Partie IV - chapitre trois :
3.
C'est la sœur d'Harry. La sœur d'Harry nous a délivré. Mais avant que je n'ai le temps de demander moi même, Amélia me devance alors que nous sortons de la cellule, discrètement.
– Comment tu t'es échappée ?
– Grâce à cette adorable petite boule de poils.
Je baisse les yeux vers Dante qui se met à tourner autour de nos jambes. Gemma tient fermement la clef entre ses doigts, Amélia doit sentir mon questionnement parce qu'elle se penche vers moi et chuchote :
– Gemma est capable de communiquer avec les animaux.
– Je l'ai entendu se promener dans les cachots, continue la jeune femme. Ses gémissements surtout, il cherchait Harry, il vous cherchait. Je l'ai appelé à moi et je lui ai demandé de me ramener les clefs de ma cellule.
– Comment il a pu faire ça ?
Seulement la moitié de son visage est éclairé mais je devine le sourire de Gemma.
– Un garde faisait un petit somme et Dante sait se faufiler partout sans faire aucun bruit. Ensuite, il a suffi qu'il me ramène la clef et j'ai pu ouvrir moi même. Les cellules annulent nos pouvoirs, sinon nous aurions pu nous échapper depuis longtemps déjà.
Je hoche lentement la tête, les yeux baissés vers Dante qui se lèche la patte. Amélia se masse les poignets, je sens encore la peau des miens qui me pique. Elle regarde Gemma, puis affirme à voix basse :
– Il faut qu'on aille trouver Harry.
– Avant, nous devons aller délivrer les autres. Nous n'arriverons pas à vaincre Elias seuls, il est bien trop puissant.
– Tu sais où ils sont tous ?
– Non, mais Dante peut les entendre et les sentir.
Nous suivons alors attentivement le chat qui nous guide entre les couloirs. Malgré tout, nous restons sur attentifs et essayons de faire le moins de bruits possibles. Nous manquons de croiser la route d'un garde qui fait des rondes dans les cachots. Immobiles et collés au mur, nous retenons notre souffle et Amélia prend Dante dans ses bras afin qu'il ne s'aventure pas plus loin et attire l'attention sur eux.
Mais le garde s'approche dangereusement, je tente de calmer les battements incessants de mon coeur. Quand il tourne la tête vers nous, j'ouvre grand les yeux, Gemma tend la main et murmure quelques mots qui le font se figer et s'écrouler au sol.
– Il est simplement endormi, il ne devrait plus nous causer de soucis.
Elle précise cela tout en me jetant un coup d'oeil alors qu'elle se penche pour lui attacher les mains dans le dos avec un de ses lacets. Nous n'attendons pas une seconde de plus pour reprendre notre chemin. Les couloirs sont à peine éclairés, étrangement silencieux et humides. Gemma se penche vers moi, tandis que nous continuons de chercher le reste des prisonniers.
– Et toi alors, je ne pense pas qu'on se connaisse... Qui es-tu ?
– Louis. Je... euh...
– Il est venu nous sauver.
Amélia se tourne vers nous avec un petit sourire que je lui rends sans hésiter. Gemma s'apprête certainement à répondre, mais Dante s'arrête dans sa marche et se met à miauler. Je lève le regard, la boule de lumière de Gemma s'avance et éclaire une autre cellule. Il y a plusieurs personnes à l'intérieur. Elle se dépêche de leur ouvrir et Amélia va l'aider à les faire sortir pendant que je surveille les environs.
Ils s'enlacent tous rapidement, les larmes aux yeux. Je reste sur le côté tandis qu'ils sortent tous, ils doivent être cinq. Femmes et hommes, il y a même une petite fille qui ne doit pas avoir plus de dix ans. Nous continuons notre recherche dans les couloirs sombres, à l'affût du moindre bruit qui pourrait signaler la présence d'un gars. A notre plus grande chance, nous n'en croisons que deux que Gemma et le garçon à ses côtés endorment à l'aide de leurs pouvoirs. Je ne comprends pas encore comment ça fonctionne, mais c'est efficace.
