Jour-J, Luna n'en avait pas dormi de la nuit. Aujourd'hui, elle avait rendez-vous avec Jeno. Deux jours précédant cette entrevue, un petit programme avait été planifié. Ils devaient se retrouver devant la station de métro qui donnait sur le centre-ville en début de matinée. Ils iraient acheter un déjeuner qu'ils pourraient consommer dans un parc ou en se baladant au cœur de la vieille ville. Heureusement, le temps était au beau fixe. Luna avait regardé une douzième fois depuis son réveil la température qu'il ferait et son évolution au cours de la journée. Après avoir mangé, ils iraient sûrement prendre le métro et changer de quartiers régulièrement. Ils avaient déjà préparé une liste des lieux qu'ils souhaitaient voir. Cependant, au vu de la crise sanitaire qui pesait sur la société à échelle mondiale, il ne leur serait pas possible de visiter de musées, de faire les boutiques, ou de se poser à une terrasse de café. Ils réservaient alors ce plaisir pour plus tard.

Une fois son petit-déjeuner englouti, Luna passa dans la salle de bain, avant de choisir ses vêtements. Elle resta bien cinq minutes devant sa penderie, à scruter la météo, se demandant quelle tenue elle pourrait enfiler. Finalement, elle choisit un top à manches longues blanc, orné de fleurs bleues, rouges et jaunes. Son col dégagé pouvait se nouer avec deux longues ficelles au même motif que le patron, mais elle ne le faisait jamais. Elle l'accompagna d'une paire de jeans bleue clair. Elle se dirigea vers sa coiffeuse et orna ses oreilles de boucles tombantes rose pâle. Elle sourit au miroir vintage doré qui se trouvait devant elle et appliqua un peu de baume sur ses lèvres.

Luna se leva de sa chaise figue de velours et prépara sa pochette pour partir. Le bus passait dans 10 minutes, elle ne devait pas perdre plus de temps. La jeune femme enfila une paire de baskets oranges Nike et partit de chez elle en prenant soin de ne pas oublier son masque. D'un pas plutôt rapide, elle arriva à son arrêt de bus deux minutes en avances. Cela lui laissa le temps de prévenir Jeno : elle partait. Ce dernier répliqua dans la minute qu'il se préparait à partir aussi.

Lequel des deux allait arriver en premier ? Lequel des deux allait devoir s'excuser du retard ? Car, c'est toujours cela. À partir du moment où l'une des deux personnes arrivait en avance, l'autre s'excusait de son retard, même si elle arrivait à l'heure initialement prévue.

Luna descendit du bus et rejoignit le métro, pour quelques minutes de plus. La station précédant celle où elle devait descendre, elle prévint Jeno qu'elle allait bientôt arriver. Il lui répondit que lui aussi, allait arriver à la station. Ils eurent tous deux un moment de réflexion et en levant la tête, regardant autour d'eux, se rendirent compte qu'ils étaient dans le même métro. Luna était montée après Jeno, dans la rame de droite, sans prêter attention aux personnes qui l'entouraient. Après avoir réalisé qu'ils auraient pu se croiser, ils en rigolèrent par message et se rejoignirent à la station suivante.

Sans même se saluer, les deux amis sortirent du métro en prenant des nouvelles de chacun. Ils se racontèrent leur matinée, et récapitulèrent leur planning de la journée, avant de choisir l'endroit où ils pourraient manger. À vrai dire, ils n'avaient aucune idée de l'endroit où ils mangeraient. Ils arpentèrent les rues pour trouver un restaurant ou une boulangerie qui proposaient des repas à emporter. Ils optèrent, dix minutes plus tard, pour un restaurant asiatique qui proposait des sushis, brochettes et nems. Les deux étudiants commandèrent chacun un plateau de sushi avec deux brochettes qu'ils se partageraient.

« Je sais pas toi, mais moi, j'ai trop faim ! » S'exclama Jeno en observant le contenu du sac de nourriture.

Luna leva les épaules et lança simplement un « Ça va. »

« Tu veux aller manger où ? Tu veux que l'on aille au parc près de la statue ?

- Tu veux dire, le parc au milieu du circulaire ? Ou celui qui donne sur la station de métro ?

- Celui que tu voudras.

- Aucun des deux. Répliqua Luna. Pour être honnête avec toi, aucun des deux ne m'inspire vraiment confiance. Tu ne veux pas que l'on regarde s'il les bancs de la place sont libres ?

