Chapitre 31 - Mais qui?
Point de vue de Gabriella
J'ai rarement vécu une semaine aussi tendue. Quelque chose dans l'air me met particulièrement sur les nerfs. Cette sensation d'être épiée et suivie ne m'a pas quittée et pourtant je n'ai vu personne. J'ai limité mes sorties au maximum mais je ne vais pas pouvoir faire ça pendant longtemps, je ne tiendrai pas le coup. Avec Logan ce n'est pas mieux. Pas que ce soit tendu entre nous, au contraire le fait de se voir souvent nous rapproche de plus en plus. Non, c'est plutôt entre lui et Kevin que ça blesse. Au début, ils s'entendaient bien, du moins c'est ce que je pensais. Au fur et à mesure que la semaine a avancé, j'ai pu constaté qu'ils étaient distants. J'en ai parlé à Logan qui m'a expliqué que, pour lui, Kevin me collait un peu trop. Tout d'abord, j'ai pensé que Logan était jaloux et légèrement possessif ce qui m'étonnait de lui étant donné que je ne le connaissais pas sous cet angle. Mais je me suis vite rendue compte qu'il avait raison. J'ai pu observé les regards que Kevin me portait quand il pensait que je ne le voyais pas. J'ai également constaté qu'il avait tendance à toujours vouloir me toucher. Une tape sur l'épaule, remettre une mèche de mes cheveux en place, m'embrasser plus longtemps que nécessaire pour me saluer, ... oui, décidément, Logan a raison. Je n'ai pas eu l'occasion de lui en parler et pour être franche j'ai souvent trouvé des excuses pour l'éviter. Il commence à sérieusement me mettre mal à l'aise. Cela dit, cette situation n'a pas que des mauvais côtés. J'ai pu constater avec amusement que Logan avait sa petite troupe de soldats prête à me défendre bec et ongles contre le méchant. Oui vous avez deviné. Franck et ses compagnons de galère se sont mis en tête de me protéger. Donc tous les midis, Franck me réservait une place à sa table où tous les autres sièges étaient déjà malheureusement pris. Kevin se voyait rembarré à une autre table non sans lancer des regards noirs autour de lui. Et quand, par hasard, un de mes protecteurs me voyaient seule avec Kevin pendant la journée, il avait toujours quelque chose à me dire ou voulait discuter avec le kiné. Je dois dire que ça fait bizarre mais ce n'est pas désagréable. C'est comme si j'avais des frères plus âgés.
Nous sommes jeudi aujourd'hui et demain est déjà le dernier jour de rééducation de Logan. Kevin a confirmé que son épaule était parfaitement remise et qu'il pouvait donc reprendre du service. Cette nouvelle me rend triste. Je n'aurai plus d'excuse pour le voir tous les jours. Mais bon, comme dirait Franck, c'est la vie, on ne peut pas y échapper. Mon petit-ami doit arriver d'ici quelques minutes en espérant que le kiné ne l'ait pas trop fatigué. D'ailleurs, je suis sortie de mes pensées par un coup sur la porte. Vu l'heure, ça doit être mon chéri. Je lui dis donc d'entrer.
- Salut la plus belle, me dit-il avec un grand sourire. Alors comment va ma petite-amie?
- Salut toi, je suis très pensive et ça ne m'aide pas du tout à avancer mais je m'en sortirai comme d'habitude.
- J'en suis sûr, me répondit-il tout sourire. Quel est ton programme cet après-midi?
- Je dois préparer l'entrée de deux soldats pour demain et nous avons également un départ cet après-midi.
- Emploi du temps chargé donc, me regarde-t-il pensif.
- Effectivement, disons que je ne vais pas m'ennuyer. Et toi?
- J'aide Gabe à former les nouveaux. Il y a du travail mais ce sont de bons gars, ils apprennent vite.
- Tu n'utilises pas trop ton épaule hein.
- Mais non maman, rigole-t-il, promis. J'aurais préféré encore avoir mal et devoir encore venir ici pendant une semaine ou deux. Je n'aurai plus le plaisir de venir te taquiner, me dit-il tout triste.
- Tu trouveras d'autres occasions de le faire ne t'inquiète pas. D'ailleurs, je m'étais dit que comme demain c'est vendredi, tu pourrais peut-être venir passer la soirée chez moi, rien que nous deux. On a pas encore eu l'occasion profiter l'un de l'autre depuis ton retour et tu me manques, lui dis-je gênée.
- Tu me manques aussi ma belle. J'accepte avec plaisir. Si tu veux je pourrai passer te prendre au travail.
Je ne sais pas trop. D'un côté, ça m'aiderait à oublier celui qui m'épie pour une fois mais d'un autre côté, j'ai envie de nous préparer un petit cocon.
- Je préfère que tu me rejoignes à mon appartement. Tu n'auras qu'à venir quand tu as fini à la caserne.
En général, j'ai fini bien avant lui ce qui me donnera le temps de tout préparer.
