chapitre 10
La journée est incroyable. Elle est même, sans mauvais jeu de mot, magique. Mieux que tous ce que j'aurai pu imaginer pour mes 17 ans. Mieux que tout mes anniversaires réunis.
Je prends des centaines de photos. Dans la voiture pour retourner à la maison, je les regarde, déjà nostalgique du moment merveilleux que je viens de vivre. Sur la première photo on peut voir ma silhouette devant le château de la Belle au Bois Dormant, puis sur la deuxième c'est notre petit groupe au complet, tout sourire. Ensuite, Michael et moi prenons la pause avec des oreilles de Mickey. Michael s'est prit facilement au jeu, mais ce ne fut pas le cas de tout le monde. La photo suivante est drôle : Niall porte les oreilles et fait une terrible grimace, mécontent d'avoir l'air si ridicule. A côté, je suis hilare. Je sais que Niall a accepter de faire cette photo seulement pour me faire plaisir, et je lui en étais reconnaissant. Quand il avait enfilé le sert tête et tout le monde s'était moqué de lui, ce qui n'avait fait qu'empirer son grognement.
Nous avons aussi fait les attractions à sensation, et Luke se plaint de ne plus avoir d'oreille parce que j'étais assise à côté de lui à chaque fois et que je criais. Je ne peux pas trop démentir ; j'étais loin d'être courageuse et j'avais du prendre sur moi pour monter dans les différents manèges.
J'ai aussi des selfies de moi, Calum et Woody. Michael m'a pris en photo avec Jasmine qui est ma princesse préférée. Nous avons aussi fait le passage obligé pour moi : It's Small World, après avoir forcé encore une fois les garçons à venir avec moi. La chanson nous est évidemment restée dans la tête toute la journée. J'ai mangé une énorme barbe à papa bien rose que j'ai quand même un peu partagé. Malgré le monde fou, j'ai passé un anniversaire génial. Les garçons n'arrêtaient pas de crier que j'avais dix-sept ans aujourd'hui, et j'ai même reçu quelques "joyeux anniversaire"de certains passant. Niall m'a acheté un ballon à l'hélium en forme du chat dans Alice au Pays des merveilles. Je me suis baladée toute la journée avec.
À 19h30, le rêve s'arrête quand nous arrivons chez moi. De retour dans mon salon, ils me forcent à m'asseoir dans le canapé et tout fièrement ils m'emmènent un gâteau préparé pendant que je dormais ce matin. Je leur lance un regard curieux. Eux, cuisiner ? Je rigole devant leurs airs sérieux. Il me coupe une part et je goûte peu confiante. Bizarrement, je doute de leur talent de cuisiner.
Après quelques bouchées, j'en viens à la conclusion que le gâteau est trop sucré, et immangeable. Je me force à manger la moitié et laisse prétextant ne plus avoir faim.
- Tu ne l'aimes pas c'est ça ? me demande Calum, les yeux tristes.
- Mais non Cal, il est super bon votre gâteau.
Il sourit et quand je croise le regard de Luke, ce dernier lève les yeux au ciel avec un petit sourire.
Ils m'informent ensuite que ma journée n'est pas finie, et que je dois me préparer pour je cite « la soirée de tes 17 ans ». Je regarde l'heure : 20h. Je suis soulagée car j'ai le temps de faire une petite somme avant de me préparer. Marcher toute la journée m'a fatigué, et je ne dirai pas non à une petite sieste.
- Fais toi très belle ce soir Ariel ! me dit Michael en sortant de chez moi.
- Même si tu l'es déjà ! Rajoute Calum et je lui adresse un sourire pour le remercier du compliment.
Quand le petit groupe s'apprête à partir, j'entends des pas dans les escaliers. Harry apparaît dans le couloir qui mène à ma porte d'entrée. Soudainement, je sens mes jambes trembler ; il regarde froidement Niall et un malaise s'installe. Je presse les garçons à partir et leur fait signe de la main avant de refermer la porte.
