𝟎𝟒. From Rags to Riches

Sasuke Uchiha était quelqu'un de difficilement impressionnable.

Borné, prétentieux, voir même orgueilleux, le fait d'être né au sein de la famille la plus puissante de New York n'avait guère incité le jeune homme à développer cette part de lui qui, aux yeux d'un nombre incalculable de personnes le jalousant ou le craignant, lui faisait défaut : l'humilité. Non pas qu'il était du genre à crier sous tous les toits à qui voulait bien l'entendre l'assurance qu'il possédait, mais l'homme aux mèches de jais avait parfaitement conscience de sa valeur, de son statut, de son importance, et ne se faisait pas prier pour lorgner de son piédestal le reste de la population qui, à ses yeux, n'arrivait guère à la cheville de quiconque portant honorablement le nom de son clan.

Sasuke Uchiha était quelqu'un de difficilement impressionnable, oui ; pourtant lorsqu'il passa la porte de ce lieu où l'avait conduit Naruto, ce dernier lui tenant d'ailleurs la porte d'un air jubilateur, il en perdit la parole. 

- Vous avez raflé toute la contrebande les Uchiha, alors les Senju se rattrapent où ils peuvent. Et ils se rattrapent plutôt bien, je dois l'avouer, lui expliqua blond avec un petit sourire en coin.

Un casino débordant d'une effervescence sans nom se dévoilait à ses pupilles ébènes et bien que le taciturne avait déjà mis les pieds dans un établissement de ce genre, celui-ci surpassait largement, et dans tous les domaines possibles, tous ceux qu'il avait eu occasion de visiter jusqu'à aujourd'hui. 

Le lieu en lui même était grandiose avec ce sol en parquet de chêne recouvert d'innombrables et magnifiques tapis aux nuances sombres, variant entre un chaud carmin et un prune subtil, s'accordant à la perfection aux murs habillés d'une tapisserie aux mêmes teintes raffinées. Suspendus au plafond, de nombreux lustres d'une valeur inestimable plongeaient la grande salle dans une ambiance chaude et tamisée, secondés par la lueur que renvoyaient les flammes vacillantes des quelques lustres disposés avec soin ci et là.

Des dizaines et des dizaines de parties étaient en cours, des mises étaient hurlées, des pions jetés, des gains remportés, des tricheurs démasqués - et, pour leur plus grand malheur, un triste sort attendait ces derniers. Certains étaient attablés autour d'une partie de blackjack retenant le souffle à quiconque y participant tandis que d'autres préféraient s'acharner derrière les multiples machines à sous leur faisant inconsciemment vider l'entièreté de leur porte monnaie bien fourni.

Une véritable cosmopole venue de chaque recoin de la planète s'était réunie en ces lieux luxueux afin de passer la plus charmante des soirées dans l'un des plus prestigieux casinos de la côte Est.

La fièvre du lieu était telle que Sasuke en eut presque le tournis ; il ne savait plus où donner de la tête, lui, qui était habitué aux marchés passés sous silence et aux affaires conclues dans le secret d'une ruelle peu fréquentée.

- Naruto ! s'exclama une voix tonnante derrière eux.

L'interpellé ainsi que son acolyte se retournèrent d'un geste commun pour tomber face à un homme, dotée d'une carrure plus qu'impressionnante, qui s'approchait vers eux, un grand sourire sur ses traits et les bras ouverts. Le brun observa les deux amis effectuer une énergique accolade, avant que l'Uzumaki ne se tourne vers lui pour faire les présentations :

- Jiraya, j'ai l'honneur de t'annoncer que je fricote avec les Uchiha maintenant !

- Ça par exemple ! pouffa l'homme à la longue chevelure argentée, puis enchaîna, en replaçant son cigare dans sa bouche afin d'avoir les deux mains libres pour échanger une vigoureuse poignée de main avec le plus jeune : lequel de leurs rejetons tu es ?

- Sasuke, grommela le cadet de la famille en rendant tout de même la poignée de main qu'on lui avait tendu.

- Vous venez boire un verre ? C'est la maison qui offre !

- Non Jiraya, on a une livraison et après je dois vite ramener le Uchiha au château avant qu'il ne soit minuit.

Jiraya comprit instantanément le message et ne se fit pas prier pour retrouver tout son sérieux :

- Allez dans la salle du fond, je vais la chercher tout de suite.

Acquiesçant, le blond se dirigea avec assurance vers le lieu désigné par le cinquantenaire, slalomant entre clients et croupiers avec la plus grande des aises, comme s'il venait ici souvent - ce qui, finalement, était sûrement le cas. Lui emboîtant le pas, le brun ne put s'empêcher de s'étonner en faisant référence à l'homme qu'il venait tout juste de rencontrer, un léger dédain dans le fond de sa voix.

