De Niall :

Ta copine fait moins la fière maintenant !

Quand je vois le contact de Niall s'afficher sur mon écran, je crois d'abords à une hallucination. Presque trois ans que ça n'était pas arrivé, que je n'avais pas reçu de message de lui, alors que nous nous parlions sans arrêt avant. Dès qu'il quittait ma maison ou que je quittais la sienne, nous nous envoyions des messages, pour ne pas arrêter notre conversation. C'était ça, notre amitié, elle ne s'arrêtait jamais, nous étions toujours ensemble. Je ne pouvais pas vivre sans lui, et il ne pouvait pas vivre sans moi. On était comme des aimants, toujours collés ensemble, et nos mères avaient d'ailleurs l'habitude de nous appeler ainsi. Nous n'étions jamais l'un sans l'autre.

Je ne comprends pas son message, ni pourquoi il me parle de Rachel. Je n'avais même pas envie de penser à elle. Son comportement de hier soir me dégoûtait au plus au point. En rentrant, ma mère m'attendait dans la cuisine pour me réprimander de mon retard, mais mes yeux rouges et fatigués l'avaient arrêté. Elle m'avait alors demandé de lui raconter ma soirée, ce que j'avais fais en évitant de parler des bières que j'avais bu. Elle oublia directement mon retard et essaya de me consoler. Selon elle, Rachel n'était pas une vraie amie. Elle l'avait toujours su, mais comme elle était la seule personne avec qui j'étais au lycée, elle n'avait pas voulu me le dire. Un sentiment de honte s'imprégna en moi. Même ma mère avait vu à quel point Rachel était mauvaise pour moi. Et elle ne me l'avait pas dit puisqu'elle avait peur que je sois seule. Les larmes étaient remontées : seule. J'étais seule, je n'avais personne. Maintenant je comprenais bien que Rachel ne m'aimait pas vraiment, qu'elle se servait de moi. Plusieurs personne me l'avaient dit, et je commençais à ouvrir les yeux. Je savais que Rachel n'était pas une très bonne amie, mais je la considérais quand même comme telle. Elle était la fille avec qui j'avais passé le plus de temps depuis le début du lycée.

A Niall :

Hein ???

De Niall ;

T'as internet chez toi au moins ?

Avant que je ne puisse répondre, Niall apparaît dans mon salon. Il est habillé d'un simple t-shirt blanc et d'un jogging, et ses boucles blondes tombe dans ses yeux bleux. Il n'a visiblement pas prit le temps de se coiffer avant de venir. Tout en souriant grandement, il s'assoit près de moi sur mon canapé. Je suis abasourdie de la manière dont il se sent si à l'aise dans ma pièce de vie. Comme si rien ne s'était passé entre nous, comme si tout était comme avant. Avant, quand il pouvait rentrer à l'improviste chez nous, sans que je sois ni habillée ni maquillée. Je me sens soudainement gênée quand je me rends compte de ma tenue : je suis en t-shirt et en culotte. Heureusement mon t-shirt est assez long pour ne rien laisser apparaître, mais le seul fait de savoir que je suis aussi dénudée devant Niall me fit rougir. Il ne sembla rien remarquer, et heureusement. Je pris un coussin et le mit rapidement sur mes genoux, histoire d'être un peu plus à l'aise. Je me demande ce que penserait ma mère si elle descendait maintenant prendre son petit déjeuner. Bien qu'elle ne savait pas que Niall et moi étions en guerre, elle savait que le lycée nous avait éloigné, et j'imagine sa surprise si elle nous voyait dans le canapé, à discuter. Elle irait sûrement téléphoner discrètement à Helen, la mère de Niall, pour tout lui raconter. Ses deux là avaient été tellement triste de nous voir perdre peu à peu notre amitié si fusionnelle. Au début, elles avaient essayé quelques stratagèmes pour que nous recommencions à parler, mais à cette époque là je n'étais pas d'humeur, et ma mère avait dût le comprendre car elle avait vite arrêter. Elle avait d'ailleurs rayé le mot Niall de son vocabulaire. Ce fut dur pour elle, car elle considérait Niall comme son propre fils, et ne plus le voir tout les week-ends avaient dût lui faire de la peine. Je n'avais réfléchis à cela que après, pensant que j'étais seule dans mon mal être, seule à être affectée. Alors que clairement ce n'était pas le cas.

