Partie IV - chapitre un :
Partie IV.
1.
"The stars, the moon, they have all been blown out
You left me in the dark
No dawn, no day, I'm always in this twilight
In the shadow of your heart."
Tout allait bien. Vraiment tout se déroulait à merveille. Je n'avais jamais été aussi heureux de fêter mon anniversaire. Le sourire d'Harry, la tarte aux épinards d'Amélia et puis Dante qui dévore sa pâté dans sa gamelle, Harry qui s'assoit à côté de moi, sa cuisse qui frôle la mienne alors que nous mangeons à la table de la cuisine.
Puis le sol se met à trembler sous nos pieds, la vaisselle tombe et se brise, les meubles bougent, la panique, la peur, le questionnement. On entend Dante miauler au loin. C'est un tremblement de tere qui ne se termine jamais. La main d'Harry agrippe la mienne, je capte son regard affolé le temps d'une seconde. Mais c'est en même temps rassurant car j'ai l'impression qu'il me dit avec ses yeux qu'il fera tout pour me protéger. Amélia lâche sa fourchette et se lève subitement. Elle a le temps de nous rejoindre et de demander d'une petite voix étranglée :
– Harry... Qu'est-ce que ça veut dire ?
La réponse vient à nous avant qu'Harry n'ait pu ouvrir la bouche. Je ne sais pas ce qu'il aurait répondu. Il n'en a certainement aucune idée, lui non plus. Parce que subitement, le décor change. Il s'étire autour de nous, je cligne des paupières et la maison a disparu. Nous nous tenons tous les trois au milieu d'une grande pièce froide, sombre et austère.
Je lance un regard autour de moi, les doigts d'Harry serrent fermement les miens. Et je comprends. Il ne me faut pas longtemps. L'endroit où nous nous trouvons me devient, à moi aussi, effroyablement familier. J'aurais aimé ne jamais m'y trouver. Ne jamais le revoir.
Amélia, dont les yeux sont ronds d'effroi, laisse échapper des souffles rapides. A côté de moi, encore main dans la main, Harry est figé. Il ne respire plus. Mais je sais qu'à l'intérieur de lui tout est bouleversé. Ils pensaient certainement ne jamais remettre les pieds entre ces murs.
Mais, qu'est-ce que notre présence ici signifie ? A-t-on réussi à déjouer la malédiction ? Avons nous trouver la solution ? Harry et Amélia sont-ils libres ? Et leurs proches ? J'ai l'étrange sensation, cependant, que ce n'est pas la fin heureuse à laquelle j'aspire.
J'ai juste le temps de murmurer le prénom d'Harry dans un chuchotement étranglé par la peur, l'appréhension, l'espoir aussi. L'espoir que toute cette histoire soit enfin terminée, résolue. Mon coeur bat la chamade. Puis un bruit résonne dans un écho terrible. Des mains qui claquent. Je sursaute, nous écarquillons les yeux tous les trois.
Petit à petit, la figure se dévoile au milieu de la pénombre de la pièce. Elle avance, face à nous. Se découvre. Une grande forme élancée, habillée d'un ensemble et d'un long manteau noir. Des gants en cuir couvrent ses doigts interminables. Des yeux d'un gris glaçant, mais qui brillent de puissance, d'une soif de pouvoir insatiable. Et un sourire machiavélique, diabolique, qui me donne froid dans le dos.
Elias.
Il avance jusqu'à se retrouver à quelques pas de nous. Il nous applaudit. Derrière lui, des gardes avancent rapidement et viennent nous encercler. Nous n'avons pas la moindre chance de nous échapper. Ils nous saisissent fermement, je suis obligé de lâcher la main d'Harry qui se débat.
Ses applaudissements sont remplacés par son rire, plus effrayant encore que son sourire. Je me tends, Harry se retrouve à genoux au sol, tenu par l'un des gardes les plus costaux, Amélia tremble, des larmes perlent déjà aux coins de ses yeux.
– Bravo bravo bravo ! Quel plaisir de vous revoir, réellement !
