Chapitre 26 - Électrochocs

Point de vue de Gabriella

Je suis assise dans un fauteuil et j'entends le bip incessant qui me rend dingue depuis maintenant deux semaines. Deux semaines qu'il est revenu mais pas comme je me l'imaginais. Nous parlons d'un retour plutôt brutal. Quand je repense à ce jour, j'en ai des sueurs froides. Je sortais de mon dernier examen et je pensais déjà à ce que j'allais pouvoir faire pendant les quelques jours que j'avais avant de recevoir mes résultats. J'étais rentrée chez moi et je m'étais étalée de tout mon long sur le lit, trop heureuse de pouvoir enfin lâcher prise. Entre la pression des examens et Logan qui ne me donnait aucune nouvelle, je dormais très peu et c'était un miracle que je tienne encore debout. J'allais fermer les yeux quand mon téléphone s'était mis à sonner. Trop fatiguée pour réfléchir, j'avais décroché sans regarder le nom de l'appelant. Maintenant encore, je me rappelle cet appel comme si c'était arrivé hier.

«- Allo

- Madame Gabriella Daniels?

J'avais l'impression de reconnaître la voix mais je ne me rappelais plus où je l'avais entendue.

- Elle-même.

- Général Simon à l'appareil.

- Bonjour Général. Que puis-je pour vous?

- Écoutez, ce que j'ai à dire est plutôt délicat.

Je commençais à avoir sérieusement peur. Je n'aimais pas du tout cet appel. Je me suis donc forcée à respirer et je lui ai demandé s'il était arrivé quelque chose à Logan.

- Je ne peux pas rentrer dans les détails et vous comprendrez pourquoi. Le soldat Miller vous a mis en contact en cas d'urgence et c'est le cas. Il vient d'être rapatrié et se trouve au même hôpital que la dernière fois.

- Oh mon Dieu, c'est grave? lui ai-je demandé, affolée.

- Le soldat Miller s'est pris une balle dans l'épaule et a perdu beaucoup de sang. Nous avons pu le stabiliser le temps qu'il ait des soins appropriés mais son état nécessite une opération. Aux dernières nouvelles, il était toujours inconscient.

- Est-ce que je peux aller le voir?

- Oui, vous êtes sur la liste des personnes autorisées.

- Merci de m'avoir prévenue mon Général. J'y vais tout de suite.

- Je savais que je pouvais compter sur vous. Je suis content qu'il vous ait. Courage Madame Daniels.

- Bonne fin de journée.»

Je me suis précipitée à l'hôpital et après un temps qui m'a semblé beaucoup trop long, j'en franchissais les portes. Après m'être présentée à l'accueil, on m'avait dit qu'il était en salle d'opération et qu'il y en aurait probablement pour quelques heures. J'ai quand même préféré rester, ma place était ici, près de lui. Je me suis donc rendue dans la salle d'attente. Je me sentais seule à tourner comme un lion en cage et j'ai décidé de prévenir Kevin, le kiné du centre. Nous nous sommes beaucoup rapprochés ces dernières semaines et je le considère comme un véritable ami maintenant. Une demi-heure plus tard, il était là. Quand je l'ai vu arriver je n'en revenais pas. Je pensais juste échanger quelques messages avec lui, je ne m'attendais pas à ce qu'il vienne jusqu'ici. Arrivé près de moi, il m'a prise dans ses bras pour me réconforter. Je ne me suis pas faite prier, j'avais vraiment besoin du soutien de quelqu'un. Après quelques minutes, il m'avait demandé si j'avais des nouvelles de Logan et là, les vannes avaient lâché et j'avais éclaté en sanglot. L'attente fût longue mais il est resté à mes côtés tout le temps. Je ne sais pas si je pourrai un jour le remercier comme il se doit mais je l'espère en tout cas.