Nous délivrons des personnes dans une autre cellule, et je crois que ce sont les parents d'Harry et Gemma car, quand la porte s'ouvre, elle se précipite vers eux et pleure dans leurs bras. Ils la serrent si fort que j'en ai la gorge nouée. Quand nous arrivons à la prochaine cellule, c'est Amélia qui fond dans les bras d'une jeune femme que je reconnais immédiatement comme Mitsuko. Elles pleurent toutes les deux et s'enlacent un long moment. Amélia se recule et lui embrasse le front, je n'imagine pas à quel point elle doit être soulagée.
Il nous faut quelques minutes pour nous rassembler. Nous sommes maintenant une vingtaine, Gemma s'assure que nous avons bien récupéré tout le monde et se tourne ensuite vers nous.
– Le compte est bon. Nous allons monter là-haut sauver Harry et empêcher Elias de mettre son plan à exécution. Amélia, Louis, occupez vous de mettre ceux qui sont sans pouvoirs en sécurité et...
– Je viens avec vous.
Ma voix a interrompu Gemma avant même que je ne m'en rende compte, déterminée. Tous les regards se tournent vers moi, d'habitude j'aurais détesté être le centre de l'attention, mais je n'ai pas le temps de m'occuper de ça maintenant, il y a des vies à sauver. Gemma inspire en me fixant, je continue avant qu'elle ne puisse répondre.
– Je refuse de laisser Harry, je lui ai promis que je le sauverais.
– C'est dangereux pour toi Louis... Elias est plus fort que tu ne le crois et...
– Harry risque de sa vie de ma faute, c'est la moindre des choses. Que tu le veuilles ou non, je viendrais, par la force s'il le faut.
Elle se rend bien compte que je ne vais pas changer d'avis, elle soupire lourdement et finit par hocher la tête. L'expression figée. Amélia rassemble toutes les personnes sans pouvoirs avec elle, Gemma désigne un sorcier qui ira avec eux pour les protéger si jamais ils croisent la route de gardes.
Amélia me serre dans ses bras et me remercie, elle me demande de faire attention à moi et de revenir vivant avec Harry. Je lui souris, les yeux humides de larmes que je retiens, et elle s'éclipse avec les autres, Dante les suit. Nous sommes douze, Gemma me fait signe de rester derrière eux, et nous avançons rapidement vers les escaliers qui mènent à la sortie des catacombes et vers Harry.
La première chose qui me frappe quand nous nous émergeons dans une pièce, c'est le silence effroyable qui résonne entre les murs. Aucun bruit. Et ce n'est pas le moins du monde rassurant. Mon coeur bat la chamade, tandis que nous parcourons la pièce à la recherche d'une présence.
A part la lumière créée par les pouvoirs des sorciers qui m'entourent et me protègent, les pièces immenses sont plongées dans un noir complet. Angoissant. Je respire à peine, je guette le moindre bruit. Je ne peux pas m'empêcher de me dire que ce calme n'est pas normal. Il devrait y avoir des cris, des pleurs, des gémissements, des effusions de pouvoirs et de lumières.
Le temps me semble affreusement long, les secondes passent comme des heures et j'ai simplement envie de retrouver Harry et d'en finir avec toute cette histoire. J'ai envie de retourner dans la maison, qu'il m'apprenne à prendre soin des plantes, qu'il me montre les constellations dans le ciel et revoir son sourire. Parce que la dernière fois que j'ai croisé son regard, il n'était rempli que de larmes.
Nous pénétrons dans une nouvelle lorsque je les entends. Des sanglots étouffés. Gemma se fige, je suis presque collé à elle et je cesse de respirer pour écouter attentivement. Puis on m'appelle. Une voix que je reconnais sans aucune hésitation murmure mon prénom. Harry. C'est lui. Mon coeur loupe un battement et je me précipite vers sa voix.
