ㅤ📃 L'ÉTÉ DE NOS VINGT-DEUX ANS
ONE SHOT écrit dans le cadre du concours de -reyjina-
RÉSUMÉ :
C'est la fin de l'année, la fin des études.
Diplôme désormais en poche, Céleste ne sait plus vraiment quoi faire de sa vie et craint que cette nouvelle vie ne l'éloigne un peu trop de ses amis. Pourtant, lorsqu'elle trouve la force de les retrouver à une soirée étudiante, elle est convaincue qu'ils se retrouveront bientôt, ne se quitteront pas.
Jusqu'à ce que l'un d'entre eux annonce partir.
Tout était fini.
Cette phrase, Céleste la tournait encore et encore dans sa tête, comme un vieux disque rayé. Elle se la répétait inlassablement alors qu'elle rangeait ses affaires de cours dans un carton, regardait cinq années de sa vie se résumer à trois classeurs et quelques cahiers.
Elle ne regrettait rien, c'était certain, mais une sensation plutôt amère lui rendait la bouche pâteuse, gâchait presque cette fin d'année.
Plus jamais elle ne retournera à l'université, plus jamais elle ne s'incrustera dans le cours magistral d'un ami, plus jamais elle ne se battra pour avoir la seule prise de la salle de classe.
On le lui avait dit à la remise des diplômes : maintenant, c'était le monde du travail qui s'offrait à elle, celui des adultes, celui de tous les possibles. Elle avait le choix d'un monde entier devant elle, le droit de prendre la voie qui lui allait le plus. Qui lui semblait la plus judicieuse à cet instant.
Mais, à vrai dire, elle ne savait pas vraiment quoi faire, maintenant qu'elle n'avait plus de devoirs, d'examens, de directives.
Ses études avaient seulement été parce qu'elle avait été attirée par elles, pas par une soudaine vocation. Elle n'était pas comme Hanji qui aimait plus que tout son cursus dans la biologie ou Petra qui s'était découverte dans l'éducation. Non, Céleste était restée en lettres modernes parce qu'elle ne voyait rien d'autre à faire, parce qu'elle se disait qu'elle avait encore le temps de voir.
Et maintenant ?
Certains lui avaient conseillé de tenter le concours, qu'elle devienne prof de français mais ça ne l'intéressait guère. D'autres lui avaient sifflé qu'elle ferait mieux d'écrire un livre ou se mettre au chômage et elle avait été tout autant emballée.
Tant pis, elle avait les vacances pour se décider, n'est-ce pas ? Elle avait déjà prévu de travailler dans la boutique de son frère, qu'elle se fasse un peu d'argent de poche et voyage peut-être en août avec ses amis. Ils en avaient parlé, de cette location en bord de mer et elle avait bien envie de la découvrir avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'ils ne partent tous vers des directions opposées, ne se voient que les trente-deux du mois.
D'ailleurs, en parlant de se voir, elle avait promis de retrouver son groupe d'amis au bar ce soir. Elle qui fuyait toujours comme la peste ces regroupements, elle avait bien été obligée d'accepter ! Moblit partait le lendemain pour un mois en Allemagne et c'était alors le moment de se dire « au-revoir mais à très vite ».
Céleste referma son carton de cours, partit se changer rapidement. La robe d'été violette qu'elle mit fut complétée de sa paire de boucles d'oreille papillons, de son parfum préféré et d'une paire de talons. Elle avait prévu de rentrer avant le dernier métro, voulait surtout se sentir belle pour cette ultime soirée étudiante.
Le bar où elle avait rendez-vous était situé dans le centre-ville, à quelques mètres de la station de métro. Dans une rue déjà bondée d'étudiants qui fêtaient eux aussi la fin de leur année, la jeune femme trouva rapidement l'enseigne néon, le « Purple Sun » qui brillait. Il était à peine dix-neuf heure mais les lieux étaient déjà noirs de monde.
Tout en jouant des coudes, Céleste se fraya un passage à l'intérieur, chercha du regard son groupe d'amis. Hanji lui avait dit qu'ils seraient installés à une table au fond mais elle ne voyait rien. D'ailleurs, il faisait plutôt sombre ici et les projecteurs violets transformaient les personnes présentes en ombres qu'elle n'arrivait à réellement distinguer. C'était, littéralement, le jour et la nuit entre l'extérieur et l'intérieur.