Le son de sa voix est encore plus hérissant en vrai. La scène à laquelle j'avais assisté dans la vision m'avait suffi à comprendre à quel point cet homme était dangereux. Il s'arrête à une distance raisonnable pour tous pouvoir nous regarder, tour à tour. Je me sens comme une proie, prêt à passer sous ses griffes à n'importe quel moment. Mais c'est Amélia qui craque et demande, d'une voix fébrile :
– Pourquoi sommes-nous là ? Nous avons réussi ?
– Oui, et non. A vrai dire je m'ennuyais. Au début, c'était amusant de vous voir désespérer et broyer du noir à ce point. Mais c'est vite devenu lassant. Aucune action, aucun drame. Rien ! J'ai longtemps pensé à vous ramener ici et vous tuer tout de suite.
Je serre les poings, même si le moindre geste déplacé m'amènerait sûrement à ma mort assurée. Malgré tout ce qui pourrait arriver, tout ce qui pourrait tourner mal, je n'ai pas peur d'être là. Elias est effrayant et va certainement nous torturer pendant des heures, mais j'ai choisi d'aider Harry et Amélia. J'aurais pu faire demi-tour, ne jamais revenir, tenter d'oublier et reprendre une vie normale, me persuader que ce n'était qu'un rêve.
Seulement, j'ai décidé de retourner les voir. J'ai cherché des explications et des réponses à toutes mes questions. Certaines sont encore vagues. Mais je n'ai pas fait tout ça, tout ce chemin, pour me décourager au moment fatal. Ils ont besoin de moi et je refuse de les abandonner. Je leur ai promis et je tiens toujours parole.
Alors, je fixe Elias d'un regard assuré et je ne baisse pas les yeux. Il laisse ses bras retomber le long de son corps et les met ensuite dans son dos, sa posture plus droite et rigide que jamais. Quand il se remet à parler, après quelques secondes de silence, sa voix résonne lourdement dans toute la pièce.
– Puis, un nouveau petit jouet est entré en scène. La cerise sur le gâteau, le feu d'artifice auquel je ne m'attendais pas. Vous imaginez bien ma surprise et ma joie.
Son regard perçant se pose sur moi tandis qu'il s'avance d'un pas en ma direction, je sens ma mâchoire se contracter et je retiens mon souffle. Au sol, à ma droite, Harry se débat et reçoit un coup dans le dos par l'un des gardes qui le tient. Les doigts de celui qui me tient se resserrent davantage sur mes bras, comme s'il savait que mon premier instinct allait être de me précipiter à ses côtés ou autour du cou de leur maître.
Mon coeur loupe un battement, mais je ne fais rien. Je ne bouge pas. Sinon, le sort d'Harry sera pire. Je ne ferais qu'aggraver les choses en cherchant à m'interposer. Même si je brûle d'envie de me débattre pour les empêcher de lui faire plus de mal encore. Les larmes me montent en travers de la gorge, je les ravale difficilement. Elias n'en serait que trop fier.
– Et là, l'histoire a pris un tournant très intéressant. Je croyais que j'allais devoir intervenir, qu'il allait fuir dès la première rencontre. Mais cette histoire étrange de disparition semble l'avoir attiré davantage.Toutes ces questions qu'il se posait, toutes ces réponses qu'il attendait. L'être humain à cette manie d'être... naturellement curieux, vous ne trouvez pas ? A ses risques et périls, mais moi je me suis régalé ! Voir ces deux là se demander, il montre Amélia et Harry du menton, chaque petite seconde de chaque journée si leur nouvel ami allait revenir. C'était... euphorisant !
Mon regard se détache d'Elias pour aller se poser sur eux. Amélia ne retient pas les larmes qui roulent sur ses joues, Harry a la tête baissée au sol, sa respiration lourde fait trembler ses épaules.
– Je n'ai eu besoin de rien faire, je suis resté assit là et j'ai tout observé. Vos discussions, vos disputes, vos rires, vos rapprochements, vos doutes... J'ai même trouvé ça assez drôle de voir ces deux idiots se tourner autour ainsi.
