Chapitre 3
"Il apparaît que votre enseignement dans cette matière a été passablement perturbé et plutôt fragmentaire, n'est-ce pas ?"
Il n'avait pas dormi de la nuit. Il avait attendu le petit déjeuner et n'avait pas aperçu Allan. Il avait été voir des Serdaigle de cinquième année pour leur demander leur emploi du temps et l'avait reproduit rapidement sur un parchemin. Il n'avait plus qu'à attendre que cette heure se termine...
"Le changement constant d'enseignants, dont beaucoup ne semblent pas avoir suivi le programme enseigné par le ministère, a eu le fâcheux résultat de vous laisser loin au-dessous du niveau qu'on est en droit d'attendre au début d'une année de BUSE."
Il arriverait certainement à lui expliquer la situation. Il lui dirait pourquoi il n'a pas pu lui écrire et comment ça a été très éprouvant pour lui. Allan comprendra sûrement. L'année passée ne s'était pas terminée de la façon la plus tranquille qui soit. Oui, il lui suffira simplement d'expliquer la situation, de dire qu'ils étaient dans un endroit protégé pour Harry et Allan comprendra. Allan voudra sûrement l'écouter...
"Vous serez certainement satisfaits d'apprendre que ces problèmes vont être désormais résolus."
Il lui suffit après tout d'attendre que cette heure se termine et ensuite ce sera plus facile. Allan sera devant lui, il lui tiendra les mains et le regardera droit dans les yeux, et ce sera plus facile. Il suffit juste... de s'expliquer. C'est aussi simple que ça.
"Cette année, en effet, nous aurons un programme de magie défensive et approuvé par le ministère."
Il avait simplement à attendre encore un peu...
"Si certains ne se montrent pas plus attentifs durant mes cours, je me verrais dans l'obligation de leur délivrer une retenue."
Hermione lui donna un coup de coude et Ron se redressa. Affichant l'air concentré qu'il avait l'habitude d'arborer dans les cours de métamorphose, le jeune homme se força à ne plus penser à Allan.
"Bien. Commencez par copier sur vos parchemins les phrases suivantes."
Hélas, ce fut rapidement peine perdue. A peine Ron avait-il écrit une lettre qu'il trouva que son "c" majuscule ressemblait de beaucoup à ceux que faisaient Allan. L'heure fut lente et difficile mais ce qu'il découvrit dans ce cours eut le mérite de détourner son attention, non d'Allan, mais de la douleur qu'il éprouvait depuis la veille et, en fait, depuis qu'il avait envoyé cette fameuse lettre à la mi-été. Il apprit que le "professeur" Ombrage ne comptait pas les entraîner à la magie et qu'ils devraient tous lire le livre de cet Eskivdur. Ron se souvint de ce que sa mère lui avait dit sur les devoirs des jeunes enfants moldus et il se sentit immédiatement infantilisé. Quand la cloche sonna, Harry n'était pas encore de retour du bureau du professeur McGonagall chez qui il avait été envoyé après avoir écopé d'une retenue. Hermione bouillonnait de rage encore plus que lorsque Rita Skeeter s'en était prise à Hagrid et lui-même courait dans les couloirs vers le cours d'Allan.
Son petit ami avait cours d'histoire de la magie et il atteignit la salle de classe avec une rapidité dont il ne prenait pas vraiment conscience. Bien trop anxieux à l'idée de l'avoir raté, le soulagement fut grand quand il reconnut sa silhouette au fond de la salle de classe. Le professeur Binns traversait le tableau derrière son bureau -sûrement pour retourner à son fauteuil- et les élèves commençaient à peine à sortir. Ron attendit à l'entrée, fixant Allan qui ne l'avait pas encore vu.
Quand le jeune homme passa devant lui, leurs regards se croisèrent et Ron su ce que son petit ami allait faire. Avant qu'il ne recommence ce qu'il lui avait infligé la veille au soir, il lui prit le poignet et les éloigna un peu du reste de la classe qui sortait encore de la salle.
"C'est pas ma faute pour les lettres ! Dumbledore nous a mis en sécurité, par rapport à Harry. Ça t'aurait mis en danger !"
