Chapitre 13

     Ron était persuadé qu'il n'avait jamais été aussi rouge. Il n'avait jamais été autant gêné de toute sa vie, ou en tout cas il n'en gardait aucun souvenir. Il sortait de la salle dans laquelle il venait de danser avec McGonagall. Il préférait ne pas s'en rappeler, ses frères se donnant déjà sans doute pour mission de ne pas lui faire oublier ce souvenir.

     Harry discutait avec Fred et George un peu plus loin. Ron pensait à Allan et à ce bal dont il venait d'en apprendre l'existence. Il ne savait pas exactement comment réagir, tout ce qu'il savait c'était qu'il n'aimait pas danser. Ceci dit, danser avec un de ses professeurs n'était pas ce qu'on pouvait appeler une première bonne expérience. Il s'en faisait la réflexion quand un Serpentard vint se planter devant lui. Il reconnut alors Blaise et ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Il voulut le contourner mais le jeune homme l'en empêcha.

« Dis donc Weasley, tu te serais pas entiché du Poufsouffle ? Pas étonnant que les Weasley aient si mauvaise réputation, entre ça et votre amour pour les moldus... »

     Ron planta ses yeux dans les siens et y reconnut la haine que pouvait bien porter un serpent pour un lion. Il devinait facilement qu'il devait lui rendre ce même regard. N'ayant aucune répartit à la hauteur possible, Ron se contenta alors de le bousculer avec son épaule en le dépassant. Soulagé de constater qu'il ne lui suivait pas, il accéléra tout de même l'allure.

     Il parcourait les couloirs à grandes enjambées et sursauta quand Hermione apparut juste à côté de lui.

« Ce cours était vraiment nécessaire, nous sommes vraiment deux pieds gauches. »

     Elle riait alors qu'elle sortait de son sac un de ses manuels. Le portant contre sa poitrine, elle suivait tant bien que mal son allure.

« Tu t'es plutôt bien débrouillé avec le professeur. »

     Ron ne put s'empêcher de sourire face à la pique de son amie.

« J'aurais préféré éviter.

-Je crois que ça lui a plu de t'embêter un peu, c'était comme prendre sa revanche pour les fois où tu t'étais endormi en classe de métamorphose. »

     Il imagina McGonagall sourire et ne put s'empêcher de rire.

« Ce serait juste, c'est vrai. »

     Ils parcoururent un étage et Hermione lui confia d'un ton léger :

« Je te trouve plus épanoui, ces derniers temps. »

     Il lui rendit un regard sérieux. Elle souriait, tenant toujours ses livres contre elle.

« Tu sembles assumer plus de choses et ça te va bien. »

     Ron ne put s'empêcher de se dire qu'elle ne dirait probablement pas ça si elle l'avait vu ne rien répondre à Blaise, quelques instants plus tôt. Il se sentait ridicule. Néanmoins, elle souriait et il voyait bien qu'elle essayait de lui donner un peu plus confiance en lui. Cela lui faisait du bien.

« Merci Hermione. »

     Elle se pencha alors vers lui pour lui embrasser la joue.

« Je vais réviser à la bibliothèque. »

     Il la salua et partit de son côté. Il avait de la chance de se sentir soutenu.

*

     Ron aimait le jeudi. Il s'agissait de la journée la moins remplie en termes de cours. Il en profitait pour passer du temps avec Allan et, parfois, ils révisaient ensemble. Mais malgré tout ils n'étaient qu'en quatrième année et ils disposaient de temps. C'était pour cela qu'ils se trouvaient tous les deux dans un des couloirs principaux, à regarder les autres élèves s'affairer et à se moquer des septièmes années qui, comme chaque jeudi, n'avaient pas une minute à eux.

     Ils se moquaient des autres et profitaient de leur liberté. A chaque fois, ils devaient se faire violence pour se quitter. Ron avait un dernier cours, botanique, avant le dîner. Heureusement, il n'était pas encore l'heure pour eux de partir. Et tout heureux, Ron profitait des caresses qu'Allan lui procurait. Il n'était pas encore prêt à assumer tout cela devant tout le monde, mais le Poufsouffle profitait tout de même de sa présence et il était loin de s'en plaindre. Alors qu'ils se trouvaient tous les deux contre un mur, perdus dans la masse mouvante, ils ne se regardaient pas mais leur attention était entièrement portée à l'autre. Caché par leur robe de sorcier, Allan caressait les fesses de Ron. Ce dernier tentait de ne pas fermer les yeux, appréciant de plus en plus ce geste tendre.

« Fais attention, il ne faudrait pas qu'on te remarque, on pourrait penser que tu fais un rêve érotique. »

     Ron rougissait un peu mais sourit à Allan. Il sentait son sexe qui commençait à être excité mais essayait de ne pas y prêter attention. Regarder Allan ne l'aidait pas à se calmer. Cela faisait plusieurs jours qu'ils avaient commencé à se toucher un peu plus. Ron aimait découvrir le corps d'Allan, même s'il ne l'avait jamais vu. Il y avait encore certaines limites qu'ils ne dépassaient pas et ils s'étaient même confiés qu'ils n'avaient chacun d'eux pas eu de relation physique avec d'autres personnes. Ron avait été heureux de pouvoir confier cela si facilement à quelqu'un, et heureux aussi de découvrir tout cela ensemble.

     Allan resserra un peu plus sa prise et Ron dû faire un grand effort pour ne rien laisser paraître. Il n'avait qu'une envie : embrasser Allan. Il se tourna alors légèrement vers lui pour lui demander :

« Ça ne te dirait pas qu'on s'isole un moment ? »

     Allan lui souriait tendrement mais lui répondit :

« C'est l'heure de ton cours, je ne voudrais pas te mettre en retard.

-Quoi, déjà ?! »

     Le Poufsouffle lui souriait et se baissa pour récupérer son sac. Ron trouvait cela particulièrement frustrant.

« Tu devras attendre ce soir. »

     Il ne suffisait d'un rien pour le faire sourire. Ils se saluèrent et Ron, discrètement, passa sa main sur la sienne. Il vit les joues d'Allan rougir légèrement et ne fut pas peu fier d'en être le responsable. Ils se saluèrent et Ron rejoignit bien vite le vent froid de l'extérieur. Il regrettait la chaleur qu'avait su procurer en lui Allan, lui faisant oublier cette fin d'automne. Il rejoignit les serres mais se sentait seul, il manquait Allan et son cœur le lui faisait ressentir. Il pensa alors à cette nuit et cela lui donna le courage d'affronter le vent froid.

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