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Le soleil chauffait les joues et le corps entier des deux amis qui venaient de partir de l'emplacement où ils avaient déjeuné. Une légère brise venait rafraîchir le temps doux et faisait s'envoler les longs cheveux chataîns de Luna.

« Tu veux commencer par où ? Demanda Luna en sortant son téléphone de sa pochette noire.

- Fais voir le parcours ? Répliqua Jeno en s'approchant de l'écran de son amie. Regarde, on peut passer ici avant de rejoindre cette partie de la ville. Ça paraît un peu long, mais je connais un endroit où l'on pourra prendre une boisson ou un goûter, si tu veux.

- On verra. Pour le moment, je peux plus rien avaler ! C'était super bon, mais les brochettes étaient peut-être de trop.

- Ah ! Parle pour toi, dit-il en rigolant. »

Luna leva les yeux au ciel en souriant et partie dans la direction du métro pour rejoindre le premier lieu que le jeune homme lui avait indiquée.

Dans le métro, Luna sentait un regard, que quelqu'un ou quelque chose la fixait. Même si elle essayait d'en faire abstraction, elle finit par balayer du regard chaque passager pour vérifier que rien ne clochait. Sur sa gauche, un homme obèse, les cheveux coupés très court tenait son téléphone doit, voire surélevé, dans la direction de Luna. Quand la jeune femme s'en rendit compte, elle écarquilla les yeux vers Jeno et désigna du coin de l'œil cet homme qu'elle trouvait dégoutant. Jeno tourna la tête sur sa droite et fronça les sourcils. Il racla sa gorge bruyamment en se tournant vers l'homme et se mit dos à lui, faisait un mur en face de Luna. De cette façon, l'homme ne pouvait plus la filmer ou photographier, si c'était ce qu'il était réellement en train de faire.

« Quel connard. J'espère qu'il a rien pris. Qu'il matte mon cul, ça lui fera le pied. Lança Jeno, énervé.

- Merci, Jeno. Ça va aller. Remercia Luna en agrippant nerveusement le poignet de son ami. »

Deux stations suivantes, ils sortirent du métro pour rejoindre un parc japonais.

« J'arrive pas à en croire mes yeux, mais quel porc ! Repris Jeno. Je suis désolé que tu aies à faire face à ce genre de comportement déplacé de notre part.

- Merci, mais tu n'as pas à t'excuser. J'ose espérer que tu n'es pas comme eux. Merci de m'avoir protégée, en quelque sorte.

- Tu trouves que je ferais un bon garde du corps ? Proposa Jeno en levant les épaules et gonflant la poitrine.

- Hem... Oh, regarde, le parc est là ! Évita Luna en rigolant.

- Pff, répliqua le jeune homme en se dégonflant. Je le savais.

- Mais non mais non, dit Luna en tapotant sur l'épaule de Jeno. Tu sais, je n'aime pas les garçons trop musclés.

- Genre Lucas.

-... Elle eut un moment d'hésitation. Oui, comme Lucas. Je préfère ceux qui ont ta carrure. »

Jeno sourit timidement sans avancer de réponse. Il suivit Luna vers l'entrée du parc.

Plus d'un demi-hectare d'herbe, d'arbres, de bassins et décorations au motif japonais. C'était la première fois que les deux étudiants s'y rendaient et ils avaient choisi un jour de qualité. Le temps était toujours clément, malgré la température qui montait graduellement et il n'y avait pas trop de monde. Jeno et Luna s'y baladèrent pendant une longue heure, marchant lentement et prenant le temps de commenter ou photographier ce qu'ils voyaient.

Lorsque Jeno avait pris le devant, en empruntant le pont de bambou pour rejoindre le pavillon de thé, Luna prit discrètement une photo de lui. Avec son blouson en faux cuir vert pomme, son jean et sa sacoche fixée dans son dos, Luna le trouvait craquant. Elle conserva secrètement la photo et pensa qu'elle l'enverrait à son ami plus tard.

Sur le chemin qui menait à la sortie, de magnifiques cerisiers japonais en fleurs garnissaient le parc. Luna décida de s'arrêter pour prendre une photo de ces petites fleurs rose. Alors qu'elle était dos à Jeno, elle sentit une main passer dans ses cheveux jusqu'à son oreille. Quand elle se retourna, elle vit une fleur de cerisier accrochée dans les cheveux châtains de Jeno. Elle porta alors sa main gauche à son oreille et sentie une fleur, de même dimension qu'elle voyait sur son ami. Les deux se sourirent mutuellement. Pas besoin de compliments, leurs regards respectifs en disaient déjà long.

Après être sortis du parc, Jeno et Luna continuèrent d'arpenter le chemin qu'ils avaient prévu, passant par le stade de football, une allée en bord de fleuve et une basilique, heureusement ouverte au public.

Il était cinq heures passé quand leur périple prit fin. Avant de se quitter, Luna proposa d'aller chercher une boisson et des biscuits à grignoter. Tous deux optèrent pour des milk-shakes glacés avec des cookies aux pépites de chocolat. Très healthy. Ils choisirent un banc non loin de la station de métro qu'ils devraient emprunter dans un moment pour rentrer chez eux.

À peine la première gorgée de boisson chocolatée avalée que Jeno s'excusa pour s'absenter. Luna ne fit pas attention et sortit son téléphone où elle raconta à ses amies son après-midi dans les grandes lignes. Quelques minutes après, Jeno n'était toujours pas de retour ; il avait laissé sa boisson et son cookie sur le banc. Luna tourna la tête derrière elle, là où elle pensait que Jeno était parti et le vit en effet revenir, grand sourire, tête inclinée. Dans ses mains, le jeune homme tenait trois ballons de baudruche pastel ; un bleu, un jaune et un vert.

Luna n'en revenait pas. Il venait d'acheter des ballons « juste comme ça », selon ses dires. Il les tendit à Luna.

« Je suis désolé, il n'y avait plus d'orange. Mais tu peux remarquer que le vert est super bien assorti avec ma veste. Il sourirait, malgré sa gêne, ne sachant pas comment Luna allait réagir.

- Mais, elle rigola, pourquoi des ballons ?

- Je sais pas, je trouvais ça marrant. »

Luna prit le jaune et bleu, laissant à son ami le vert pomme, souriant.

Ils prirent une demie-heure de plus pour finir leur goûter et décidèrent de rentrer chez eux, pour ne pas louper le couvre-feu. Jeno laissa Luna passer devant elle dans les escaliers qui menaient au métro, tenant leurs ballons colorés.

Les deux jeunes adultes montèrent dans le métro qui arriva après quelques minutes d'attente. Pendant le trajet, ils ne parlèrent point ; une certaine tension, un mal-être s'était installé. Pourtant aucune dispute n'avait eu lieu, mais les deux redoutaient leur séparation imminente.

Quand elle arriva à sa station, Luna leva la tête vers son ami et lui sourit, à travers son masque. Jeno posa sa main sur celle de Luna qui tenait les ballons :

« Tu en prendras soin, d'accord ? »

Luna hocha la tête et fit un signe de la main, avant de s'éloigner, montant dans les escaliers. Elle tourna la tête une dernière fois, regardant le métro s'éloigner et sourit.

Je le kiffe un peu, ce Jeno, pensa-t-elle.

Jeno quant à lui, regardait en souriant la photo qu'il avait discrètement prise de Luna de dos, pendant qu'elle-même photographiait le cerisier en fleur.

Luna. Qu'est-ce que cet avenir nous réserve ?

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