– Louis attends...
Je n'écoute pas Gemma, je cherche simplement à le trouver dans la pénombre. La lumière s'étend dans la pièce, depuis le plafond, grâce à leurs pouvoirs. Je regarde autour de moi et me fige. Harry est étendu dans un coin de la pièce, près d'un mur, ensanglanté et tremblant.
– Harry !
Sans attendre, je cours vers lui. Derrière moi, j'entends Gemma m'appeler et les autres m'avertir. Tout ce que je vois, c'est le sang et les larmes qui tarissent son visage pâle. Je m'accroupis devant lui, passe mes doigts contre sa joue glacée. Il suffoque, sanglote et je pose une main sur sa poitrine noyée dans le sang.
Alors que je m'apprête à lui demander, la gorge nouée par les larmes, ce qui s'est passé. Ses doigts saisissent subitement mon poignet, fermes et durs, je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche que son apparence change. Harry disparaît et je me retrouve emprisonné par un garde. J'ai été assez stupide pour tomber dans le piège, je serre les dents de rage et derrière moi un rire résonne. Un rire que je ne connais que trop bien.
Je me tourne comme je peux, agenouillé au sol tandis que le garde me tient les bras dans le dos. Elias entre dans la pièce, l'air détendu et victorieux. Du coin de l'oeil, je vois Gemma et les autres tenter de s'approcher et préparer leurs attaques, mais Elias a juste à tendre le bras pour les figer dans leurs gestes.
– Croyez vous vraiment que ça aurait été aussi facile ? Je ne suis pas dupe vous savez, je vous ai entendu arriver et vous libérer. Je dois reconnaître que vous êtes tous très malins, mais pas autant que moi...
– Où est Harry ?! Qu'est-ce que vous avez fait de lui ?
Ma voix est vibrante de colère, je ne la reconnais presque pas. Le regard que m'accorde Elias est tout sauf amusé, ses yeux lancent des éclairs et je sens mon sang se glacer sous ma peau. Mais je garde la tête haute, le coin de ses lèvres se tord dans un rictus, presque une grimace.
– Pourquoi autant de sérieux ? Je n'ai fais que me distraire un peu avec lui. Il va bien, enfin il respire encore du moins.
Derrière son masque d'humour, je peux sentir toute sa cruauté et sa soif de pouvoir. Je serre les poings dans mon dos, le garde tire sur mes bras pour me tenir avec plus de fermeté. Elias soupire lourdement, je regarde Gemma et les autres sorciers, prisonniers du sort d'Elias et qui ne peuvent faire aucun geste. Ils sont obligés de regarder, impuissants.
– Je veux le voir.
J'ai cette envie insupportable de pleurer et hurler en même temps. Ma gorge est nouée comme jamais, je ne sais pas où je puise la force de parler et garder une voix stable. Elle résonne entre les murs, un écho lointain qui peut-être parviendra aussi aux oreilles d'Harry.
Les lèvres d'Elias se tordent en un sourire narquois, il tient toujours une de ses mains en l'air pour garder l'emprise sur le reste des sorciers, mais il s'avance lentement vers moi. Je le regarde droit dans les yeux, maintient son regard et répète :
– Je veux voir Harry.
Il s'arrête à quelques pas de moi. Il me domine de toute sa taille, de toute sa puissance et ses pouvoirs, mais je n'ai pas peur. Je pense à Harry. Je pense à Amélia, aux innocents que nous avons sauvés. Nous avons peut-être encore une chance de gagner, de survivre.
– Bien entendu qu'Harry peut se joindre à nous !
D'un mouvement fluide de sa main libre, il fait apparaître un nuage de fumée noir derrière lui. Elle se dissipe petit à petit et laisse apparaître le corps d'Harry, étendu au sol. Contrairement à ce que j'ai pu voir quelques minutes avant, il n'est pas maculé de sang. Mais son teint est pâle, ses cheveux s'étalent dans les sens autour de son visage, il tremble, les yeux à moitié ouverts, humides de larmes. Il semble au bord du coma, ou de la mort je ne sais pas et ça me fait paniquer.
