Partie III - chapitre trois :
3.
– Harry ?! Harry je t'ai entendu crier qu'est-ce qui se... Louis ?
Amélia, c'est sa voix à elle aussi. Harry desserre son étreinte rassurante autour de moi, je me détache à contre coeur de lui afin de me retourner. Je sèche comme je peux mes joues humides avec les manches de mon pull et la regarde.
Encore à l'entrée du salon, elle lâche le livre qu'elle tenait entre ses doigts et s'approche rapidement de moi. Ses mains se posent sur mes épaules, son regard est ébahi. Elle semble, elle aussi, sur le point de fondre en larmes. Elle me dévisage comme si elle n'y croyait pas elle même.
Je passe une main sur ma nuque, baisse honteusement les yeux et souffle :
– Je suis désolé...
– Mon dieu Louis !
Ses mains chaudes encadrent ensuite mon visage et je la regarde à nouveau. Elle me sourit, je ne sais pas pourquoi mais elle a l'air vraiment ravie de me voir. Soulagée peut-être aussi ? Ses cheveux ont une couleur bleu nuit maintenant, presque noir.
Elle pose les yeux sur Harry en lâchant mon visage, fronce les sourcils et lui demande :
– Mais comment... ?
– J'ai entendu sa voix.
– Et moi la tienne. Tu m'appelais...
Je me tourne vers Harry qui m'adresse un léger sourire, mais je sens bien qu'il a l'air préoccupé. Parce que, normalement, dans la logique de la malédiction, je n'aurais pas dû les voir avant le trente et un Octobre prochain.
Demain, nous sommes le réveillon de Noël. Je remarque d'ailleurs quelques décorations accrochées aux murs, installés sur le dessus de la cheminée et un sapin illuminé de guirlandes blanches scintillantes dans le coin de la pièce.
– Je n'ai rien entendu, continue Amélia, ce n'est pas possible. Harry, ce n'est pas normal qu'il puisse nous voir...
– Je sais, mais il doit forcément y avoir une raison.
Amélia se penche pour ramasser son livre, tombé au sol sur le grand tapis du salon, elle le serre contre sa poitrine. Elle porte une chemise noire aux motifs étoilés, rentrée dans un pantalon gris clair à fines rayures rouges et blanches, son maquillage fin et discret met en avant les tâches de rousseur sur ses joues et son nez.
C'est indéniablement une femme magnifique, mais mon regard est toujours attiré par la manière dont rayonne la beauté naturelle d'Harry sur son visage laiteux. Mes yeux se perdent sur lui un moment, plusieurs secondes pendant lesquelles je me retiens de respirer. Parce que j'ai l'impression de voir du sang couler de sa bouche et la même expression de douleur et de tristesse que quand je l'ai trouvé, étendu au sol, dans mon cauchemar. J'ai beau essayer, je ne parviens pas à retirer cette image de mon esprit. Elle me hante.
Je les regarde tous les deux, tour à tour. Aussi étrange que cela puisse paraître, je ne suis jamais senti aussi à ma place qu'à présent. Parce qu'ils sont les seuls à me comprendre et à me croire, les seuls à m'écouter.
– C'était lointain, j'ai cru que... la maison était vide et silencieuse, j'ai pensé que c'était mon imagination.
– Je t'ai entendu, mais je ne te voyais pas, explique Harry. Je me suis dit que c'était peut-être Elias qui nous jouait un tour.
– Qui nous dit que ce n'est pas lui qui est quand même derrière tout ça ?
La question d'Amélia jette un froid dans la pièce, le feu de cheminée ne semble pas assez puissant pour nous réchauffer. Un frisson me parcourt le corps, je ne sais pas si c'est psychologique. Mais j'encercle mon corps de mes bras et grimace un peu parce que pendant un instant j'ai oublié la blessure en travers de ma paume. Je regarde ma main, encore salie de terre et de sang à moitié séché.
Directement, le regard d'Harry se pose sur ma main, il s'avance, la prend entre ses doigts. Son contact me réchauffe quelque peu. Il observe la plaie et son bras retombe lentement le long de son corps.
