Chapitre 43 - Explication explosive - part. 1
Point de vue de Gabriella
- Je ne veux pas y aller... on reste et on fait un méga câlin.
- Tu peux me faire ta tête de chien battu et me supplier, ça ne changera rien ma chérie. Il est temps de régler tout ça, me dit Logan, complètement insensible à mes suppliques.
- On pourrait faire ça par téléphone, grognais-je.
- Tu rigoles ou quoi? Je tiens à nos meubles figure-toi. Et mon petit doigt me dit que tu ne seras pas très calme. Autant que tu pètes un câble chez eux.
Je ne peux pas m'empêcher de faire ma gamine et je lui tire la langue. N'empêche, il n'a pas tort. Je sens que je vais avoir un peu de mal à gérer tout ça. Suite à notre conversation avec mon frère, il a été décidé que nous irions chez mes parents vendredi soir tous ensemble. Christophe avait intérêt à venir également, autrement j'étais capable d'aller le chercher par la peau du dos. Après tout, personnellement, je me serais bien contentée de les ignorer le reste de ma vie. Quand je fais part de ma réflexion à Logan, il glousse avant d'éclater franchement de rire.
- Pourquoi tu ris? Je ne savais que j'avais dit quelque chose de drôle.
- Non, j'étais juste en train de m'imaginer la tête de ton frangin pendant que tu le tirais par le cou, me dit-il hilare.
- C'est vrai que ça pourrait être marrant, riais-je.
- Plus sérieusement. Si tu ne règles pas ça maintenant, tu risques de le regretter tôt ou tard. Ce n'est jamais bon de traîner ce genre de casserole derrière soi, me dit-il tout en posant sa main sur mon genou.
- Tu crois que mon père sera là? demandais-je, inquiète.
- D'après ton frère, il n'est pas enchanté de la conversation et ne veut pas s'en mêler. Après, il aura peut-être changé d'avis.
- Mouais, de toute façon, vu le peu de cas qu'il fait de moi, je ne vois pas en quoi ça l'intéresserait. Et pourquoi je fais encore attention à ce qu'il pense hein? Ça ne devrait pas m'atteindre.
- Tu as beau faire celle qui s'en fiche et qui a tourné la page, il n'en reste pas moins ton père et tu as besoin de savoir que tu comptes pour lui. C'est humain.
- Stupide oui. En vingt-trois ans il a eu le temps de me montrer à quel point je compte pour lui, dis-je amère. Il prend encore plus soin de ces chaussettes, dis-je en riant.
- Écoute, essaie au moins de savoir pourquoi ta mère a agi comme ça et pourquoi elle soutient ton père. Ce sera déjà pas mal et ça te permettrait de comprendre un peu plus la situation.
Je reste silencieuse. Je regarde le paysage défiler par la fenêtre. Je n'ai jamais compris pourquoi ma mère cautionnait les agissements de mon père et encore mois pourquoi elle faisait de même. Une mère est censée aimer ces enfants et être là pour les protéger. Hors, elle n'a fait que renforcer mon sentiment d'être inutile et cette sensation d'être une moins que rien indigne d'être aimée. Il aura fallu que je rencontre Logan pour que je me rende compte que je valais quelque chose. Et encore, je n'en suis toujours pas complètement convaincue. Peut-être que les blessures que mes parents m'ont infligées sont trop profondes pour être réparées totalement. En tout cas, grâce à Christophe, une partie de mon coeur a déjà cicatrisé. Je pensais qu'il ne m'aimait pas et qu'il faisait exprès de m'ignorer ou du moins de faire peu de cas de ce qui m'arrivait. Nous avons beaucoup discuter dernièrement. Il s'en veut tellement de n'avoir rien vu avant. Il m'a encore dit récemment qu'il ferait tout pour se racheter mais franchement, ce qu'il a fait pour me sauver de Kevin me suffit amplement. Il a été là quand j'en avais besoin, c'est tout ce qui compte. Je suis sortie de mes pensées par Logan qui me demande la suite du trajet. Il n'est jamais venu chez mes parents et ne connaît pas du tout la région. Je lui indique donc de prendre la prochaine sortie et mon coeur se serre. La maison approche et cette discussion que je crains plus que tout avec. À défaut de s'arranger, les choses seront au moins plus claires et me permettront d'avancer. Plus qu'une rue et nous y sommes. Mes mains se serrent convulsivement, mon coeur bat plus vite. Je sens d'un coup la main de mon petit-ami qui vient englober mes poings.
