Après l'heure écoulée renonce à tout espoir...

N.d.a : Bonjour à tous !

L'aventure est loin d'être terminée entre nos deux héros. Néanmoins, avant de nous aventurer plus loin dans leur histoire, je vous propose un os qui met en scène le couple et qui est totalement indépendant de l'histoire. En d'autres termes : ne rattachez pas cet os aux autres parties ^^

C'est un moyen de faire vivre à Allan et à Ron d'autres histoires :)

Tout est différent, même le point de vue !

Je vous souhaite une bonne lecture.



Après l'heure écoulée renonce à tout espoir, tes efforts seront vains car il sera trop tard


     La barque glissait doucement sur l'eau. Le brouhaha résidait partout autour de lui, malgré qu'il soit suffisamment éloigné. Le ciel était gris et le vent menaçait de souffler plus fort de minute en minute. Allan fixait les estrades sans pouvoir détourner le regard. La gorge sèche, il ne pouvait pour le moment prononcer aucun mot. Il ne faisait même pas attention à la chair de poule qui avait envahi ses bras. Son cœur battait régulièrement mais avec force dans sa poitrine, au point de lui faire mal. Un bourdonnement enveloppait ses oreilles et la chaleur d'un futur malaise venait de le prendre par surprise. Il se força à tourner la tête et observa sans les voir les discrètes vaguelettes du lac. Un goût de bile envahit son palais et avaler sa salive lui fut difficile.

"Tu sais ce que tu devras faire ?"

     Allan ne répondit pas. Il ne le savait que trop bien. Alors qu'ils n'avaient pas cours, Ron, son meilleur ami, l'avait accompagné à la salle de bain des préfets avec l'œuf d'or. Depuis le début il avait reçu le soutien du rouquin, dès le moment où Dumbledore avait prononcé son nom, dès l'instant où leur regard s'était croisé alors que tout Poudlard applaudissait. Certes, il avait mis son nom dans la coupe, mais il ne lui avait fallu qu'une seconde après avoir entendu son nom de la bouche de leur directeur pour regretter son geste. Il savait qu'il n'était pas à la hauteur. La peur lui broyait les entrailles et avancer vers cette deuxième épreuve les réduisait en charpie. Il était terrifié.

     Lorsque la barque atteignit son point d'arrivée et s'immobilisa à la bonne hauteur, le jeune homme remarqua que ses jambes tremblaient et il se demanda comment il avait réussi à monter sur la plateforme. Il rejoignit Croupton et les autres champions tout en regardant autour de lui. L'absence de Ron n'arrangeait rien, sa présence aurait pu l'aider à s'apaiser. Il ne prononça pas un mot, encor incapable de parler.

"Vous êtes tous là !"

     Le Poufsouffle ne fit aucun effort pour écouter la suite. Le bourdonnement à ses oreilles continuait toujours et l'impression qu'il pouvait défaillir à tout instant ne l'avait pas quitté. Face à lui se trouvait le lac. Il semblait se poursuivre à l'infini. En jetant un regard en arrière, il vit les trois écoles mélangées ensemble pour les observer et, loin derrière eux, le château qui se dressait de toute sa hauteur. Il vit quelques chevelures rousses mais toujours pas de Ron. Il prit place sur le bord de la plateforme, à l'instar de ses concurrents, et observa la surface du lac. Son mauvais pressentiment ne le quittait pas et il avait l'impression que son cœur allait exploser. Il commençait à s'affoler. Il commençait à réaliser ce qu'il s'apprêtait à faire et il se fit la réflexion qu'il préférait mille fois affronter un dragon.

     Le coup de canon résonna alors. Allan oublia tout le reste. Son esprit s'était soudainement vidé de toute pensée et il ne fit pas attention aux autres. Il ne se rendit pas compte qu'il avait réagi plus rapidement que ses concurrents et qu'il avait déjà sauté dans l'eau. Ses réflexes avaient pris le dessus et il se rendit compte trop tard qu'il venait de se faire engloutir par les eaux du Lac Noir.

*

"Le représentant de Poudlard est... Allan Grint !"