- Très bien, comme tu voudras, me dit-il en souriant. Bon , je vais devoir te laisser chérie, Gabe m'attend.
- De toute façon, je ne suis pas seule avec ta petite troupe.
- Ah, tu es au courant...
- Et bien, difficile de ne pas l'être, lui dis-je en rigolant. Je peux même te dire qu'ils sont exemplaires.
- Génial, ils auront une récompense dans ce cas, dit-il en rigolant.
- Ne leur dit jamais ça, tu cours à la catastrophe.
- Ouais, tu as raison. Bon, à tout à l'heure au téléphone ma belle.
- À tout à l'heure.
Il me prend dans ses bras et m'embrasse comme si sa vie en dépendait. Je profite de ce moment de bonheur qui nous est donné. Je ne veux pas quitter ses bras, j'y suis trop bien. Malheureusement, l'heure du départ arrive rapidement. Il s'en va, non sans m'avoir donné ces dernières recommandations comme d'habitude.
L'après-midi se passe à une vitesse folle et je n'ai pas le temps de dire ouf qu'il est déjà l'heure de rentrer chez moi. Je décide d'aller faire quelques courses ce soir, ce qui me permettra d'avoir plus de temps pour préparer le reste pour demain. Une sensation familière de peur m'envahit dès que je mets un pied à l'extérieur du bâtiment. Il va vraiment falloir que j'en parle à Logan, ce n'est pas normal. Et je dois avouer que ça me terrifie de plus en plus. C'est donc au pas de charge que je fais mes emplettes et rentre chez moi.
Passer la soirée au calme et sans avoir à réviser quoique ce soit est encore étrange pour moi mais bizarrement, ça me manque. Je suis désoeuvrée dès que je suis à la maison. Je n'ai plus l'habitude de n'avoir rien à faire et il m'arrive régulièrement de m'ennuyer. En plus, cette solitude commence à me peser. Je ne suis pas faite pour vivre seule et je m'en rends compte de plus en plus. Maintenant que ma vie professionnelle est sur les rails, le besoin de fonder ma propre famille se fait ressentir. Cela dit, je ne veux pas faire fuir Logan non plus. Nous nous connaissons depuis peu et avec son séjour à l'étranger, nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de creuser plus avant. Mon instinct me souffle cependant à l'oreille que c'est le bon. J'espère de tout coeur que l'avenir nous le confirmera.
Allongée sur mon lit, je discute au téléphone avec Logan. Nous parlons de mes parents et du fait que je vais devoir tôt ou tard les confronter mais je préfère attendre encore un peu. Je sais, c'est lâche mais j'ai tellement les nerfs à vifs cette semaine que je ne serais pas capable de leur parler sans m'énerver. Sans m'en rendre compte je pousse un soupir que Logan entends.
- Qu'est-ce qu'il se passe Gaby? Et ne me dis pas rien, je ne te croirais pas.
- Je suis sur les nerfs cette semaine et ça n'a rien à voir avec mes parents.
- J'avais cru remarquer mais je préférais que tu m'en parles de toi-même. Il y a une raison précise?
- Et bien, tu dois promettre de ne pas te fâcher d'abord.
- Gaby, tu commences à me faire peur. Dis-moi ce qu'il y a.
- Promets-le moi d'abord.
- Très bien, je ne me fâcherai pas contre toi. Contente?
- Moui, on va dire que je te crois à moitié.
- Gaby...
- Et bien... euh... je me sens épiée et suivie et ...
- Et tu ne me l'as pas dit?me dit-il en colère
- Tu avais promis.
- Gaby, dis-moi tout de suite depuis combien de temps ça dure.
- Et bien, ça fait une semaine que je l'ai remarqué et ça s'intensifie. Maintenant, ça dure peut-être depuis plus longtemps mais j'étais tellement ailleurs avec tout ce qui t'est arrivé que je ne faisais pas attention.
- Ok... À quel moment te sens-tu épiée?
- Au début, c'était juste lors des trajets du centre à chez moi mais maintenant c'est dès que je sors de mon appartement.
- Tu te sens menacée?
- Je ne suis pas à mon aise et pour tout te dire, je n'ai jamais autant couru pour rentrer chez moi. Heu Logan?
- Oui
- Parfois j'ai cette impression quand je travaille aussi, lui dis-je toute timide.
- ...
- Logan? Mon coeur?
- Je suis là mon ange. Écoute, reste sur tes gardes, je vais voir ce que je peux faire. Je n'aime pas ça pour être franc.
- Merci, lui dis-je soulagée. Je t'aime Logan.
- Je t'aime aussi ma belle. Je vais te laisser dormir. On se voit demain. Bonne nuit
- Bonne nuit.
Je raccroche soulagée de lui avoir dit. Bon, comme je le pensais il n'a pas apprécié que je ne le lui dise pas. En même temps, je ne vais pas l'embêter à chaque fois que j'ai peur non plus. Je vais me préparer pour la nuit et file dans sous la couette en prenant Éléphant dans mes bras. J'ai à peine fermer les yeux que je m'endors.
