chapitre quatre
Une semaine passe, une semaine à éviter le petit groupe comme une pro. Dès qu'un d'eux apparaissait au bout d'un couloir, je rebroussais chemin, comme si j'avais vu un démon. Aucuns d'eux n'étaient revenus me voir, ni même m'avaient adressé un regard.
Je ne savais pas si j'étais vraiment contente que finalement, ils aient laissé tombé avec moi. C'est ce que je voulais, qu'ils me laissent tranquille. Je ne voulais pas qu'on m'associe à eux, je voulais rester dans l'ombre. Mais même si j'essayais de me persuader que je pensais ça et que j'étais heureuse de ne plus leur parler, au fond de moi, je ressentais comme une déception qu'ils se soient aussi rapidement lassés de moi.
Je secoue la tête. « Lassés de moi » ? Sérieusement, ils ne m'ont parlé que deux fois ou trois fois dans ma vie et j'en fais tout un plat. Des fois je voudrai faire taire mes pensées, qu'elles arrêtent de s'exciter pour rien. Comme si c'était vraiment important à leur yeux, comme si ça voulait dire un tas de truc alors que ce n'était que quelques conversations innocentes.
C'est avec ces pensées que je rentre chez moi le vendredi, déposant mon vélo dans le garage. J'ouvre la porte de ma maison, ne remarquant pas tout de suite la lumière déjà allumée. Comme la télé.
Mon ventre se tord d'un grand coup : je n'ai pas regardé la télé ce matin. Ce qui voulait dire que quelqu'un était dans la maison, genre maintenant. Tendant mon oreille, j'entends des gloussements provenant de l'étage. Tremblante de toutes mes forces, je commence à monter les escaliers. Mon coeur bat de plus en plus vite sans que je puisse le contrôler. Je regarde de gauche à droite mais je ne trouve pas d'arme pouvant faire l'affaire. Tant pis, j'irai main nu.
Quand j'ouvre la porte et que je vois les cinq garçons que j'évitais depuis le début de la semaine sur mon lit, en train de fouiller mes affaires, une envie de meurtre naît en moi.
- Qu'est-ce que vous foutez là ?
- Tiens la sirène, on t'attendait ! me sourit Calum, les mains dans mon armoire à vêtement.
- Vous m'attendiez ? Demandais-je, perplexe.
- Oui, on voulait te souhaiter un joyeux anniversaire ! cri Michael un grand sourire sur ses lèvres.
- Ce n'est pas mon anniversaire...
- Oui, on sait que ton anniversaire c'est le 11 mai, mais on voulait te le souhaiter quand même. En avance.
Je tourne la tête vers Niall. Il se souvient de mon anniversaire ? Pourtant dans mon souvenir, ses deux dernières années, il préférait faire la fête avec ses potes plutôt que de me le souhaiter. Même pas de texto, rien, alors qu'il avait toujours été le premier, à minuit, à m'envoyer un message. Le matin quand il venait me chercher pour aller au collège il m'offrait son cadeau. Les cadeaux de Niall était mes préférés parce qu'il me connaissait par coeur. Il savait ce que je voulais, ce qui me ferait le plus plaisir. Parfois j'en parlais seulement brièvement dans une rapide conversation, mais il retenait. Il retenait toujours tout.
Je lui lance un petit regard puis reporte mon attention sur ma chambre d'habitude si bien rangée : elle est en bordel. Mon ordinateur est allumé, mes vêtements par terre. Mes livres le sont aussi et mes cahiers de cours sont mal rangés. Je n'ai pas vraiment beaucoup de chose dans ma chambre : mon lit et en plein milieu, quelques photos au dessus, mon bureau avec seulement une lampe et mon ordinateur, et ma grande bibliothèque où les livres sont triés par ordre alphabétique. J'avais essayé une fois de les trier par couleur, mais j'avais rapidement abandonné le projet, l'estimant trop long à être réalisé.
- Mais foutez le camp ! Et déjà comment vous êtes rentrés ?
- Niall à le double des clefs, enfin, sa mère.
- Et vous fouillez ma chambre ? Sans raison ? Mais je ne vous permets pas merde ! Putain mais dégagez !
Je commence à ramasser mes affaires, vraiment énervée. Le faite qu'ils soient populaires ne m'arrête pas cette fois. Ils sont chez moi, sans ma permission. Ils ne devraient pas être aussi sereins ! Il y a une loi contre ça non ? Même si ils ne sont pas entrés par effraction, il y a quand même du respect à avoir ! Mais pourtant ils ont tous ce petit sourire aux lèvres en me voyant marmonner des insultes dans ma barbe.