Les larmes me montent aux yeux. J'appelle son prénom, la voix rauque et brisée, mais je n'ai pas l'occasion de faire un seul geste. Le garde m'enserre le poignet et me tire en arrière contre lui, m'entoure le cou avec son autre bras et je suffoque presque. Elias nous regarde tour à tour, Harry et moi, un sourire fier illumine sa bouche fine.
D'un coup, une lumière explose sur ma gauche et un bruit sourd résonne dans toute la pièce. J'ai le temps de voir le visage d'Elias se figer et Gemma et les autres se libérer. Ils serrent tous les poings et des flammes de différentes couleurs jaillissent de leurs doigts, s'animent autour de leurs mains contractées. Gemma, la mâchoire serrée et le regard de braise, élève la voix sur un ton vibrant de colère.
– Personne n'a le droit de faire du mal à mon petit frère. Et vous allez payer pour ça !
Elle tend les mains et un flot de pouvoir rouge s'échappe de ses paumes pour se jeter sur Elias. Il le rejette d'un coup de poignet, mais les autres sorciers viennent au secours de Gemma et réunissent leurs magies tous ensemble pour attaquer Elias. Cette concentration d'énergie qui déferle sur lui le surprend et le fait tanguer. Il ne s'écroule pas, il se rattrape de justesse, mais cet affront le met dans une colère folle. Ses yeux transpirent de peur. Au final, il se rend compte que, tout seul face à un groupe de sorcier, il n'est peut-être pas si puissant que cela.
J'en profite de mon côté pour me libérer. Je donne un coup de coude entre les jambes du garde qui se plie de douleur en jurant. Ce laps de temps me permet de me défaire de son emprise et m'éloigner de quelques pas de lui, il n'a pas l'occasion de me rattraper parce que Lucas, un cousin de la famille d'Harry, l'envoie voler à l'autre bout de la pièce et il ne se relève plus. Je cours alors vers Harry, le coeur au bord des lèvres.
Mes genoux claquent au sol quand je me laisse tomber près de lui, j'ignore la douleur qui s'éveille et chauffe dans tout mon corps, mes poignets, ma gorge et mon ventre. Je dois garder mes dernières forces pour lui. Mes doigts tremblent quand je les passe entre ses boucles, je ne sais pas s'il parvient à me voir derrière ses paupières à moitié fermées, elles papillonnent. Je pose une main sur sa poitrine, elle se soulève à peine, faiblement, chaque respiration qu'il prend semble être un supplice atroce. Son visage est tiraillé par la fatigue et la souffrance.
– Harry ?
Je passe mes doigts contre sa joue, sa peau est froide, presque glacée. Son corps est rigide, tendu. Les traces des larmes sont encore dessinées sous ses yeux. Je prends sa main dans la mienne, et même si ma gorge est nouée, je parviens à lui demander :
– Harry... Harry serre mes doigts si tu m'entends...
Ma voix enrouée tremble. Je parle tout près de son oreille afin qu'il puisse sentir mon contact, la chaleur de mon corps. Sentir qu'il n'est plus tout seul. Que je suis là. Qu'il est sauvé.
Autour de nous, la bataille fait rage. Des cris, des couleurs, des pouvoirs explosent de partout. Je ne sais pas combien de temps ils pourront tenir, je ne sais pas s'ils sont assez forts pour battre Elias, mais je dois mettre Harry en sécurité et m'assurer qu'il va bien.
– C'est moi... c'est Louis, je t'en prie. S'il te plaît serre mes doigts si tu entends ma voix.