     Son cœur s'était emballé si rapidement qu'il eut un hoquet de surprise. La table des Poufsouffle avait alors produit le vacarme le plus assourdissant que Poudlard ait connu de toute sa scolarité et lui n'avait pas bougé. Le directeur le regardait pourtant avec insistance, un sourire fier accroché à ses lèvres, mais Allan n'arrivait plus à faire le moindre geste. Il avait alors tourné la tête dans l'autre sens et avait croisé le regard de Ron. Ce dernier avait légèrement hoché la tête et quand il eut la force de se lever, le rouquin lui avait sourit. Aurait-il eu la force d'assumer une telle décision si Ron n'avait pas été là ?

*

     L'eau froide l'enveloppa sans douceur et lui glaça les os en un instant. Sa vision était trouble et Allan ne distinguait que l'obscurité des profondeurs. Il devinait qu'une fois en bas ses yeux se seraient habitués et qu'il pourrait mieux observer ce qui l'entourait. Il reprit ses esprits et prononça la formule qu'il avait tant travaillée. Il sentit sur son cou la bulle qui venait emprisonner son visage et il s'autorisa un instant d'immobilité totale pour vérifier que son sortilège de tête-en-bulle fonctionnait correctement. Il prit une petite inspiration et ce fut avec soulagement qu'il constata qu'il avait réussi. Ce n'était pas un sortilège très compliqué, mais Allan était davantage doué en soins aux créatures magiques ou en métamorphose qu'en sortilège. Il jeta un regard à sa montre et n'attendit pas plus longtemps pour s'élancer vers le fond du lac.

Descend nous visiter et entends nos paroles

     Il pensait à Ron en nageant droit devant lui. Attentif au moindre mouvement, au moindre bout de nageoire. Il s'était renseigné sur l'habitat des sirènes. A défaut d'avoir trouvé une carte lui montrant où chercher, il avait pu rassembler suffisamment d'informations pour trouver des pistes. Recherchant un type d'algue en particulier, il longeait le sol en étant attentif. Il ne pouvait s'empêcher de penser à Ron. C'était grâce à lui qu'il était arrivé jusqu'ici.

Nous devons pour chanter être au-dessous du sol.

     Peut-être qu'il aurait bien fini par trouver tout seul, mais comment le savoir ? Ron l'avait aidé dans ses recherches et l'avait soutenu. Ils avaient tout préparé ensemble et ils s'étaient tous les deux entraînés pour réaliser ce sortilège qui lui permettait de respirer sous l'eau.

     Alors qu'il essayait de ne pas prêter attention à Krum et à sa tête de requin, il repensait à ce moment où ils avaient résolu l'énigme. Ayant trouvé la solution grâce à Hannah Abbot, il en avait fait part au rouquin qui avait décidé de l'accompagner...

*

"Elle a dit que ça lui faisait penser à un oeuf de calmar, enfin, la poche dans laquelle se trouve ses oeufs. Je me suis renseigné, et il n'y a pas beaucoup de créatures marines qui font des œufs. Et parmi elles...

-Les sirènes."

     Ron regardait le vitrail représentant la femme poisson. Il avait compris le raisonnement qui les avait mené à la salle de bain des préfets.

"Il fallait que ce soit des créatures qui se trouvent à Poudlard.

-Alors tu vas écouter les cris de l'œuf... dans l'eau, c'est bien ça ?"

     Allan hocha la tête, impatient de savoir si sa théorie allait se vérifier.

"Les sirènes crient en plus de ça, alors ça a de bonnes chances de marcher."

     Tout en faisant cette remarque, Allan regardait l'œuf avec l'espoir qu'il ne se trouvait pas sur une mauvaise piste. Ils ne leur restaient pas beaucoup de temps, à peine deux mois...

"Tu es un génie."

     Cette remarque le fit rougir et il releva la tête vers son ami pour l'en remercier. Les rougeurs de ses joues augmentèrent quand il le vit se déshabiller.

"Qu'est-ce que tu fais ?

-Bah, on va vérifier. Allez, vient."

