chapitre trois (et pas des moindres)


   Je sors du lycée, épuisée de ce premier jour de cours. Je n'aime pas beaucoup l'école, mais je suis bonne élève, ce qui m'arrange un peu. Mes facilitées me permettent de ne pas avoir à travailler énormément. Je regarde si j'ai reçu un message sur mon téléphone ; aucunes notifications. A quoi est-ce que m'attendais?

Dans ces moments là, ma mère me manque. J'aimerai pourvoir lui envoyer un message et lui expliquer ma journée. Enfin surtout ce qu'il s'est passé ce matin. Mais elle travaille, et je ne peux pas vraiment la déranger.

Ma mère n'est jamais à la maison à cause de son travail. Elle est directrice commerciale. Si elle n'est pas à Tokyo ou New York, elle est dans ses bureaux à deux heures d'ici. Quand elle n'est pas en voyage, elle revient vers 22h chez nous, et parfois elle passe les week-end ici. Mais ça arrive très peu. Elle me manque beaucoup. Elle a enduré tellement de chose pour nous sauver la mise à moi et mon

frère. Quand mon père est parti pour une fille de sept ans mon aîné juste avant ma rentrée en seconde, elle a sût rebondir. Difficilement serte, mais elle a réussit à garder la tête hors de l'eau. Elle a travaillé encore plus dur.

Ca à été compliqué, financièrement d'abord. Ma mère qui avait un salaire dans une boîte qu'on pourrait qualifier d'acceptable, s'est vite retrouvé à cours d'argent. Et même si mon père, dans sa nouvelle maison construite pour sa nouvelle famille nous aidait, cela ne suffisait pas vraiment. Et puis ma mère était quelqu'un de fière, elle voulait pouvoir ne plus demander de l'aide à l'homme qui l'avait trompé et qui avait détruit sa famille. Finalement, une promotion est arrivée, une promotion impliquant des choix de vie, mais lui permettant d'avancer. Aucuns de nous n'avons hésité, et elle a accepté. La première année, je l'ai vécu avec mon frère, je n'ai pas connu la solitude. Mais il est parti cette année pour ses études et je vis maintenant la semaine seule. J'attends le week-end avec impatience. Mon grand frère fait ses études et travail près d'ici, mais il a prit un appartement avec sa copine. Il est rarement à la maison mais il essaie de revenir tout les week-end et prend des nouvelles régulièrement.

Je me dirige vers mon vélo d'un pas rapide. Hors de question de recroiser Niall pour aujourd'hui. Ni personne d'autres d'ailleurs.

Malheureusement, quand je me retrouve dans la rue, je ne peux bien évidemment éviter la petite bande qui fume devant l'établissement. Je suis coincée, je dois forcément passer devant pour récupérer mon vélo que j'ai laissé sur un porte vélo à quelques pas du lycée. J'avance, serrant les bretelles de mon sac noir customisé avec le nom de mes groupes préférés. C'est mon père qui écoutait ses groupes, et il m'a refilé sa passion pour la vieille musique. Entre nous c'était comme un rituel d'écouter ça. C'est un peu la seule chose qu'il m'a laissé. La musique, et les souvenirs.

J'ai la tête haute, croisant les doigts pour qu'aucuns des cinq garçons de terminale ne me remarquent.

- Eh la sirène !

Raté. Mon coeur commence à accélérer et je ne sais pas quoi faire. Je fais mine de ne pas avoir entendue ou je me tourne vers eux ? La question ne se pose plus quand un des garçons s'approche de moi. Il est mat et grand, -à vrai dire ils sont tous grands-, et ses yeux sont en amandes. Ses cheveux sont bruns et un peu ébouriffé et son nom est Calum Hood. Quand il vient vers moi, je lui lance un regard fuyant, et m'apprête à partir quand un autre garçon, grand mais plus petit que Calum nous rejoint. Il a les cheveux bleus électriques et des traits plus fins. Il faudrait m'expliquer pourquoi personne ne lui donne de surnom par rapport à ses cheveux, à lui.

- Sympas tes cheveux ! me dit t'il en me souriant grandement.

- Les tiens sont... pas mal aussi... dis-je à mon grand étonnement d'une voix posée.

- Mon nom c'est...

- Michael je sais merci.