Mais il ne réagit pas. Ses doigts restent figés entre les miens, je sens une larme rouler sur ma joue. Un jet bleuté vole à la vitesse de l'éclair au-dessus de nos têtes et s'écrase contre le mur derrière nous. Des bouts de pierre s'écroulent lourdement au sol, le font trembler. J'entends crier, je serre Harry contre moi en fermant les yeux et si Anne n'avait pas monté un champ de force autour de nous, nous serions coincés sous les débris. Nous sommes protégés par une sorte de bulle transparente, dont je perçois quelques ondulations sous la lumière. Les gravats s'étalent autour de nous dans un nuage de poussière.
Anne nous lance un regard inquiet, pour son fils surtout, qui n'émet toujours aucun signe de vie. Si ce n'est sa faible respiration. Gemma l'appelle au loin, je croise ses yeux et hoche la tête, elle retourne au milieu du combat. Je porte à nouveau mon attention sur Harry, pas le moins du monde perturbé par les évènements qui se déroulent autour de nous.
– Tu... C'est comme quand on s'est retrouvé, tu as entendu ma voix, j'ai entendu la tienne je... Laisse moi te retrouver, je t'en supplie... Harry...
Toujours aucun geste. Aucune réaction. Les larmes baignent mes joues, je penche la tête et pose mon front contre le sien. Ses paupières sont définitivement fermés, je le prends dans mes bras et embrasse son front. Même ici, enfermé je ne sais où, au milieu de nul part, son odeur est encore partout sur lui. La terre et les plantes du printemps et la vanille. Elle me prend à la gorge et me ferait presque sourire.
Peut-être qu'il est simplement trop épuisé pour se manifester, mais qu'il peut toujours m'entendre. Alors, j'approche ma bouche de son oreille et ferme les yeux. Rien que pour nous deux, comme un secret que je lui confie, je lui murmure tout bas :
– Je vais te sauver Harry, je... je te promets que je vais te sauver. Même si je dois y laisser ma vie.
Je reste plusieurs secondes à l'enlacer, ça n'est jamais assez. Le temps est précieux. Quand j'ouvre les yeux, la protection autour de nous a disparu. Elias est encore en plein combat avec d'autres sorciers, deux d'entre eux se battent avec des gardes qui sont venus en renfort, Lucas est au sol, inconscient.
Puis je vois Gemma qui me fait signe de partir, de m'éloigner avec Harry. Je ne veux pas les laisser seuls face à Elias qui se défend toujours très bien, mais je n'ai pas le choix et je ne leur suis d'aucune aide. Je ne ferais que les retarder et les mettre plus en danger.
Difficilement, je me redresse en portant Harry contre moi. Ses pieds traînent au sol et j'ai du mal à le tirer avec moi, mes muscles sont épuisés, mais je serre les dents et je puise dans toutes les dernières forces qu'il me reste.
Seulement, je n'ai l'occasion que de faire une dizaine de pas parce qu'un poids nous frappe dans le dos et je m'écroule avec Harry au sol. Je préviens la chute comme je le peux. Mon souffle se coupe et j'ai le goût du sang dans ma bouche. J'entends un rire derrière moi et j'ai juste le temps de me retourner et voir Elias avancer vers nous.
En fond, je comprends de quelle manière il a pu s'échapper. Des gardes sont arrivés par dizaine et encerclent Gemma, Anne et les autres sorciers qui n'ont pas moyen de se défendre. Ils ne sont pas assez nombreux et se retrouvent prisonniers, les mains dans le dos et tenus par les bras ou le cou. Je me redresse sur mes coudes, les yeux grands ouverts sous la surprise et la panique. A côté de moi, Harry est encore allongé, ventre contre le sol.
– Qu'est-ce que...
Mais je ne finis pas ma phrase, Elias serre ses doigts devant lui et je sens une force me comprimer la poitrine, je retombe en arrière, le souffle coupé. Il se dirige dangereusement vers Harry, je monte une main tremblante vers lui et saisis ses doigts glacés. Je tente de l'appeler, de dire son prénom mais ma propre voix est coincée au fond de ma gorge.