A nouveau, mon attention se tourne vers Elias quand il reprend la parole. A la fin de sa phrase, il nous désigne Harry et moi d'un regard pétillant de malice. L'implication de ses mots font chauffer mes joues et je me suis stupide de me mettre à rougir maintenant. Se tourner autour.
Mais je n'ai pas le temps de vraiment y réfléchir, de me dire que peut-être alors Harry avait les mêmes envies que moi, que peut-être il a pensé plusieurs fois à m'embrasser, lui aussi. Elias nous sourit, du coin des lèvres, et continue :
– C'est à ce moment là, en vous regardant vous amouracher sous la neige, que je me suis dit : et si on pimentait cela un petit peu ? Voyez vous, j'aime les fins tragiques. J'en raffole. Les amants qui se tuent par amour, les êtres qui sont déchirés par la vie, les coeurs qui saignent, les retrouvailles impossibles, la cruauté de la mort, et j'en passe.
Vous amouracher sous la neige. Je baisse les yeux au sol, la gorge sèche. Pourquoi est-ce que je me sens soudainement honteux de m'être attaché à ce point à Harry, alors que je devais d'abord les aider à se défaire de cette malédiction ? Je sais que je n'ai rien à me reprocher. Ils sont devenus mes amis au fil du temps, et j'aimerais qu'Harry soit un peu plus que ça. Ce n'est pas un crime.
Mais je crois aussi qu'Elias fait ça pour nous provoquer, pour nous forcer à craquer, pour rendre ce moment encore plus difficile à supporter. Les secondes s'écroulent comme des heures, interminables. C'est un cauchemar sans fin.
– Comme je suis un homme fondamentalement bon, et comme vous allez mourir dans peu de temps, je vais vous donner la réponse à votre malédiction.
Elias joue avec nous. Il s'amuse à nous faire attendre, perdre patience. Il tend les bras, joint ses mains gantées devant nous. Et elle apparaît quand il les ouvre. La pierre. Brillante d'un pouvoir sombre, elle tourne sur elle-même, en apesanteur devant nous.
Je retiens mon souffle, nos trois regards sont rivés sur elle. Si elle est ici, avec nous et plus dans la maison, cela veut dire qu'ils sont libérés n'est-ce pas ?
– Vraiment vous allez rire, c'était un jeu d'enfant.
Un sourire qui fait froid dans le dos prend place sur son visage satisfait et me retourne l'estomac. D'une seconde à l'autre, mes genoux peuvent lâcher et je m'écroulerai au sol, parce que je n'ai aucune force. Et je sens que ce n'est que le début, qu'Elias va prendre un malin plaisir à tous nous faire souffrir.
Son regard, illuminé d'un appétit vorace, s'attarde sur chacun de nous. Il se délecte de nos réactions. Je suis devenue une proie, au même titre qu'Harry et Amélia il y a cinq ans, parce que mon histoire s'est mêlée à la leur, parce que nos chemins se sont croisés et j'ai décidé de revenir.
Puis, un souffle glacial descend sur nous, c'est l'atmosphère entière de la pièce qui change quand Elias reprend enfin la parole, sa voix sonne comme une sentence :
– Il suffisait d'un sacrifice. Du sang versé dans la maison et un corps offert à la mort. Aussi simple que cela.
Un sacrifice. La mort. L'un d'eux devait mourir. Mon souffle se bloque dans ma gorge, je suis forcé de baisser les yeux au sol quelques secondes pour tenter de calmer les battements de mon coeur et retrouver une respiration à peu près normale. C'est compliqué de se ressaisir quand, à quelques pas de moi, se tient l'un de plus puissant magicien, sorcier, que sais-je, au monde. Capable de me tuer en un tour de doigts, d'un battement de cils.
– L... Louis devait nous tuer ?
C'est Amélia qui a posé la question et elle me retourne l'estomac. J'ai envie de tomber à genoux et pleurer toutes les larmes de mon corps. Et si c'était vrai ? Et si tout ce que j'ai vu dans mes cauchemars, leurs corps inertes, le sang, les plais, les blessures, la mort... Si tout ça, c'était de ma faute. Si c'était moi, leur meurtrier depuis le début ? Ça n'a aucun sens, je ravale mes sanglots et serre les poings davantage.