C'est pourquoi je ne voulais pas vraiment que ma mère nous surprenne, un dimanche matin ensemble dans le salon, Niall et moi. Je lance un regard interrogateur au blondinet pour qu'il m'explique la raison de sa venue.

Tout excité, il me montra son téléphone. Il était sur Instagram, et on pouvait voir un compte s'intitulant « Gossip Charles Baudelaire ». Intriguée, je fais défiler les photos. On y voit des screens de conversation, des photos de personne en soirée complètement bourrées, ou encore de simples photos de couple. Sous chacune des photos, on peut lire des descriptions avec le nom de la personne. « Amanda Foulier à l'air plutôt heureuse sur cette photo, à votre avis c'est grâce à la bouteille de vin qu'elle a bu seule où à la drogue qu'elle a acheté hier ? » « Théo BiautotI et Sarah Miller viennent de se séparer, triste nouvelle pour le couple qui prévoyait de partir à Paris pour les vacances... » « Elise Patterson en est à son 4ème mec de l'année, vous pensez que c'est enfin le bon ? Nous on penche plutôt pour un non... Qu'est ce que David Hilton pourrait lui trouver ? »... Et cela continuait ainsi. J'étais sous le choc. Une centaine de publication se trouvait sur ce compte, et elles concernaient toutes des élèves de mon lycée. J'étais consternée devant ce que j'étais en train de découvrir. Comment quelqu'un de sain d'esprit pouvait-il publier des secrets et des affiches de personne sans une once de remord ? C'était tellement horrible pour les personnes visées ! Des centaines de likes et de commentaires figuraient sous chaque publication. Des insultes ou des moqueries, et parfois des gens défendant les protagonistes. Mais je n'arrivais toujours pas à comprendre comment c'était possible que personne ne dise rien. C'était grave, très grave. C'était du harcèlement, et il fallait que ça cesse. J'allais dire à Niall qu'il fallait appeler la police, quand il me montra une publication bien spécifique. On pouvait y lire une conversation. Intriguée, je la lu attentivement.

Sous le choc, je lâcha un petit cri. La conversation était à propos d'un repas, et d'un bisous échangé. On pouvait y lire les supplications d'une fille, demandant au garçon de ne rien dire. Je ne m'y pas longtemps à comprendre que la fille n'était nulle autre que Rachel. Je regarde la date des messages : 13 février 2016. Je fis vite le calcul dans ma tête, et en déduit qu'elle était effectivement avec Andrew à ce moment là. C'était d'ailleurs une conversation datée d'un jour avant la fameuse soirée au clair de lune qu'il lui avait préparé et dont elle m'avait parlé non stop durant une semaine.

Je regarde Niall, les yeux écarquillés. J'ai du mal à comprendre comment et pourquoi cette conversation se retrouve affichée sur le compte de gossip du lycée. Le blond soupire devant ma lenteur d'esprit, et il commence à m'expliquer.

- Le mec à qui elle parle dans la conversation, c'est Luke.

Mon cri s'étouffe dans ma gorge, et je tousse pendant 20 secondes le temps de me calmer. Qu'est-ce qu'il vient de dire ? Luke a embrassé Rachel ? Comment est-ce possible ? J'ai beaucoup de mal à les imaginer ensemble. Et puis depuis quand Luke s'intéresse aux filles comme Rachel ? J'ai besoin de plus d'explication, alors je fais signe à Niall de continuer. J'ai envie de comprendre ce qui se passe.

