Chapitre 5
Ron Weasley avait passé sa semaine dans une humeur maussade. Il avait réussi à rire avec ses amis mais, comme pour lui rappeler qu'il n'était pas heureux, il prenait toutes les mauvaises nouvelles de façon presque exagérées. Il avait passé son temps à éviter Allan et se demandait par qu'elle magie il ne l'avait pas remarqué plus tôt, trouvant qu'il le croisait particulièrement souvent ces derniers temps.
Il mangeait son déjeuner en digérant encore ses cours de la matinée, regardant perplexe Hermione qui relisait déjà ses leçons. Il fut distrait par un groupe de Beauxbâtons qui, passant devant lui, se dirigeait plus loin vers la table des Serdaigle. Il ne se privait jamais de pouvoir observer leur façon de marcher. Ron fut cependant interrompu dans sa contemplation par un livre « posé » violemment sur la table. Il crut d'abord Hermione responsable, mais elle semblait tout aussi stupéfaite que lui. Leurs regards se dirigèrent donc vers la personne fautive et les oreilles de Ron devinrent immédiatement aussi écarlates que l'était son blason. Allan avait le regard sévère de celui qui n'était pas près à plaisanter et sa voix grave fut aussi ferme que possible :
« Rendez-vous après les cours dans le parc, près du lac, pour le devoir de divination. »
Pris ainsi de court et n'ayant pas préparé d'argument, Ron ne put qu'hocher la tête :
« D'accord. »
Allan eu l'air désespéré mais quelque peu satisfait et, reprenant son livre d'un geste sec, parti rejoindre sa table. Ron croisa le regard d'Hermione et fut surpris -mais non moins soulagé- d'y voir de la bienveillance et de l'encouragement.
*
Il avait stressé tout l'après-midi. Ne réussissant pas à se concentrer sur les cours, il s'était mis à dessiner (« gribouiller » serait plus exacte) sur ses parchemins. Il avait même été surpris de constater qu'Hermione ne le réprimandait pas. D'autant plus que le temps lui parut long et qu'il avait de nombreuses fois regretté de ne pas avoir de montre comme son amie. Quand le moment fatidique arriva, il se surprit à rester le plus longtemps possible avec ses amis avant de se diriger vers le parc. Il sentait ses jambes trembler légèrement et lorsqu'il l'aperçut, déjà assis contre un arbre, il se rendit compte qu'il avait très soif. La sensation passa néanmoins rapidement mais il angoissait légèrement en approchant, se demandant quoi lui dire. Et c'était bien à cause de son stress qu'une fois arrivé devant Allan, il se rendit compte qu'il avait oublié son manuel de divination.
Il chercha d'abord à l'expliquer au jeune homme en commençant déjà à reculer pour aller le chercher, mais celui-ci l'arrêta bien vite :
« J'ai le mien, ça devrait nous suffire. »
Ron ne put qu'hocher la tête et il prit place à ses côtés. Le temps leur été clément en cette fin de semaine et pas une brise ne venait les déranger. Allan se rapprocha pour qu'ils puissent suivre le livre, ce qu'il ne put s'empêcher de remarquer. Le jeune homme avait retiré sa cape, contrairement à lui, portant ainsi sa chemise blanche qui, Ron devait bien l'admettre, lui seyait parfaitement.
« On dit quoi du coup, dans ce devoir ? »
Ce n'était pas la première fois que le garçon le sortait de ses rêveries. Ron cligna plusieurs fois des yeux avant de tenter une réponse sans pouvoir s'empêcher de balbutier :
« Euh... Eh bien on a qu'à mettre... C'est quoi le sujet, déjà ? »
Il avait conscience de ses oreilles rouges mais employa tous ses efforts à les oublier. A son plus grand soulagement, il vit Allan lui sourire.
« La chiromancie. En le faisant tous les deux on aura juste à résumer ce qu'on a conclu des deux derniers cours. »
Ron hocha la tête.
« Tu veux encore lire les lignes de ma main pour te souvenir ? »
Le Gryffondor déclina l'offre, les oreilles encore plus rouges qu'auparavant.
« Je te propose qu'on écrive chacun le parchemin de l'autre, ça te va ? »
Ron hocha de nouveau la tête. Ils sortirent plumes et encriers de leur sac ainsi que deux rouleaux. Puis il fronça un instant les sourcils en lui demandant :
« Pourquoi tu m'as demandé ce qu'on mettait dans le devoir si tu le savais déjà ?
-Je voulais savoir si tu avais suivi le cours, tu n'avais pas l'air très attentif lundi. »
Ron ne put s'empêcher de sourire en constatant qu'il l'avait remarqué, mais s'efforça de regarder ailleurs et de se concentrer sur son travail.
« Elle a précisé la longueur du parchemin ?
-Non, mais on ne va pas faire trop long, une vingtaine de lignes devrait suffire. »
Nouvelle affirmation silencieuse du Gryffondor qui remarqua que le Poufsouffle comptait en ligne et non en centimètres comme le faisait ses professeurs. Ils se mirent donc au travail. Sans s'entretenir, ils écrivirent chacun sur leur parchemin. De temps à autre, Allan prenait sa main pour vérifier la courbure d'une ligne, sa longueur ou encore sa direction. Le Gryffondor évitait soigneusement son regard à chaque fois, ressentant ses joues chauffer dès que le Poufsouffle se saisissait de sa main sans le prévenir et se maudissant de réagir de la sorte.