– Non non, Elias secoue la tête en fronçant les sourcils, vous ne deviez être livrés qu'à vous même. Il n'avait aucun rôle à jouer dans votre dénouement. Bien que, maintenant que j'y pense, ça aurait été nettement plus tragique qu'il soit obligé de vous tuer !
Je ne sais réellement pas ce qui me retient de lui sauter à la gorge.
– Louis n'aurait jamais dû vous rencontrer, c'était un simple imprévu mais je me suis approprié son apparition et j'en ai fait un explosif. C'est vrai, la maison ne prenait vie pour le reste du monde qu'une seule fois dans l'année, je pensais que ça allait être plutôt amusant de vous laisser une chance. Il a quand même fallu cinq années pour qu'un imbécile vous trouve. Toute cette histoire de temps qui passe et s'arrête, les disputes avec ses parents, ses amis, ses cauchemars et visions que je lui envoyais pour qu'il revienne vous voir. C'est moi qui lui ai ouvert les portes de la maison hier, je savais qu'il allait tomber dans la tête la première dans la gueule du loup. Je voulais du spectacle, du grandiose ! Et je l'ai eu !
J'ouvre grand les yeux, le souffle court. Mes cauchemars. Ils viennent donc de lui. C'est Elias qui m'a envoyé toutes ces images horribles dans mon sommeil afin que je retourne sur mes pas. Il s'est amusé à tous nous torturer, à nous faire nous questionner pour mieux nous détruire ensuite. Et quand j'y pense, j'ai envie d'hurler. Je n'aurais jamais dû rencontrer Harry et Amélia, il n'était pas prévu que je rentre dans leur maison, que je les trouve et que je noue des liens avec eux. Et pourtant, je suis là aujourd'hui, à leurs côtés.
Une nausée soudaine me prend, j'ai la gorge serrée. Je sens les doigts du garde se resserrer autour de mon bras, parcouru de fourmillements, alors que je tangue lentement sur mes pieds. A ma gauche, j'entends la voix tremblante et incertaine d'Amélia s'élever.
– Mais, mais je l'ai lu dans mes cartes. Une personne... une personne allait venir nous sauver. Et Louis...
– Vous sauver ? Il rit. Ma jolie, ce que vousêtes naïve. Il n'a jamais été question de ça. Vous pensiezréellement qu'un pathétique petit être humain allait pouvoir vous sauver cette malédiction sans éviter à l'un de vous une mort terrible ? Je vous l'ai dit, on ne peut pas contourner les règles. Le sang doit couler, d'une manière ou d'une autre. Et, malgré l'intervention imprévue de ce misérable pantin, il m'adresse un regard de travers, les choses sont vite redevenues... ennuyantes.
Amélia baisse la tête, Harry n'a toujours pas bougé et c'est à peine s'il respire, voûté au sol. Mais il est plus attentif que jamais à chacune des paroles d'Elias. Je n'ai aucune idée de ce qui nous attend et ça me pétrifie littéralement de peur.
Une petite grimace d'agacement étire le visage d'Elias, il hausse vaguement les épaules puis reprend :
– Pour être honnête, vous me décevez beaucoup. Je pensais que ma petite énigme allait vous intriguer et que vous chercheriez au moins à vous rebeller, à me donner de l'action. Cinq ans... J'ai attendu cinq longues et interminables années pour qu'il se passe enfin quelque chose d'intéressant !
Sa voix s'élève et, en-dessous de son amusement apparent se cache une colère qui bouillonne en lui, qui ne demande qu'à sortir. Ses yeux brillent d'une lueur étrangement intense. Il passe une main dans ses cheveux grisonnants parfaitement coiffés et réajuste ensuite ses gants.
– Les temps ont changé, on dirait bien qu'on ne peut faire les choses que par soi-même maintenant si l'on veut être un minimum satisfait. Alors... mettons tout de suite au travail n'est-ce pas ? J'ai assez patienté, il me semble. Et vos proches aussi, si je me trompe. C'est affreusement long cinq ans dans une cellule à attendre votre retour.