Mes mots sont allés plus vite que ma raison, et je rougis de honte. Michael sourit grandement. Pourtant il sait qu'il est populaire, il ne devrait pas douter du faite que tout le monde le connaît au lycée. Mais son sourire montre la satisfaction qu'il a de me voir aussi gênée que je le suis maintenant.

- Laissez la respirer la pauvre !

J'ai a peine le temps de voir qui prononce ses paroles que je sens un bras se poser sur mon épaule. Mon coeur s'accélère et je détaille le terminale qui croit pouvoir me toucher comme il le souhaite sans mon consentement. Il est blond avec des bouclettes sauvages très mignonnes. Je me retourne vers lui et écrase son pied d'un seul coup. Oui il est mignon, mais ça ne lui donne aucuns droits sur moi.

- Aïe putain ! T'es folle !

- Et toi tu t'es pris pour qui ?

- Désolé, Ashton est trop tactile, dit soudainement un blond aux yeux bleus en lançant un regard à Ashton qui lui fronce maintenant les sourcils. Je suis-

- Pas besoin de lui dire, elle sait déjà qui on est ! sourit de nouveau Michael.

Et effectivement, je savais qui était Luke Hemmings. Le préféré de toutes les filles du lycée.

- Nn-non enfin, je-jvous connais de.. noms.

- Tu nous admires secrètement, avoue le ! dit Calum le plus sérieusement au monde.

- Rêves !

- Elle m'admire moi, pas touche les mecs !

Je me retournes brusquement, n'ayant pas vu Niall arriver. Je lui adresse un regard froid et lui réponds d'un ton sec.

- Je suis loin de t'admirer Horan.

- Où sont passé les petits "Niallou d'amour" ? me dit t'il, son sourire se faisant niais.

- Ils ont disparu quand tu es devenue le con que tu es aujourd'hui, Niallou.

Sur ces bonnes paroles, je pousse Ashton et Michael et part chercher mon vélo. Je ne supporte vraiment plus ce qu'est devenu Niall. Avant nous étions pareil, nous parlions des heures de la vie sans jamais nous arrêter. Maintenant, je déteste le ton qu'il prend pour me parler.

J'entends les garçons faire des remarques mais je n'y fais pas attention et enfourche mon vélo. Je commence à pédaler le plus vite possible. Sur la route, je comprend qu'aujourd'hui était sûrement la journée la plus bizarre que j'ai eu à vivre depuis un certain temps.

Je ne réalise même pas ce qui vient de se passer. Je viens sincèrement d'avoir une discussion avec le groupe de terminal le plus convoité du lycée. Ils m'ont parlé à moi, Ariel, la première aux cheveux rouges. Pourquoi ? Je veux dire y a pleins de filles dans le lycée, pourquoi m'embêter moi ? Je soupire. C'est sûrement parce que je connais Niall. Est-ce qu'il a parlé de moi ? Est-ce que ça pourrait avoir un rapport avec l'inconnu qui m'envoie des messages ?

Et puis Niall qui vient me reparler comme si nous nous étions jamais quitté. Je ne peux pas faire comme si de rien était alors qu'il m'a laissé tombé. Peut être qu'il était mon meilleur ami mais jamais je ne pourrai oublié ce qu'il a fait.

Je rentre chez moi en faisant claquer la porte, encore brusquée des événements. Ils m'ont parlé comme si j'étais leur amie, leur pote. Ils étaient tous autour de moi, comme si j'étais intéressante. C'est frustrant pour des gars qui ne m'ont jamais adressé la parole sauf pour se foutre de moi en m'appelant "la sirène". Immédiatement je prends mon téléphone et compose le numéro de mon frère.

- Allô Harry ?

Harry et moi avons une relation très complice. Je ne me vois pas sans lui. Même si, comme tout frère et sœur, il y a des fois où il m'insupporte au plus au point, notre relation reste quand même très saine. Je me mets donc à lui expliquer ma matinée et mon état de stresse permanent. Mon frère m'écoute patiemment, comme il l'a toujours fait. C'est le seul à qui je peux réellement me confier, même si mon amitié avec Rachel devrait me le permettre aussi. Le problème c'est que dire quelque chose à Rachel sans qu'elle le raconte à son copain est quasi impossible. Elle m'avait bien trop de fois prouvé que sa parole était presque inexistante.

