Chapitre 44 - Explication explosive - part. 2

"- À notre retour, je suis tombée dans les bras de votre père mais ce fût la seule fois avant longtemps. Je ne me sentais pas de faire l'amour avec quelqu'un d'autre que Louis si peu de temps après sa mort. J'ai douté pendant plus de trois ans.

Je commence à comprendre.

- Comment as-tu su?"

Point de vue d'Henry

- Tu es tombée gravement malade à l'âge trois ans. Tu avais besoin d'un don de sang. J'ai fait les tests nécessaires mais on a découvert que je n'étais pas compatible, dis-je impassible.

Je suis plutôt doué pour cacher ce que je ressens et ce n'est pas plus mal sans quoi ils auraient découvert à quel point j'ai été détruit par cette histoire. Je pensais que nous avions retrouvé des bases solides pour notre relation et tout s'est effondré comme un château de cartes.

- Toute l'histoire de ta mère avec ce... avec Louis m'est revenu en pleine figure, ajoutais-je.

- Mais pourquoi t'en prendre à moi? Je n'ai rien demandé et encore moins à naître. Explique-moi parce que franchement, je ne vois pas, intervient Gabriella.

- Je sais, c'est injuste. Mais à chaque fois que je te voyais ou que je pensais à toi, je repensais à Louis et au fait que ma femme avait eu un enfant avec un autre. J'ai commencé à chercher des ressemblances physiques avec lui et les seuls détails que j'ai vus sont nos différences. Tu ne t'es jamais rendue compte que tu ne ressembles ni à Christophe ni à moi?

- J'ai bien remarqué des différences mais elles ne m'ont pas spécialement marquées. Je me suis surtout rendue compte que tu ne voulais plus jouer avec moi, que tu préférais m'éviter et que je représentais juste un problème pour toi. Tu te rends compte du mal que tu m'as fait pendant toutes ces années? J'étais innocente et tu m'as juste détruite...

Je vois des larmes couler sur ses joues mais d'un côté, j'ai été tellement rôdé à ne plus faire attention à elle que je m'en moque. Et n'importe quelle discussion n'y changera rien. Elle n'est pas ma fille, point.

- Pourquoi vous ne m'en avez pas parlé? nous demande Christophe.

- Tu n'avais pas à connaître cette histoire. Tu étais encore petit et on a juste compté sur ton oubli de ces évènements.

- J'avais autant le droit que Gabriella de savoir et surtout j'aurais pu être là pour elle pendant toutes ces années.

- Je ne voulais plus et je ne veux toujours pas entendre parler de Gabriella comme faisant partie de cette famille, dis-je sèchement.

- Pardon? me crient-ils ensemble.

- C'est de ma fille dont tu parles Henry, me dit Nadine. Tu n'as pas le droit de décider tout seul.

- C'est ce que j'ai fait jusqu'à maintenant et je compte bien continuer. D'ailleurs, tu n'as pas été contre cette décision pendant toutes ces années. Pourquoi changer d'avis maintenant?

- J'ai déjà perdu ma fille et je ne veux pas perdre mon fils en plus et tu sais pertinemment que si on ne change pas de comportement, c'est ce qu'il va arriver.

- Je ne vois pas pourquoi on devrait perdre Christophe. Il est le bienvenu ici, c'est mon fils lui. Il n'est pas le fruit d'une de tes infidélités, m'énervais-je.

- Comment oses-tu parler de ma rencontre avec Louis comme d'une infidélité sordide? C'était bien plus que ça, je serais d'ailleurs probablement encore avec lui s'il n'était pas mort, me hurle Nadine. Crois-tu que je ne suis pas au courant de toutes tes infidélités à toi? Sérieusement? Quand je suis partie il y a vingt-quatre ans, ce n'était pas à cause de ta dernière incartade mais bien à cause de la totalité. Tu me crois bête au point de ne pas savoir quand mon mari revient avec le parfum d'une autre? Ou quand il revient tard soi-disant parce qu'il doit remplacer un collègue et que je retrouve des traces de rouge à lèvres sur son col? Le pire dans tout ça, c'est que j'ai participé à toute cette mascarade contre Gabriella pensant arranger les choses avec toi!

Elle fait une pause et s'assied pour boire une gorgée. Elle est pâle et énervée. Elle ne ressemble plus à la Nadine docile de ces dernières années. Je regarde autour de moi. Ils sont tous bouche bée mais je ne sais pas si c'est à cause de ce que Nadine a révélé ou si c'est à cause de son pétage de plombs. Alors comme ça elle était au courant de tout? Qui l'eût cru? Elle est finalement moins bête que ce que j'avais cru.