– Viens, je vais te soigner la main. Amélia, tu peux préparer du thé chaud s'il te plaît ?
Elle hoche la tête et se rend dans la cuisine tandis que je suis Harry dans la véranda. Il allume une lumière et se rend directement à sa table de travail. Rien n'a changé depuis la dernière fois que je suis venu. Les plantes poussent et grimpent toujours partout.
Comme ce fameux soir il y a trois ans, Dante nous suit, le bruit de ses pas à peine perceptibles sur le paquet, et monte se rouler en boule dans le petit canapé avant même que je n'y prenne place. De ma bonne main, je lui caresse doucement le dos, il se met à ronronner presque sur l'instant. Mes yeux se posent sur Harry qui, dos à moi, prépare un remède naturel pour soigner ma blessure.
– Comment tu t'es fait ça ?
Son ton est doux, rassurant. Je l'imagine parfaitement rester des heures dans cette pièce à prendre soin de chaque plante, les arroser, caresser leurs pétales, veiller à leur santé, rechercher et concocter des nouveaux soins.
– Une ortie.
Quelques minutes plus tard, il vient s'installer à mes côtés. Ses gestes sont tellement gracieux que je ne le sens presque pas s'asseoir. Il tient un bol dans lequel repose une substance crémeuse et transparente, son odeur mentholée me chatouille les narines.
J'éternue une fois, Harry me regarde en souriant, ses yeux pétillent. Je m'excuse et tend mon bras pour poser ma main retournée, à plat, sur son genou qui frôle le mien. Avec la même concentration que la première fois, il se met d'abord à nettoyer ma plaie. Ses sourcils se froncent légèrement, il passe le bout de sa langue entre ses lèvres et ses doigts frôlent à peine ma peau mais pourtant je les sens. Partout sur moi.
– Harry ?
Il est très silencieux, je n'ose même pas respirer près de lui, de peur de briser ce moment. Je murmure son prénom assez bas pour que lui seul puisse m'entendre. Il semble être absorbé dans son travail, cependant il me fait comprendre qu'il m'écoute en laissant échapper un petit bruit. Son regard ne se détache pas de ma main où il applique lentement la crème et la laisse pénétrer.
Je ne sais pas si c'est réellement le moment propice pour parler de cela, mais j'en ressens le besoin. Malgré tout ce qui a pu se passer ces dernières années, Harry m'a inspiré confiance dès le premier regard. Amélia aussi, avec ses sourires, ses pâtisseries et ses grands yeux pétillants. Seulement, Harry réveille en moi quelque chose différent. Un sentiment différent.
Louis... je t'ai toujours trouvé magnifique.
Perturbé le temps d'une poignée de secondes, je secoue la tête et chasse cette pensée de mon esprit embrouillé. Ce n'étaient que les mots prononcés dans mon cauchemar, pas la réalité. Harry ne m'a jamais dit ça. Harry ne me dira jamais cela non plus. C'est simplement un fantasme que je dois garder secret au fond de moi.
Je me contente de poser discrètement les yeux sur son visage, penché si près vers le mien. Des mèches bouclés lui tombent sur le devant du front et contre ses pommettes, font naître un filet d'ombre sur certaines parties de son visage. Je me mords la lèvre et me lance :
– Ces derniers temps, je... je fais des cauchemars. Enfin, un cauchemar. Toujours le même en fait. J'entre dans la maison et je... vous êtes morts tous les deux. Parfois... Parfois tu es encore vivant quand j'arrive, mais gravement blessé, et tu... je ne peux pas te sauver. Je ne peux pas sauver Amélia non plus. Peu importe ce que je dis ou ce que je fais. Je suis toujours coincé dans ce... ce cercle vicieux. C'est pour ça que je suis venu ici ce soir, je voulais... je voulais m'assurer que...
Mes mots s'enchaînent plus vite que je ne l'aurais cru. Parce que j'ai besoin qu'ils sortent. J'ai besoin que quelqu'un les entende. J'ai besoin de partager ce que je ressens. C'est un contact chaud sur mon poignet qui me fait m'arrêter et reprendre mon souffle. Je baisse les yeux, essoufflé, et remarque les doigts d'Harry posés sur mon poignet. Ils ne bougent pas, ils sont immobiles, mais son contact sur ma peau suffit à me faire reprendre mes esprits.