     L'eau avait déjà coulée dans la baignoire, ils n'avaient plus qu'à se glisser dedans. Encore rouge, Allan fit comme Ron et entra dans l'eau seulement muni de son sous-vêtement. Il n'avait pas pour habitude de montrer certaines parties de son corps aux autres, comme son torse par exemple, alors il était normal qu'il réagisse de cette façon.

     Il prit l'œuf délicatement et le plongea dans l'eau. Il échangea ensuite un regard avec Ron et ils se laissèrent tomber d'un même mouvement. Une fois tous les deux sous l'eau, Allan ouvrit l'objet doré et alors ce ne furent pas des cris qui leur parvinrent aux oreilles, mais bien une mélodie.

     Son sentiment de joie l'envahit aussitôt et il dû le contenir pour se concentrer sur les paroles de la chanson. Son cœur se mit alors à battre avec force quand il comprit ce qu'il devait faire. Et l'angoisse commença même à le gagner alors qu'il ne se rendit compte qu'il ne pouvait déjà plus respirer après seulement quelques minutes. Ron ne se portait pas mieux, et quand ils remontèrent tous les deux à la surface ils étaient aussi essouflés l'un que l'autre.

"Je vais devoir trouver un trésor.

-Et tu devras trouver le moyen de respirer une heure sous l'eau. Ca, j'ai le sortilège qu'il te faut.

-Il va falloir que je m'entraîne.

-T'en fais pas, on va y arriver."

     Il venait de s'apercevoir qu'ils n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Des gouttes d'eau continuaient à glisser lentement sur son visage et Allan y soudainement envie de les essuyer, d'y passer sa main pour les effacer. Ils se regardèrent ainsi pendant un instant et Ron lui demanda :

"Tu vas avec qui au bal ?

-Hannah Abbot, et toi ?

-Une des sœurs Patil. Harry m'a arrangé le coup, mais je ne sais plus avec laquelle. Pourquoi Hannah ?

-Pour la remercier de m'avoir aidé, pour l'œuf.

-C'était involontaire de sa part, non ?

-Oui je sais, mais je suis quand même reconnaissant."

     Il y eut alors un long silence durant lequel ils se regardèrent longtemps. Il fallut que Peeves fasse résonner ses chansonnettes dans le couloir pour qu'ils réagissent. Ils sortirent du bain et se dépêchèrent d'être de nouveau présentables avant d'aller dîner.

*

     Il se souvenait s'être demandé, en sortant de la salle de bain des préfets, ce que pourrait bien être ce trésor que les sirènes lui avaient dérobé. A cet instant il regrettait surtout de ne pas s'être entraîné à nager plus vite, car peu importait ce que pouvait bien être ce trésor au fond, s'il ne nageait pas assez vite il n'aurait jamais le temps de le récupérer.

     Malgré le sortilège de tête-en-bulle, il avait l'impression d'étouffer. Il savait que cette peur était irrationnelle mais il n'arrivait pas à s'en empêcher. Il se concentra d'autant plus sur sa recherche pour oublier cette impression au niveau de ses poumons. Plus d'un quart d'heure était passé et l'angoisse commençait à lui tordre le ventre. Il croisa Fleur qui nageait dans la direction inverse. Elle l'ignora totalement. Elle fronçait les sourcils, elle semblait concentrée. Allan comprenait pourquoi, lui-même ne devait pas avoir une expression très avenante. L'idée de la suivre lui traversa l'esprit. Si elle venait de la direction dans laquelle il se dirigeait, c'est qu'elle n'avait rien trouvé.

     Il s'immobilisa, le sol à quelques mètres sous ses pieds. Il ne fallait pas hésiter longtemps, il ne pouvait pas se permettre de perdre plus de temps que nécessaire. Il ressentit le froid qui commençait à l'envahir, à cause de sa mobilité. Un objet attira son attention au sol. Une pierre se trouvait là, un morceau de colonne. Il devinait que le vestige avait dû être emporté par des courants. Il observa une dernière fois Fleur qui était déjà loin. Elle se dirigeait vers un champ d'algues, ce qui lui confirma qu'elle se dirigeait dans la mauvaise direction. Les sirènes ne vivaient pas parmi les algues, pas quand il y en avait autant. Il tourna le dos à la jeune femme, prit une grande inspiration et, le regard résolu, recommença à nager. Sa volonté se trouvait renouvelée.