- Allez Ariel, c'est pour rire ! On t'a même fait un gâteau pour ce soir ! me dit Ashton.
- Ce soir ? Qu'est-ce qu'il y a ce soir ? Et plutôt mourir que toucher à votre gâteau. Vous êtes stupides et insupportables !
Je fourre mes livres sur les étagères toujours énervée, tandis qu'ils ne bougent pas d'un poil.
- Eh bien, quelles insultes attention !
Je reconnais la voix de Luke, et lui lance un regard noir.
- Et pour te répondre, ce soir, il y a une fête. Chez toi. C'est cool hein ? me sourit Niall d'un air niais.
- Chez moi ? Sûrement pas !
- Pourtant les invitations sont lancées...
- Niall, tu peux pas faire ça sans mon autorisation !
- Mais avec celle de ta mère si !
- Ma... ma mère ?
- Oui, ma mère l'a appelé pour lui dire qu'on organisait une fête surprise en ton honneur ! Oh tu l'aurais entendue, elle était si heureuse de voir que "Ariel n'était pas si seule finalement, parce que c'est vrai qu'elle est renfermée et n'est pas beaucoup sociable... A vrai dire, elle n'a pas beaucoup d'amis... Et puis à cause de mon travail je ne suis pratiquement jamais là alors...", dit t'il en imitant la voix d'une femme.
Les autres rient. Je sens le rouge me monter aux joues et les larmes monter. Ne pleure pas devant eux, c'est ce qu'ils attendent.
- J'ai des amis ! Je ne suis pas seule !
- Ah bon ? Un exemple ? rit Luke de sa voix grave.
- Ra-rachel.
Ils rient encore plus fort. Je me sens toute petite face à eux. Oui, je suis renfermée, et je n'ai pas beaucoup d'amis. Ok, je n'ai pas d'amis et alors ? Qu'est-ce que ça fait ? Je n'aime pas la compagnie. Je n'arrive jamais à faire la conversation à quelqu'un. C'est comme ça, je ne peux rien y faire.
- Rachel ? répète Michael. Tu rigoles ?
- Non.
- Tu as vu comment elle te traite ? Ce n'est pas vraiment ce qu'on appelle une amie.
- Je m'en fous de ce que vous pensez !
J'en ai assez d'eux. Ils n'ont aucune morale à me donner. Et puis de toute façon ils n'ont
pas le droit d'être ici, c'est ma chambre, ma maison, pas la leur. Ils n'ont aucuns droits.
- Foutez le camp !
Ils se regardent tous, puis quand Niall avance vers la sortie, le groupe suit, le sourire toujours aux lèvres. Je ne sais pas ce qui les font tant marrer.
- 22h, c'est l'heure du rendez vous chez toi ! cri Niall, qui est déjà en bas.
- A toute à l'heure la sirène ! j'entends Ashton crier.
Mes joues redeviennent rouges. Ce surnom, je l'aurais entendu jusqu'au bout. Il suffit qu'on m'ait appelé une fois comme ça l'année dernière pour que ma scolarité se résume à "la sirène bizarre qui écoute de la musique dans la cour et qui traîne avec Rachel". Oui parce que Rachel, c'est la plus connue des impopulaires. Elle exerce un certains pouvoirs. Minime, mais au moins c'est déjà ça.
Rapidement, je range ma chambre. Puis je descends dans mon salon, et cache les objets de valeurs. Je ne vais sûrement pas empêcher tout le monde de venir, alors autant ne pas être prise au dépourvue.
Je ferme à clefs l'étage du haut, et prépare des gobelets en plastique qui traînaient dans un placard. J'hésite à me changer, puis opte pour une jean noir et un haut de la même couleur et un chignon relevé. Et même si je suis totalement énervée que ma mère ait autorisé cette fête m'empêchant de l'annuler avec une excuse du style, je n'arrête pas de regarder l'heure, comme si j'étais excitée par cette soirée. Après tout, peut être que ça va peut être sympa ?
Vers 21h45, le petit groupe de garçons rentre pendant que je regarde ma série sur mon ordinateur. Je leur lance un regard qui essaie d'être noir, histoire de montrer que je ne suis pas d'accord avec leur manière de faire, mais surtout pour ne pas leur montrer le fait que je suis un minimum excitée par cette soirée. Je fixe ensuite leurs
mains : des bouteilles d'alcools. Je les regarde d'un air ahurit.
- Bah quoi la sirène, tu pensais qu'on allait rester tranquillement devant ta télé à parler des nouveaux couples au lycée ? Réveilles toi, on est plus au collège, me toise durement Luke.
