Chapitre 28 - Décision
Point de vue de Logan.
Je quitte l'hôpital aujourd'hui. Mon épaule va mieux et je n'ai plus montré de signes de problèmes cardiaques. Ils ne savent toujours pas les raisons de mon arrêt d'ailleurs et nous ne le saurons probablement jamais. Tout ce qui compte est que je sois maintenant en toute possession de mes moyens. Je vais cependant devoir suivre une rééducation pour mon épaule. D'un commun accord, il a été décidé que je suivrais cette dernière dans le centre dans lequel Gabriella travaille, ce qui nous donneras un peu plus l'occasion de nous voir. Je vais devoir m'y rendre tous les matins pendant une semaine et nous verrons après suivant l'évolution si je dois continuer cette fréquence ou si nous pourrons la diminuer.
Gabriella m'a raconté tout ce qu'il s'est passé pour elle. À commencer par son évanouissement quand les médecins ont dû me réanimer. Elle était tellement sur les nerfs qu'elle ne l'a pas supporté. Et d'après ce que j'ai compris, elle ne prend pas soin d'elle depuis que je suis parti. Apparemment, c'est Kevin, son collègue, qui a tout de suite appelé une infirmière et ils ont pu ainsi l'installer dans une chambre à l'écart pour que Gabriella puisse se reposer. Décidément cette année est synonyme d'épuisement et de chocs à répétition pour ma chérie. J'espère de tout coeur que c'est fini mais j'ai un mauvais pressentiment à ce sujet, surtout que l'histoire avec ses parents n'est pas encore réglée. Tout n'est pas noir cependant et c'est avec un énorme sourire qu'elle m'a appris pour son travail au centre et l'obtention de son diplôme avec les félicitations du jury. Je suis fier d'elle.
Ce qui me plaît un peu moins par contre, c'est la présence constante de Kevin à ses côtés. Je lui suis reconnaissant d'avoir veillé sur Gaby pendant que je n'étais pas là mais un lien fort s'est créé entre eux et je ne sais pas à quel point Gabriella s'est attachée à lui. Je sais que je ne devrais pas mais c'est plus fort que moi. Je l'aime mon petit bout de femme et notre relation étant récente, j'ai peur de la perdre. Surtout que j'ai un travail dangereux dans lequel je risque ma vie constamment et qui m'amène loin d'elle pendant de longues périodes. Contrairement à Kevin qui a un travail pénard et proche d'elle. Ils se voient tous les jours de la semaine et s'envoient constamment des messages.
C'est Gabe qui vient me chercher. Ça me donne une vague impression de déjà vu et ça me fait sourire. Heureusement qu'il est là. Je n'ai pas encore eu l'occasion de le revoir depuis que je suis en état de parler et je ne sais toujours pas ce qu'il s'est passé sur le champ de bataille. Je sais juste qu'ils sont revenus peu de temps après moi, le coeur lourd de la perte de Michaël. Il avait beau ne pas faire partie de notre caserne, c'est un peu de nous qui est parti avec lui. Je suis en train de fermer mon sac et de vérifier que je n'ai rien oublier quand Gabe rentre dans la chambre. Sans un mot, nous nous étreignons.
- Quand je t'ai vu écroulé au sol, baignant dans ton sang, j'ai bien cru que je ne te reverrais jamais. Ne me fais plus de peur pareille s'il te plaît, me murmure-t-il.
- Ce n'est pas dans mes intentions, rassure-toi...
- Et si on partait d'ici? J'ai l'impression de venir te chercher un peu trop souvent dans les hôpitaux ces derniers temps, me dit-il mi-sérieux, mi-amusé.
- Je quitterai cet endroit avec plaisir, crois-moi.
Nous sortons sans un regard en arrière, pressés de se retrouver ailleurs.
- Ça te dit d'aller boire un verre avant de rentrer?
- Ouais, ça ne me fera pas de tort, lui répondis-je.
Nous prenons la voiture et nous arrêtons au premier café que nous voyons. Le temps est magnifiques et nous décidons de nous installer en terrasse. Sentir la chaleur du soleil sur ma peau m'a beaucoup manqué et j'apprécie de pouvoir en profiter sans devoir faire attention à ce qui nous entoure. Le serveur vient prendre notre commande et revient cinq minutes plus tard chargé de nos boissons.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé? lui demandais-je d'un coup.