Désormais perdue dans l'immense bar, la jeune femme commença à sortir son téléphone, se raidit quand elle sentit une main se poser sur son avant-bras. Sa panique disparut lorsqu'elle reconnut celui qui se tenait à sa droite.
« Levi ? Tu es venu ? Je croyais que tu détestais les afterwork.
— Je te retourne la question. »
De tout le groupe, Céleste et Levi étaient ceux qui allaient le moins en soirée. L'une parce qu'elle détestait l'alcool, sortir et se coucher tard, l'autre parce que moins il voyait du monde, mieux il se portait. Si on voulait être certain d'avoir les deux, il fallait plutôt organiser quelque chose de simple, souvent chez quelqu'un, généralement avec un film ou un jeu de société.
« J'allais me chercher un verre. Tu viens ? »
La lumière du bar durcissait ses traits déjà souvent tirés, l'agacement qui lui allait comme un gant. Ce soir, c'était d'autant plus flagrant, la faute à la fatigue des récents examens. Ses cernes étaient toutes aussi creusées que ses joues ; il avait besoin de dormir, la jeune femme en était certaine.
Elle ne fit cependant aucune réflexion, se laissa guider par Levi qui la tenait toujours. Au bar, il se commanda une bière, laissa Céleste demander un thé glacé, paya les deux consommations malgré les protestations de la noiraude. Ça ne l'embêtait pas et il préférait qu'elle évite de sortir sa carte alors qu'il y avait autant de monde autour d'eux.
Finalement, les deux repartirent vers les tables au fond du bar, verres à la main, retrouvèrent leurs amis qui discutaient assez bruyamment. En voyant Céleste arriver, Hanji s'était levéx dans un bond, avait embrassé sur les deux joues son amie.
« J'ai un instant cru que tu ne viendrais pas !
— Tu aurais été capable de venir me chercher.
— Peut-être, oui. »
La jeune femme s'installa aux côtés de læ brunl, vit Levi se mettre en face, près d'Erwin qui lui montrait d'ailleurs quelque chose sur son téléphone.
Toujours assise, Céleste garda son sac sur ses genoux, écouta d'une oreille distraite ses amis parler de leurs récents examens, maudire leurs professeurs respectifs, parlé de leur été à venir. Ils avaient beau ne pas avoir été, pour la plupart, dans les mêmes études et viser aujourd'hui différentes vies, ils faisaient tout pour se voir régulièrement, empêcher le temps et la vie de les séparer. Certes, elle et Levi avaient tous les deux été dans le même parcours, tout comme Hanji, Moblit et Erwin, mais ça ne changeait rien.
Après tout, cela faisait depuis le lycée, le collège pour certains, qu'ils se connaissaient et ils se considéraient aujourd'hui comme une joyeuse famille, un mélange d'esprits, cœurs et âmes complémentaires.
C'était pour cette exacte raison que cela faisait exactement six ans et demi que Céleste n'avait jamais dit à Levi qu'elle l'aimait. Comme beaucoup d'autres, elle avait choisi leur amitié face à ses sentiments, était restée silencieuse face aux taquineries de Nanaba et Petra qui voyaient clair dans cette histoire.
Oh, elle voulait bien les comprendre ! Un couple dans un groupe, ça avait toujours quelque chose de grisant. De beau. Mais pour la jeune femme, c'était quelque chose de plus que terrifiant.
Parce que Céleste et Levi avaient déjà leur propre relation, leur proximité qui leur était propre, que les autres n'arrivaient pas franchement à saisir. Sûrement se comprenaient-ils un peu trop, avaient retrouvé chez l'autre une sorte de miroir mais leur amitié s'était formée sur cette reconnaissance, ce lien.
Levi restait Levi, Céleste restait Céleste, mais ils ne faisaient pas preuve de la même douceur avec leurs amis qu'entre eux, de la même attention. Et c'était cette relation qu'elle n'avait jamais voulu briser, ces instants hors du temps alors qu'ils se retrouvaient chez lui, jouaient sur son lit à la console, regardaient leur série en mangeant des mars glacés.