- C'est bon, tu as fini? lui demandais-je. Tu as assez révéler de choses sur moi?

- Oh non, je n'en ai pas fini, me dit-elle en ricanant. Je devrais peut-être leur parler aussi de Lucie, Angela, Christine et pourquoi pas de Laura?

Comment est-elle au courant de tout ça? Je pensais avoir été discret.

- Oui, reprend-elle. Parlons un peu de Laura.

Je vois qu'elle se tourne vers les autres. Que va-t-elle leur raconter? J'espère que ce n'est pas ce que je pense...

- Christophe, tu dois probablement te rappeler de Laura, ton amie de l'université.

- Oui, dit-il suspicieux. Elle était dans mon groupe mais elle a déménagé du jour au lendemain sans laisser de nouvelles. Qu'a-t-elle à voir avec cette histoire?

- Et bien Henry, je lui dis ou tu le fais? demande-t-elle en se tournant vers moi.

C'est à mon tour d'être bouche bée. Je pensais avoir régler le problème sans que Nadine ne soit au courant.

- Tu ne veux pas? Et bien je vais le faire dans ce cas, dit-elle. Ton père a eu une liaison avec elle pendant deux ans. Et si tu te demandes pourquoi elle a déménagé, je vais te le dire. Ton père ici présent, oh grand défenseur de «son» enfant, l'a mise enceinte. Elle est partie vivre dans une maison à une cinquantaine de kilomètres d'ici et ce sale petit hypocrite va lui rendre visite tous les jours. Mon cher fils, tu n'as donc pas une demi-sœur mais bien deux.

Un silence de plomb tombe sur la pièce. Tout le monde est sous le choc de la déclaration de Nadine, moi le premier. Je pensais qu'elle n'avait rien repéré et bien je me suis trompé. Je serais curieux de savoir ce qu'elle sait d'autre.

- Papa, me supplie Christophe, dis-moi que ce n'est pas vrai.

Je le vois serrer et desserrer les poings, son teint est pâle. À quoi bon nier? Je suis acculé, je ne peux pas faire celui qui ne comprend rien.

- Je voudrais bien mais je ne peux pas fiston.

- Ne m'appelle pas fiston! hurle-t-il. T'es un gros salaud en fait. Tu te rends compte que tu as fait exactement la même chose que maman? Sauf que tu lui fais payer d'avoir trouver l'amour ailleurs qu'au près de toi. Tu es un bel hypocrite avec toutes tes maîtresses et ta bâtarde. Et faire comme si Gabriella n'existait pas... je n'ai pas de mots! Me crache-t-il presque à la figure.

Il se rapproche dangereusement de moi, les bras le long du corps, les poings serrés et un air haineux sur le visage.

- Comment peux-tu faire une chose pareille? Elle n'a rien demandé à personne bon sang! Et de quel droit ton autre enfant a le droit d'exister? Parce que c'est le tien? Tu me dégoûtes, continue-t-il.

- Attends, laisse-moi m'expliquer, lui dis-je.

- Non, tu as perdu le droit de dire quoique ce soit, intervient Nadine. Tu en as déjà bien assez fait comme ça.

- Elle a raison. Et tu crois vraiment que je vais continuer à te parler «papa»? Même pas en rêve! Tu vois cette fille? me demande-t-il en me désignant Gabriella, assise, prostrée dans le canapé au côté de son petit-ami. Cette fille vaut bien mieux que toi. C'est un trésor que tu n'auras jamais la chance de connaître. Elle a plus d'amour et de gentillesse que tu n'en as dans ton petit doigt. Et surtout, elle a du courage. Contrairement à toi. Espèce de lâche!

Je regarde Gabriella, je ne sais pas ce que je cherche dans son regard mais je n'y vois de toute façon rien. Elle est comme anesthésiée. Des larmes coulent sans discontinuer malgré les bras de Logan qui l'entourent. Quant à lui, il me regarde droit dans les yeux et je ne peux m'empêcher de reculer. Il y a tant de haine que je prends peur. Il se lève calmement ce qui ne me dit rien qui vaille. C'est un soldat entraîné à garder son calme dans toute occasion d'après ce que Christophe nous a dit. Il se rapproche de moi, son nez touche presque le mien.

- Ne t'approche plus jamais d'elle, ne la contacte pas, n'y pense même pas. Continue à faire le mort. De toute façon, bouge le petit doigt et tu boufferas les pissenlits par la racine. C'est bien compris connard? me crache-t-il.

Je ne sais plus bouger, je suis tétanisé. Je me contente de hocher la tête de haut en bas. Il relâche ma chemise qu'il avait agrippée et me pousse contre le mur.

