Chapitre 30 - Obsession


Point de vue de Logan

Cela fait trois jours que je viens au centre pour ma rééducation et je dois dire que le kiné n'y va pas de main morte. D'après lui, il faut y aller un bon coup pour guérir plus vite. J'espère qu'il dit vrai parce que je suis épuisé. Je ne vais pas mettre en doute sa parole, à près tout, c'est son métier et pas le mien. Mon t-shirt est trempé par la transpiration et je la sens qui dégouline sur mon visage. Bon Dieu, c'est pire que mes séances de sport à la caserne. Ceci dit, j'ai perdu un peu de mon endurance ces derniers temps. Ces exercices me permettront de me remettre en forme du coup.

- Vous êtes sûr que ce n'est que l'épaule que vous remettez en forme? J'ai l'impression de passer sous un bulldozer, lui dis-je en riant.

- Oui mais il faut quand même que le reste de votre corps suive, me dit-il avec un clin d'oeil.

Gaby rentre après avoir frappé à la porte. Elle tient un dossier en main qu'elle dépose sur le bureau de Kevin.

- Salut Kev, je viens déposer le dossier du soldat qui est arrivé hier.

- Merci Gabriella, répondit-il pendant qu'elle se tourne vers moi pour m'embrasser.

Quand je relève les yeux, je vois que Kevin n'a pas l'air très heureux mais la lueur que j'aperçois dans son regard part tellement vite que j'ai pu me tromper.

- Alors monsieur muscles, tu as bientôt fini ta séance?

- Il en a encore pour 15 minutes et après je le libère, lui dit Kevin.

- Alleluia! Je t'aime bien Kevin, mais là je n'en peux plus.

- À ton avis Kev, il en a encore besoin de beaucoup de séances? demande Gabriella.

- Non, à vue de nez, je dirais que fin de semaine ce sera bon.

- Génial! Tu entends mon coeur, tu as bientôt fini, me dit-elle tout sourire.

Je vois Kevin tiquer lorsqu'elle m'a appelé par ce surnom. Depuis que je suis ici, j'ai pu remarqué qu'il est très présent pour elle. Voir même trop présent. Il faudra que j'en parle à ma petite-amie dès que j'en aurai l'occasion. Je ne sais pas si elle l'a remarqué mais ce n'est pas très sain, surtout qu'il sait qu'elle est prise.

- Bon, je vous laisse j'ai du travail qui m'attend, nous dit Gabriella. On se voit à ta sortie? me demande-t-elle.

- Je ne vais pas m'en aller sans venir te dire au revoir, rassure-toi, lui dis-je après l'avoir embrassée.

- Très bien à tout à l'heure.

Elle quitte la pièce et ferme la porte.

- C'est une sacré femme! me dit Kevin.

- C'est bien pour ça que je suis avec elle, elle m'a envoûté, lui répondis-je en insistant sur le «je».

Il ne dit plus rien et nous terminons la séance dans un silence pesant.

- Voilà, fini pour aujourd'hui. Vous pouvez y aller Logan.

- Merci. À demain?

- Oui à demain, même heure.

Je m'en vais et pars en direction du bureau de Gabriella quand un pensionnaire, Franck si mes souvenirs sont bons, vient me parler.

- Bonjour soldat, alors il vous a bien épuisé le Kevin?

- Ça vous pouvez le dire. Je ne rêve que de prendre une bonne douche, lui dis-je en rigolant.

Nous blaguons encore un peu puis Franck reprend son sérieux.

- Logan? Je peux vous appeler Logan n'est-ce pas?

- Évidemment Franck.

- Je ne voudrais pas me montrer indiscret mais j'ai cru remarqué que Kevin tourne un peu trop autour de Gabriella.

- Je m'en suis rendu compte. Comment ça se passe quand je ne suis pas là?

- Et bien, je ne les vois pas tout le temps mais de ce que j'ai pu voir, il essaie toujours d'avoir un contact avec elle. Je sais que ça la rend mal à l'aise. Dès que je le peux, je vais les interrompre. Comme par exemple pendant le repas, je lui garde une place près de moi et loin de lui.