Une telle fissure dans leur relation aurait assurément bousculé tout leur groupe et elle ne voulait, ne pouvait, risquer de chambouler ce qu'ils avaient mis tant de temps à construire. Alors elle se taisait, inscrivait seulement dans son esprit son odeur de lessive, la froideur de ses mains, la tendresse de ses encouragements.
« 'Leste ! On va aller danser, tu viens ?
— Je ne sais pas, je-
— Oh, allez ! Nanaba et Mike se sont proposés pour garder nos affaires ! »
Limité affalée sur Hanji, Petra suppliait presque Céleste, lui lançait des appels de phare avec ses yeux. Très bien, elle avait compris. Vaincue une fois encore, la jeune femme accepta, but d'une traite sa boisson avant de se lever, laisser ses amis en faire de même.
Le groupe d'étudiants laissa finalement Nanaba et Mike qui discutaient sans faire attention aux autres. Bras-dessus, bras-dessous avec Petra, Céleste avança jusqu'à la grande piste de danse, fut éblouie au moins cinq fois par les projecteurs violets. Malgré la musique assourdissante, la jeune femme entendit son amie lui parler au creux de l'oreille.
« Tu vois, 'Leste ! Nana', elle, elle tente sa chance et tant pis si ça foire !
— S'il te plait, je veux juste une soirée sans qu'on me mette le nez là-dedans.
— À trop attendre, tu vas le voir avec quelqu'un d'autre et tu vas finir le cœur brisé.
— Eh bien tu me le diras quand je viendrai pleurer dans tes bras, d'accord ? »
Rien qu'en disant ça, elle sentit son cœur se serrer. Bien sûr, elle y avait pensé un million de fois, à l'idée qu'un jour il leur présente sa « moitié ». Que ça signe la fin de leur relation, que ça change absolument tout. Jusqu'à présent, il n'avait jamais été vu ou ne serait-ce que connu en couple mais le doute subsistait toujours et on se demandait parfois s'il tenait tout secret pour qu'on ne l'emmerde pas. Ça lui ressemblait bien...
Petra lâcha Céleste pour retrouver Hanji et d'autres inconnus au bataillon, se retrouva soudainement bien seule entourée de tout ce monde. Moblit et Erwin s'étaient éloignés pour parler un peu plus au calme et Levi avait disparu...
À cet instant précis, elle ne sut pas vraiment quoi faire. D'un côté, elle avait envie de danser avec ses amis, oublier sa fatigue et faire tourner encore et encore sa tête, de l'autre, elle voulait déjà rentrer, se glisser dans sa couette et regarder un épisode de sa nouvelle série.
Dans tous les cas, il valait mieux éviter de rester là les bras ballants, surtout si elle ne voulait pas être abordée par un étudiant, embarquée dans une tentative de drague foireuse.
Contre elle, les présences inconnues se faisait de plus en plus nombreuses et la jeune femme se décida à retrouver en priorité Hanji et Petra, surtout pour se sentir un petit peu plus en sécurité. Elle esquissa alors ses premiers pas, sentit dans son dos un rapprochement qui ne lui disait rien qui vaille. C'était aussi pour ça qu'elle détestait sortir aussi tard ! Elle ne voulait pas rencontrer de nouvelles personnes, s'embourber dans des plans foireux, sentir les mains de ceux qu'elle ne connaissait pas sur sa taille.
Ça ne lui était arrivé que trop de fois pour qu'aujourd'hui, elle ne sache pas reconnaître ceux qui voulaient l'attraper par derrière, la forcer à rester sur place. Ce qui semblait être une main tentant de la saisir fut remplacé par un « mur » contre elle. Et si Céleste sursauta en sentant l'action, elle s'apaisa lorsque l'odeur de lessive caractéristique l'enveloppa, fit disparaître celle de bière et de parfum qui embaumait le bar.
Levi avait collé son dos au sien.
« Merci. »
Aucune réponse ne se faisait entendre et ce n'était pas grave. Quand la jeune femme tourna sa tête pour regarder son ami, elle constata qu'il avait les mains plongées dans ses poches, fixait un peu trop intensément un autre étudiant qui s'éloignait de la piste de danse.
« Tu rejoignais Hanji et Petra ?