Il ne me demande pas de quoi je parle. Il savait que j'allais poser la question tôt ou tard.
- Jusqu'où tu te rappelles?
- Je me rappelle que je partais pour l'avant de la réserve quand j'ai senti une brûlure à l'épaule. J'ai essayé de continuer malgré tout mais je me suis effondré et puis plus rien, c'est le trou noir.
- Je me baissais pour passer discrètement en-dessous de la tente quand je t'ai vu à terre. J'ai crié, je t'ai appelé mais tu ne répondais pas. Je suis venu à tes côtés pour voir tu si respirais toujours et quand j'ai trouvé ton pouls, j'ai prévenu Thomas qui est arrivé directement. On venait de perdre Michaël et on ne voulait pas te perdre aussi mais on devait avant tout accomplir notre mission. J'ai donc ordonné à Thomas de rester près de toi pendant que j'allais sécurisé la zone. Il a regardé d'où provenait le sang et a appuyé sur ta plaie avec ce qu'il avait sous la main. Heureusement, la balle était ressortie et je crois que c'est ce qui t'a sauvé. Au bout d'un temps qui nous a paru interminable, on est venu à bout des rebelles. Les autres gars du camp ont fait du bon boulot. Les infirmiers ont fait ce qu'ils pouvaient pour te stabiliser en attendant d'avoir des soins plus poussés. C'est là qu'on nous a dit qu'il fallait t'opérer et que donc tu serais rapatrié. Nous sommes partis du camp quelques jours après.
- Et Florès, il lui est arrivé quoi? lui demandais-je.
- Il est mort pendant l'attaque. Il a voulu défendre une de nos jeunes recrues et il l'a payé de sa vie.
- Ce n'était pas un mauvais bougre. On sait pourquoi il a aidé les rebelles?
- Oui, le Général a fait sa petite enquête et il se trouve que ces salopards avaient menacé sa famille. Il était pieds et poings liés.
- Ce sont vraiment des ordures.
- Je te le confirme!
Nous buvons notre verre, pensifs.
- J'ai eu le temps de réfléchir, couché dans ce lit, lui dis-je d'un coup. Je vais mettre un terme à ma carrière dans l'armée Gabe. Je suis trop vieux pour ces conneries et j'ai envie de profiter à fond de Gabriella. Je ne veux plus lui faire subir ce qu'elle a subi ces derniers mois. Notre relation est encore récente mais j'aimerais voir où elle peut nous mener et si je reste un soldat, ce ne sera pas possible.
- Je vois ce que tu veux dire et je te soutiens à 100 %. La mort de Luc et maintenant celle de Michaël m'ont fait réfléchir moi aussi. J'ai un ami qui a une entreprise de surveillance et qui a proposé de m'engager. J'en ai parlé avec Nathalie et elle me soutient quoique je décide. Évidemment ce sera nettement moins musclé comme travail mais ça me va. Tu sais déjà ce que tu vas faire après?
- Non pas vraiment. Je ne suis pas allé jusque là dans ma réflexion. Je vais déjà essayer de me remettre d'aplomb avant de réfléchir au reste.
- Si tu veux, mon ami serait prêt à t'engager également. Son entreprise s'agrandit et il cherche des gars comme nous. C'est moins bien payé qu'à l'armée mais le salaire reste correct.
- Merci pour l'offre. Elle est assez tentante je dois dire.
- Je peux toujours vous mettre en contact. Vous vous rencontrez et vous voyez ce que ça donne.
- Ouais, c'est une bonne idée.
- Tu as déjà parlé de ta décision à Gaby?
- Non, on a pas encore eu l'occasion de vraiment parlé. De plus, Kevin est toujours collé à ses basques pour être sûr qu'il ne lui arrive rien, lui dis-je amer.
- Kevin? Qui est-ce? me dit-il amusé.
- Son collègue, c'est le kiné du centre.
- Oula, je comprends mieux. Ne serait-ce pas une pointe de jalousie que j'entends dans ta voix? me dit-il hilare.
- N'importe quoi. C'est juste qu'il m'énerve, grommelais-je.
- Mais non tu n'es pas jaloux... tu n'aimes simplement pas qu'il rôde autour de ta petite chérie, me dit-il un grand sourire aux lèvres.