- Putain mais m'appelez Ariel vous arracherai la langue ?! Et allez mettre les bouteilles dans le frigo, dis-je comme si je m'en fichais, sans vouloir avouer que je n'avais jamais bu d'alcool fort de ma vie, si on oublie la seule fête de 3ème que j'avais faite où j'avais du boire un shoot de vodka lors d'un action ou vérité.
Les invités arrivent tous vers la même heure, soit 1 heure après l'heure convenue. Je sais pas, ça doit être une règle entre eux, ne jamais arriver à l'heure. Je trouve ça plus grossier qu'autre chose. Je les fixe un à un. J'en reconnais certains que j'ai du croiser au lycée, mais la plus part me sont inconnus.
Calum a ramené une enceinte et la musique explose dans ma maison. De la musique que je ne connais pas mais que tout le monde chante. J'aimerai bien passer du rock mais j'aurai peur de gâcher l'ambiance. Les gens dansent dans le salon, et ont l'air de s'amuser. Je suis plutôt contente que tout se passe bien. Je m'occupe quand même de garder un oeil sur la foule. Je ramasse les gobelets au sol, et cri derrière une dizaine de personne pendant toute la soirée pour leur expliquer que non, fumer à l'intérieur n'est pas autorisé.
Mais à part ça, je trouve ça sympas. La bonne humeur des personnes alcoolisées est contagieuse, et je parle même à un mec brun qui n'a pas l'air de connaître la musique non plus. Il a l'air gentil, nous rigolons un peu ensemble avant que j'aille engueuler un énièmes mec qui fouille dans mon frigo. Les gens ne connaissent vraiment pas la politesse, c'est dingue.
De : Terminal
Détends toi un peu, profites de ta soirée ! Tu devrais boire un peu, tu t'amuserais encore plus
Je serai bien venue t'aider à ranger un peu, mais tu découvrirais qui je suis alors...
A : Terminal
Je n'ai pas envie de passer pour une alcoolique, et ne t'inquiète pas, je peux ranger ma maison toute seule sans toi merci.
De : Terminal
Boire ce n'est pas forcément être alcoolo, c'est juste s'amuser Ariel. Arrêtes un peu de toujours tout dramatiser. Mais bon, le mot « s'amuser » ne doit pas t'être très familier...
A : Terminal
Je vais ignorer tes messages jusqu'à la fin de la soirée désormais, salut.
De : Terminal
Seulement jusqu'à la fin de la soirée ? J'ai de la chance alors :)
Je soupire et souris devant mon portable. Qui que ce soit, il a un sérieux problème. Mon portable vibre de nouveau :
De : Terminal
Je t'ai vu sourire !
Mon sourire s'agrandit encore plus et je secoue la tête, essayant de m'en empêcher.
Il ne faut pas que je montre que même si il me saoule, je le trouve drôle. Trouver drôle quelqu'un qu'on ne connaît pas. C'est vraiment étrange.
La soirée continue pendant une bonne heure. Je m'occupe de chasser les gens de la cuisine qui cherche à manger. Je bois seulement de l'eau et une bière, sous le regard amusé de Niall. Je lui ai fais un majeur, mais il n'a pas eu l'air de se fâcher. Puis de toute façon, il est chez moi, donc je fais ce que je veux.
Un moment, j'entends du AC/DC retentir dans mon salon. Tout le monde commence à chanter et à danser au rythme d'une de mes musiques préférées. J'aimerai bien y aller, mais je n'ose pas, je ne sais pas comment faire. Je regarde l'enceinte et vois Niall à côté qui me fait un clin d'œil. Je ne comprends pas pourquoi il fait tout ça pour moi. Je n'arrive pas à m'imaginer qu'il veuille redevenir ami avec moi. Ca me paraît insensé.
Le garçon brun de tout à l'heure a dût remarquer que j'hésite à venir sur la piste de danse et il vient me prendre la main pour m'emmener au milieu du salon. Il est petit mais toujours plus grand que moi. Sa main est chaude et elle sert fermement la mienne. Surprise, je recule mais il m'entraîne dans une danse endiablée à laquelle je finis par me prendre au jeu. Ses cheveux bruns se secouent dans tout les sens, et je me surprend à penser qu'il est plutôt mignon.