- C'est ce type le gérant du casino ? 

- Oui c'est ce type le gérant du casino. Et c'est un intime de la propriétaire de tous les casinos de New-York, donc je pèserais mes mots à ta place. Les murs ont des oreilles ici.

Ignorant l'amère réflexion que s'était permis de faire le blond, le Uchiha poursuivit ses interrogations, prenant peu à peu conscience de l'importance du monde du jeu et des paris, ainsi que des profits que son clan pourrait en tirer :

- Et qui est cette propriétaire ?

- La légendaire perdante ça te dit rien ? sourit l'Uzumaki en constatant que le cadet des Uchiha secouait négativement la tête, songeant que cela était impossible qu'un membre de ce clan réputé manque d'informations à propos d'un sujet.

Il dirigea l'azur éthéré de son regard pétillant sur la pâleur des traits du taciturne qui, comme à son habitude visiblement, tirait une gueule de six pieds de long.

- On va la rencontrer, cette valise est pour elle, poursuivit-il en tapotant la mallette pleine à craquer, tout en s'engageant dans un couloir étouffant peu à peu le brouhaha du casino.

- Elle se tape tout ça toute seule ? 

- Non, c'est pour les clients du casino, conclut l'Uzumaki en lui lançant un clin d'œil avant de pousser une porte menant dans une arrière salle.

Le brun lui emboîta le pas sans mot et fut frappé par le contraste saisissant entre cette pièce et l'immense salle qu'ils venaient de quitter. Bien que ce lieu conservait la même élégance que l'établissement l'abritant, en témoignait le cachet emprunt dans le velours soyeux des divans ou dans l'acajou lustré des meubles, il n'y avait plus d'extravagances nécessitant l'intérêt des clients pointilleux ou d'orfèvreries ayant poussé les propriétaires des lieux à débourser des fortunes :  une sobriété raffinée était suffisante à habiller cette pièce. Le temps de patienter, les deux acolytes prirent place sur le moelleux de deux fauteuils au tissu d'un sublime pourpre, et entamèrent des cigares trônant sur la table basse, invitant quiconque prenant place en ces lieux à goûter leurs saveurs et humer leurs volutes.

Une poignée de minutes plus tard, un grincement de porte laissa apparaître sur le pas de cette dernière deux silhouettes : celle de Jiraya, assurément, qui - en parfait gentleman - se poussa pour laisser passer la deuxième silhouette, celle d'une élégante femme à la longue chevelure blonde et au regard brillant, vêtue d'une inestimable robe de soie émeraude qui soulignait la grâce de ses courbes. Elle remercia le portier de fortune et s'avança dans la pièce pour aller saluer les deux jeunes hommes, qui se levèrent respectueusement par la même occasion, les empêchant de remarquer qu'une troisième silhouette avait pénétré dans la pièce pour se poster légèrement en retrait, le temps des retrouvailles entre la propriétaire des lieux et l'Uzumaki :

- Naruto ! Je pensais qu'on avait eu ta peau, commença cette dernière avec un petite rire. Ca fait longtemps que je t'avais pas vu !

Le blond ricana à la pique de la cinquantenaire et les deux échangèrent de chaleureuses embrassades.

- Et tu es ? s'enquit la blonde en tendant une main au taciturne qui la serra avec politesse, tout en répondant à la question posée.

- Sasuke Uchiha.

Le visage de la propriétaire des casinos se durcit brièvement, réaction qui ne surprit guère le brun, se doutant bien que se balader dans un repère des Senju en portant le nom d'Uchiha devait faire grincer des dents à plus d'un, mais aucun commentaire ne fut émis. 

- Bon, se reprit-elle en dissipant ce voile suspicieux ayant recouvert ses traits. Avant de parler affaire Naruto, je crois que je ne t'ai jamais présenté ma petite protégée, non ? 

L'interpellé haussa un sourcil intéressé tout en accentuant le sourire étirant la commissure de ses lèvres, impatient de découvrir ce dont la plus âgée parlait.

- Sakura, viens avec nous.

Quittant un recoin sombre de la pièce dans lequel elle était dissimulée auparavant, une jeune femme s'avança vers le petit attroupement. Comprenant qu'il n'était guère invité à prendre part à la conversation, le Uchiha s'apprêta à laisser ses iris charbonneux dériver vers un tableau accroché aux côtés de quelques portraits d'hommes dont il ignorait l'identité, commençant à se replonger dans le tumulte de ses songes, lorsqu'il la vit. Ayant pertinemment conscience à cet instant là que cette image resterait à jamais gravée dans son esprit.