- Voilà, tu as tout compris!
- Désolé de te décevoir mais ça s'appelle de la jalousie mon pote.
- Allez, au lieu de raconter n'importe quoi, si on y allait? J'aimerais parler au capitaine.
- Tout de suite. De toute façon, j'aimerais lui parler aussi. On lui annonce ensemble?
- Oui, ça pourrait être marrant de voir sa tête quand on lui dira que deux de ses plus sérieux gars s'en vont en même temps, lui répondis-je hilare.
Et c'est comme ça que nous nous rendons à la caserne. Nous arrivons et je vais directement installer mes affaires dans ma chambre avant de rejoindre Gabe au bas des escaliers qui mènent aux bureaux. Arrivés devant celui du capitaine, Gabe frappe à la porte et nous attendons la permission d'entrer. Lorsque celle-ci nous parvient, nous entrons et nous retrouvons face au capitaine que nous saluons.
- Bonjour soldat, repos.
- Bonjour Capitaine, nous sommes venus demander la permission de vous parler.
- Permission accordée. Tout d'abord, comment allez-vous soldat Miller?
- Bien mieux mon Capitaine, merci de vous en souciez.
- Heureux que vous soyez en un seul morceau les gars. Nous avons encore souffert de beaucoup trop de pertes dans cette mission.
- Justement mon Capitaine, c'est de ça que nous aimerions vous parler.
- Je vous écoute mais asseyez-vous, ce sera mieux surtout pour vous Miller.
Nous nous asseyons donc dans les places désignées par le capitaine et nous enchaînons. Gabe étant le plus gradé, c'est lui qui prend la parole.
- Cela fait déjà longtemps que nous sommes au service de l'armée. Nous avons subi trop de pertes récemment et le soldat Miller ici présent a été sérieusement blessé dans les dernières missions qu'il a effectuées. Nous avons beaucoup réfléchi et avons pris la décision de quitter l'armée mon Capitaine.
- À vrai dire, je ne suis pas vraiment surpris de votre choix. Je me doutais que ça allait arriver d'ici peu. Cela ne m'enchante guère de perdre deux soldats de votre niveau mais je vous comprends.
- Merci mon Capitaine, répondons-nous en même temps.
- Pour ne rien vous cacher, j'allais justement vous convoquer soldat Miller. Il se trouve que j'ai votre dossier sur mon bureau depuis une semaine maintenant. Votre contrat arrive à son terme dans un mois et la question de le renouveler par le même occasion. Au vu de ce que vous m'avez dit, la question ne se pose donc pas.
- Effectivement mon Capitaine.
- Quant à vous soldat Martin, quand se termine votre contrat exactement?
- Dans trois mois mon Capitaine.
- Cela vous pose-t-il un problème de continuer jusqu'à la fin de celui-ci?
- Et bien, si j'ai la possibilité de ne plus aller en mission durant ce laps de temps, mon Capitaine, ça ne me pose aucun problème d'aller au terme du contrat.
- Au vu de votre parcours exemplaire, je n'y vois pas d'inconvénients. Vous entraînerez les nouvelles recrues pour le temps qu'il vous reste dans nos murs. Cela vous convient-il?
- C'est parfait mon Capitaine. Merci.
- Très bien, avez-vous d'autres questions?
- Non mon Capitaine.
- Tout est réglé dans ce cas. En tant que capitaine, je suis désolé de vous perdre mais en tant qu'homme, je comprends votre décision. Rétablissez-vous bien soldat Miller. On se croisera encore, je ne vous dis donc pas au revoir. Bonne journée à tous les deux.
- Bonne journée mon Capitaine, répondons-nous tout en le saluant.
Je me sens plus léger maintenant que ma décision est prise et que j'en ai discuté avec le capitaine. Il me reste donc un mois pour me retourner, trouver un logement et me remettre d'aplomb. J'ai hâte de le dire à Gabriella et de partager ma joie avec elle.
------------------------------
Alors, les ressentis de Logan et de Gabe, la prise de décision... Le début d'une nouvelle vie pour Logan. Que va en penser Gabriella? Et Kévin dans tout ça?
Ah que de questions! A vos plumes les amis, j'attends vos commentaires ;-)
Chapitre corrigé le 1/07/18
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top