Épilogue :
Octobre 2023.
Maëlle, ma petite soeur, me tient la main et son seau de bonbon de l'autre. Elle porte un costume vert et jaune de dinosaure. Autour de nous, ses amis pouffent de rire derrière leurs mains et essaient tant bien que mal de rester silencieux. J'appuie mon doigt contre la sonnette plusieurs fois, le bruit résonne à l'intérieur de l'appartement décoré pour l'occasion. Une petite guirlande en forme de fantômes pend à la porte.
Elle s'ouvre peu de temps après sur le visage lumineux d'Harry. Cette année, il a enfilé un simple smoking et s'est maquillé afin de ressembler au monstre de Frankenstein. Des petites cicatrices dessinées sur son front et un léger teint vert. Moi, j'ai remis mon costume de Gomez Addams, comme l'année dernière, parce que je sais qu'il l'aime bien et c'est un peu symbolique pour nous.
Harry nous laisse entrer après que les enfants se soient exclamés en choeur « des bonbons ou un sort ! ». Maëlle lui saute dans les bras et lui fait un câlin, il lui embrasse affectueusement la joue. Je souris, attendri par cette scène. Elle court ensuite rejoindre les autres au salon, lui aussi décoré.
Il y a quelques citrouilles sur le haut des marches qui mènent à l'étage, décorée de petites bougies à l'intérieur, des fausses toiles d'araignées sur les rambardes et d'autres guirlandes sur le mur au-dessus du meuble télévision.
Harry m'accueille avec un baiser sur les lèvres, je lui souris et retire ma veste. Il part en cuisine puis revient quelques secondes après avec un grand bol débordant de bonbons en tout genre. Autour de lui, les enfants sautillent sur place en tendant les bras. Une mêlée de fantômes, robots, princesses et zombies.
– Allez, voilà les friandises bande de petits monstres ! N'en mangez pas trop quand même ce n'est pas bon pour votre estomac.
Il pose le plat sur la table basse. Les enfants se précipitent dessus, excités de choisir parmi les nombreux emballages leurs préférés. Maëlle brandit une sucette en l'air, visiblement très heureuse de sa trouvaille. Je m'installe dans notre canapé en riant, Harry me rejoint avec la télécommande et allume l'écran.
– Amélia et Mistuko arriveront un peu en retard, elles attendent la livraison de leur canapé.
– Elles sont pires que nous quand nous avons déménagé. Tu te souviens ? On avait monté le lit à l'envers.
– Tu lisais le plan je te rappelle.
– Mais je n'ai jamais dit que je savais bricoler.
Nous nous mettons à rire en même temps, Harry embrasse le bout de mon nez. Je plisse les yeux en souriant et passe mes doigts dans ses boucles. Il les laisse pousser et j'aime énormément, aussi bien quand il les laisse tomber en cascade au-dessus de ses épaules ou quand il les attache dans un chignon.
– Zayn et Théo seront là ce soir, il vient avec son Axel, son copain.
– Oh, il nous le présente enfin ?
Je ris en hochant la tête, il n'y a que moi qui ai eu l'occasion de le rencontrer pour le moment. Harry se penche pour attraper une poignée de bonbons sur la table basse que nous partageons ensemble devant La Famille Addams. Ça aussi, c'est devenu une habitude à chaque Halloween et je crois que ça va nous suivre pendant longtemps encore.
Harry mange un bonbon rose, j'ouvre l'emballage d'un chocolat en forme de citrouille. Ma jambe est posée sur la sienne, il me caresse la cuisse du bout des doigts tandis que le générique se termine à l'écran. Harry s'approche de moi et souffle près de mon oreille.
– Tu sais que tu es bien plus beau que le vrai Gomez Addams ?
– Harry, je dis en souriant, tu m'as déjà dis ça l'année dernière.
– Oui, mais j'adore te le répéter.
Un nouveau rire m'échappe, il me sourit avec un air fier et je me penche pour l'embrasser, tendrement. Ses doigts glissent sur ma nuque et touchent mes cheveux teintés en noir et plaqués en arrière sur ma tête. Tout bas, contre ses lèvres, je lui murmure :
– Idiot. Je t'aime.
Nos regards se croisent, le sien brille. Sur le même ton, il me répond que lui aussi. Nous nous embrassons encore une fois, plus longuement. Ensuite, je pose ma tête contre son épaule et reste dans ses bras.
Dante grimpe sur le bord du canapé et vient s'installer confortablement sur nos genoux. Il s'est bien habitué à la vie d'appartement. J'avais craint, quand nous avons emménagé ensemble cet été, Harry et moi, qu'il ne tente de s'enfuir ou de sauter par le petit balcon. Nous sommes certes au premier étage, mais nous avions tous les deux peur de le perdre.
Finalement, il a pris ses marques rapidement et il encore plus à son aise. Il nous rejoint la nuit dans la chambre et nous réveille le matin en miaulant ou en montant sur nous pour réclamer des caresses. Harry cède toujours à ses demandes et généralement il est le premier à se lever pour aller lui donner sa nourriture. Je n'ai jamais été du matin. Par la même occasion, Harry me prépare le petit déjeuner et vient me sortir doucement du sommeil avec des baisers sur la nuque. Le week-end, quand on a le temps, je l'attire avec moi dans le lit et on fait l'amour passionnément, ce qui nous amène a traîner au lit toute la matinée.
Nos journées sont rythmées par le travail et les tâches ménagères à la maison. Au printemps dernier, Harry a trouvé un poste de fleuriste. Il vit au milieu des plantes, il en ramène parfois à l'appartement et je lui laisse le plaisir de les installer dans de jolis pots où il le souhaite. Ça me met toujours du baume au coeur de le voir sourire quand il s'occupe de ses fleurs. Elles sont jolies et la maison sent toujours bon.
Parfois aussi, je me regarde dans le miroir de notre salle de bains le matin et je me demande si un jour mes pouvoirs vont réapparaître. Puis, je me dis que ce n'était peut-être qu'une seule fois, une chance unique, qu'ils me sont venus pour que je puisse sauver Harry. Au fond, ça ne me dérange pas plus que ça. Harry me taquine souvent parce que je n'ai presque jamais froid, même en plein hiver, et il se colle tout le temps à moi quand il a besoin de chaleur.
Certains soirs, au lieu de se mettre devant la télévision ou derrière un livre, nous allons observer les constellations dans son télescope que nous avons installés dans notre chambre. Si jamais il pleut, nous nous mettons dans le noir, il allume son projecteur et nous nous allongeons au milieu des fausses étoiles qui illumine le plafond.
A chaque fois, je demande à Harry de me raconter tout ce qu'il sait sur le ciel et le système solaire, même si je connais presque tout maintenant. Mais je lie nos doigts ensemble et l'écoute attentivement. Je ne m'en lasse pas.
Je suppose que certaines choses ne changent jamais.
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