À présent, réfléchis, exerce ton esprit,

     Il avait l'impression que l'eau devenait plus claire à mesure qu'il avançait. De plus en plus de pierres taillées par des mains humaines ou semies-humaines parsemaient son chemin. Il s'était également rapproché du sol, se souvenant que les sirènes n'étaient pas très accueillantes, il ne voulait pas être aperçu trop tôt. Ses muscles commençaient doucement à le faire souffrir, mais il redoubla tout de même d'efforts. Puis une lueur l'éblouit. Il plissa les yeux et comprit rapidement qu'il venait d'apercevoir une nageoire. Une nageoire qui avait disparu aussi vite qu'elle était apparue.

     Allan ignora de nouveau ses poumons et redoubla encore d'efforts. Il devait y arriver, il n'abandonnerait certainement pas si près du but. Il ne cessait de regarder face à lui, toujours attentif au moindre indice.

Ce qui t'es le plus cher, nous te l'avons ravi,

     Il devait y arriver. Il devait le trouver. Il devait se dépêcher avant que l'heure ne se termine. Un coup d'œil à sa montre le fit paniquer, un nouveau quart d'heure venait de s'écouler. Il ne perdit pas une seconde et continua à nager aussi vite de ce qu'il était capable de produire. Il ne lui restait qu'une demie-heure. Seulement trente petites minutes pour le trouver et le ramener à la surface. Son trésor...

*

     La décoration de la Grande Salle avait époustouflé tout le monde, sauf peut-être les Serpentard et Fleur Delacour. Allan attendait près de la porte de la Grande Salle, en compagnie d'Hannah Abbot qui semblait ravie de pouvoir ouvrir le bal avec lui. Lui-même en revanche n'était pas emballé par cette idée. Il appréhendait ce moment et espérait qu'il aurait vite accompli cette tâche -qui devrait être considérée comme une épreuve du tournoi- pour pouvoir profiter du reste de la soirée.

      Beaucoup de rumeurs avaient circulé sur le bal. Concernant la bièraubeurre apportée discrètement par le directeur ou la venue des Bizarr's Sisters, tout le monde en avait entendu parler ou avait agrémenter ces dernières de preuves plus ou moins vérifiables. Il avait parié avec Ron sur la véracité de ces chimères, lui-même n'y croyant pas une seconde contrairement au Gryffondor. Ce dernier venait justement le rejoindre. Allan ne put s'empêcher de rire en constatant son accoutrement. Ron avait eu soudainement les oreilles rouges et lui avait lancé un regard entendu. Le Poufsouffle se reprit rapidement, étouffant la dernière exclamation qu'il n'avait pas encore exprimée. Il continua de sourire mais chercha à le réconforter :

"T'es mignon quand même, t'en fais pas."

     Ron lui fit la grimace, ce qui déclencha de nouveau son rire. Il se plaça ensuite à côté de lui et l'informa d'une voix morose :

"J'ai pas vu de bièraubeurre.

-Alors j'ai peut-être gagné."

     Il ne savait pas encore ce qu'il allait lui demander, s'il gagnait effectivement ce pari, mais ce n'était pas ça qui était important. Ron semblait un peu inquiet, il ne devait certainement pas avoir envie de danser devant tout le monde, lui aussi.

     Ils dûrent se séparer quand tout le monde fut entré. Allan l'observait rejoindre sa partenaire avec un petit pincement au cœur. Il aurait voulu passer la soirée avec lui. Le professeur McGonagall ne lui laissa pas le temps de réfléchir, elle le pressait du regard de rejoindre la piste de danse. Dans un geste qu'il voulait galant il invita Hannah Abbot à se joindre à lui et ils passèrent alors devant toute l'école pour rejoindre ce lieu maudit sur lequel il devrait danser devant tout le monde, professeurs compris. Il croisa même le regard de sa directrice de maison qui semblait très fière et il espéra ne pas la décevoir.

