Chapitre 39 - Je veux revenir

           

Point de vue de Gabriella

Kevin me pousse sur la table de soin et enlève le reste de mes vêtements, non je ne veux pas. Non Kevin, laisse moi. Je le supplie, je pleure, je hurle mais il n'en a rien à faire. J'entends du bruit dans le couloir. Aidez-moi, s'il vous plaît. Kevin continue malgré le reste. Non, non, je ne veux pas, non. Il s'approche encore. Je hurle

- Non!

J'ouvre les yeux, je suis assise. Je transpire, j'ai des sueurs froides. Mon coeur tambourine à toute vitesse dans ma poitrine. Il me faut un petit peu de temps pour me rendre compte que je ne suis plus dans la salle de Kevin. Je soupire, soulagée et passe mes mains sur mon visage. Je me recouche et regarde le plafond. Je n'arrive pas à croire à ce qu'il s'est passé et pourtant c'est la réalité.

- Chérie?

Je tourne la tête et j'aperçois Logan couché près de moi. Il ne me demande plus comment je vais, depuis le temps il est habitué.  Comme tous les matins, je me blotti dans ses bras. Cela fait maintenant trois semaines que ça a eu lieu et je fais toujours le même cauchemar. Chaque nuit, je revis une partie de cet épisode que je préfèrerais oublier.

Je ne suis pas encore retournée travailler. Les médecins m'ont mise en congé maladie et de toute façon, Julien ne voulait pas que je revienne trop vite. Je n'ai eu que quelques égratignures qui ont vite guéri mais la blessure psychologique c'est une autre histoire. Ils ont voulu que je vois un spécialiste mais je ne me sens pas prête à en parler.

Logan est venu définitivement habité avec moi. Il n'est même pas rentré à la caserne en fin de compte. Il n'a pas voulu me laisser seule. Il avait trop peur de ce que je pourrais faire. Je peux le comprendre, il m'a fallu un petit moment pour redevenir moi-même. Je suis restée dans un état catatonique pendant plusieurs jours, je ne supportais aucun contact excepté celui de Franck et de Logan et encore, c'était limite. Ils ont dû prendre beaucoup de précautions pour m'approcher. Ils m'ont raconté ce qu'il s'est passé et le rôle de chacun. Qui aurait cru que Christophe se transformerait en bagarreur pour me défendre? En fait, il faisait partie du plan de Logan, tout comme les résidents. Ils étaient tous sur le qui vive, près à intervenir comme les soldats qu'ils sont. Logan se trouvait dans une voiture à proximité, avec Trevor, ce qui explique pourquoi il a été aussi rapide ce jour-là. Je ne sais pas comment je vais pouvoir les remercier. Ils m'ont sauvée d'un destin dont je n'aurais pas pu me remettre.

Je me suis beaucoup rapprochée de Franck. Il a pris la place que mon père n'aura jamais. Je peux me confier à lui sans arrière pensée. Sa guérison continue et il sortira bientôt. Apparemment, ils ont décidé de continuer les séances de l'après-midi même s'ils préféraient quand je les animais. Cette idée me fait sourire.

- À quoi tu penses? me demande Logan.

- Aux résidents du centre. Ils sont incroyables. Malgré que je ne sois pas là, ils continuent le travail que j'avais entamé avec eux.

- Ça leur fait du bien et leur permet de penser à autre chose. Ils ont été sacrément secoués avec cette histoire.

- Heureusement que vous étiez tous là, lui dis-je les larmes aux yeux.

- Chut, c'est fini. Tu vas bientôt reprendre ta vie là où tu l'as laissée et laisser ce fou loin derrière toi, me dit-il en me caressant le dos.

- Non, je ne pourrai jamais la reprendre.

- Si, j'en suis persuadé.

- Ce que je veux dire par là, c'est que je ne pourrais pas reprendre ma vie solitaire. Je me suis bien trop habituée à ta présence pour revivre seule. Et puis, ça marche bien nous deux, non? lui dis-je coquine.

- Je ne dirais pas ça... ça marche mieux que bien, me dit-il en rigolant devant mon air ahuri. Au fait, tu as eu des nouvelles de ton frère récemment?