- Mais quel con ce mec, j'en reviens pas. T'as bien fais de lui répondre, la prochaine fois frappe le.

La violence que mon frère exprime me fait rire.

- Je n'ai pas besoin d'attirer encore plus l'attention merci Harry !

La discussion se termine après avoir parlé de maman qui sera de retour ce week-end même si Harry ne pourra pas être présent à cause ses examens. Cette nouvelle m'attriste car nous retrouver tout les trois est rare. Mais cela rends les retrouvailles encore plus belles et plus précieuses.

Je raccroche soulagée d'avoir eu mon frère au téléphone. Ne sachant pas trop quoi faire je me pose dans mon canapé, regardant un vieil épisode de Grey's Anatomy. Au pleins moment d'une opération risquée, je sens mon portable vibré. Sans avoir vu la notification, je sais déjà qui m'envoie un message. Mon coeur loupe un battement.


De : Terminal

On peut dire qu'on est ami maintenant qu'on à discuter ?

A :Terminal

Tu te fous de moi, je ne savais même pas lequel tu étais !


De : Terminal

Mais si je te disais mon nom, ça serait bien trop facile ;)


A : Terminal

Oui bien sûr, ce qui est facile c'est de se cacher derrière un écran.



J'avais envie de connaître son identité, de savoir à qui je m'adressais. Etre dans l'inconnu était un sentiment plutôt désagréable et j'avais l'impression de me faire prendre pour une idiote.


De : Terminal

Ahah, bon ok, c'est vrai. Mais tu sais mon nom, enfin tu as une chance sur cinq Sirène.


A : Terminal

Sur quatre, Niall ne compte pas, j'ai son numéro.

Et arrête de m'appeler Sirène.



De :Terminal

Mais j'aime te surnommer sirène, pour te dire c'est moi même qui est dit au gars de t'appeler comme ça.



J'avais toujours cru que c'était Niall qui avait lancé l'idée de m'appeler comme ça. Je l'avais d'ailleurs détesté pour cela. Quant à son numéro, il trottait encore dans mon répertoire, entre une vielle tante et une amie de colo. Mais je ne l'avais pas utilisé depuis un certain moment. Ca se trouve, il avait même changé de numéro.


A : Terminal

Raison de plus pour ne pas t'aimer.


De : Terminal

Parce que tu as déjà des raisons ?


A : Terminal

1. Tu es un populaire

2. Tu fais partie de l'équipe de football.

3. Tu te tapes toutes les filles que tu as sous la main

4. Tu te drogues en soirée

5. Tu te bourres la gueule en soirée.

6. Tu m'appelles sirène.


De : Terminal

Oh Ariel, tu ne penses pas que tu tombes un peu dans les clichés là ?


A : Terminal

les populaires sont comme ça, c'est pas nouveau.


De : Terminal

C'est fou l'image que tu nous donnes sans nous connaître. Il suffit qu'on soit un peu plus connu que les autres et tout de suite on est des connards. Qui te dis qu'on est pas des mecs biens au fond ?


A : Terminal

Des mecs bien. Bien sûr.


Quand tu étais Niall Horan, tu ne pouvais pas être quelqu'un de bien.


De : Terminal

Je te le prouverai, tu verras

Je vais te laisser, tu m'insupportes sirène.


Je me demandais ce qu'il entendait par « je te le prouverai ». Comment comptait-il s'y prendre ? Cette phrase laissait deviner qu'on allait à nouveau se parler. Mon ventre se tord juste au fait de penser revivre une journée comme celle d'aujourd'hui. Je ne sais pas si j'étais pour, ou bien contre.


A : Terminal

J'ai hâte de voir ça

Une dernière question : qui t'as dis que je vendais de la drogue ?


De : Terminal

A ton avis ? Niall Horan


A : Terminal

Quel connard !


Niall savait que je ne vendais pas de drogue, j'en étais persuadée. Le faite d'avoir dis ça au terminal qui me parlait prouvait bien que Niall avait quelque chose à voir avec cette histoire. Ou peut être voulait-il simplement m'énerver ? Je ne comprenais pas ses intentions.