- Du calme ma puce. Ça ne sert à rien de t'angoisser. Respire un bon coup, me dit-il.
- Plus facile à dire qu'à faire, grommelais-je.
- Je resterai toujours près de toi et ton frère sera là aussi. Tu peux compter sur nous.
- Merci... dis-je d'une petite voix.
Il se gare devant la maison et éteint le moteur tandis que je ferme les yeux pour rassembler tout mon courage. Des bras viennent m'entourer et une douce chaleur m'englobe, me calmant automatiquement.
- Prête?
- Ça ne peut pas être pire que d'affronter un psychopathe, dis-je en essayant de plaisanter.
- Quoiqu'il se passe, sache que je suis fier de toi et de la femme que tu es devenue en dépit de leurs efforts pour que tu n'arrives à rien, d'accord?
- Je t'aime Logan, plus que ma vie.
- Plus que la vie, me chuchote-t-il avant de m'embrasser délicatement.
- Allons-y avant que je n'ai plus le courage de rentrer dans la maison. Je vois que Christophe est déjà arrivé, tant mieux. Je n'ai pas envie d'un tête-à-tête avec eux.
Nous sortons de la voiture et nous dirigeons vers la maison. Nous sommes à peine arrivés devant la porte que celle-ci s'ouvre sur ma mère. Elle n'a pas bonne mine mais après tout c'est de sa faute.
- Bonjour Gabriella, me dit-elle. Et vous devez être son compagnon je présume.
- Maman, lui dis-je en signe de salutation. Voici Logan.
- Madame, la salue-t-il.
- Entrez, je vous en prie.
- Oh arrête avec tes simagrées s'il te plaît. Nous ne sommes pas ici pour un énième dîner.
Logan me serre la main pour me faire comprendre de me calmer. J'avance jusqu'au salon où je vois que maman a préparé des petits apéros et autres petites choses à déguster. Je ne peux pas empêcher l'amertume de me gagner.
- Tiens, tu as pu préparer ça toute seule, félicitations.
Je tourne la tête et voit Christophe qui surgit de la cuisine. Il jette un coup d'oeil à Logan pour lui faire comprendre que mon humeur ne lui a pas échappée. Il s'approche de moi et me prend dans ses bras. Je viens me blottir contre lui et je respire son odeur qui me calme presque autant que celle de mon petit-ami. Quand je vous dis que nous nous sommes rapprochés, ce n'était pas un mensonge. Il est devenu mon meilleur ami et je ne saurais pas le laisser s'en aller maintenant.
- Et bien, je vois que vous vous êtes bien rapprochés.
Cette voix me donne des frissons. C'est celle que j'entends dans ma tête en train de reprocher mon existence. Celle que j'aurais aimé ne pas entendre ce soir.
- Bonjour à toi aussi «papa», dis-je en insistant sur le papa.
- Ne m'appelle pas comme ça, me dit-il d'une voix froide. Et sépare toi de Christophe tout de suite.
- Je peux savoir pourquoi? demande l'intéressé. C'est ma sœur et elle a tous les droits.
- Ne l'appelle pas comme ça. Elle n'est qu'une épine dans mon pied et non ta sœur.
Bon, ça commence fort. Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps. Je sens déjà mes défenses se fendre petit à petit.
- Monsieur, avec tout le respect que je vous dois, vous n'avez pas à la traiter comme ça. Gabriella est un être humain et mérite d'être traitée comme tel.
- Et à qui ai-je l'honneur? Vous qui parlez de respect, vous ne vous êtes même pas présenté et je ne me rappelle pas vous avoir invité d'ailleurs.
Ok, là c'est bon. Je n'en peux déjà plus.
- Stop, ça suffit! Papa, ou plutôt Henry, redescend d'un ton. Logan est mon petit-ami et il a tous les droits d'être ici.
- Petit-ami? Intéressant...
- Laisse-le tranquille Henry...
Tiens ma mère ose ouvrir la bouche, c'est un miracle.
- Écoutez, plus vite on discute plus vite on pourra se séparer et aller chacun de son côté. Je vous propose donc de nous y mettre, nous dit Christophe.
- Oui, réglons cette histoire une bonne fois pour toute, soupirais-je.
Nous nous asseyons dans les fauteuils dans un silence pesant. Personne ne parle et n'ose lever les yeux. Après quelques minutes qui me paressent une éternité, je prends la main de Logan d'un côté et celle de Christophe de l'autre pour me donner du courage.
- Pourquoi? demandais-je simplement.
Un simple mot qui explique tout le reste.