Elle, et son portait délicat taillé dans le plus précieux des cristaux avec tout la minutie du monde ; ses traits fins s'accordaient à merveille avec l'émeraude brut de son regard fardé avec soin et la perfection immaculée de son épiderme. Elle et sa chevelure rosée d'une splendeur à faire tourner la tête ; bien qu'elle ait relevé cette dernière dans un chignon dévoilant sa nuque, on devinait que ces mèches dévalait avec aise son dos jusqu'à la chute de ses reins.

La plus que ravissante jeune femme demeurait drapée d'une longue robe d'un noir profond qui épousait à merveille son corps, glissant sur le velours de sa peau avec harmonie et sublimant sa fine taille, ou ses jambes qui, à chaque pas qu'elle faisait en leur direction, se voyaient être dévoilées à la vue de tous de part la fente résidant sur le côté droit de son élégant tenue. Une paire de talon allongeait sa silhouette faisant d'ores et déjà jalouser les déesses grecques, et - afin de sublimer davantage cette beauté tombée des cieux, bien que l'on aurait pu songer que cela n'était guère possible - la nouvelle arrivante était parée de diverses joyaux enlaçant son cou ou ses poignets, tout en réfractant la lumière de la pièce sur leur surface dorée.

Le brun en fut subjugué.

- Enchantée.

Une douce voix le tira de sa contemplation. Les douces lèvres de la nouvelle arrivante venaient de se mouvoir, laissant échapper ce mot qui sonna dans l'esprit du Uchiha comme écho lointain et idyllique.

- C'est moi qui suis enchanté, répliqua d'une voix enjôleuse la blond à ses côtés en déposant ses lèvres sur le dos de la main de la rosée, dans un mouvement exagérément révérencieux.

Celle-ci effectua un petit sourire en coin, plus que certainement habituée à faire tourner des têtes - après tout, des êtres d'une telle beauté, on n'en croisait pas tous les jours - puis combla les quelques pas le menant au brun. Dès l'instant où elle lui fit face, ce fut au tour de son parfum de venir envoûter l'esprit brumeux du jeune homme qui laissa la subtile fragrance florale emplir ses poumons quémandeurs de cette brise d'une délicatesse rare. Conservant toutefois son éternelle pudeur et son stoïcisme habituel, il se contenta de lui serrer sobrement la main qu'elle lui tendait, bien qu'il s'en trouvait plus que chamboulé intérieurement. 

La douce regagna les côtés de la blonde, laissant au brun le souvenir éternel et divin de ses traits éthérés, de sa voix captivante et de son parfum séraphique.

×

Bercé par le ronronnement du moteur et la pâle lueur des lampadaires baignant l'habitacle du véhicule à chaque fois qu'ils passaient devant une source de lumière, Sasuke et Naruto venaient de quitter le casino après avoir conclut une juteuse affaire, et progressaient dans le silence de la nuit qui venait juste de tomber. Conduisant sans ne lâcher un seul mot, le jeune Uchiha ressassait la journée qu'il venait de vivre, s'attardant sans même sans rendre compte sur un détail qui n'avait pas échappé aux iris du blond ; ce dernier brisa alors le mutisme ambiant :

- Si j'étais toi, j'éviterais de toucher à Sakura.

- De quoi ? fit le brun en haussant un sourcil

- Les amis de mes amis sont mes amis, ça te dit quelque chose ?

Quittant la route verglacé du regard, l'Uzumaki glissa son azur vers le conducteur qui ne répliqua guère, se contentant d'écouter ce qu'il avait à dire : 

- Écoute, Tsunade est une Senju ! lâcha-t-il en haussant soudainement le ton. Et Sakura est la protégée de Tsunade, donc la protégée de Jiraya. Donc fais pas de conneries Sasuke, cette fille pourrait te coûter cher.

- Qu'est-ce que ça peut te foutre au juste ?

- Si le type que j'ai ramené au casino vient foutre la merde, crois-moi que j'en ai quelque chose à foutre ! J'ai pas envie de me mettre les Senju à dos, je gagne un fric monstre avec eux.

Naruto se renfonça dans son siège en croisant les bras. Franchement, quelle plaie cet Uchiha.

Collaborer avec Uchiha était quelque chose l'intéressant foncièrement. En effet, voilà un petit moment qu'il cherchait un partenaire, quelqu'un de d'assurément compétent, dur en affaires et qui n'avait pas froid aux yeux ; mais aussi une personne avec laquelle il serait complémentaire, pouvant combler ses quelques lacunes, un homme plus réfléchi et moins tête brûlée que lui. 