Nous avons reçu les nouveaux arrivants ce matin. Le temps d'installer tout le monde, Logan avait déjà fini sa séance. Je n'ai même pas eu l'occasion de le voir à son arrivée tellement j'étais occupée à courir partout. J'étais à la cuisine pour prendre mon thé quand il est arrivé. Il avait l'air préoccupé et m'a fait signe de le suivre dans mon bureau. J'ai à peine le temps de rentrer dans la pièce qu'il me prend la tasse de thé, la dépose sur le bureau et me plaque contre lui. Je suis prise dans l'étau de ses bras et pour ne rien vous cacher, cela fait disparaître automatiquement toutes mes pensées. Je relève la tête et croise son regard. Il ne lui en faut pas plus pour se jeter sur mes lèvres dans un baiser enflammé. Ma température corporelle augmente proportionnellement à la force de ce dernier. Au bout d'un temps qui me semble bien trop court, il se sépare de mes lèvres et vient déposer son front sur le mien.
- Je t'aime Gaby.
- Je t'aime aussi. Je dois dire que tu as une manière très agréable de me dire bonjour, lui dis-je encore sonnée par ce baiser.
- J'en meurs d'envie depuis hier soir.
- Ça tombe bien, tu peux recommencer quand tu veux. Cela dit, j'aurais ça le matin comme réveil je ne suis pas sûre que je saurais me lever, avouais-je timidement.
Nous restons quelques minutes dans cette position, comme si le monde autour de nous n'existait pas. La réalité reprend bien vite ses droits sous la forme d'un coup frappé à la porte. Je me sépare à contrecoeur de Logan et vais m'asseoir à mon bureau.
- Oui, entrez.
- Salut Gabriella, Logan.
- Salut Julien, lui répondis-je soulagée que ce ne soit pas Kevin. Que puis-je pour toi?
- Et bien, à vrai dire, c'est Logan qui m'a demandé de venir.
Je regarde l'intéressé qui se contente de hausser les épaules. Julien et ce dernier s'installent dans les chaises en face de mon bureau quand Logan prend la parole.
- Gabriella m'a informé hier soir qu'elle se sent épiée et suivie depuis une semaine, peut-être même plus. D'après elle, cela se passe lors de ses trajets d'ici à chez elle et également quand elle sort de son appartement.
- Gabriella? Pourquoi ne m'avoir rien dit?
- Je ne voulais pas vous embêter avec mes problèmes c'est tout, dis-je en haussant les épaules.
- Et qu'est-ce que je peux faire? Je veux dire, je ne suis pas policier, nous dit Julien.
- La suite ne va probablement pas te plaire. Elle commence à avoir la même sensation quand elle est ici, au centre.
- Comment est-ce possible?
- La seule réponse que j'ai trouvée est que la personne qui l'épie travaille ici.
Je vois Julien estomaqué. Il ne sait pas quoi répondre et franchement je le comprends. Il a confiance dans toutes les personnes qui travaillent pour lui et ne peut imaginer un seul instant un des ses employés utiliser de tels procédés.
- Mais qui?
- Tu n'as rien remarqué de bizarre ces derniers temps? Quelqu'un qui part plus vite que d'habitude ou qui au contraire prolonge son planning pour être plus ou moins en même temps que Gabriella?
- Je ne vois pas. Écoute, je ne vérifie pas à la pointeuse et ce n'est pas moi qui me charge des paies. Je ne peux donc pas te dire qui fait des heures supplémentaires ou qui triche sur ces heures. Mais je peux demander discrètement à la personne qui s'en occupe.
- Bonne idée, quand tu as la réponse, tu me préviens. Tu n'en parles à personne d'accord?
- Cela reste entre nous, promis. Vous avez déjà une petit idée ou pas vraiment?
- J'en ai bien une mais je préfère que les faits me le confirment avant de l'impliquer.
- Ok, bon, je file vérifier tout ça. J'ouvrirai un œil et veillerai sur Gabriella tant qu'elle sera dans nos murs.
- Merci Julien, j'attends de tes nouvelles. Gabriella a mon numéro de portable, tu n'auras qu'à le lui demander.
- Très bien. À plus tard.
Julien sort de mon bureau et je vois que Logan se lève également.
- Je te laisse ma belle, je te rejoins chez toi ce soir. Vers 18H00 c'est bon?
- C'est parfait. À ce soir monsieur mon petit-ami, lui dis-je en souriant.
- Sois prudente d'accord? me dit-il l'air préoccupé.
- Promis, je rentrerai directement.
Il m'embrasse et sort me laissant seule dans la pièce. La peur reprenant ses droits à l'idée qu'un collègue puisse être derrière tout ça.
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Salut les gens. Comment trouvez-vous le chapitre? Il était temps que Gabriella se confie à Logan. Que pensez-vous qu'il va arriver???
Bisouilles
Chapitre corrigé le 1/07/18
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