– Nous allons bien, tous les deux.
C'est sûrement pour cette raison que je lui ai sauté dans les bras quand je l'ai vu il y a de cela quelques minutes. J'assistais à sa mort dans mes rêves, impuissant, et le voir debout et vivant sous mes yeux m'a délivré d'un poids énorme. J'ai serré Harry contre moi pour m'assurer que je n'étais pas encore coincé dans un de mes cauchemars, mais je peux encore certifier maintenant que tout ça est bien réel. Qu'Harry est tout ce qu'il y a de plus vivant et beau sur cette Terre.
– Tu crois que ça veut dire quelque chose ?
– A part le fait que tu dois passer des nuits horribles ? Je ne sais pas. C'est peut-être ton inconscient qui torture.
Harry termine de m'appliquer la crème, son regard alterne entre mon visage et ma main. Il pose ensuite le bol sur une table à côté de lui, j'observe ma paume ouverte sur son genou et ses yeux à lui se concentrent sur ma blessure. Ce n'est plus qu'une plaie légèrement rougie, qui laissera certainement une cicatrice. Un souvenir gravé en moi.
De sa voix lente et douce, il m'explique que je dois laisser sécher à l'air libre le maximum et éviter de me gratter même si ça me démange.
– J'ai eu tellement peur...
– Des orties ? Ce n'est pas une plante vénéneuse, tu ne risques rien.
L'ombre d'un sourire se dessine sur le coin de ses lèvres, assez pour faire apparaître sa fossette. Je pourrais rester des heures ainsi, à observer les détails de son visage sous toutes les coutures. Étudier chaque grain de beauté, les nuances de vert dans son regard, comment elles varient en fonction de la lumière. Je mets quelques secondes à comprendre qu'il blague, pour tenter de détendre l'atmosphère sans aucun doute.
Je souris alors, me mords la lèvre et secoue lentement la tête. Ma main n'a toujours pas quitté son genou, même si à présent je n'ai plus besoin de l'étendre sur lui.
– Non, je parlais de vous. J'avais peur pour vous deux.
– Je sais, il acquiesce, je t'ai entendu là dehors.
Nos sourires meurent petit à petit sur nos bouches. Il me regarde, je le regarde, entourés d'un silence qui n'appartient qu'à nous. Dante, lui non plus, ne fait plus aucun bruit. C'est comme si le monde s'était tu pour nous.
Alors, je suppose que si c'est le moment des confidences, des secrets, j'ai le droit de lui dire tout ce que j'ai sur le coeur. Tout ce qui me pèse depuis des semaines, des mois. Tout ce que personne n'a jamais su entendre. Parce qu'ici, entre les murs de cette maison, ils m'écoutent. Ils me comprennent.
– Harry, je... je suis tellement soulagé de savoir que tu es vivant. Que vous l'êtes tous les deux.
– Il ne peut rien nous arriver de grave ici.
– Je crois que ce que vous vivez est déjà un cauchemar en soi.
Son regard devient, subitement, vide et triste. Ce n'était pas ce que je voulais. Alors, je tends mon autre main, la pose sur la sienne et recouvre ses doigts. Harry ne bouge pas, au contraire, il reste très immobile, droit. Je ne l'entends même plus respirer. Mon geste doit le surprendre. Mais il ne me repousse pas pour autant. Comme lorsque je me suis précipité dans ses bras tout à l'heure, il me répond aussi. Il déplace son petit doigt de façon à ce qu'il passe au-dessus du mien et exerce une légère pression.
– Excuse moi, je souffle enfin, ce n'est pas ce que je voulais dire.
– Ce n'est rien. Et puis, tu as raison.
Je me mords la lèvre, conscient du fait que je viens de lui rappeler la malédiction qui pèse sur son dos et celui d'Amélia. Il n'avait peut-être pas besoin de ça. Je m'excuse encore, timidement, il se contente de m'offrir un sourire triste. Je vois toutes les étincelles qui meurent dans ses yeux et je m'en veux atrocement d'en être la cause.