- Comme tu voudras, Luna. Tu as raison. Et si c'est plein, on peut aller au parc de la faculté.

- Vous avez un parc ?

- Oui, rien de bien méchant, mais c'est agréable lorsqu'il fait beau, d'aller s'y poser, sous les arbres. Vous avez cela, vous aussi sur votre campus ?

- Nous avons beaucoup de verdure, oui. De ce que j'ai vu, le nôtre est plus grand. À dire vrai, nous avons une grande plaine qui donne sur un parc au fond de la fac.

- Cela doit être agréable également. On essaiera d'y aller pique-niquer un de ces quatre, si ça t'intéresse, proposa Jeno timidement.

- Avec grand plaisir. Elle marqua une pause. Ici ? Désigna un banc en pierre Luna avec son index. »

Jeno acquiesça de la tête.

Leur siège donnait sur la majestueuse place du centre-ville que tout le monde dans le pays connaissait. Luna proposa du gel antibactérien à son ami qui était en train de sortir le sien. Il rigola et refusa poliment, préférant utiliser le sien.

Les deux étudiants ouvrirent les boîtes de nourritures, séparèrent les baguettes en deux et commencèrent à manger dans la bonne humeur. Ils continuaient de parler de la pluie et du beau temps, de leurs partiels et de leurs projets pour l'été. Luna annonça qu'elle avait trouvé un job pour cet été dans un magasin sur la côte. Jeno s'inquiétait de ne avoir rien trouvé.

Dans un élan de courage, Luna lui proposa de la rejoindre sur le littoral pour l'été. Il fut d'abord gêné et un peu perturbé de cette proposition assez spontanée. Luna n'en avait en effet pas parlé à sa famille concernée, qui possédait la maison près de la mer. Jeno accepta avec des réticences tout de même ; il devait en parler à sa famille, que celle de Luna soit d'accord, et surtout de trouver un emploi. Il lui parla de maisons de retraite où il pourrait postuler, car elles recherchent souvent du personnel.

Ils continuèrent sur ce sujet pendant quelques minutes puis se turent tous deux, finissant de manger.

En avalant sa dernière bouchée à l'aide de ses baguettes, Luna se leva pour aller jeter leur plateau, mais Jeno la stoppa en mettant sa main sur une de ses cuisses. Il prit la serviette de Luna, l'enroula autour de son index et essuya les lèvres bombées un peu rosées de Luna. Cette dernière n'avait pas réussi à essuyer un peu de sauce qui accompagnait les brochettes. Il frotta un petit peu et ses autres doigts effleurèrent son menton blanc. Il sourit de son beau sourire, mais aussi de ses yeux, comme il avait l'habitude de le faire. Luna, quant à elle, devint rouge écarlate et tourna la tête timidement avant de se lever.

Lorsqu'il la voyait s'éloigner, Jeno pensa une nouvelle fois que Luna était très belle et remarqua qu'elle avait l'air plus amincie que lorsqu'elle était au lycée.

« Tu as minci, Luna ? Demanda-t-il en la voyant revenir vers lui.

- Oui. J'ai perdu cinq kilos depuis le premier confinement.

- Wow, félicitations, dit-il en posant sa main rapidement sur son épaule, sûrement pour tester sa réaction. Tu voulais perdre ?

- Oui. Depuis la faculté, j'avais pris du poids et je ne faisais plus de sport. Alors ce confinement m'a permis d'économiser beaucoup de temps et de me mettre au sport. Puis j'ai changé mon alimentation progressivement.

- Je, il racla sa gorge, je suis fier de toi. Je t'avoue que je ne suis pas fan de sport, comme tu peux le voir à mon corps fin. Mais si tu arrives à me motiver... Il rigola.

-Oui, je pense que la clé numéro un est la motivation. Le temps, on réussi toujours à en trouver. »

Les deux jeunes adultes continuèrent de parler de sport, ce qui permit à Luna d'apprendre que Jeno adorait le tennis de table et qu'il avait fait du tennis étant plus jeune.

Le ventre plein, Jeno et Luna se levèrent et décidèrent d'aller se promener dans différents quartiers de la ville pour mieux digérer.

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Bonsoir,
(re)publication tardive, en allant me coucher je me suis rendue compte que le chapitre que j'avais publié était encore dans mes brouillons. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé.
Bonne lecture, la suite de cette partie arrive vite !