Je me retourne vers lui, et je sais en un regard qu'Harry est déçu. Il fronce les sourcils et j'ai l'impression d'être de retour dans mon enfance, quand je faisais une bêtise et qu'il se prenait pour mon père.
- Alors c'est eux ton nouveau groupe d'ami ?
Je hoche la tête, muette de stupéfaction. Je sais très bien que mon frère ne porte pas Niall dans son cœur, et je le comprends. Il m'a longtemps réconforté quand je revenais en pleurs du lycée, attristé de voir ce que mon meilleur ami était devenu.
- Donc tu es de nouveau ami avec ce connard ? Tu ne te rappelles pas qu'il t'a fait du mal ? Comment peux-tu le pardonner ?
Je soupire. Je sais que c'est compliqué pour Harry de refaire confiance à Niall après tout ce qui s'est passé. Pourtant, pour la première fois de ma vie, je ne veux pas qu'on décide pour moi. Je suis la principale intéressée dans cette histoire, et si j'ai pu réussir à aller au-delà de ça, il devrait y arriver aussi.
Mais depuis le départ de mon père, mon frère qui était déjà protecteur, l'était devenu encore plus. Il avait décidé que si mon père n'était pas capable d'être là pour moi, il le serait. Je pense qu'il avait trouvé dans ce nouveau rôle une sorte de réconfort ; un nouveau but à sa vie. Il avait perdu son héros, et voulait désormais devenir le mien.
- Écoute Harry, je comprends, dis-je d'une voix tremblotante. Mais fais-moi confiance, il a changé.
- Je m'en fous El ! Tu me racontes depuis des mois que tes nouveaux potes sont des personnes géniales, mais tu n'es pas capable de me dire que Niall en fait partie.
- Le problème c'est que lui et ses amis sont les seules personnes qui m'adressent un peu de sympathie au lycée tu comprends ? Tu ne sais pas ce que ça fait d'être toujours seule ! Pour une fois je me sens entourée et heureuse avec eux ! Si tu voulais vraiment mon bonheur, tu ne serais pas en train de me prendre la tête pour les choix que je fais en mon âme et conscience.
Ma voix est froide et dure, et je fais comprendre que le débat est clos.
Je lui lance un regard noir et attrape ma veste qui traîne sur la rampe d'escalier, avant de sortir de la maison. Je tremble de colère contre mon frère. Il n'est pratiquement jamais à la maison et il croit connaître ma vie et pouvoir me donner des conseils sur des choses qu'il ne connaît pas. Je suis seule, ma mère travaille et mon frère n'est jamais là. Mon père vit une nouvelle vie. Personne n'est là pour moi, je suis en monde automatique depuis trop longtemps maintenant. Je n'ai personne à qui vraiment parler, ni avec qui manger le soir. Alors pourquoi au moment où je me sens entourée pour la première fois depuis si longtemps, je ne pourrai pas traîner avec Niall ?
Je sens les larmes monter, je déteste être en conflit avec quelqu'un et surtout pas mon frère. Mais cette fois ci, il n'y avait pas d'autres solutions. Je m'assoie dans l'allée, par terre, n'ayant vraiment pas envie de rentrer dans la maison et de recroiser Harry.
Devant moi, sa voiture est garée. Il était tellement fier la première fois qu'il m'a emmené faire un tour dans sa vieille bécane rouge. Moi j'étais tout excitée parce que mon stupide frère avait son permis et que je pensais qu'il allait pouvoir m'emmener où je voulais. Finalement je ne suis montée qu'une dizaine de fois dedans.
Je souffle un bon coup. Il faut que je me calme, j'ai passé une super journée, je ne dois pas la gâcher. Je dois être plus mature que ça. Harry s'inquiète, et c'est normal. Je suis son unique petite sœur, et je sais qu'il m'aime. Peut-être que j'ai surréagit et que j'aurai dû lui expliquer la situation plus calmement. Je m'apprête à rentrer dans la maison pour m'excuser quand j'entends un bruit bizarre en provenance de la voiture de mon frère. Je sursaute avant de comprendre que ce bruit n'est autre qu'un aboiement.