Il lisse les manches de sa veste tandis que son regard tombe sur nous, le sourire qui habille ses lèvres n'a rien de rassurant. Plus les secondes passent, plus il devient malsain et effrayant. Je devrais avoir peur, je devrais me soumettre à sa puissance, à son pouvoir, mais je ne suis pas lâche à ce point. Harry et Amélia ont eu la force de se battre jusqu'ici, d'affronter son regard, ses remarques il y a cinq ans. Ils ont eu la force d'attendre et de trouver une solution. Ils ont encore la force de se tenir devant lui.
Je reprends mon souffle, la poitrine tremblante et, d'une voix que je ne reconnais même pas, je dis froidement :
– Vous êtes un monstre.
C'est comme si je venais de lâcher une bombe. Un silence de plomb tombe dans la pièce et un froid s'abat sur moi. Les yeux d'Elias se fixent sur moi, je ravale ma salive. Il garde son sourire tout en s'avançant vers moi, lentement. Trop lentement. D'un pas félin. Je me tends, les poils frémissent sur mes bras.
– Oh non, je suis un génie. Et je vais prendre un malin plaisir à tous vous déchirer morceau par morceau. Je me demande bien par lequel d'entre vous je vais pouvoir commencer d'ailleurs...
Ses doigts tapent docilement sur son menton quelques secondes tandis qu'il réfléchit à son choix. Derrière moi, les gardes qui ne font aucun mouvement et nous tiennent captifs depuis tout à l'heure, semblent se raidir davantage. Celui qui me surveille me tire un peu sur le bras et je suis obligé de me redresser le dos droit, d'être correctement face à face avec Elias.
Les battements de mon coeur s'accélèrent. Je ne présage rien de bon. Il est à quelques centimètres seulement de moi. Je peux sentir tout son pouvoir m'étouffer et m'envelopper alors qu'il ne me touche même pas. Son regard planté dans le mien, mais je ne flanche pas. Je ne baisse pas les yeux. Il sourit en coin, croise les bras dans son dos et hausse les épaules.
– Pourquoi pas vous ? Je peux vous montrer à quel niveau mon génie s'élève, qu'en dites-vous ?
Sans que je ne la vois venir, sa main saisit fermement mon cou et s'enroule autour de ma gorge. Je me débats comme je peux, mais mon souffle est précipité parce que je suis en train de le perdre. Il m'étrangle, juste assez pour me couper la respiration et me garder conscient à la fois. J'ai du mal à garder mes yeux ouverts et rivés sur lui, je lutte. Le garde ne me lâche pas, il tient fermement mes bras dans mon dos pour que je ne touche pas Elias. Mais il garde une emprise totale sur moi.
– Louis...
C'est Amélia qui m'appelle, je reconnais sa voix fébrile et son ton paniqué. Elle sanglote et je serre les poings. Je suis tellement impuissant. Il peut me tuer en appuyant juste assez et je n'aurais même pas l'occasion de tenter de sauver la vie de mes amis.
Autour de ma gorge, ses doigts se serrent petit à petit. Son contact est brûlant et m'amène les larmes aux yeux. C'est plus fort que moi. Ma tête se penche légèrement en arrière quand il me soulève du sol, mes pieds n'ont plus rien pour les retenir et pendent, se débattent dans le vide. J'étouffe d'un air que je n'ai bientôt plus.
J'ai peur. A cet instant, je suis mort de peur. Mon souffle paniqué, rauque et les battements assourdissants de son coeur sont tout ce que je peux entendre autour de moi. Mon visage se crispe de douleur, j'ai la sensation que tout mon corps est sur le poids d'exploser.
J'ai le temps de lire de la satisfaction malsaine et du plaisir intense dans le regard d'Elias. Me voir si vulnérable le rend euphorique, il sourit de toutes ses dents et ne cache pas son extase. Je peux jurer que ce moment dure une éternité, de longues minutes qui n'en finissent jamais. En réalité, cela doit se dérouler sur seulement plusieurs secondes. Mais la sensation de mourir à petit feu est éternelle.
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