Le soir venu, assise à son bureau, Luna regardait le morceau de papier cadrillé que lui avait donné Jeno quelques heures auparavant. Elle avait le choix : laisser cette histoire tomber aux oubliettes pour toujours et prier pour ne plus le recroiser, ou lui envoyer un message et lui laisser une chance.

Elle attrapa nerveusement son téléphone et composa le numéro pour créer un nouveau message.

Quelle idée de me donner son numéro. Il pouvait pas me donner son insta ? Je serais allée le stalker un peu.

Après avoir réfléchi au contenu de son message, elle se lança et appuya sur la touche envoyer.

L : « Ça te va bien le béret » 17h32

J : « J'attendais ton message » 17h48
J : « Merci. Tu trouves ? » 17h48

L : « Oui ! J'ose pas en porter, j'ai peur que ça m'aille pas. » 17h50

J : « Je suis certain que cela t'irait à ravir. » 17h56

L : « Merci :) » 18h
L : « Tu fais quoi comme études du coup ? On n'a pas trop eu le temps d'en parler lors de notre entrevue. » 18h

Luna et Jeno se parlèrent par messages interposés jusqu'à l'heure du coucher. Un bon feeling passait entre eux mais la jeune femme ne voulait pas précipiter les choses. Au moins, cela lui faisait une nouvelle connaissance dans cette ville si grande où elle ne connaissait presque personne. Depuis son arrivée il y a trois ans, Luna ne sétait pas vraiment fait d'amis et les seuls qu'elle avait la snobbaient un peu, ne prennaient pas de nouvelles. Alors elle passait la majorité de son temps seule, et ne sortait jamais. La fac, les plus belles années disait-on. Probablement les pires, pour Luna, du moins la première année. Avec la crise sanitaire, elle avait réussi à tisser des liens avec plusieurs personnes de sa promotion, mais elle ne pouvait en appeler aucun un « ami ». Cela la satisfaisait ; ils rigolaient bien, s'entraidaient et partageaient des astuces.

Jeno quant à lui, avait entamé des études de médecine et en était à sa deuxième année. Il souhaitait continuer dans la neurochirurgie, parcours prometteur. Luna était admirative d'une telle motivation et intelligence. Elle-même aurait rêvé de faire ses études en médecine, mais la branche scientifique n'était pas pour elle... malgré le fait qu'elle ait continué en sciences du langage à la fac. Cela lui faisait un micro sujet de conversation avec son nouveau coup de cœur, car elle avait étudié dans son cursus la psycholinguistique, liée avec certaines notions de neurologie.

Les jours passèrent et les deux étudiants continuèrent de s'échanger des messages, en pleine période de partiels pour les deux. Avec lui, Luna se sentait bien, à l'aise, comme s'ils se connaissaient depuis des années et cela la mettait en confiance.

Un soir, Jeno proposa à Luna de l'appeler. Avec les mesures sanitaires encore strictes et les partiels qui s'enchaînaient, ils préféraient conserver cet aspect distantiel. Mais malgré le stress, Luna accepta cet appel.

Les premiers mots étaient timides et les deux n'osaient trop parler. Luna se disait déjà que cette relation était morte d'avance puisque en face-à-face, cela risquerait d'être pire. Puis, au fil des minutes, les langues se délièrent et les deux osèrent parler plus, s'échanger des blagues bancales ou des anecdotes.

Cette voix douce mais grave, comme du miel, Luna l'adorait. Elle essayait de revoir son visage dans ses souvenirs, lorsqu'ils s'étaient revus, après presque trois ans.

Jeno n'avait pas changé. Il abordait toujours sa bouille de bébé et ses lunettes qui lui donnaient un air d'intello-timide qu'elle adorait. Elle avait très envie de le revoir en chair et en os, mais était aussi terrorisée à l'idée de se retrouver en face de lui, incapable de sortir un seul mot. Et puis peut-être qu'il ne la voyait pas du tout comme une potentielle conquête et qu'il la considérait simplement en tant qu'amie.

Quelques jours plus tard, Jeno se lança une nouvelle fois et demanda à Luna ses disponibilités pour se rencontrer en ville et manger un morceau ou boire un truc. Les restaurants étaient toujours fermés et très peu de nouvelles concernant une potentielle réouverture circulaient. Mais cela n'était pas plus mal. Ils pourraient déambuler dans les rues, découvrir de nouveaux endroits et prendre l'air.

La jeune femme lui indiqua donc des jours où elle était libre pour une entrevue. Ils convinrent d'une date et de suite après, le stress apparu dans son ventre. Luna se posait déjà mille questions, à une semaine de leur rencontre. Ils se retrouveront donc dans une station de métro puis iront se balader dans le centre-ville, après avoir pris une boisson et quelque chose pour grignoter.

Jeno semblait aussi enthousiaste que Luna ait accepté, même s'il demeurait toujours très timide et réservé. Au moins, elle pouvait être sûre qu'il n'allait pas demander des choses obscènes ou avoir des pensées déplacées.

Au cours de la semaine avant leur rendez-vous, ils s'appelèrent une nouvelle fois et Luna eut enfin le courage de demander s'il avait des réseaux sociaux. Elle voulait observer ses photos et ses commentaires. Non pas l'espionner bien sûr, ce n'est pas le style de la maison, simplement observer les gens qui gravitent autour de lui.

Jeno lui donna alors son Instagram, seul réseau social qu'il possédait et qui s'avérait être... vide.

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Chapitre en retard, deux autres arrivent avant samedi pour me mettre à jour, désolée ! Mais je suis enfin en vacances alors j'aurai (j'espère) plus de temps pour écrire.

Le saviez-vous ? : Le prénom de l'héroïne se prononce [luna] (louna) et non [lyna] (luna).

Bonne lecture :)