— C'était mon plan initial. »
Elle ne savait si elle l'entendait réellement dans tout ce brouhaha ou arrivait seulement à comprendre ce qu'il disait parce qu'avec le temps, elle avait appris à parfaitement lire sur ses lèvres.
Ils restèrent ainsi de longues secondes. Calée ainsi contre lui, Céleste sentait parfaitement la respiration toujours calme de Levi, calait d'ailleurs son souffle sur le sien. Elle avait l'impression d'avoir le cœur battant à mille à l'heure, peinait à retrouver son calme alors que rien ne s'était réellement passé.
Malgré elle, le contact avec le jeune homme l'électrisait, lui laissait une sensation grisante. Et elle n'avait pas envie que ça s'arrête, qu'il s'éloigne, qu'il... Il se décala malgré tout, la guida finalement jusqu'aux deux qui dansaient encore.
Très vite, Céleste fut emportée par Petra qui la fit tourner au moins trois fois sur elle-même. Sa bonne humeur lui faisait oublier sa « mésaventure », ne lui laissait qu'une sensation agréable.
Levi resta à côté, refusa néanmoins catégoriquement de danser quand Hanji lui proposa de les rejoindre. On le traita alors de « chien de garde » et il ne réfuta pas l'accusation, resta bien tranquille. Il servit finalement de phare pour Moblit et Erwin qui finirent par les rejoindre et le groupe de six dansa plus ou moins adroitement dans leur coin.
À un moment, læ brunl annonça qu'iel allait se chercher à boire et Petra et Erwin suivirent le mouvement. Moblit, quand à lui, prétexta une envie de retourner s'asseoir, laissa Céleste et Levi seuls sur la piste de danse. La sensation que tout avait été fait exprès brûlait la jeune femme, la mettait terriblement mal à l'aise.
Pourtant, ça lui fit aussi pousser des ailes puisqu'elle attrapa la main du jeune homme près d'elle, l'attira vers lui alors qu'elle esquissait un pas de danse.
« Tu sais que je ne sais toujours pas danser ?
— Et que tu détestes toujours ça ? Oui, pourquoi ?
— Pour être sûr que tu as conscience de ce que tu fais. »
Elle le savait, il serait resté planté sur ses deux pieds si quelqu'un d'autre avait commencé à l'entraîner. Il fallait le dire, elle profitait grandement de cette position privilégiée, savourait la sensation de leurs doigts qui se liaient alors qu'il se rapprochait encore, essayait de suivre son rythme.
Qu'importe que sa main soit gelée, elle sentait une boule de chaleur gonfler dans sa poitrine, ne voulait pas lâcher Levi.
La musique devenait de plus en plus suggestive, invitait les danseurs à se rapprocher. Malgré elle, Céleste ressentait cette effervescence, espérait peut-être un peu que ça soit un signe.
Quelques fois, elle s'était rapprochée de Levi, avait senti son souffle sur ses lèvres l'espace d'une seconde, juste avant qu'il ne se recule, mette fin à leur sursaut. Les effleurements de leurs mains, elle y était habituée, le confort de ses bras, elle le connaissait par cœur, la douceur de sa peau, elle avait fini par la rencontrer. Mais ça ne durait jamais qu'un moment, juste celui d'un instant hors du temps.
Mais à cet instant précis, alors qu'il glissait sa main libre sur sa taille, les rapprochait, elle sut que ça durerait un petit peu plus longtemps.
Levi ne savait pas danser mais dans la pénombre de cette piste de danse, personne ne le remarquait. Noyés et engloutis entre les autres étudiants, les deux étaient invisibles au reste du monde, ne gardaient que l'autre comme appui.
Et malgré le bruit autour, le brouhaha incessant, Céleste entendit parfaitement le jeune homme, retint sa respiration une bonne seconde en considérant sa proposition.
« Pars avec moi. »
Qu'ils s'enfuient tous les deux de cette soirée, qu'importe qu'ils soient arrivés il y a peu de temps. Et malgré la culpabilité d'abandonner ses amis qui se faisaient une joie de la voir ce soir, le regard orage la troublait ; répondre « oui » la démangeait mais elle se retint, serra juste un petit peu plus fort la main de Levi.
