. Il ne se souvenait pas d'un jour où il s'était sentit aussi détendu. Et ne voulant pas croire qu'il s'agissait d'un rêve, Ron réalisa qu'Allan venait de lui offrir son premier baiser.

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