- Luke à draguer Rachel en début d'année. C'était un truc nul, pour rire. On se foutait d'elle.

Même si Rachel est une vraie garce, entendre que les garçons se sont joués d'elle me fait de la peine. J'ai envie de les réprimander pour leur comportement. On ne peut pas draguer n'importe qui pour rire, et surtout pour se moquer d'elle après.

- Niall... je commence en fronçant les sourcils.

- Et puis on savait comment elle te traitait, on avait envie d'avoir un truc contre elle, il me coupe avant que je commence ma leçon de morale.

J'ouvre la bouche, mais je ne dis rien. Décidément, les surprises ne s'arrêtent plus. Je regarde Niall, et ses yeux bleus me transpercent. Il est en train de me dire que les garçons avaient manigancé toute cette histoire pour se venger de la manière dont Rachel me traite ? J'ai du mal à y croire.

- Pourquoi ? Je veux dire, les garçons ne connaissaient même pas mon nom en février...

- Ariel... Même si c'est dur à croire, je n'ai jamais cessé de garder un œil sur toi. Il était important pour moi que tu ailles bien. Et je m'en veux. Je m'en veux tellement El'. Je n'aurai jamais dû te laisser tomber comme ça, surtout quand ton père est parti... et... J-j'en suis désolé.

Je le regarde, stupéfaite. Ses yeux sont brillants, et il a l'air si triste. Je n'arrive pas à parler. Pourtant, j'attends ce moment depuis si longtemps. J'attends de pouvoir m'expliquer avec Niall depuis le jour où il a cessé de m'adresser la parole. Son abandon a été l'une des pires épreuves de ma vie. J'avais toujours imaginé la manière dont je le rembarrerai, lui expliquant que je ne veux pas de ses excuses, qu'il est lâche et qu'il le restera. Mais, devant ses jolis yeux bleus tristes, j'ai du mal à exprimer ma colère. Les seuls mots qui sortent de ma bouche sont totalement incontrôlés.

- J'avais besoin de toi. Tu n'imagines pas à quel point j'avais besoin de toi. D'un ami. De mon seul ami. Mon meilleur ami. Pendant que toi, tu t'amusais dans des soirées débiles. Tu m'as laissé seule... TOUTE seule putain !

Il me regarde, d'un interdit. Puis, après quelques secondes de silence qui paraissent une éternité, il prend la parole, d'un ton doux.

- Je m'en suis tellement voulu, je te jure, mais je ne savais pas comment revenir. Je t'observais tout le temps, je te surveillais. Je voyais bien que cette fille était horrible avec toi, mais je ne pouvais pas intervenir car je savais que tu me détestais. Je voulais reprendre contact, mais tu paraissais si froide. J'ai été le pire des amis. Le lycée m'a fait tourner la tête. Tu sais, c'est soi tu donnes tout pour te faire accepter direct, soi...

- Tu finis comme moi.

Il garde le silence et me fixe. Mes larmes coulent sur mes joues, sans que je puisse les contenir. Je vois bien que lui aussi n'est pas loin de pleurer, mais c'est Niall. Je sais qu'il ne l'avouera jamais.

- Je.. Je sais que tu veux sûrement plus qu'on essaie de redevenir ami mais... est-ce que tu acceptes de me parler ? Ou du moins de tolérer ma présence ?

Je fais mine de réfléchir puis acquise. Sa voix pleine d'espoir me serre le coeur. Je suis heureuse de le voir là, assise en face de moi. De l'entendre dire ces mots que j'attends depuis longtemps. Je sais que le pardon ne vient pas facilement, et qu'il me faudra encore du temps pour que Niall est moi retrouvions notre amitié. Mais il est important d'essayé au lieu de laisser filer entre nos doigts ce lien si unique qui nous unit. Je lui souris, et quand je vois le grand sourire du blondinet, je sais que j'ai pris la bonne décision.