Cette soirée, elle n'en avait pas voulu à la base et elle préférait clairement la passer avec lui, loin de tout ce bruit qui la noyait. Mais c'était manquer de respect à ses amis.
« Une autre fois. »
Levi avait accepté la réponse de Céleste sans problèmes, était resté près d'elle jusqu'à la fin de la chanson. Les deux étudiants profitèrent de la transition musicale pour retourner s'asseoir, constater que Petra et Hanji n'étaient toujours pas de retour. La noiraude en profita alors pour s'installer aux côtés de Nanaba, poser sa tête sur son épaule alors qu'elle grignotait des cacahuètes dans un bol à partager.
Malgré l'envie de rentrer chez elle qui la dévorait, la jeune femme continua la soirée avec ses amis, repartit danser avec le groupe. Moblit et Levi s'étaient portés volontaires pour garder les affaires, laissaient les autres « enflammer la piste de danse ».
La musique suggestive était devenue une playlist de chansons des années 90-2000 et ça réveillait bien plus que des souvenirs. Un petit groupe reproduit à la perfection la chorégraphie Just Dance ! de « Pump It » et lorsque la « Tribu de Dana » passa, Céleste su qu'il était tard. On ne se gêna tout de même pas pour chanter avec force les paroles.
Les huit amis se retrouvèrent pour manger trois pizzas. Ce fut le moment idéal pour Hanji qui rappela son envie de partir à la mer avant la fin des vacances d'été. On approuva ses dires, commença même à proposer d'organiser l'événement avant qu'il ne soit oublié. Même Levi, qui ne disait pas franchement grand-chose, hochait la tête pour approuver l'idée.
« Alors ! Qu'est-ce que vous faites cet été ? Moblit, on sait, l'Allemagne jusqu'au vingt-sept juillet. Les autres ?
— Chez mes parents, comme d'habitude. Je rentrerai quand il le faudra, ma date sera la vôtre.
— Je reste ici, fit Erwin, vite rejoint par Nanaba et Mike.
— Idem, je travaille dans la boutique de Sandre en juillet.
— Et toi, Levi ?
— Je pars bientôt. Mais je reviendrai début août avant de repartir le... Je crois le quinze. »
Ça laissait une marge plutôt petite mais les deux semaines de vacances étaient envisageables. Hanji nota toutes les informations dans les notes de son téléphone, promis de faire le plus vite possible une organisation. Et il valait mieux !
« D'ailleurs, tu pars où ?
— Je ne sais pas encore. Je me casse, c'est tout. Sûrement le Royaume-Uni, peut-être aussi l'Islande. En août j'ai déjà un truc de prévu en Écosse, c'est pour ça. »
L'information fut accueillie avec surprise. Jamais le jeune homme n'avait exprimé son envie de partir, pas même à ses amis les plus proches. D'ailleurs, l'annonce avait eu l'effet d'une douche froide sur Céleste qui comprenait alors ce que tout cela voulait dire. Il partait.
Il partait pour ne pas forcément revenir, laissait derrière lui tout ce qu'ils avaient. Mais qui était-elle pour lui demander de rester ? Elle le savait, elle n'arriverait pas à le convaincre, il avait déjà l'air sûr de son choix, aussi soudain soit-il.
On passa rapidement outre cette déclaration ; Levi ne partait pas loin, pas plus que Moblit, et on savait qu'il finirait par revenir. D'accord, il ne répondait pas aux messages quatre fois sur trois mais ça ne voulait pas dire qu'il les abandonnait ! Le groupe d'amis le savait, il n'allait pas éternellement les quitter.
Lorsque la pizza fut finie et qu'on convenu de trouver une location vers Menton, dans l'optique de filer de temps en temps vers l'Italie, il était déjà l'heure de retourner danser. Céleste préféra rester assise quelques minutes, fut accompagnée par Moblit qui voulait souffler un coup. D'autres partirent chercher à boire et les deux furent les seuls encore à table.
« Tu as une petite mine.
— Je suis fatiguée, je t'avoue. Et toi ? Hâte de faire ton voyage ?
— J'espère que mon allemand ne sera pas trop rouillé.
— T'inquiète, un grand sourire et tu auras ce que tu voudras. »
En entendant la réflexion, le jeune homme leva ses yeux au ciel.