- Arrête de faire comme si tu ne le savais pas. Vous êtes devenu comme cul et chemise tous les deux, lui dis-je en riant.

- C'est vrai. En tout cas, je suis content qu'il s'en soit sorti aussi bien. Quand je l'ai vu évanoui, je ne donnais pas cher de son état.

- J'en suis heureuse aussi. Tout comme Louis d'ailleurs qui s'en sort avec quelques égratignures.

Nous restons silencieux, perdus dans nos pensées. Je regarde l'heure mais comme d'habitude, mes cauchemars nous ont réveillé bien avant le moment prévu.

- Tu ne regrettes pas l'armée? lui demandais-je tout à coup.

- J'avais peur que ça soit le cas mais en fait non. En plus, travailler avec Trevor me plaît énormément. Ce qui m'ennuie le plus est de ne plus voir les gars. Mais bon, Gabe va bientôt nous rejoindre c'est déjà ça.

- Si tu veux, on pourrait les inviter à manger un soir. Ça me permettrait en même temps de faire plus ample connaissance avec eux.

- Tu es sérieuse? me dit-il avec un grand sourire.

- Évidemment. Demande leur quel jour les arrange et tiens-moi au courant.

- Merci ma puce, me dit-il en m'embrassant. Bon, je vais prendre ma douche et te préparer ton petit-déjeuner.

- Je peux le faire tu sais.

- Je sais mais j'aime m'occuper un peu de toi.

- Très bien si tu veux. Je pense reprendre le travail d'ici un jour ou deux.

- Ce n'est pas un peu tôt? Et si tu commençais par aller faire un tour là-bas et voir comment tu gères?

- C'est une bonne idée. Tu crois que je pourrais y aller aujourd'hui? J'ai besoin de prendre l'air et puis j'ai bien envie de revoir tout le monde.

- C'est une bonne idée par contre je ne pourrai pas venir avec toi, j'ai une surveillance.

- Je vais demander à Christophe s'il peut m'accompagner dans ce cas.

- Téléphone-lui, ça lui fera plaisir. Bon, je file ou je ne décollerai jamais, me dit-il en riant.

Je prends mon téléphone et envoi un sms à Chris pour savoir s'il est libre aujourd'hui. Sa réponse ne tarde pas. Il est libre cet après-midi. Je me décide à l'appeler, je sais qu'il est tôt mais il a répondu à mon message donc je sais qu'il est réveillé.

- Salut frangine, me dit-il en baillant.

- Salut, désolée de te déranger de si bon matin

- Tu parles, je suis sûre que tu n'es pas désolée du tout, dit-il en ronchonnant.

- C'est vrai, répondis-je hilare. En fait, je voulais savoir si tu viendrais avec moi au centre cet après-midi...

- Tu es sûre? Ce n'est pas trop tôt?

- Je voulais reprendre le travail dans un ou deux jours mais Logan m'a proposé d'y aller d'abord en reconnaissance pour voir comment je gère.

- Je l'aime de plus en plus ce gars. J'irai avec toi, tu peux compter sur moi. À quelle heure?

- Disons vers 13h00? Comme ça j'arriverai pendant la séance bavardage.

- Très bien, je passe te prendre. À tout à l'heure ma belle.

- Merci, à tout à l'heure.

Logan sort de la salle de bain et va me préparer mon petit-déjeuner. Quand je m'installe pour manger, je lui explique que Christophe vient me prendre en début d'après-midi.

- C'est bien, je préfère que tu n'y ailles pas seule la première fois.

- Je ne suis pas en sucre tu sais.

- Non mais tu ne pourras pas m'empêcher de m'inquiéter un peu surtout avec les derniers événements.

- Je sais, et je suis ravie que tu prennes soin de moi, lui dis-je en lui souriant.

- Je dois y aller, je te vois ce soir mon coeur.

- À ce soir.

Il m'embrasse passionnément avant de franchir le pas de la porte. Une fois seule, je finis de déjeuner et je débarrasse la table. En fait, je m'ennuie. Je n'ai rien à faire et je commence à tourner comme un lion en cage. Je vais déjà aller m'habiller et après je verrai bien.

La matinée se passe lentement, très lentement. C'est pourquoi quand Christophe sonne à la porte, je suis déjà prête et lui bondit dessus à son entrée.

