Point de vue de Logan

Le médecin vient de sortir. Apparemment, mes blessures sont en bonne voie de guérison. Du moins celles qui ne sont pas sous les plâtres. Il me restera quelques cicatrices qui viendront rejoindre celles que j'ai déjà. Celle qui m'embête le plus et dont je me serais bien passé est celle sur ma joue. Je ne me trouvais déjà pas attirant mais depuis que je l'ai, j'ai l'impression de faire peur en plus.

Ça me fait penser que je ne sais pas si Gabriella sait à quoi je ressemble. Je suppose que non, ou sinon elle aurait refuser de me parler. Quoique, après réflexion, je n'en suis pas si sûr. Je peux me tromper mais je pense qu'elle ne jugerait pas quelqu'un sur son apparence. C'est un détail qu'il me reste à découvrir. Un sourire nait sur mon visage quand je pense à elle. J'ai bien envie de la découvrir un peu plus. Je me surprends d'ailleurs à guetter ses lettres. Pourtant, nous n'avons commencé que récemment à nous écrire. C'est un peu mon rayon de soleil.

J'ai déjà appris qu'elle aime les livres romantiques. C'est une vraie fleur bleue d'après elle. Je sais qu'elle pleure facilement si un film ou un livre est émouvant. Ça prouve juste qu'elle est sensible et je dois dire que j'apprécie qu'elle ose le dire. Dans un monde rempli de choses cachées et brutales, un peu de sincérité fait du bien.

Mon humeur s'est bel et bien améliorée depuis que nous nous écrivons. Même le personnel hospitalier l'a remarqué et m'en a fait la remarque. D'ailleurs en parlant de ça, Isabelle, l'infirmière qui s'occupe de moi entre dans la pièce. Nous avons commencé à faire connaissance. Il faut dire que je la vois tous les matins pour me réveiller et m'apporter le petit-déjeuner. Je ne pouvais donc pas me taire indéfiniment.

- Bonjour beau brun.

- Salut Isa.

Elle voit que je regarde ses mains. Elle commence à me connaître. Avec un petit sourire navré, elle me dit qu'elle n'a encore rien reçu aujourd'hui. C'est fou, j'attends ses lettres avec autant d'impatience que s'il s'agissait de chocolat. Je suis donc un peu déçu. Cela fait plusieurs jours que je lui ai envoyé la dernière lettre. Cela dit, d'après ce que j'ai compris, elle a un planning super chargé. Je ne dois pas lui en demander de trop. Tout le monde ne reste pas inactif comme moi pour le moment.

Je ne dois plus subir les examens aussi souvent. D'un côté tant mieux, cela veut dire que ça va mieux mais d'un autre côté ça m'occupait un peu. Le programme télévisé va me rendre cinglé. Les émissions sont toutes plus nulles les unes que les autres. Je décide de me rendormir un petit peu. Je ne dors toujours pas la nuit du coup je me rattrape en faisant des petites siestes pendant la journée.

Quand je me réveille, je vois quelque chose sur ma table. C'est étrange, on dirait un paquet. Il est en papier kraft, avec une colombe attachée par de la ficelle. Je le prends et vois mon nom écrit dessus. Je l'ouvre et découvre un livre et une lettre. Oh c'est ma lettre du jour. Je m'empresse de l'ouvrir sans faire plus attention au livre qui est avec.

«Cher Logan,

J'ai mis un peu plus de temps à te répondre. Je suis désolée mais mes examens arrivent à grand pas et je ne sais plus où donner de la tête. Heureusement, c'est ma dernière année ou sinon je crois que je deviendrais cinglée. Alors où en est ta guérison? J'espère que ça va mieux.

Je me suis rendue compte que les fêtes de fin d'année seront bientôt là. Je n'en reviens pas. L'année est passée à une vitesse folle. D'habitude j'adore cette période. Voir toutes ces décorations, faire des cadeaux, être en famille... Je suis restée une vraie gamine. Dès que je vois des paillettes et des lumières je deviens dingue. Je prépare ces fêtes bien à l'avance et prends bien soin de faire mes cadeaux moi-même. Cette année, je n'en aurai pas l'occasion. Je suis bien trop prise par mes études et mon travail. De toute façon, je n'ai pas le coeur de faire quoique ce soit. Je ne suis même pas sûre de décorer mon appartement. C'est une première!