     Quand tous les champions furent en place, Allan se fit la réflexion qu'il aurait préféré faire du patinage mais, se résignant, il posa sa main sur la taille de son amie. La musique commença à se répandre dans la Grande Salle et les quatre couples commencèrent leurs mouvements. Allan dansait et il aurait préféré être ailleurs. Le temps sembla s'éterniser et quand enfin les premiers élèves et enseignants se décidèrent à les rejoindre, Allan se détendit un peu et se mit même à plaisanter avec Hannah. Elle s'était faite belle ce soir, avec son ruban dans les cheveux qui formait de jolies rosettes et ses yeux légèrement maquillés. Oui, elle était belle, elle avait pris son temps pour elle et pour un garçon de la maison Serdaigle qu'Allan ne connaissait pas très bien. Mais pour ces quelques minutes, ils étaient ensemble, entre amis, à rire d'eux-mêmes.

     Quand les Bizarr's Sisters arrivèrent, Allan commença à se déchaîner. Entraîné par la musique, il dansait comme un diable. Il ne se rendit pas compte qu'il s'était déplacé et se retrouva dos à dos avec Ron. Ils dansèrent un moment ensemble, bougeant en rythme sous les accords du groupe. A la fin de la chanson, ils rejoignirent d'un commun accord les chaises vides qui se trouvaient en dehors de la piste. Ils avaient soif mais ils riaient. Le plus dur était derrière eux, maintenant.

"Ça aurait pu être pire, admit Ron. En plus, Malefoy est tombé en commençant à danser, il n'a pas eu le temps de se moquer de mon costume."

     Allan lui tendit un des verres qu'il y avait sur la table et ils trinquèrent ensemble. Pour le Poufsouffle, le jus de citrouille tel qu'il le dégustait à présent restait meilleur que la bièraubeurre.

"Tu as gagné pour les Bizarr's Sisters.

-Oui, et toi pour l'absence des bièraubeurre. Je vais quand même réfléchir à ce que je gagne, dans l'affaire."

     Ils échangèrent un sourire et Fleur Delacour se planta devant eux. Elle offrit à Ron un grand sourire et lui proposa avec son accent français :

"Veux-tu danser avec moi ?"

     D'abord stupéfait, Ron se reprit vite et secoua la tête :

"Non merci."

     Sidérée par cette réponse, la française battit en retraite, le sourire ayant disparu de son visage.

"Je suis impressionné, lui confia Allan.

-Et moi insulté. Elle n'a même pas envisagé de secouer ses cheveux pour que je tombe sous son charme, elle a considéré que je lui céderais sans ses pouvoirs de vélane. C'est plus que de la pitié."

     Allan but une gorgée et vit l'étudiante en grande conversation avec le préfet des Serdaigle.

"Elle a dû se faire jeter par Davies, remarqua Ron.

-Oui, c'est ce qu'il a fait."

     Allan se rendit compte qu'il ne lui en avait pas parlé et qu'il n'avait jamais voulu le faire. Il ne voulait pas qu'il pense qu'il avait sa chance avec la Beauxbâtons, il ne voulait pas qu'elle lui brise le cœur.

     Harry vint s'asseoir à côté du rouquin, soupirant de lassitude. Ils n'échangèrent aucun mot mais aucun d'eux ne semblaient en avoir besoin. Quelques minutes passèrent avant qu'Allan ne rejoigne Hannah qui lui faisait signe de loin. Cela lui permit de rejoindre aussi Ginny qui se trouvait toute proche. Ils dansèrent tous les trois, ses deux cavalières s'accommodant très bien de la présence de l'autre. Les trois amis étaient là pour s'amuser et la tâche était accomplie. Il reçut même plusieurs compliments sur son costume, ce qui le flatta assez pour le faire sourire.