- Nous allons quitter cette maison pour ne jamais y remettre les pieds. Je savais que vous étiez nocif mais pas à ce point. Et vous Nadine, lui dit-il en se tournant vers elle, vous êtes sa mère nom de Dieu! Comment avez-vous pu cautionner tout ça? Et même en sachant ce que vous savez, vous avez continué. Je n'en reviens pas! Vous avez raison sur une chose, je ne crois pas que votre fille vous pardonnera de si tôt. Vous ne lui aviez pas fait déjà assez de mal? Je pensais que ce serait une bonne chose de discuter mais franchement, vous avez vu l'état dans lequel elle est?

- Vous ne pouvez pas l'empêcher de me parler Logan, lui répondit Nadine, le suppliant presque.

- Je n'en ai pas le pouvoir c'est vrai et si elle veut vous reparler, je ne l'en empêcherai pas. Mais croyez-moi quand je vous dis que je connais mieux votre fille que vous. Je ne parlerai pas au nom de Christophe, il est assez grand mais je parle pour Gabriella qui est incapable de se défendre pour l'instant. Elle vivra mieux sans vous, entourée de gens qui l'aiment et pour qui elle représente bien plus qu'une simple contrariété.

Je le vois prendre Gabriella dans ses bras et sortir de la pièce. Je suis comme un simple spectateur. Je commence à entrevoir l'ampleur de ce que j'ai fait. Nadine pleure à chaudes larmes. Et Christophe, mon fils... il suit des yeux sa sœur et Logan sortir. Son regard est douloureux mais quand il le tourne vers moi, c'est pire que de la colère, c'est une haine viscérale qui se dévoile.

- Logan aurait très bien pu parler pour moi parce que je pense exactement la même chose. À cause de vous, elle a souffert plus que n'importe qui. Et vous savez ce qui me met le plus en rogne? C'est que j'y ai participé! nous dit-il en bougeant sa tête de gauche à droite. Comment avez-vous pu? En tout cas, tu as gagné, me dit-il en me regardant cette fois, tu vas pouvoir t'occuper de ton autre enfant sans contrainte. Je ne suis plus votre fils. Rayez-moi de votre vie comme vous l'avez fait pour Gabriella, nous dit-il plus calmement. Adieu, et au plaisir de ne pas vous revoir.

Sur ses dernières paroles, il s'en va et fait claquer la porte derrière lui. Le son se répercute dans le salon maintenant silencieux où seuls se font entendre les sanglots de Nadine.

- Comment tu as su pour Laura et les autres? demandais-je dans un murmure.

- Une amie t'avait vu avec l'une d'entre-elles. Au départ, je me suis dit que ce n'était pas possible, que tu ne pouvais pas avoir continuer et pourtant... enfin bref, me dit-elle entre deux sanglots. J'ai un ami qui est détective privé, je lui ai demandé son aide. Il ne t'a jamais aimé alors il s'est fait une joie de me rendre ce service.

- Ça fait combien de temps que tu es au courant pour Laura et sa fille?

- Bien assez. Tu croyais vraiment que tu pourrais me le cacher longtemps? me dit-elle comme si elle n'avait plus de force.

- Je n'en sais rien, je l'espérais en tout cas, lui répondis-je en soufflant.

- Je veux que tu quittes cette maison Henry. Maintenant.

- C'est chez moi ici, je ne partirai pas.

- Très bien, puisque tu veux absolument rester ici, c'est moi qui part. On est tous les deux responsables de la situation et j'assumerai les conséquences de mes choix mais je ne peux plus vivre avec toi en sachant que c'est en particulier de ta faute si j'ai perdu mes enfants. Comme dirait Christophe, tu vas pouvoir t'occuper de ta famille sans le moindre problème.

- Nadine, s'il te plaît...

- Non, il n'y a plus de Nadine qui tienne. Je vais entamer une procédure de divorce. J'appellerai mon avocat le plus vite possible.

Elle monte les escaliers alors que je reste à la même place. Je l'entends se déplacer mais je suis trop abasourdi pour réagir.

Elle descend avec ses valises, et sans un regard pour moi, elle s'en va, claquant encore une fois la porte. Je me retrouve comme un con dans une maison vide. Pourquoi j'ai agi comme ça? Je me laisse glisser contre le mur, la tête entre les mains et pour la première fois depuis très longtemps, je me laisse emporter par ma tristesse et pleure toutes les larmes de mon corps.

En une soirée j'ai tout perdu.

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Pour être explosive, la discussion l'est! Que de révélations dans ce chapitre.

Alors, qu'en pensez-vous?

Chapitre corrigé le 1/07/18

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