Je reviens au moment présent et regarde Logan. Je le vois sur ce lit, aussi blanc qu'un cachet d'aspirine et relié à des machines qui surveillent son coeur ainsi qu'à un cathéter qui lui apporte tout ce dont il a besoin. Je ne peux rien faire du tout et ça me fend le coeur. Même les médecins ont fait ce qu'ils pouvaient et d'après eux ce n'est plus qu'une question de temps avant que Logan ne se réveille. Ils ont pu réparer les dégâts causés par la balle mais ils ne pourront pas dire s'il va avoir des séquelles avant son réveil.

Quelqu'un frappe à la porte avant de rentrer.

- Salut Gaby. Alors comment va notre beau au bois dormant?

Je ne peux empêcher un sourire de fleurir sur mon visage. Kevin et ses jeux de mots, je vous jure.

- Il dort, lui dis-je en rigolant. Rien n'a changé depuis hier. Je lui parle comme le médecin l'a conseillé et comme je fais tous les jours. Mais dis-moi, tu ne devrais pas être au centre?

- Je n'ai aucun patient cet après-midi et je suis, en quelque sorte, en mission.

- En mission? lui demandais-je un peu perplexe.

- Julien m'a demandé de venir te tenir compagnie. Il ne veut pas que tu restes seule tout le temps, me dit-il avec un sourire.

- C'est vraiment un patron hors norme dis-moi, lui dis-je étonnée de sa réponse. Tu viens donc uniquement parce que Julien te l'a demandé?

J'aime bien l'embêter. C'est d'ailleurs comme ça que notre amitié est née. Lorsque j'étais stagiaire au centre, nous adorions nous envoyer des piques. Nous avons fini par nous voir de plus en plus souvent surtout depuis que Logan a été envoyé en mission. Il s'était fait un devoir de me distraire de mes questionnements incessants. Il nous est arrivé plus d'une fois d'aller boire un verre à la cafétéria à la fin de notre service. À la fin de mon stage, il a même continué à prendre soin de moi en s'assurant que je me nourrisse correctement et que je dorme assez. Une vraie mère. Enfin, je suppose qu'une mère doit agir comme ça, la mienne ne l'ayant pas fait, je n'ai rien pour comparer.

- Je serais venu de toute façon. Tu as pris le temps de te reposer un peu et de manger un bout?

- Oui et non. Je suis retournée me reposer deux heures à mon appartement avant de revenir ici. Par contre, je n'ai plus le temps de faire les courses et du coup mon frigo est devenu une zone désertique.

- Gaby, ce n'est pas sérieux ma belle. Tu dois manger. Ne serait-ce que prendre un sandwich à la cafétéria. Je suis sûr que Logan ne voudrait pas que tu te rendes malade pour veiller sur lui.

- Je sais mais la nourriture servie à la cafétéria ne me donne absolument pas envie de manger. Et puis, je n'ai pas faim.

- Tu n'as déjà pas manger hier, ni les jours précédents si je ne me trompe pas.

- Ben si, j'ai mangé un biscuit du distributeur ce matin, lui dis-je fière de moi. Et puis, ça ne me fera pas de mal de perdre un peu de poids.

- Tu es parfaite comme tu es, ne dis pas de conneries s'il te plaît. Je vais rester ici pendant que tu vas manger un morceau à la cafétéria sinon je vais devoir utiliser les grands moyens pour te faire avaler quelque chose.

- Tu n'oserais pas? Et puis, qu'appelles-tu les grands moyens?

- T'emmener de force avec moi pour manger un vrai repas dans un restaurant plutôt qu'un petit truc ici en bas. Chose qui prendrait beaucoup de temps, si tu vois ce que je veux dire.

- Bon très bien, mais tu me promets que s'il se réveille tu me préviens tout de suite, lui répondis-je vaincue.

- Promis. Allez vas-y et ne reviens pas trop vite surtout, prends le temps de savourer ton repas, me dit-il en me faisant un clin d'oeil.