     Quand la soirée se termina, il vit Ron qui revenait de l'extérieur avec Harry. Il croisa également Hermione qui saluait Krum dans le hall. Ils échangèrent ensuite tous quelques mots avant qu'Harry ne voit Cho. Allan leur tourna poliment le dos et il put ainsi voir un des jumeaux Weasley retrouver Hermione qui venait juste de quitter l'attrapeur bulgare. Ils se dirigeaient vers l'escalier et le Poufsouffle se rendit compte qu'il se retrouvait seul avec Ron. Au loin, Hannah lui disait au revoir, elle partait avec Ginny.

"Pour le pari, comme j'ai gagné la moitié j'ai le droit à un souhait."

     Allan lui porta toute son attention.

"Je veux que tu gagnes ce tournoi."

     Il lui avait presque murmuré ces paroles. Il plongea son regard dans le sien mais Harry revint alors et leur souhaita une bonne nuit. Ron le suivit et lui fit un signe de la main. Allan repensa à cette soirée toute la nuit.

*

     Toujours de plus en plus claire, l'eau semblait indiquer à Allan qu'il prenait la bonne direction. Il rencontrait de plus en plus de pierres sur son chemin, et l'espoir prenait le dessus sur la crainte. Il nageait de plus en plus vite malgré le souffle qui lui manquait. L'énergie le fuyait de plus en plus et ce sans ménagement. Ses muscles le brûlaient et son sortilège fonctionnait toujours mais n'améliorait pas sa condition physique. Respirer dans une bulle restait moins oxygénant que de respirer l'air frais.

     Allan fatiguait de plus en plus, mais sa volonté surpassait ses défaillances. Il n'abandonnait pas. Il vit alors une nouvelle nageoire qui, comme la première, disparue tout aussi vite. Une autre passa à seulement quelques mètres de lui. Plus il avançait et plus il en croisait. Il ne s'arrêta net que lorsque ce fût une tête qui apparut devant lui. Une sirène le fixait, cillant de temps à autre, l'expression complètement impassible. Allan n'osait pas bouger. Heureusement, la femme poisson s'en alla. Il prit immédiatement la décision de la suivre. Elle allait certainement prévenir les autres qu'un humain approchait de leur territoire.

     Les minutes qui suivirent furent intenses dans sa nage. Il avait perdu de vue la sirène de sa rencontre mais il en croisait d'autres. Le fait d'en voir plus le motivait à ne pas abandonner et à ne pas relâcher ses efforts. Le soulagement qu'il ressentit fut incomparable lorsqu'il arriva au but.

Pendant une hier entière il te faudra chercher

     Puis l'inquiétude le submergea.

     Il l'avait su mais il n'avait pas voulu l'accepter. Il comprenait pourquoi son ventre s'était autant tordu. Il se reprit, et bien qu'un nœud d'angoisse l'empêchait de respirer convenablement, il passa à l'action sans attendre plus longtemps. Il nagea en direction de son trésor, ignorant superbement la statue qui siégeait sur la place et les autres sirènes qui l'observaient.

     Il était là... Une de ses chevilles se trouvait attachée par une algue pour l'empêcher de rejoindre la surface. Ses cheveux flottaient autour de son visage, sa peau était toute pâle et sa robe de sorcier ne le protégeait pas des courants. Il semblait endormi mais même si son visage était apaisé, Allan angoissait à l'idée de le laisser là. Il se saisit du nœud à sa cheville et entreprit de le libérer. Il avait peur, terriblement peur, pour Ron. Il était en colère contre ce tournoi et contre les personnes ayant eu l'idée de cette terrible tâche. Sa raison lui dictait pourtant que Ron ne souffrait pas, mais le voir dans cette situation lui était insupportable. Il remarqua à peine les autres captifs et il réussit, envers et contre tout, à le libérer. Un nouveau regard à sa montre augmenta sa panique et il se saisit de sa main pour l'emmener avec lui à la surface.

Si tu veux retrouver ce qu'on t'a arraché.