    Le lendemain, en entrant dans le lycée, j'essuie mes mains moites sur mon jean. Je tremble pour aucune raison. En faite si : j'ai peur. J'appréhende cette journée et ce qu'il pourrait se passer. Je n'ai pas arrêté de pensé à ma conversation avec les cinq garçons toute la soirée. Des milliers de scénarios ont tourné dans ma tête avant de dormir. Pour une fois qu'il m'arrive quelque chose d'intéressant dans ma vie. Je passe mon temps à me faire invisible, et toutes mes journées se ressemblent. Je ne me plains pas, j'aime ça, c'est mon choix mais c'est vrai qu'à la longue, ça devient ennuyant. Alors qu'hier, il s'est passé quelque chose. Ils sont venus me parlé eux même, comme si je n'étais pas simplement la fille bizarre de première. Et ça m'a rendu tellement heureuse.

Je dépose mon sac de sport dans mon casier et me dirige vers la salle de mathématiques. La sonnerie ne devrait plus tarder à retentir dans les couloirs remplis d'adolescents. Au moment de rentrer dans la salle, je m'aperçois que le petit groupe que je redoutais tant est tranquillement les mains dans les poches à parler devant la porte qui doit me mener à l'intérieur. Ils attendent sûrement que la salle en face de la mienne soit ouverte. Les deux filles d'hier sont aussi là, l'une glousse comme si elle voulait que tout le lycée soit au courant qu'elle flirte avec des terminales. Ils ne me voient pas, ou alors ne me regarde pas. Je ne le prends pas mal, d'un côté je suis plutôt rassurée : c'était seulement de la distraction hier. De l'autre, je suis un peu déçue. Je m'attendais peut être à trop de chose, je me suis peut être emportée. Je ne suis personne pour eux.

Avant de rentrer dans la classe de mathématiques, je croise le regard de l'autre fille, la belle rousse. Étonnée, je détourne vite le regard. Je sens qu'elle m'observe encore quand je rejoins Rachel dans la salle.

Après mangé, j'ai cours de sport. D'endurance pour être exact. Le genre de sport envers lequel ma haine est profonde. C'est donc ainsi que je me retrouve devant mon casier, à prendre mon sac de sport en soupirant : je déteste ça. Le sport, courir, être rouge comme mes cheveux.

- Euh... Salut ?

Je me retourne et tombe nez à nez avec un bouclé. Ashton Irwin. Un peu étonnée, j'ouvre mes yeux et bloque ma respiration avant de la lâcher dans un grand souffle.

- Tu m'as fais peur !

- Pardon.

Il semble tout intimidé. Comme si il était vulnérable, sans ses amis pour le protéger. Je l'interroge du regard. Que veut t'il ?

- Je voulais m'excuser pour hier. Tu sais quand je t'ai pris par les épaules. Je suis désolé, je suis sûrement trop tactile, enfin voilà...

- Tu viens me parler pour ça ?

- Bah, ouais ?

Son attention me touche. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Il me paraît même presque sympathique, seul , sans ses amis autours. Mais je me rappelle rapidement de qui est en face de moi, et je réponds sans réfléchir :

- Oh, t'inquiète pas, je suis pas une sainte. Des garçons m'ont déjà touchés hein, pas besoin de s'excuser pour ça.

Je me détourne de lui. Pourquoi j'ai dis ça ? Dans ma tête, la phrase sonnait bien, elle n'avait aucune connotation sexuelle. J'espère qu'il ne va pas le prendre comme ça. Oh non, je suis sûr que si. Je regrette déjà. Je vois son sourire se tordre, comme si il se retenait de rire, alors je tourne les talons en claquant mon casier pour me diriger vers le stade. J'ai envie de m'enterrer sous Terre et ne plus jamais revenir ici. J'aurai juste du lui dire que ce n'était pas grave, que je trouvais bien qu'il vienne s'excuser pour si peu, mais bien sûr, il a fallut que je me sente courageuse une seconde de trop. Je soupire, puis me dirige dans les vestiaires des filles.

Je sors du vestiaire d'une vitesse éclaire avec un legging noir et un sweat rouge accordé à mes cheveux. Je me fais une rapide queue de cheval, puis m'assoies sur le sol attendant que les autres arrivent. J'ai déjà dis que je n'aimais le sport ? Courir pendant 15 minutes n'a aucuns intérêts. Aucuns !