- Je vois. Ça ne me plaît pas beaucoup. Il a un regard qui me dérange. Il est très sympa avec les autres mais quand c'est elle, il a une lueur qui apparaît dans le regard et qui ne me dit rien qui vaille. Je peux vous demander un service Franck?

- Tout ce que vous voulez Logan. Pour Gabriella, je ferais tout mon possible.

- J'aimerais que vous continuiez à garder un œil sur lui. Je ne serai plus là très longtemps et ça me rassurerait.

- Vous pouvez compter sur moi ainsi que sur les autres. On aime tous votre petite-amie, c'est notre rayon de soleil et on ne voudrait pas qu'il lui arrive quoique ce soit.

- Merci Franck, je vous revaudrai ça.

- Y a pas de quoi. Maintenant filez prendre une douche, vous sentez la transpiration soldat, me dit-il en riant.

- Je crois que je vais m'y mettre en entier sans me déshabiller.

- Vous n'auriez pas tort. À demain.

- À demain Franck.

Je vais au bureau de Gabriella et frappe à la porte. En attendant de pouvoir entrer, je regarde un peu plus l'environnement. C'est un beau centre et l'ambiance est vraiment agréable. Des fauteuils et des petites tables sont installés devant une grand baie vitrée qui donne sur un jardin rempli de fleurs multicolores et de plusieurs sortes d'arbres dont je serais incapable de donner le nom. À l'intérieur des ficus sont disposés à différents endroits, ce qui donne quelques touches de couleur à la pièce qui est peinte en beige. J'entends Gabriella qui me donne l'autorisation d'entrer, je franchis donc la petite distance qui me sépare d'elle et veux la prendre dans mes bras mais elle m'en empêche.

- Je t'aime Logan mais toi et ta transpiration allez rester loin de moi, me dit elle avec une mine dégoûtée.

- Tu oserais me laisser partir sans m'avoir fait un câlin?

- Sans aucune hésitation. Tu retournes directement à la caserne où tu pourras prendre une douche et te changer tandis que moi, je suis coincée ici encore quelques heures. Je tiens à rester un minimum présentable me dit-elle très sérieuse.

- Très bien, je m'en vais dans ce cas, dis-je en faisant semblant de partir.

- Hey, où tu t'en vas si vite? J'ai besoin de ma dose.

- Je croyais que je ne devais pas t'approcher, lui dis-je en haussant un sourcil.

- Je t'ai dit d'éviter de me prendre dans tes bras c'est tout. Je veux mon bisou moi, me dit-elle avec une petite moue triste.

- Bon très bien, si tu insistes.

Je m'approche d'elle et l'embrasse passionnément tout en la prenant dans mes bras et tant pis si elle n'est pas d'accord.

- Oh non, tu m'as bien eue! me dit-elle en râlant.

- Et oui, j'arrive toujours à mes fins, dis-je hilare. Bon, je te laisse travailler ma belle. Je te téléphone ce soir?

- Avec plaisir. J'ai hâte de pouvoir discuter un peu plus, on n'a pas vraiment eu l'occasion depuis ton retour.

- Au téléphone ce n'est pas facile. On se trouvera bien un petit moment pour se voir en-dehors d'ici, je te le promets ma belle.

Je l'embrasse une dernière fois et m'en vais, plongé dans mes pensées.

Point de vue de Kevin

Je le regarde s'éloigner du bureau de ma belle. Il est tellement pris dans ses pensées qu'il ne m'a pas vu. Ceci dit, il aurait eu du mal à me voir. Je suis caché derrière le distributeur de boissons, personne ne vient jamais par ici et c'est un coin très bien placé puisque j'ai une vue imprenable sur son bureau. Je les ai entendu rire ensemble et puis je n'ai plus rien entendu. Je présume qu'il a osé poser ses lèvres sur celles de Gabriella. Il n'a pas le droit, elle est à moi. C'est moi qui devrait l'embrasser, pas lui. C'est moi qui suis resté près d'elle et qui ai veillé sur elle pendant que monsieur était en mission. C'est avec moi qu'elle a ri.