- Oui Nadine, explique-nous un peu pourquoi?
Je ne comprends pas pour quelle raison c'est ma mère qui doit s'expliquer. J'ai l'intuition que nous allons remuer beaucoup de choses. À voir la tête de mon frère, je constate que lui non plus ne comprend pas.
- Il y a 24 ans, votre père et moi avons rencontré quelques difficultés.
- Des difficultés? Laisse-moi rire, dit mon père.
- Tu me laisses continuer ou tu expliques Henry? lui répondit froidement ma mère.
- Non, c'est bon, vas-y. Après tout, je ne connais qu'une partie.
- Donc, nous avons rencontré des difficultés dans notre couple. Tu ne dois pas t'en souvenir Christophe, tu étais encore trop petit. Nous avons fait une pause pendant laquelle je suis allée habiter chez votre grand-mère avec toi. J'étais au trente-sixième dessous. Je ne sortais que pour aller faire les courses et encore. Le reste du temps je restais enfermée et je parlais à peine. Grand-mère s'occupait de toi, je ne devais donc pas m'en faire de ce côté-là.
- Tu me fais rire Nadine, franchement, tu as eu le champs libre oui, ricane mon père.
- Tu n'étais pas là. À ce que je sache tu étais parti en voyage avec ta pouf du moment sans te retourner sur ton fils alors tu n'as rien à me dire là-dessus.
Je reste bouche bée. Mon père a eu des maîtresses? Comme quoi on ne connaît jamais vraiment ses parents.
- Au bout de quelques mois, ma mère en a eu marre de me voir dans cet état et m'a forcée à sortir. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même mais j'ai fait un effort. Pour mon fils surtout. Ton père t'avait déjà laissé derrière lui, dit-elle à Christophe, je ne voulais pas que tu te sentes abandonné par tes deux parents. J'ai donc repris pied peu à peu. Jusqu'au jour où je l'ai rencontré. Il faisait ses courses dans le même magasin que moi et je l'avais déjà vu de loin sans jamais lui adresser la parole. Ce jour-là, il m'a abordée et nous avons lié connaissance. Nous nous sommes revus plusieurs fois devant un café pour parler de tout et de rien. Je n'avais toujours pas de nouvelles de votre père et j'étais confuse dans mes sentiments. J'étais flattée d'intéresser quelqu'un comme Louis. Il était médecin et vivais à quelques pâtés de maison de chez maman.
- Comme c'est pratique...
- Henry...
Elle fait une pause et reprend quelques instants après.
- Et arriva ce qu'il devait arriver. Je suis finalement tombée amoureuse de lui. Notre relation était douce et pleine de tendresse, nous dit-elle un sourire nostalgique sur le visage. Jusqu'à ce qu'il me soit enlevé brutalement. Il rentrait chez lui quand un orage a éclaté, il a voulu éviter la foudre et a foncé dans un arbre. Il est mort sur le coup.
Les larmes coulent sur mes joues. Je ne savais pas que maman était passée par là. Je la regarde et vois qu'elle pleure aussi. Je serre un peu plus les mains qui m'entourent et j'en profite pour me caler contre Logan. Il doit sentir mon besoin de réconfort puisqu'il lâche ma main pour passer son bras autour de moi.
- Quelques temps après, votre père est venu nous chercher. Il s'est excusé, m'a suppliée de le reprendre. Je lui ai parlé de Louis mais il m'a dit qu'on pouvait quand même essayer de recommencer notre mariage. J'ai accepté. Je voulais que Christophe ait un père.
- Qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans? lui demandais-je une fois remise de mes émotions.
- Peu de temps après notre retour à la maison, j'ai commencé à être malade. Je perdais beaucoup de poids et la moindre chose que j'essayais de manger me faisait vomir. Je suis allée voir le médecin pensant que j'avais une gastro. En fait, j'étais enceinte de toi. Je n'en revenais pas. J'avais une partie de Louis qui poussait en moi. Il m'avait laissé un souvenir de lui.
- Comment pouvais-tu être sûre que tu n'étais pas enceinte de papa? demande Christophe.
- À notre retour, je suis tombée dans les bras de votre père mais ce fût la seule fois avant longtemps. Je ne me sentais pas de faire l'amour avec quelqu'un d'autre que Louis si peu de temps après sa mort. J'ai douté pendant plus de trois ans.
Je commence à comprendre.
- Comment as-tu su?
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Début des explications plutôt musclé. Avez-vous envie de connaître la suite?
Bisouilles
Chapitre corrigé le 1/07/18
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