Les larmes affluent au bord de mes paupières, bientôt l'ombre d'Elias arrive au-dessus de nous. Immense, menaçante. J'ai peur. J'ai peur pour Harry. J'aurais pu le sauver, j'aurais pu le mettre à l'abri avec Amélia, et maintenant nous allons tous mourir de ma faute.
– Vous m'avez causé assez de soucis comme ça, je pense qu'il est temps qu'on en finisse, non ? Dommage, moi qui m'amusais si bien !
J'étouffe un sanglot étranglé, la colère bouille et s'éveille en moi. Je la sens pulser dans mes veines et chauffer au creux de mon estomac. Un sourire malsain se dessine sur les lèvres d'Elias, je ne vois que lui, la soif de mort et de pouvoirs dans ses yeux. Elle ne m'effraie pas, elle me révulse.
Il bouge son bras, sort un poignard de sa ceinture et le fait tourner entre ses doigts. Je serre les dents. Il prend son temps, il nous torture, parce qu'il n'a plus rien à perdre. Les battements de mon coeur s'accélèrent, les poils sur mes bras se hérissent. Je tourne la tête vers Harry, son visage est à moitié tourné vers moi. Ses paupières sont toujours fermées, ses cheveux tombent devant son front. Je ne peux pas m'empêcher de le trouver beau. Une larme roule sur ma joue, je serre mes doigts entre les siens et murmure du bout des lèvres des mots que lui seul peut entendre.
On se retrouvera.
Ici. Dans une autre vie. Dans un autre univers. Peu importe. Mais ce n'est pas fini. Je refuse de croire que c'est la fin pour nous. Je n'ai même pas eu l'occasion de lui avouer ce que je ressentais.
Je regarde à nouveau Elias, il avance d'un pas et saisit fermement Harry par les cheveux. Je vois son poignard qui se lève, l'air euphorique sur son visage. Puis, je pousse un crie qui me déchire les poumons et me redresse.
Je ne sais pas par quelle force, je ne sais pas ce qui m'a poussé à surmonter son emprise sur moi, mais je me jette sur lui avant que la lame n'aie le temps de rencontrer la gorge d'Harry. Son corps retombe au sol, je pousse Elias de toutes mes forces, il tient mon bras. Ses gants me brûlent la peau, il croise mon regard et sourit.
Puis j'entends un cri. Ce n'est pas le mien. Perçant, il résonne dans la pièce, un cri d'horreur. Qui me glace le sang. Elias se met à rire. Je ne comprends pas tout de suite.
C'est seulement quand je baisse les yeux entre nos deux corps que la réalité me frappe de plein fouet. Le monde s'écroule autour de moi. Ma respiration se coupe, mes yeux s'écarquillent et je m'étouffe davantage dans mes sanglots ou le sang qui s'accumule dans ma bouche.
Elias, un sourire satisfait sur les lèvres, tient fermement le poignard enfoncé dans mon flan, il l'enfonce, je sens le sang qui coule sur mon menton, se mêle à mes larmes. Il le tourne et je gémis de douleur. Je ne lâche pourtant pas son regard. La lame est glacé, ma plaie est brûlante.
Il m'adresse un dernier sourire puis retire le poignard subitement de ma peau. L'air quitte mes poumons. La souffrance s'intensifie. Je suffoque. Les larmes me montent aux yeux.
Le décor tourne autour de moi, mes jambes tremblent. La plaie me lance, le sang coule entre mes doigts lorsque j'essaie de le panser. Je n'ai plus aucune force. Je tombe au sol, lourdement, je gémis une dernière fois, j'entends crier à nouveau. Mon regard parvient à trouver le corps d'Harry, entendu au sol.
Je répète, on se retrouvera on se retrouvera je te le promets avant de sombrer dans un trou noir. Mon coeur s'arrête de battre et je laisse échapper mon dernier souffle.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top