     Ron, dans l'eau, était tout léger. Il ne pouvait s'empêcher de le regarder souvent, nageant vers la surface en laissant derrière lui les sirènes qui l'observaient. Il fixait régulièrement la surface, n'ayant pas l'impression d'avancer. Il se battait corps et âme, serrant de toutes ses forces la main de Ron, donnant tout ce qu'il avait pour y arriver. Quand une tentacule lui attrapa la cheville pour l'attirer vers le fond...

*

"Tu penses qu'on va trouver ?

-Y'a pas de raison."

     Ils tentaient de se rassurer tous les deux. Ils campaient dans la bibliothèque du château à la recherche d'indices. Ils avaient pour but de trouver le maximum d'informations sur les sirènes du lac noir. S'il apprenait à les connaître, il pourrait non seulement les trouver plus rapidement et il saurait comment réagir avec elles. Il pourrait même peut-être échanger quelques mots ? Non, c'était n'importe quoi, il n'allait quand même pas apprendre à parler sirène, leur langue devait sûrement être trop compliquée...

"Tu as réfléchi pour ton souhait ?"

     Ayant gagné la moitié du pari lors du bal de Noël, Allan avait tout comme Ron le droit de choisir un souhait. Il lança un regard entendu à son meilleur ami tout en rangeant un énième livre dans un rayonnage.

"J'ai même pas eu le temps d'y penser. D'ailleurs, je ne suis pas d'accord avec le tient."

     Ron lui fit un faux sourire d'excuse.

"C'est trop tard maintenant, le souhait est prononcé.

-Heureusement que je sais que c'est pas sérieux."

     Il venait de prendre un livre dont il venait de consulter le sommaire. Ron se plaça alors entre lui et l'étagère et se mit à le fixer pour ne lui laisser aucune possibilité de fuite. Il plantait son regard dans le sien, aussi sérieux qu'il ne l'avait jamais vu.

"Arrête. Je veux que tu puisses croire en toi. Tu as des capacités, tu peux y arriver, y'a pas de raison. Ne te laisse pas impressionner par les autres."

     Ils étaient à ce moment si près... Allan n'arrivait pas à détacher son regard du sien. Il restait stupéfait par l'attitude de Ron à son égard. Il se sentait si soutenu... Il sentit une bouffée de courage venir gonfler son torse, et il espéra plus que tout ne pas le décevoir.

"D'accord."

     Un seul mot. Pour signifier qu'il essayerait. Pour ne pas trop parler. Pour ne pas lui dire que là tout de suite il avait envie de l'embrasser.

*

     Des strangulots. Il était emmené vers le fond par des strangulots de plus en plus nombreux et tous terrifiant. Allan se débattait. Il pouvait constater que cette technique lui permettait de se défaire de quelques uns, mais la majorité restait accrochée à lui et certains commençaient même à lui mordre les bras et les mollets. Il eut très peur pour Ron et décida avec regret mais sans hésitation de le lâcher. Le corps de son meilleur ami remonta alors lentement à la surface et il constata avec soulagement qu'aucune des créatures ne s'intéressait à lui.

Après l'heure écoulée, renonce à tout espoir

     Bien vite, un cours de défense contre les forces du mal lui revint en mémoire. Il revit très clairement le professeur Lupin, des années auparavant, prononcer la formule. Il la répéta alors à voix haute dans sa bulle d'oxygène et toutes les créatures furent projetées loin de lui et figées dans leurs mouvements. Il les observa un instant, immobile lui aussi, et sentit tout à coup son air diminuer. Le sortilège ne pouvait pas rester éternellement et une heure restait la moyenne d'utilisation. Il nagea à la surface avec frénésie, se maudissant de ne pas avoir fait comme Krum pour nager plus vite, et prit la main de Ron au passage. L'air lui manquait de plus en plus et la surface lui parut loin quand il n'eut plus la possibilité de respirer. Il pensait à Ron. Il avait l'impression que ses muscles le lâchait. Il ne comprenait pas comment il pouvait y arriver.

Tes efforts seront vains car il sera trop tard.