« Et toi, Céleste, partir ne te tente pas ?
— Pour aller où ? Je n'ai pas de grands rêves de voyage et vivre ici me plaît plutôt bien, je dois l'avouer. Il y a toujours quelque chose à faire ici, non ?
— Peut-être. Mais est-ce que la ville sera toujours aussi agréable sans ceux que tu préfères ? Un seul être vous manque et tout est dépeuplé, n'est-ce pas ?
— C'est vrai, tu vas beaucoup me manquer, j'adorais dormir durant tes CM.
— Tu sais tout aussi bien que moi que je ne parlais pas de moi, Céleste. »
Moblit avait toujours été le « discret » du groupe, quoiqu'un qu'un peu « père » sur les bords. Mais une chose était sûre, il ne manquait jamais rien, arrivait à faire comprendre aux autres qu'il en savait bien plus qu'il ne voulait le montrer. Alors face à son léger sourire, Céleste ne put que souffler du nez, lever ses yeux au ciel et tapoter ses ongles sur la table.
« Tu savais que Levi comptait partir ?
— Non, il ne m'en a jamais parlé. Je suis plutôt étonné qu'il ne t'en ait pas parlé et qu'il ne t'ait pas invitée à partir avec lui.
— Quoi ? Pourquoi il l'aurait fait ? »
Il ne formula aucune réponse, se contenta de hausser ses épaules. Si elle voulait savoir, elle n'avait qu'à lui demander et-
« Pars avec moi. »
C'était de ça dont il parlait ? Mais pourquoi comme ça ? Pourquoi maintenant ? Elle n'avait pas compris, bien évidemment ! Mais ça ne lui disait pas pourquoi il aurait voulu qu'elle parte avec lui ! Si elle avait su, bien sûr, elle aurait tout de suite accepté mais... Qu'est-ce que ça voulait dire, réellement ?
Devait-elle lui demander maintenant ? Lui demander de poser à nouveau cette question ? Peut-être qu'il était trop tard, hélas. Céleste était perdue et Moblit n'était, hélas, d'aucun secours.
« Eh. Je vais y aller. »
En parlant du loup, Levi était revenu, souhaitait une bonne soirée et surtout voyage à Moblit qui en fit de même. Lorsqu'il se mit ensuite au niveau de la jeune femme pour la saluer elle aussi, ils restèrent quelques secondes sans rien se dire. Son regard s'était attardé sur elle, semblait détailler ses traits. Quelque chose semblait le démanger mais il n'en fit rien, finit par lui souhaiter de bonnes vacances avant de quitter le bar.
Céleste resta debout comme une idiote sous le regard de son ami qui n'avait rien manqué à la scène.
« Cours lui après.
— Quoi ?
— Oh, allez, ça fait quoi... Six ans que tu l'aimes ? Ça doit faire tout aussi longtemps que lui aussi, il s'agirait d'officialiser le couple avant qu'on soit directement invités au mariage.
— Qu'est-ce que tu me chantes ?
— Tu es son contact d'urgence, vous faîtes tous vos travaux de groupe ensemble et, encore plus important, tu es la seule personne sur son fond d'écran. Donc, maintenant, tu attrapes ton sac, tu lui cours après et je me charge de dire aux autres que tu es partie le retrouver. Ça fera plaisir à Petra, d'ailleurs, elle l'a parié avec Erwin et il lui devra vingt euros. »
Sous le « oust » que Moblit faisait avec sa main, la jeune femme se sentit pousser des ailes. Elle prit tout de même le soin d'embrasser son ami, lui souhaiter bon voyage, avant de filer. Sortir du bar fut un parcours du combattant mais elle réussit à sortir, se retrouva dans la rue bien plus bondée qu'à son arrivée.
Il faisait désormais nuit. Heureusement, le centre-ville ne manquait pas d'éclairages et Céleste partit directement en direction de l'appartement de Levi.
Elle savait qu'il n'avait pas pris le métro, aimait bien faire tout le trajet à pied pour écouter un petit peu plus longtemps sa musique, passer devant le parc qui avait accueilli tous leurs pique-nique.