Rachel s'arrange toujours pour rater le sport. Je crois qu'elle est la seule personne qui pourrait détester le sport plus que moi. Je ne sais pas qu'elle est son excuse cette fois, mais je sais qu'elle en profite pour passer du temps avec Andrew. Ce qui fait qu'à chaque heure de sport ou presque, je suis toute seule. Vraiment, je devrais envisager de trouver des excuses pour ne pas venir moi aussi.

La course commence, je trottine doucement, si ce n'est pour pas dire que je marche. Je suis les autres qui ont tous l'air à l'aise avec l'idée de courir pendant un nombre de minute indéterminées. Les filles courent par troupeau en papotant entre elles. Moi je préfère être seule pour courir, c'est plus simple pour se concentrer. A mon deuxième tour de stade, j'entends quelqu'un crier mon prénom. Mon coeur s'accélère mais je ne relève pas la tête : je suis sûr d'avoir imaginé la voix.

Mais quand on cri une nouvelle fois, je tourne les yeux vers les gradins avant d'apercevoir les cinq personne que je ne voulais absolument pas voir ici. Ils sont au premier rang. J'hésite une seconde, puis je décide d'aller les voir. Je vérifie que ma prof n'est pas dans les barrages et me dirige vers eux.

- Qu'est-ce que vous voulez ? Je demande, d'un ton essayant d'être froid.

- Ashton nous a dit que tu allais en sport, alors on est venu, me dit Niall en souriant, tandis qu'une bande de fille passe devant nous en roulant bien leurs magnifiques hanches, faisant genre de piailler pour attirer l'attention. Ce qui marche, les garçons présent face à moi perdent le fil de la conversation quelques secondes.

- Il nous a dit autre chose aussi... commence Calum.

- Comme ça tu fais des trucs avec les garçons sans le dire à ton meilleur ami ?

Je serre les dents, cherchant une réponse correct, histoire de ne pas plus m'enfoncer. Je lance un regard noir à Ashton qui sourit d'un air innocent.

- Oui, et alors ? Ca te dérange ? Et puis tu n'es pas mon meilleur ami, Niall, j'aimerai savoir ce qui te prend de revenir dans ma vie comme ça, alors qu'on ne se parle plus depuis je sais pas combien de temps !

- Je voulais juste prendre des nouvelles...

Un instant, j'ai l'impression qu'il dit vrai. Ses yeux se font plus doux et il me regarde vraiment, sans cet air narquois. Je m'apprête à répondre quand une voix m'interrompt dans mon dos.

- Salut les gars, je me demandais ce que vous veniez faire ici ?

Je me tourne devant la nouvelle arrivante : Chloé. Avec ses longs cheveux blonds et ses yeux noirs comme des cendres, elle s'était attribuée directement le rôle de leader de sa bande de première, une sorte de troupeau de hyènes qui la suivent partout. Je lève les yeux au ciel.

- On vient observer le cul de la sirène, dit Michael en me lançant un clin d'oeil.

- Les rumeurs disent qu'il est énorme, rajoute Ashton.

- Mais, on est un peu déçu. Apparemment les légendes ne sont pas toutes vraies !

Je me tourne vers Luke qui n'avait pas parlé depuis le début de la conversation. Je lui lance un regard noir, puis voit Chloé glousser. Elle ne sait pas quoi faire ni quoi dire, ça se voit. En même temps les garçons mettent très mal à l'aise. Je ne sais pas si ils font exprès ou pas. Je pense. Ils doivent trouver ça drôle. Ils savent bien le pouvoir et la popularité qu'ils ont. Ils savent comment s'y prendre.

- En revanche le tiens... wouha, continue Luke sur sa lancée.

- Ooh, euh, merci ! Chloé glousse encore plus fort. Tiens, voici mon numéro. Appel moi, à l'occasion.

Elle lui lance un clin d'oeil au quel il répond par un léger bisous sur la main de la blonde qui repart en sautillant vers son groupe d'amie en s'extasiant.

- Pas mal, pas mal, fait Niall. Tu me diras si c'est un bon coup.

Je les regarde ahurit, et fait semblant de m'enfoncer deux doigts dans la gorge pour vomir. Michael éclate de rire et je me tire pour continuer à courir. Je préfère ça qu'être en leur compagnie et les entendre parler de minette. Est ce que tout les mecs ressemblent vraiment à ça ? Et puis l'autre qui me disait qu'il me prouverait qu'ils ne sont pas tous comme je le pense. En réalité, je sais bien que j'ai raison, ils sont exactement comme je le pense.