Un court silence s'installe à nouveau, pesant cette fois. Je ne sais jamais trouver les bons mots. Je devrais les rassurer, comme ils ont su le faire avec moi quand j'en avais besoin. C'est ce que j'aurais dû faire, au lieu de les fuir. Je baisse le regard vers ma blessure en soupirant. Je peux sentir le souffle chaud d'Harry caresser le haut de mon front, c'est étrangement rassurant.
– Il ne faudrait pas que ça devienne une habitude.
Un léger sourire sur les lèvres, je regarde Harry. Il fronce les sourcils, je montre ma plaie d'un geste de la tête. Alors, à son tour, il se met à rire silencieusement. La lueur dans ses yeux se rallume et j'ai le temps de la voir une poignée de secondes. Jusqu'à ce qu'une autre voix, féminine, se fasse entendre à l'autre bout de la pièce.
– Je viens vous prévenir que le thé est prêt.
Harry et moi tournons le regard en même temps vers Amélia, elle nous observe avec un sourire que je ne saurais déchiffrer. Je lâche subitement la main de Harry et repose les miennes de mon côté. Un froid me traverse le corps. Il se lève, va se laver les mains. Amélia le fixe, les yeux pétillants. Je me redresse aussi, remercie Harry pour les soins et rejoins la cuisine.
Dante nous rejoint à peine cinq minutes plus tard, suivit par Harry. Ils ne se quittent jamais vraiment, comme l'ombre l'un de l'autre. Le chat grimpe sur la chaise vide à mes côtés, ronronne et frotte sa joue gauche contre mon épaule. Je souris et lui caresse le cou, tandis qu'Harry se sert une tasse de thé, lui aussi.
Amélia est debout près de l'évier, elle se ressuie les mains et m'adresse un sourire. Je joue avec un bout de sucre, reprends mon souffle et me lance :
– Je voulais vous dire... je suis désolé, je suis désolé d'être parti comme ça la dernière fois, de ne pas être revenu, de m'être emporté, mais je... j'avais peur et je ne savais pas comment appréhender cette nouvelle. C'est énorme, et j'avoue que j'ai encore du mal à tout comprendre... je suis désolé... je suis désolé de ne pas être celui que vous espériez.
– De quoi tu parles ?
C'est Amélia qui me pose la question, sa voix est toujours aussi douce. Je lève les yeux vers elle et hausse les épaules. Harry ne dit rien, mais son regard est fixé sur moi.
– Ce n'est pas moi votre sauveur. Je ne peux pas être votre solution.
Amélia s'assoit à côté d'Harry, elle secoue lentement la tête, les sourcils froncés. L'expression sur son visage est grave.
– Nous t'avons vu dans nos cartes, pas explicitement, mais elles ont annoncé ton arrivée.
Je ferme les paupières un bref instant et inspire. Cartes. Magie. Tarot. Malédiction. Sort. Tous ces mots ne m'ont jamais semblé aussi confus et effrayants que ces derniers mois. Mais jusqu'alors, tout ce qu'ils m'ont raconte s'est avéré vrai, ils ne m'ont jamais menti, ils n'ont jamais cherché à me cacher la réalité.
Dante pose sa tête sur mon bras, resté appuyé sur le bord de la table. Je regarde ses paupières qui se ferment lentement sur ses yeux jaunes, sa petite langue rose qui passe entre ses babines et ses deux dents pointues. Amélia reprend la parole.
– Je sais que tu peux avoir du mal à y croire. Nous... Louis, il faut que tu saches, c'est le seul signe que nous avons eu en cinq ans.
Je suis le seul espoir. Je ne peux pas leur en vouloir de s'accrocher ainsi à moi. Je reporte mon attention sur ma tasse à moitié vide, le thé est tiède. J'ai la gorge trop nouée pour boire de toutes façons. Plus j'obtiens de réponses, plus j'ai de questions qui se posent. C'est un cercle vicieux qui n'en finira jamais. Pas tant que cette malédiction ne sera pas brisée du moins.
– Je dois sacrément vous décevoir alors.