- Grr, tu me connais si bien, c'est affolant. À tout à l'heure.

Je ne sais pas comment je ferais pour tenir sans lui et sans les gens du centre. Ils sont aux petits soins avec moi. Kevin ne peut pas venir tous les jours mais il me bombarde de messages à longueur de journée. Une vraie mère poule. Je vais à la cafétéria et achète un sandwich que je vais manger dehors histoire de prendre l'air en même temps. Des bancs sont installés à l'extérieur dans un coin boisé juste à côté de l'entrée de l'hôpital. Le temps est ensoleillé et sec pour une fois du coup j'essaie d'en profiter un maximum avant de retourner auprès de Logan. Au moment où j'arrive dans le couloir, je vois que les infirmiers rentrent en courant et en criant dans une chambre. Mon sang ne fait qu'un tour quand je vois Kevin dehors. C'est la chambre de Logan. Je cours jusqu'à lui, affolée.

- Qu'est-ce qu'il se passe?

- Les moniteurs ont commencé à s'affoler. Je n'ai pas tout compris, j'ai juste vu des infirmières débarquer manu militari et m'éjecter de la chambre.

- Mon Dieu, et si...,

Je ne peux plus continuer ma phrase, c'est beaucoup trop dur. Je ne veux pas le perdre si rapidement après l'avoir rencontré. Je veux pouvoir profiter de lui encore un peu. Ce serait trop injuste d'être déjà séparés alors que nous venons seulement de nous connaître.

Kevin voit mon état et me prend dans ses bras. Une douce chaleur se répand en moi. Je ne comprends pas trop pourquoi mais pour le moment je m'en fiche. Il est devenu mon roc. Je sais que je peux compter sur lui et que je peux me laisser aller en sa présence. D'ailleurs, je ne peux plus retenir mes larmes et éclate en sanglots sur son épaule. Je sens sa main me caresser le dos pour me réconforter et ses bras me serrer plus fort. Son menton est posé sur ma tête. Il ne dit rien, il se contente de me bercer comme on berce un enfant. Le temps d'attente me semble interminable. Je ne sais pas combien de temps vient de s'écouler mais j'entends des pas qui viennent vers nous. Je me sépare de Kevin et me tourne.

- Le soldat Miller a fait un arrêt cardiaque mais nous sommes intervenus à temps. Nous lui avons fait des massages cardiaques ainsi que des électrochocs. Son coeur a redémarré mais il n'est pas encore complètement sorti d'affaires. Nous allons donc le mettre sous surveillance accrue.

- Il va s'en sortir? lui demandais-je perdue.

- Normalement oui. Cependant nous ne sommes sûrs de rien. Aucun signe ne laissait présagé l'arrêt qu'il vient d'avoir. Nous allons devoir lui faire des examens pour comprendre ce qu'il vient de se passer. Je pourrai alors répondre plus précisément à vos questions.

- Quand comptez-vous lui faire passer ces examens?

- Le plus tôt possible. Je vais de ce pas organiser tout ça.

- Merci Docteur.

- Soyez confiante Madame Daniels. Il est costaud et en bonne santé, me dit-il avant de s'éloigner.

- Comment ça va Gaby? me demande Kevin qui est resté en retrait. Viens t'asseoir, tu donnes l'impression que tu vas t'effondrer dans les secondes à venir.

- Ça va, je vais bien.

Mais j'ai à peine fait deux pas que mes jambes cèdent sous mon poids. Ma vision est remplie de petits points noirs puis plus rien. J'ai juste eu le temps d'entendre Kevin m'appeler avant de sombrer.

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Voilà le chapitre du jour. Bon je sais vous devez me détester... Ne me frappez pas s'il vous plaît. Logan n'est pas sorti de l'auberge, Gabriella qui se rapproche de Kévin et qui s'évanouit...

J'attends vos commentaires avec impatience :-). Bisouilles

Chapitre corrigé le 1/07/18

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