Pendant toute l'heure, à certains moments, ils applaudissaient et criaient mon nom. J'aurais du me sentir flatté que les garçons les plus populaires du lycée me regarde moi, une première. Mais non, j'avais honte. Honte d'être associée à eux. Je voulais juste continuer à être invisible et ne pas avoir de problème. Hier je m'étais imaginée beaucoup de chose, mais c'était dans l'euphorie. Sérieusement, moi être avec eux ? C'était impossible. Je ne le voulais pas.

Le soir même, j'avais décidé de sortir un peu, prendre l'air. J'étais tombée sur une fille, blonde et bronzée, et surtout super jolie avec son chien presque aussi beau qu'elle. Ils s'amusaient tout le deux, ils étaient amis. Je pris la décision de demander à ma mère d'acheter un chien, pour ne plus me sentir seule comme je l'étais à ce moment même.

Quand je retrouve ma mère, le samedi matin dans la cuisine, je la prends dans mes bras. Cela faisait deux semaines que nous ne nous étions pas vu. Je la questionne brièvement sur son travail, mais la discussion prend rapidement le tournant de cette dernière semaine passée lycée. Je décide de ne pas lui raconter pour Niall et moi, sachant qu'elle se ferait peut être trop d'espoir. Elle a toujours espérer secrètement qu'on redeviendrait ami. Et puis même, je n'ai pas envie de devenir le sujet de conversation entre elle et la voisine.

Nous passons la journée toute les deux. Ces moments là sont les meilleurs, et j'en profite au maximum. Elle me félicite pour les notes que j'ai obtenu. Elle me parle de ses collègues. On rit. On regarde un film, sous un plaid. Ma mère est tout ce que j'ai. C'est pour moi mon seul parent.

Dès que mon père a quitté le domicile, cet-à-dire un soir d'hiver juste avant Noël, il a cessé d'être l'homme qu'il avait toujours été pour moi. Ce soir là, j'ai eu l'impression de me prendre un coup de poignard dans le coeur. J'avais tellement mal, je n'arrivais pas à cesser de pleurer. Dans la maison, il y avait une ambiance de mort, comme si il était réellement décédé. Ce qui était un peu le cas pour nous tous. Il fallait qu'on fasse notre deuil de quelqu'un encore vivant, et cette idée m'était insupportable.

La vérité est qu'il a essayé de rester proche d'Harry et moi. Mais nous n'arrivions pas à nous enlever de la tête le mal qu'il avait fait à notre mère en la trompant. Fiona avait seulement sept ans de plus que moi, et elle était mignonne. Il nous l'avait présenté lors d'un dîner dans un restaurant. Elle avait essayé de nous parler, d'apprendre à nous connaître. Mais nous n'avions pas réussit à être aussi enthousiaste qu'elle. Etre avec elle, s'était comme trahir notre mère. Mon père avait bien comprit lui aussi, que rien ne serait plus comme avant. En trompant ma mère, il avait perdu ses propres enfants. Petit à petit, il a cessé de prendre de nos nouvelles et de nous inviter chez lui. Notre relation ne voulait plus rien dire.

Ce fut dur. Il était mon monde. La personne que j'admirais, mon héro. Perdre, même de manière fictive, son père à 15 ans est une épreuve compliquée. Une épreuve dont on ressort plus fort, seulement si on arrive à en ressortir. J'avais, à ce moment là, seulement besoin d'une personne ; Niall. Mais il n'a pas été la pour moi. Il préférait voir ses nouveaux copains de lycée plutôt que de m'entendre pleurnicher à longueur de journée, ce que je pouvais bien comprendre. Je ne lui demandais rien, juste d'être là, de ne pas me laisser. J'avais déjà vécu un abandon avec mon père, je ne voulais pas en vivre un deuxième. Mais c'est exactement ce qu'il s'est passé. Niall m'a laissé, mon chagrin et moi, seule. Mon seul ami, la seule personne qui me comprenait m'a abandonné le moment où j'avais le plus besoin de lui. Ce fut pour moi le moment où j'ai décidé de ne plus l'aimer. Pour moi, il était aussi mort que mon père : tout deux n'appartenaient plus à ma vie. 

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