Un aboiement d'un chien qui se trouve dans la voiture rouge de mon frère. Un chiot gratte à la fenêtre et me regarde langue pendue. Je fronce les sourcils d'incompréhension. Depuis quand Harry a-t-il un chien ?
- C'est une golden retriever de sept mois, je l'ai recueilli à la SPA. Elle a été abandonnée.
Dans ma surprise je n'ai pas entendu Harry ouvrir la porte. Je me retourne vers lui, toujours dans l'incompréhension.
- Joyeux anniversaire sœurette.
Je saute dans ses bras. J'oublie qu'il y a dix minutes nous étions en train de nous disputer dans le couloir. Je l'embrasse sur la joue et cours ouvrir la voiture. Le chien saute sur moi comme un fou. J'essaie de le calmer mais impossible. Mon rire se diffuse dans l'air, et je sens toute la tension accumulée redescendre.
- Comment elle s'appelle ? je demande à Harry, une fois dans la maison.
- Je ne sais pas encore. Je pensais que tu aurais plus d'inspiration que moi.
Finalement, je fais une croix sur ma sieste pour passer un moment avec Harry. Nous ne trouvons pas de nom mais je passe une heure de pure joie avec mon frère. Je lui explique pour Niall, et même s'il a du mal à avaler la pilule, je vois qu'il fournit un effort pour moi. Harry est une personne tellement importante pour moi. Même si nous nous disons rarement à quel point on tient à l'autre, je sais que son amour passe par des gestes comme il a pu me le démontrer aujourd'hui.
Le téléphone sonne comme nous sommes en pleine discussion sur la nouvelle série que nous regardons tous les deux. Je me lève pour décrocher, mais quand je vois le numéro qui s'affiche j'ai un mouvement de recul. Harry me regarde d'un air interrogateur, et je pense qu'il comprend directement de quoi il s'agit. À l'autre bout du fil, mon père est a composé le numéro de la maison.
- Allô ?
- Bonsoir ma chérie ! Joyeux anniversaire, me répond la voix grave de mon père.
Cela doit faire trois mois que je ne l'ai pas entendu, et cela me fait toujours aussi mal. Derrière son téléphone, je sais qu'il sourit. Mon cœur se serre à cette vision.
- Merci papa, ça me fait plaisir.
Même avec toute la colère que j'ai envers lui, je sens les larmes me monter aux yeux. Il s'est souvenu de mon anniversaire et cela me touche. Je n'aurai jamais cru pouvoir être aussi émue parce que mon père m'appelle pour mes 17 ans.
Il me demande ensuite ce que j'ai fait de ma journée, et je lui raconte vaguement mon séjour à Disneyland. Il me raconte une anecdote de mon enfance sur Mickey et ses amis et je fais semblant de rire. Il n'y a rien de naturel dans notre conversation, et ça me peine. Lui qui était l'homme que j'aimais le plus au monde est devenu un parfait inconnu.
- Quand est-ce qu'on pourrait aller manger ensemble Ariel ? Tu me manques tu sais.
Ça demande me touche. Je sais qu'il est loin d'être le père exemplaire, mais il me plaît de penser que peut être, il serait prêt à fa des efforts pour revenir dans ma vie. Je m'apprête à répondre quand j'entends une voix derrière lui. Une voix féminine qui l'invite à venir manger le repas. Instantanément, tout l'espoir que j'ai pu avoir disparaît. Jamais rien ne sera comme avant, parce qu'il est celui qui a mis fin à notre famille. Il est celui qui a détruit mon bonheur en un claquement de doigts. Celui qui m'a abandonné pour reconstruire une vie sans mon frère et sans moi.
- Écoute papa, je dois te laisser. Bonne soirée et merci encore.
Je raccroche sans attendre sa réponse. Harry fait comme si de rien n'était, mais je sais qu'il a écouté toute la conversation. Je monte dans ma chambre rapidement, bien décidé à ne pas laisser cet appel me gâcher ma soirée.
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