"Et dans ce pays-là, j'ai bâti ma maison"
Sol regardait d'un œil joyeux le liquide sombre qui tanguait dans sa tasse. Son café, ainsi que tout le mobilier de son noble appartement, réagissaient inlassablement au vacarme et aux mouvements abruptes qui provenait du studio voisin. Un nouveau locataire y emménageait aujourd'hui, et les déménageurs avaient étrangement choisi la plus jeune heure du jour, qui plus est un dimanche matin, pour faire leur travail. Ils n'avaient bien sûr pas tenu compte de la minceur de la paroi séparant les deux logis, ni de la jeune fille d'à côté qui s'était donc fait réveiller à 5 heures du matin...
Mais celle-ci s'amusait de la situation plutôt que de s'en exaspérer. Elle aimait la façon dont les objets prenaient vies, semblant déjouer la règle de la statisiter. Ainsi, tout son habitat se mettait à exister, prenant leur indépendance vie à vie de Newton. Le tabouret à 3 pieds titubait dangereusement, les vaisselles s'entrechoquaient, les liquides valsaient, ses carnets de croquis sursautaient, ses tableaux menaçaient de se déloger des murs, et ses vinyles étaient parcourus par des vibrations sonores provenant de la musique électro que les hommes avaient mis pour se donner du courage. Cette atmosphère onirique enchantait Sol. Elle dardait néanmoins un regard attentif aux pièces de puzzle qu'elle avait fixé quelques années auparavant afin d'ajouter une touche personnelle à son chez elle. Parmi ces morceaux épars, une vieille bicyclette qui avait appartenu à son arrière-grand-père était suspendu tant bien que mal.
La jeune fille chérissait de tout cœur se plafond à la parjure si particulière... Les pièces rassemblées de différents puzzles représentaient pour elle les souvenirs qui s'effaçait des mémoires, qui devenait partielles, floues, qui se modifiaient au fil des années, au grés de la façon dont les évènements avaient été vécus. Certaines étaient petites et sombres, signe d'un triste souvenir qui avait presque disparu des pensées de Sol. D'autres étaient grandes et colorés, signe d'un magnifique souvenir qui persistait avec toute la force des sentiments vécu. Tout un passé éclairé par la lumières des réverbères qu'elle observait chaque soir du fin fond de son lit, telles des étoiles brillants dans le ciel de la nuit claire.
Finalement, elle se dit que si ces pièces tombaient, cela ne serrait pas pénitencièrement parlant un calvaire, elle s'abandonna simplement à la contemplation cacophonique de sa caserne d'Ali Baba. Car s'était comme cela qu'elle considérait son chez-soi. Pourtant son lieu d'habitation n'avait rien de luxueux. Il avait même plutôt tout de prosaïque. Sol logeait dans 1 pièce, perchait en haut d'un immeuble, dans le grenier. L'unique salle tenait à la fois le rôle de chambre, de cuisine, de salle à manger, de salon,... La salle de bain et les sanitaires se trouvaient malheureusement à l'extérieur de l'appartement. Auparavant elle les avait pour elle toute seule, mais allait désormais devoir les partageait avec son nouveau voisin. La cohabitation s'annonçait d'ors et déjà difficile...
Sol sourit à la pensée du nouveau venu. Au moins elle ne serait plus seule ! Quoi que... Sa timidité l'empêchait souvent de créer des liens avec autrui. Il s'annonçait de plus être « un homme fort avenant dans ses manières et puis peut-être aussi physiquement », lui avait dit la concierge avant de rajouter en pouffant : « Dommage qu'il n'ait que 26 ans ! ». En, elle en avait elle-même presque 75 ! On la surnommé affectueusement Eli, et dès sa rencontre, Sol avait sentit qu'il s'agissait d'une dame douce et débordante d'amour à distribuer à « qui mieux mieux » ! Elle était charmante et appréciait tout le monde, trouvant au pire individu une qualité plus ou moins apercevable...
Sol se focalisa de nouveau sur son futur voisin. Un homme... cela ne facilitera pas l'échange. D'autant qu'il était beau et aimable. De quoi déstabiliser notre pauvre demoiselle... Elle but une gorgée de café et déglutit difficilement.
L'angoisse habitait désormais en elle, se nourrissant de chacune des pensées de Sol pour croitre encore.
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