De prime abord, Itachi Uchiha lui avait semblé être la personne idéal ; cependant, le blond s'était rapidement rendu compte que ce dernier ne voyait aucunement l'intérêt de collaborer avec lui personnellement, le brun était déjà bien trop occupé avec ses propres affaires. Naruto s'était penché vers le cadet Uchiha ; sentant étrangement que, malgré la hargne dont le taciturne faisait preuve, il lui serait plus aisé de l'approcher - Itachi étant, dans tous les cas, tout bonnement intouchable.

Naruto se souvenait parfaitement de l'expression imprégnée sur le visage du jeune Uchiha le soir où ils avaient fait plus ou moins connaissance sur le quai de l'Hudson. Une immense frustration, celle - l'Uzumaki en était plus que certain - de toujours être dans l'ombre de son aîné, était gravée sur ses traits sans même qu'il ne s'en rende compte mais qui, aux yeux du blond, était discernable à des kilomètres. Sasuke voulait gravir des échelons, mais Naruto sentait pertinemment que le nom Uchiha semblait dès fois trop lourd à porter pour le jeune homme aux mèches de jais. 

Ainsi, comme il s'en était douté, il avait réussi à dompter - le terne était on ne peut plus de mise vu l'énergumène - Sasuke qui, visiblement, n'était pas aussi acrimonieux qu'il voulait bien le laisser paraître. De plus, le caractère pour le moins aigri du brun le faisait au final plus rire qu'autre chose.

Le tirant de ses songes, Sasuke venait d'arrêter le véhicule aux côtés de celui du blond qui patientait dans le froid depuis le début de la journée, le givre ayant déjà recouvert chaque millimètre carré de la voiture, et se tourna enfin vers lui, le toisant de l'encre de son regard. Comprenant qu'il était invité à quitter l'habitacle incessamment sous peu, Naruto plongea sa main dans la large poche de son manteau et y sortit une conséquente liasse de billet faisant hausser un sourcil d'intérêt au jeune Uchiha.

- Pour aujourd'hui, expliqua l'homme au teint hâlé.

Surpris, mais loin d'être mécontent, le taciturne attrapa du bout de ses phalanges blafardes son salaire de la journée.

- J'ai besoin de bosser avec un gars comme toi, continua le blond. On est pareil.

Un léger rire, teinté d'un certain mépris qu'il ne se donna guère de dissimuler, s'échappa des lèvres du jeune Uchiha, avant qu'il n'ajoute d'une voix perçante :

- J'ai autre chose à faire que gratter du fric où je peux, je gère de vraies affaires moi.

Ce fut au tour du blond de laisser un indiscret souffle s'échapper de ses narines, décidément ce Uchiha le faisait vraiment rire.

- La contrebande d'alcool, c'est plus ce qui rapporte le plus. Je sais pas dans quel monde tu vis, mais la Prohibition c'est fini depuis longtemps.

Le silence fut sa seule réponse, il développa donc sa pensée :

- Tu peux imaginer le fric qu'on pourrait se faire avec cette came ! Faut vivre avec ton temps Sasuke, c'est ça maintenant qui rapporte le plus.

- J'ai pas envie de finir ma vie au trou, se contenta de lâcher l'homme au iris ébènes qui n'en finissait plus de durcir son regard.

- Mais personne n'ira au trou. Si tu bosses avec moi, tu seras protégé par Tsunade ! lui assura le blond, d'un ton ne masquant nullement son impatience.

Sasuke ricana dorénavant bien plus franchement face à l'ironie de la situation : un Uchiha protégé par un Senju. Il considéra tout de même l'offre :

- C'est vrai qu'ils ont corrompu tous les flics de New-York, marmonna le taciturne, songeur.

Bien que cela le dérangeait fortement de l'admettre, le jeune homme ne pouvait que constater que le clan Uchiha n'étant plus ce qu'il était ; ses heures de gloire datant des années trente étaient dorénavant derrière eux.

L'Uzumaki quitta finalement la voiture mais retint la porte avant qu'elle de se ferme, puis s'abaissa à la hauteur de la fenêtre afin de glisser quelques mots à son acolyte :

- Ecoute, prend ça.

Il lui tendit un bout papier froissé.

- C'est le numéro du restaurant au dessus duquel j'habite. J'ai une affaire samedi, si tu veux m'accompagner, tu téléphones au resto et tu me demandes.

Sasuke lorgna le bout de journal déchiré sur lequel avait été griffonné les quelques chiffres d'une écriture pour le moins approximative, et tendit prudemment la main afin de récupérer le bout de papier. Lui lançant un dernier sourire accompagné d'un clin d'œil espiègle, Naruto le salua avec des paroles empruntes d'exaltation en vue du futur qu'il planifiait dans son esprit :

- Je sais que tu viendras. Crois-moi, on va être riches Sasuke.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top