Cette fille m'obsède. Quand je ne la vois pas, je pense à elle. Je rêve d'elle chaque nuit. Je nous imagine vivre ensemble, nous marier et pourquoi pas avoir des enfants. Elle doit faire partie de ma vie sinon cela n'a aucun sens. Dès que son béguin pour Logan sera passé, elle viendra vers moi. Elle finira bien par comprendre qu'elle est faite pour moi et pas pour lui. Je ne parviens pas à la quitter. Quand elle s'en va, je ne peux m'empêcher de la suivre jusqu'à ce qu'elle rentre chez elle. Je vais m'installer dans l'autre côté de la rue et j'observe ses fenêtres pendant des heures dans l'espoir de voir sa silhouette.

Au début, je ne la voyais pas autrement que comme une collègue. Puis j'ai passé de plus en plus de temps avec elle et j'ai craqué. Son sourire, sa joie de vivre m'ont séduit. Un jour, je devais aller la trouver pour le dossier d'un résident et je l'ai vue effondrée sur son bureau. Elle pensait certainement que personne ne pouvait la voir. Je ne lui ai jamais dit que je l'avais surprise dans cette position de faiblesse mais ça m'a montré un autre côté de sa personnalité. Elle fait la forte devant tout le monde mais je sais qu'elle est fragile. Et j'ai envie de la protéger depuis ce jour-là.

Je veux la voir loin de Logan. Qu'est-ce qu'il peut m'énerver celui-là. On était bien tranquille sans lui et puis il est revenu. Blessé mais il est revenu et je n'ai plus eu la chance de voir Gabrielle aussi souvent qu'avant. Je ne pouvais pas rester loin d'elle, cela m'était impossible. Je suis donc resté près d'elle alors qu'elle était au chevet de ce moins que rien. Quand je me suis retrouvé seul près de lui, j'y ai vu l'opportunité de m'en débarrasser. Je lui ai donc raconté que Gabriella était avec moi, qu'elle n'en avait rien à faire de lui et qu'elle ne faisait que s'amuser. J'ai ensuite pris un coussin qui traînait et j'ai commencé à l'étouffer. J'aurais réussi mon coup si cette machine de malheur n'avait pas attiré tous les infirmiers de l'étage. Quand j'ai entendu des pas dans le couloir, j'ai juste eu le temps de remettre l'oreiller en place et de faire semblant de m'inquiéter.

J'entends du bruit qui provient du bureau, je me mets devant le distributeur et prends une tasse de café, histoire de faire comme si ma présence ici était normale. Du coin de l'oeil, je vois Gabriella fermer son bureau, des dossiers dans les mains.

- Tu vas chez Julien?

- Oh Kev, tu m'as fait peur. J'étais dans mes pensées, je n'ai pas vu que tu étais là.

- Pas grave ma belle, lui dis-je en rigolant. Tu vas chez Julien? lui demandais-je encore une fois en lui montrant les dossiers.

- Oui, je dois discuter de plusieurs résidents avec lui, me dit-elle en souriant. Et toi, tu as fini ta journée?

- Non, je dois encore préparer les rendez-vous que j'ai demain.

- Bon et bien, travaille bien alors. Je te dis déjà à demain si je ne te croise plus.

- Tu pars en avance aujourd'hui?

- Il est déjà 16h30 Kev, je n'ai pas envie de passer ma nuit ici, répondit-elle en riant.

- Ah oui? Je ne m'étais pas rendu compte de l'heure. Bonne soirée alors.

Elle s'en va et je retourne à mon bureau. Je vais devoir faire attention, je suis resté beaucoup trop longtemps caché, je ne dois pas me faire pincer. Je finis ce que je dois faire et m'en vais. Je me glisse sur le côté du bâtiment et attends qu'elle sorte, comme tous les soirs depuis des semaines.

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Le chapitre a bien failli ne pas venir. J'ai été déprimée toute la journée et l'inspiration ne venait pas. Mais tadam... il est là. Alors qu'en pensez-vous?

Chapitre corrigé le 1/07/18

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