Ron n'avait pas écrit deux paragraphes qu'il hésitait déjà sur l'interprétation d'une ligne secondaire. Il se pencha vers le manuel et lu l'extrait recherché. Il avait une conscience aigüe de la présence du jeune homme à ses côtés et cette conscience ne fit que se renforcer quand il se pencha vers le manuel et, par conséquent, d'Allan. Il avait l'impression de ne pas pouvoir bouger et pourtant il l'aurait voulu. Il voulait se montrer sous son meilleur jour et non comme cette masse immobile qui tentait de lire ce fichu bouquin. Il se concentra néanmoins sur sa lecture, désireux de pouvoir se redresser. Cependant, un élément venait de nouveau le perturber. Si proche d'Allan, Ron pouvait sentir son odeur. Il n'accordait en général aucune importance à cela, mais le fait même de remarquer ce détail prouvait la différence avec le reste du monde, pour lui. Il devait bien avouer que cela lui était tout à fait agréable et il associa cette sensation au jeune Poufsouffle en fermant un instant les yeux. Et comme un électro-choc, il les rouvrit.
Ron se sentait extrêmement gêné. Il avait l'impression de profiter de la présence d'Allan, mais pas de façon habituelle. Il culpabilisait même un peu qu'Allan ne le sache pas. Pris de panique en sentant son cœur s'emballer, le Gryffondor n'eut aucune peine à se redresser. Il roula son parchemin en un instant, le rangea précipitamment dans son sac avec sa plume et son encrier. Il se leva en vitesse et bredouilla des excuses.
« Ronald Weasley. »
Le jeune homme s'immobilisa. Se retournant doucement, il vit Allan, à deux mètres de lui, toujours près de l'arbre contre lequel ils étudiaient un instant auparavant mais à présent debout. Sur son visage il décela de la colère, une pointe de regret mais, prédominant le tout, de l'incompréhension.
« Tu vas me dire ce qu'il se passe ?
-Allan... »
Il ne trouvait rien d'autres à dire.
« J'aimerais comprendre... Je ne sais pas pourquoi tu me fuis, pourquoi tu as passé la semaine à m'ignorer !
-Je... »
Allan avait haussé le ton, de quoi faire paniquer le jeune homme.
« Je sais pas quoi te dire... Et puis d'abord j'ai accepté de faire ce devoir avec toi !
-Oui, et c'est précisément là que je ne comprends pas !
-Quoi ? »
Ron fronçait les sourcils, Allan s'était approché, la colère ayant définitivement pris place sur son visage.
« Pourquoi tu as accepté de faire ce travail avec moi si tu n'as plus envie de me voir ?
-Nan mais tu as vu comment tu es venu me le demander ?
-Et tu es venu. Tu aurais pu me dire oui et me poser un lapin ! »
Ce fut au dernier mot que Ron s'aperçut du ridicule de la situation. Il se sentait stupide. Allan était venu lui demander de cette façon car c'était pour lui le seul moyen d'obtenir une réponse, peu importe laquelle. Il prit soin de ne pas ouvrir la bouche afin de ne pas répliquer et se redressa en positionnant correctement son sac sur son épaule. Il commença à rire légèrement et attendit avec anxiété la réaction d'Allan. Le regarder se détende face à sa réaction lui fit un bien fou.
« Tu n'es pas très patient, pour un Poufsouffle. »
Allan soupira en souriant et passa une main sur sa nuque. Ron trouva que ce geste lui allait bien.
« J'ai attendu une semaine, quand même. »
Le sourire d'Allan le détendit complètement et il se sentit soulagé.
« Je suis désolé, finit-il par dire. J'ai mal agi et je m'en excuse. »
Il lui tendit la main, geste qu'il ne faisait jamais. Allan la serra et ils échangèrent un sourire.
« J'ai envie de faire ce devoir avec toi. »
Le jeune homme lui offrit un nouveau sourire en guise de réponse et le Gryffondor eut l'impression d'être transporté. Le soleil venait éclairer ses yeux et il remarqua une couronne dorée qui, entourant sa pupille, brillait au soleil. Il ne voyait qu'Allan, mais bien vite la voix d'Harry les firent se séparer :
« Ron, je vais voir Hagrid, tu veux venir ? »
Il n'avait pas encore pris la peine d'aller rendre visite au garde-chasse depuis la rentrée, et ce fut pourquoi il accepta avec son éternel « d'accord ». Avant de partir il salua poliment Allan d'un signe de tête et d'un sourire d'excuse. Le Poufsouffle leur souhaita une bonne soirée en retournant près de ses affaires, se penchant pour tout ranger dans son sac. En se dirigeant vers la maison à la lisière de la forêt Interdite, Ron ne se retourna qu'une fois. Il vit qu'Allan, son sac à bout de bras, les regardait s'éloigner. Il lui fit alors un signe de la main, ce à quoi le jeune homme répondit avant de partir vers le château. Le Gryffondor ressentit alors une petite pointe au niveau du cœur.
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