À pas rapides, elle s'élança, fit claquer ses talons sur le trottoir. Ça faisait un bruit impossible mais ce n'était pas grave, lui donnait presque le courage de continuer à avancer. Tout ce qu'elle voulait, c'était rattraper Levi et advienne que pourra.
D'ailleurs, elle sortait son téléphone de son sac, composait son numéro. Si elle lui courait après, mieux valait qu'il ralentisse un peu le rythme s'il ne voulait pas qu'elle aille jusqu'à sonner à son interphone.
« Un soucis ?
— J'arrive ! Je suis à cinq minutes du parc.
— Quoi ? Attends, je te rejoins. »
Ils se retrouvèrent à un croisement. Profondément confus, Levi resta au passage piéton, laissa Céleste le rejoindre, attendit qu'elle parle en premier. Elle devait lui demander maintenant, ne pas le laisser s'exprimer avant elle. Il la laissa prendre appui sur son épaule, le temps qu'elle reprenne son souffle, la regardait avec surprise, puis douceur.
« Tout à l'heure, quand on dansait, tu m'as demandé de partir avec toi. Est-ce que tu parlais de quitter le bar ou voyager avec toi ?
— Tu aurais pu m'envoyer un message, non ?
— Non. S'il te plaît, réponds-moi, c'est important. »
Il eut un blanc entre eux. Même si elle était plus grande que lui, elle avait l'impression d'être écrasée par son regard acéré. Pourquoi redoutait-elle tant d'entendre sa réponse ?
« Tu préfèrerais quoi ?
— Quoi ? Non ! Ne le tourne pas comme ça, Levi, je-
— Ma question impliquait ces deux possibilité. Maintenant, s'il y en a une que tu préfères, alors ça sera celle-là.
— Pourquoi tu ne m'as jamais dit que tu voulais partir... ?
— Parce que je sais que toi, tu veux rester ici. Et je voulais profiter de nos « derniers moments » sans que tu aies la sensation que c'étaient les derniers.
— Tout ce que je veux, c'est que tu restes avec moi.
— Alors ici.
— Non, avec moi. »
Qu'il saisisse cette différence nette. Qu'importe que ça soit à l'autre bout du pays ou dans une pièce minuscule, tant qu'il ne la laissait pas derrière...
« Et si je dois partir ?
— Alors je partirai avec toi.
— Tu as toute ta vie, ici. Ne-
— Ne me dis pas quoi faire, Levi. On a vingt-deux ans, c'est l'été et si je veux suivre le garçon que j'aime je-ne-sais-où, juste pour pouvoir être encore à ses côtés un petit peu plus longtemps, alors je le ferai. Il faut uniquement me dire quand faire mes bagages, c'est tout. »
Elle réalisa ce qu'elle venait de dire lorsque les yeux de Levi s'écarquillèrent légèrement. Céleste pinça aussitôt ses lèvres, comme si elle pouvait ravaler ce qui avait été déclaré.
Rien d'autre ne vint. Soudainement muette, elle ne répondit pas quand il prononça son nom, esquissa d'ailleurs un mouvement de recul, l'air de partir. Pourtant, elle ne s'enfuit pas quand il attrapa sa main, la serra un petit peu.
« Rentrons, d'accord ? »
Malgré leurs doigts liés, ils partirent chez Levi sans un mot. Ce furent les vingt-minutes les plus longues de la vie de la noiraude mais, curieusement, son esprit était vide de tout pendant ce temps. Sûrement parce qu'elle était concentrée sur le froid de la peau de son ami ? Main dans la main, ils marchèrent silencieusement, profitaient de cet instant suspendu dans le temps.
Dans l'appartement vide qu'elle connaissait par cœur, la jeune femme laissa son sac sur le canapé, suivit le propriétaire des lieux dans sa chambre, se posa sur le bord du lit. Dans cette pièce qu'elle aurait pu confondre avec sa propre chambre, elle avait soudainement l'impression d'être une inconnue, ne savait quoi faire de son corps tout entier.
Elle se raidit d'ailleurs quand elle sentit Levi s'asseoir à côté d'elle, regarder le même coin de mur qu'elle.
« J'ai tout gâché, n'est-ce pas ?
— Pourquoi tu dis ça ?