Quand les dernières notes retentissent, il m'embrasse la main et disparaît. Trop surprise sur le coup, je ne remarque pas tout de suite que j'ai reçu un nouvel SMS. Instinctivement, je le regarde tout de suite. C'est un texto de mon frère, me disant qu'il serait à la maison dans environ une heure. Mon frère travaille de nuit, et en général il revient le samedi matin pas le vendredi soir en plein milieu de la nuit. Je ne sais pas pourquoi il ne me prévient que maintenant, il s'est sûrement engueulé avec sa copine. Ça fait 3 ans qu'ils sont ensemble et je n'ai jamais vu un couple si mignon. Mais Noémie est un tantinet trop possessive pour mon frère, et c'est souvent sujet à de nombreuses disputes. Surtout depuis qu'ils ont emménagé ensemble.
L'arrivé de mon frère dans si peu de temps me fait paniquer ; tout le monde doit déguerpir et vite. Même si ma mère est au courant, elle n'aurait pas voulu qu'une trentaine de personne soit là. Je pense que par soirée, elle pensait à une dizaine de personne, autours d'une table à discuter. Et puis mon frère n'appréciera sûrement pas de voir les bouteilles de whisky sur la table du salon et les substances sûrement illégales fumées dans le jardin. Harry est super cool, et c'est justement pour ça que je ne veux pas le décevoir. Il ne comprendrait pas comment des inconnus sont arrivés chez nous, et si j'explique que Niall est dans tout ça, je crois que je ne veux pas savoir comment Harry réagirai.
Je me dirige donc vers Niall précipitamment.
- On a un soucis, Harry arrive d'ici une heure ! Tu peux dire à tout le monde de se barrer s'il te plaît ?
- Mais on s'amuse Ariel !
D'après ce que j'entends de sa voix tremblante, il a sûrement dût boire plus d'un verre pour être dans cet état. Je soupire et le supplie. Mais rien n'y fait. Désespérée je cherche quelqu'un du regard, mais je n'ai pas besoin de chercher bien longtemps car Ashton vient vers moi en fronçant les sourcils.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Il faut que tout le monde parte, mon frère arrive dans une heure, c'est la merde !
- Ok, ok, calmes toi. On a une heure, ça va le faire. Respires, je m'occupe de faire partir les gens.
Et il me laisse ici. Sans m'en rendre compte, quelques larmes se sont échappées de mes yeux et ma voix s'est mise à trembler. Je suis si fragile. Je veux dire la situation n'est pas si grave, et pourtant je ne peux pas garder mon calme. Je panique pour un rien. Alors qu'Ashton lui, arrive à garder son sang froid. A cet instant, je l'envie énormément. En 20 minutes tout le monde est dehors. Je le remercie, puis commence à nettoyer la maison. Michael et Calum se joignent gentiment à nous. Je cherche Niall et Luke et les trouve en train de fumer dans mon jardin.
- Ne me dites pas que vous fumez de l'herbe chez moi ?
- Oups ? fait Niall avant de partir dans un grand rire.
- Dégages ça de là putain !
Je prends son joint dans ma main et m'apprête à l'écraser quand Luke m'arrête.
- Oh oh, tu sais combien ça coûte ça ?
- Je m'en fou, tu sais combien de neurones ça te grille ?
Avec mon pied j'écrase le joint et rentre dans la maison énervée.
Vers minuit, les garçons partent en emportant le reste de bouteille.
Je n'arrive pas à croire que j'ai organisé une fête, chez moi, avec de l'alcool et des joints. Et des terminales. Et les populaires. Les populaires, chez moi. Les populaires, pour la plus part, m'aidant à ranger. Je soupire de frustration. Tout ça est vraiment bizarre. Qui l'aurait cru ? Mais je ne me plains pas. Je passe ma vie à lire des bouquins où l'héroïne fait des tas de truc du genre. Et pour une fois que ma vie n'est pas monotone, je ne devrai pas pester. Pour une fois qu'il se passe quelque chose !
Je passe le week-end à regarder des films avec Harry. C'est tellement cool de le retrouver. Quand papa est parti, nous nous sommes encore plus rapproché qu'avant. Je n'ai jamais vraiment su si ça l'avait affecté. J'imagine que oui. Même si ils n'étaient pas spécialement proche, c'était un peu son modèle.
Dimanche soir, je regarde Hunger Games avec Harry. Posée sur le canapé, je ne suis pas vraiment concentrée sur ce qu'il se passe à l'écran. Les images de vendredi soir repasse en boucle dans ma tête. C'est à ce moment là que je reçois un nouvel SMS.
De : Terminal
Désolé pour vendredi, on voulait juste que tu t'amuses un peu. Bonne nuit.
Je souris. Harry me demande qui m'envoie des messages si tard, je réponds que c'est Rachel. Bien sûr c'est faux. Je lui mens. Mais je me dis qu'il ne comprendrait pas. Personne ne comprendrait.
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