– Au contraire, répond finalement Harry, après ce qui s'est passé il y a deux ans nous... nous pensions ne plus jamais te revoir. Ce que nous aurions parfaitement compris.
– C'était très lâche de ma part. Je vous ai abandonné parce que j'ai eu peur.
Peur de la réalité, peur de ne pas comprendre tout ce qui arrivait, peur d'avoir à assumer un rôle dont je ne serais jamais à la hauteur. Mais je n'aurais jamais dû fuir, parce qu'Amélia et Harry sont les seuls personnes de mon entourage à bien vouloir m'écouter, à me comprendre. A ne pas me surveiller du coin de l'oeil dès que je suis dehors. Avec eux, je ne me sens pas épié. Je suis libre.
Harry retire le sachet de thé de sa tasse et le dépose sur le côté, dans une assiette vide. Je suis ses gestes du regard, il porte son attention sur moi et dit simplement :
– Tu ne dois pas t'en vouloir. N'importe qui aurait fait la même chose à ta place, un bon nombre ne seraient jamais revenus.
– Et s'il vous étiez arrivé quelque chose ? Et si un de mes nombreux cauchemars s'était avéré réel ? Si je rentrais chez vous un jour et que je vous trouvez la... la gorge tranchée, du sang partout et le...
– Louis...
La voix rauque d'Harry appelle mon prénom plusieurs fois, mais je suis coincé entre plusieurs images morbides dans mon esprit. Leurs corps inertes, ensanglantés, froids et livides. Les mêmes scènes auxquelles j'ai assisté à répétition dans mes cauchemars. Je bute sur les mots, reprends mon souffle et reviens à moi quand je sens des doigts se poser sur mon poignet.
C'est Harry qui touche ma peau du bout des doigts pour me ramener à moi. Amélia n'a jamais paru aussi inquiète, elle se pince les lèvres. Je laisse échapper un long soupir, Harry me regarde fixement et je sens son pouce bouger lentement contre ma peau.
– Nous allons bien, tout va bien.
Je hoche la tête plusieurs fois, le coeur palpitant. Même s'ils sont là devant moi, en chair et en os, j'ai encore du mal à réaliser que ce n'était qu'un cauchemar. Je me répète que peut-être ce n'en était pas un, mais une prédiction, une vision dans un futur plus ou moins proche, si je ne fais rien.
Ma gorge est sèche, je ravale difficilement ma salive. Mon souffle est court. Harry lâche mon poignet et j'ai presque envie de le retenir, parce que son contact me rassure et m'aide à garder les pieds sur terre. Je regarde attentivement la plaie sur ma main, et demande en fronçant les sourcils :
– Et comment je suis sensé vous sauver ? Je n'ai pas de pouvoirs magiques pour contrer un sort ni affronter un sorcier. Je ne suis même pas capable de venir chez vous sans me blesser.
Un sourire se dessine sur le coin des lèvres d'Amélia, elle observe à son tour ma blessure. Harry tient sa tasse dans une main mais n'a pas encore bu une seule goutte de son thé.
– Nous n'avons pas encore trouvé la réponse, souffle Amélia, mais nous savons que nous avons besoin de toi. Que tu es essentiel.
– C'est bien la première fois de ma vie qu'on me dit ça.
Je laisse échapper un rire ironique, mais ça n'amuse aucun d'eux. Ils ne rient pas. C'est bien la seule chose qu'ils ne peuvent pas comprendre. Personne n'a jamais eu besoin de moi. Je ne suis pas nécessaire. Ils vont certainement vite s'en rendre compte. Que je suis un incapable, que je brise tout ce que touche et que je n'ai aucune valeur. Je me contente de hausser les épaules.
J'aspire une grande bouffée d'air, prends le temps de les regarder tour à tour. Amélia touche la pierre rosée au bout de son pendentif, en pleine réflexion, Harry reste calme et docile.
Je n'ai pas le choix, je ne suis pas revenu pour les abandonner encore une fois. Et surtout j'en ai assez de fuir. Je passe ma langue entre mes lèvres et demande finalement :
– Dans ce cas dites moi, comment je peux vous aider ?
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