— Juste avant que tu partes, je suis là à faire ma crise et-
— Céleste, je veux que tu partes avec moi. Que tu restes avec moi. »
Elle se tourna vers lui, regarda son visage qui semblait plus doux que d'ordinaire. Malgré la fatigue, ses traits étaient soudainement moins tirés, ne laissaient transparaître qu'une sensation de réconfort. Céleste sentit son cœur se serrer, réalisa que jamais elle n'aurait pu se passer de lui, qu'il en était de même pour lui.
« Je veux que la fille que j'aime me suive je-ne-sais-où, fasse ses bagages dès maintenant, profite de l'été de ses vingt-deux ans pour s'enfuir avec moi et pour qu'on passe encore beaucoup de temps ensemble. »
Du bout des doigts, décala une mèche de cheveux noirs qui avait filé sur son front, regarda ses traits.
« J'ai toujours cru que je pourrai me contenter de notre « nous » parce que je savais qu'il t'allait et parce que je ne désirai pas franchement autre chose. Mais maintenant que je suis certain de m'en aller, le seul regret que j'ai est de laisser notre relation derrière. C'est très égoïste de te demander ça mais-
— Embrasse-moi. »
Elle avait envie d'oublier le fait qu'elle était plus qu'idiote à avoir laissé tout ce temps passer « pour rien ». Une seconde, rien qu'une seule, elle crut qu'il ne ferait rien mais Levi se pencha finalement, l'embrassa du bout des lèvres. Comme si elle allait s'envoler au dernier moment, il n'hésita rien qu'à l'effleurer, se détendit lorsqu'elle répondit au geste, l'attira à lui.
Ça avait beau être maladroit, le geste était presqu'un peu trop naturel pour n'avoir jamais été souhaité. Pour toutes les fois où elle avait sentit son souffle contre elle, la jeune femme se demanda s'il n'avait jamais vraiment essayé de l'embrasser avant.
Qu'elle était bête à avoir fait comme si tout cela, elle n'en voulait pas tant que ça, était prête à passer outre pour le « bien » de leur amitié !
Levi et Céleste se séparèrent rapidement, collèrent leurs fronts.
« Ne me dis pas que ça fait des années que tu m'aimes sinon je crois que je vais me faire tuer par Petra et Hanji.
— Alors je ne te dirai pas que ça fait depuis la seconde, rassure-toi.
— Quoi ? Et tu n'as rien dit ?
— Je te l'ai dit, je me contentais parfaitement de ce que nous avions déjà. »
Le rire de la jeune femme se répandit en écho dans la chambre. Au moins, dans cette situation idiote, ils n'avaient fait souffrir personne d'autre.
Ils restèrent ainsi au bord du lit encore quelques minutes avant de, petit à petit, se poser sur le centre du lit, installer l'ordinateur de Levi et lancer leur série du moment. Les vieilles habitudes reprenaient mais, cette fois-ci, Céleste prit place dans les bras du jeune homme, cala sa respiration à la sienne alors qu'il passait distraitement sa main sur son avant-bras.
Tout était fini.
Seulement, ce n'était pas comme elle se l'était imaginé, loin de là.
« Du coup, le Royaume-Uni et l'Islande, ça te va ?
— Je volerai l'appareil photo de Claude.
— Tant mieux. »
Céleste ne savait toujours pas ce qu'elle comptait faire de sa vie. Mais à cet instant précis, elle savait qu'elle garderait à ses côtés Levi, marcherait avec lui dans le flou, ne serait pas seule dans tout ça. Qu'importe qu'ils ne soient plus ensemble en cours, ils l'étaient tout court.
La fin d'année avait désormais un goût plutôt sucré.
je ne sais pas écrire de fluff, c'était infernal à faire ;
j'aime beaucoup l'os, je trouve que je l'ai vraiment bien écrit et tout mais est-ce du fluff ??? ; seuls les juges me le diront <3 ;
nan vraiment les deux-là, ils sont pas faits pour le fluff mais on m'y a forcée (je) donc il fallait bien le faire :D ;
en vrai je me plains je me plains mais je suis contente et il y aura peut-être une suite à cet os si le coeur m'en dit, et que vous le voulez aussi !
Personnage choisi : Levi Ackerman
Thème : fluff
Nombre de mots : 5412
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