     Mais la main de Ron se trouvait dans la sienne et pour lui, juste pour lui, il puisa dans ses dernières réserves, dans ses derniers efforts, dans des forces qui n'étaient pas censées se trouver-là. Il lui fallut moins d'une minute pour atteindre son objectif. Bien sûr, ce fut la minute la plus longue de sa vie, mais il avait réussi. A peine sentait-il le niveau de l'eau baisser à son cou qu'une grande bouffée d'air remplissait ses poumons. Elle le brûla d'ailleurs à l'intérieur mais elle fut salvatrice. Le ciel tourna mais il se reprit vite et vit Ron à ses côtés, réveillé et quelque peu désorienté. Ils s'observèrent un moment alors qu'Allan l'aidait à nager.

"Tu m'as sauvé.

-Tu m'avais demandé de réussir."

     Une nouvelle bouffée de désir s'empara de lui et il dû la réprimer. A sa déception, Ron lâcha sa main pour nager vers l'estrade. Allan se rendit alors compte que tout le monde les applaudissait. Il accepta l'aide du rouquin pour revenir sur la terre ferme, tout tremblant de froid.Il accepta la serviette que lui donna Harry et observa Ron qui expliquait à qui voulait bien l'entendre comment le professeur McGonagall s'y était prise pour les mettre dans ce lac.

     Tout se passa très vite jusqu'au dîner. Allan n'avait prononcé que des remerciements depuis qu'il avait quitté le lac. Ils venaient enfin de terminer le dîner dans la Grande Salle. Il était impatient de quitter cet endroit. Il était fier de lui, bien entendu, mais il avait besoin de se retrouver seul. Il n'arrivait pas à se réjouir de sa victoire. Krum était sorti de l'eau juste après lui avec Hermione, et Fleur bien longtemps après, avec sa sœur. Il était en tête du tournoi mais il ne s'en réjouissait pas. Plus loin, à la table des Gryffondors, Ron riait avec ses amis.

     Quand ils purent partir, Allan se dirigea lentement vers sa salle commune. Il croisa les jumeaux qui le félicitèrent, bien que l'un d'eux semblait un peu triste. Alors qu'il allait atteindre les tonneaux, une main se glissa dans la sienne et l'entraîna en arrière. Il reconnut Ron alors qu'ils montaient au rez-de-chaussée et comprit qu'ils se dirigeaient vers l'extérieur. Il marcha à ses côtés et remarqua que Ron lui tenait toujours la main. Ils croisèrent quelques élèves de Durmstrang avant d'être tout à fait seuls.

"Je suis fier de toi."

     Allan se mit à sourire, il se sentait mieux.

"Et je voulais te remercier de m'avoir sorti de l'eau."

     Il laissa échapper un rire pour toute réponse.

"Et, je voulais..."

     Ron ne disait plus rien. Allan s'immobilisa, sa main toujours dans celle de Ron. Ce dernier reprit :

"Si tu étais moins aveugle, tu pourrais m'aider."

     Il fronça les sourcils, soudain inquiet :

"Quelque chose ne va pas ? J'ai fait quelque chose de mal ?

-Allan, on est amis toi et moi ?

-Oui."

     Il avait pris du temps à répondre.

"On est juste ça ?"

     Allan ne lui répondit pas. Aucun mot ne sortait de sa bouche. Il le regardait. Ils restèrent ainsi. Et lentement, très lentement, Ron se rapprocha de lui. Allan ne bougea pas d'un pouce. Il cilla mais sans jamais détourner le regard. Et sûrement encouragé par son attitude, Ron se rapprocha encore jusqu'à ce que leurs lèvres se rencontrent. Ron ferma les yeux avant qu'il ne ferme les siens. Ses cils roux qu'il aimait tant... Et la sensation lui fit tout oublier, jusqu'à son propre prénom...

     Quand Ron se détacha et plongea son regard dans le sien, Allan réussi à lui confier :

"J'ai trouvé mon souhait, pour le pari."

     Il avait toute son attention. Allan ne désirait qu'une chose.

"J'aimerais que tu continues à m'embrasser."

     Ron s'exécuta et rien ne pouvait le rendre plus heureux.


Fin

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