En fait, le seul avec qui j'ai envie d'en profiter c'est toi. Tu dois te dire que c'est étrange et je le trouve aussi en fait :-p. J'aimerais être avec toi en ce moment mais je sais que ce n'est pas possible alors je me contenterai de lire et de relire tes lettres.

Sens-tu aussi ce lien qui est en train de se créer ou est-ce mon imagination qui me joue des tours? J'ai toujours tendance à faire des montagnes de petits riens. Est-ce le cas?

Cette lettre n'est pas très joyeuse. Je m'en excuse. Je fais une bien piètre correspondante. Je suis sensée te remonter le moral, pas le plomber. J'essaierai que la prochaine soit plus gaie, promis.

J'espère avoir vite de tes nouvelles. Porte-toi bien mon ami (Puis-je t'appeler ainsi tu crois?) Je t'embrasse.

Gabriella

P.S.: Je t'envoie le livre «Âmes vagabondes»de Stephenie Meyer, un de mes livres préférés. Je me suis dit que ça t'aiderait à passer le temps ;-). Prends ça comme un cadeau de Noël en avance.»

Cette lettre m'émeut et, en même temps, me laisse un arrière goût dans la bouche. J'ai l'impression que quelque chose ne tourne pas rond pour elle. Oui elle est fatiguée et au vu de ce qu'elle m'a décrit précédemment, il ne saurait en être autrement. Mais je pense que cela n'a rien à voir avec ça. C'est quelque chose qui vient se souder au reste. Je n'aime pas la savoir comme ça. Je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir un pincement au coeur quand elle m'a parlé de son désir d'être près de moi. Personne n'a jamais eu cette envie envers moi auparavant. Le plus drôle est que ça me fait le même effet. Ce lien évident et pourtant basé en partie sur de l'imaginaire est bel et bien présent et se renforce à chaque lettre envoyée.

Je dépose la lettre et prend le livre. Ainsi elle a pris le temps de m'acheter un livre. Mon sourire s'étire et une larme coule sur ma joue. Je ne l'ai pas sentie venir. Cette attention me touche plus que je ne saurais le dire. Il n'y a que mes parents qui me faisaient des cadeaux. Avant leur accident de voiture il y a dix ans, nous avions notre petit rituel. Nous ne nous faisions pas de gros cadeaux. Nous préférions juste prendre le temps de trouver le bon.

Elle ne m'a pas encore parlé de sa famille. C'est étrange. Bon, c'est vrai que je ne l'ai pas fait non plus mais elle a probablement lu dans mon dossier tout ce qu'il y avait à savoir. Je me demande si elle a vraiment eu accès à ce genre de données ou si elle n'a eu qu'un bref résumé. Je vais lui tendre la perche dans la prochaine lettre que je lui écrirai. Peut-être que si je lui parle de la mienne elle me parlera de la sienne.

Sur une impulsion, j'appelle Isabelle. Je pense qu'elle est encore en service.

- Oui Logan? Un problème?

- Non Isa, je me demandais juste s'il était possible d'aller à la boutique de cadeaux en bas?

- Tu veux que j'y aille pour toi?

- En fait, je me demandais surtout si tu pouvais m'y emmener?

Elle me regarde bizarrement. C'est la première fois que je demande pour quitter ma chambre.

- Euh, oui oui. Je vais chercher un fauteuil roulant toute de suite.

- Merci Isa, je te revaudrai ça.

- Pas besoin, rien que le fait de te voir sortir de ta chambre est une récompense en soi.

Sur ce, elle s'en va. Elle revient dix minutes plus tard avec le fauteuil et deux infirmiers.

- Voilà messieurs, vous pouvez le déplacer.

J'ai de multiples fractures au niveau des jambes, je ne peux donc pas m'asseoir tout seul dans cet engin. C'est une des raisons pour lesquelles je ne veux pas sortir. Je ne veux pas déranger les infirmiers à chaque fois. Voilà, ils ont terminé. Isabelle peut prendre le relais.

- Allez, jeune homme. En route.

Je ne la vois pas mais j'entends son sourire d'ici. Finalement, je l'aime bien mon infirmière.

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Chapitre un peu coup de blues. Gabriella doit vraiment commencer à tenir à Logan pour afficher un peu plus ouvertement son mal-être.

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Chapitre corrigé le 30/06/18