- Et bien, je vois que tu es contente de me voir, me dit-il en rigolant.

- Tu n'as pas idée, je crois que je vais tourner folle si je ne bouge pas d'ici. Je m'ennuie à un point que tu ne t'imagines même pas.

- Ravi de te servir de distraction.

- Dis tout de suite que tu n'aimes pas passer du temps avec moi.

- Et bien maintenant que tu le dis...

Et là, nous éclatons de rire. Notre relation a beaucoup évolué. Ça allait déjà mieux mais depuis l'incident, c'est comme si nous avions toujours été proches. Nous sortons de l'appartement et prenons la route. Tout va bien jusqu'à ce que nous arrivions tout près du centre. Mon coeur bat trop vite, je commence à transpirer, mes mains deviennent moites et ma respiration s'accélère. Christophe doit s'en rendre compte parce qu'il se gare sur le bas côté et prend ma main.

- Tout va bien se passer Gaby, je suis là et tous tes amis aussi. Kevin est en prison et tous ceux que tu vas croiser tiennent à toi. Je suis sûr qu'ils ont hâte de te revoir.

Je prends quelques bonnes respirations pour me calmer. Il n'y a aucune raison pour que je m'inquiète.

- Tu as raison, soufflais-je. Allons-y.

- Sûre? De toute façon, je ne te lâche pas.

- Sûre.

Nous repartons et arrivons cinq minutes plus tard. Nous sortons de la voiture et Christophe m'attrape la main pour m'encourager. J'observe le jardin et l'entrée. Je me rappelle que ce jour-là il faisait beau et que j'étais partie prendre l'air sur un banc. Je me secoue, il faut que je revienne au présent. Nous continuons et pénétrons dans le bâtiment. Mes mains sont toujours aussi moites mais je sens que mon frère me rapproche de lui. Nous passons l'accueil qui est vide et quand nous approchons de la salle commune, j'entends les rires des résidents. Ce son me calme directement, j'ai tellement hâte de les voir. Nous franchissons la porte doucement et je sais exactement le moment où ils me voient. D'abord, le silence s'installe mais il ne dure pas longtemps. Bientôt ils crient tous mon prénom et viennent près de moi pour m'accueillir. Je ne sais plus où donner de la tête et les larmes se mettent à couler.

- Gabriella, ça va? me demande l'un des résidents. Pourquoi tu pleures?

- Je vais mieux, et si je pleure c'est juste parce que je suis contente de vous voir, dis-je en essuyant mes larmes.

- Mais qu'est-ce qu'il se passe ici?

Je reconnaîtrais sa voix entre mille. Franck vient d'arriver avec Julien. Ils sont abasourdis de me voir ici.

- Ce n'est que moi, que voulez-vous, je me fais toujours remarquer, dis-je en riant.

- Salut ma belle, me dit Franck, content de te voir.

- Si je m'attendais, c'est une bonne surprise. Mais tu n'es pas censée rester chez toi? me demande Julien, visiblement inquiet.

- Je vais finir par devenir folle. J'avais besoin de revenir, vous me manquiez trop.

- Tu es la bienvenue, tu le sais.

- J'aimerais revenir travailler en fait. Logan voulait que je teste d'abord avec une simple visite.

- Il a bien fait. Tu es sûre?

- Et bien, je pense que j'ai besoin d'exorciser ce qu'il s'est passé.

- Ce que je peux te proposer, c'est de revenir une heure ou deux et si ça va pour toi, tu restes la journée aussi non tu rentres, me dit Julien.

- C'est une bonne idée.

Nous passons l'après-midi à rire et à plaisanter. Ça m'a fait du bien, franchement. D'ailleurs nous n'avons pas vu l'heure. Il est temps de rentrer à la maison.

Demain je reprendrai le travail, en tout cas, pour quelques heures. J'ai hâte de revenir à une vie normale et ça commence par là.

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Voili voilou, Gabriella reprend du poil de la bête.

J'en profite pour vous prévenir que l'histoire se termine doucement. Il reste encore quelques chapitres mais plus beaucoup.

Passez un bon week-end :-)

Bisouilles

Chapitre corrigé le 1/07/18

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