Allan s'extirpa de son étreinte et il semblait lui lancer des éclairs avec ses yeux.
"Ronald... Ne m'approche plus."
Il n'avait pas hurlé mais pourtant les oreilles de Ron sifflaient.
"Quoi ?
-Je ne veux plus que tu m'approches. C'est clair ?
-Je ne comprends pas..."
Son petit ami commença à faire demi-tour mais Ron le rattrapa à temps et empoigna la manche de sa robe de sorcier. Allan se retourna violemment et commença à lui hurler dessus alors que tous les élèves de sa classe les regardait :
"C'est fini entre nous, tu comprends pas ?!"
Son petit... Allan partit sans attendre une seconde de plus et bien vite Ron se retrouva seul dans le couloir. Il n'entendait pas les élèves qui passaient bruyamment dans les couloirs voisins et aux étages supérieurs, il ne faisait pas attention aux fantômes qui le croisaient. Il ne laissait qu'une question tourner en boucle dans son esprit :
"Pourquoi ?"
*
"Et Hagrid qu'est toujours pas revenu... Ron, tu viens manger ?"
L'adolescent se contenta de secouer négativement la tête. Le dortoir se vida relativement vite et Ron se retrouva seul. Le silence vint l'accueillir et le bercer mais, il le savait, il n'arriverait pas à dormir. Il se passait la scène dans son esprit et, lorsqu'elle se terminait, il la rembobinait au début, parfois en remontant jusqu'au Poudlard Express lorsqu'il avait évité son regard. Il savait qu'il se faisait du mal, mais il ne pouvait pas s'en empêcher.
"Monsieur Weasley doit avoir faim. Monsieur Potter m'a dit que monsieur Weasley n'allait pas descendre pour manger, alors je suis venu lui apporter à manger. J'espère que je ne dérange pas monsieur."
Ron se redressa de son lit et se retrouva nez à nez avec Dobby. Littéralement nez à nez car ces derniers se touchaient. L'elfe de maison s'en rendit compte et recula en s'excusant. Il posa ensuite le plateau qu'il avait apporté sur le lit.
"Merci Dobby.
-C'est normal monsieur, vous pouvez me demander tout ce que vous voulez."
Dobby commença à ramasser les affaires qui traînaient sur le sol pour les plier et les ranger sur les différentes chaises.
"Comment va Winky ?
-Ce n'est pas facile, monsieur. Winky s'en veut toujours beaucoup. Elle croit encore que tout ce qui est arrivé est de sa faute. Mais elle commence à travailler avec nous, monsieur. Je crois que c'est une bonne nouvelle.
-Ca m'en a tout l'air."
Dobby se rapprocha du lit et, sous le signe de tête de Ron, grimpa sur ce dernier. Il resta debout sur le matelas mais arrivait tout de même à la hauteur de l'adolescent sans pouvoir le dépasser.
"Monsieur Weasley a l'air triste."
Ron hocha la tête, la gorge serrée.
"Est-ce que monsieur Weasley veut un câlin ?"
On ne pouvait pas dire qu'il s'était attendu à une telle proposition, mais il accepta avant même de s'en rendre compte.
"J'ai vu des sorciers se faire des câlins et arrêter de pleurer grâce à ça."
Dobby le prit dans ses bras et Ron laissa les larmes s'échapper sur les beaux vêtements de l'elfe. Il s'en excusa mais Dobby lui souriait. Quand ils se reculèrent, Dobby brisa de nouveau le silence :
"Je vois bien que monsieur Weasley souffre... Est-ce que je peux faire quelque chose pour lui ?"
Ron secoua de nouveau négativement la tête.
"Monsieur Weasley ne devrait pas se laisser souffrir comme ça. Il faut se libérer pour pouvoir mieux respirer, comme Dobby a pu le faire grâce à monsieur Potter."
L'elfe libre sauta à terre et tapota le tableau qu'il lui avait ramené :
"Monsieur Weasley devrait prendre des forces. On ne conquiert pas la liberté avec un ventre vide."
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