Chapitre 23 - Surprise
Point de vue de Gabriella
«Bonjour tout le monde, vous connaissez la chanson maintenant. Il est 6h00. C'est l'heure de se réveiller et de se rendre au boulot...»
Mmm non je ne veux pas me lever. Je mets l'oreiller sur ma tête pour ne plus entendre ce maudit réveil. Encore une nuit pourrie mais je me demande vraiment à quoi je m'attendais. On dirait que j'ai pris un abonnement! Foutu stress. Je me relève un peu et prends Éléphant près de moi. Le pauvre a été expédié à l'autre bout du lit pendant que je «dormais».
Trois semaines qu'il est parti et je n'ai toujours pas eu de nouvelles. J'ai envie de m'en tenir à l'adage «Pas de nouvelles, bonnes nouvelles» mais je n'y crois pas trop. Oui, je suis pessimiste et je pense toujours à tout ce qu'il peut arriver de mal. Merci grand-père de m'avoir refilé ce trait de caractère. Il faut savoir qu'il ne voyait que le mauvais côté des choses contrairement à ma grand-mère. Ça faisait balance et ça amenait à des discussions parfois folichonnes. Je les adorais et j'ai été dévastée quand je les ai perdus. Ils habitaient à une centaine de mètres de la maison ce qui me permettait d'aller les voir quand j'en avais envie. Ce qui, je dois bien l'admettre, se résumait à tous les jours. J'étais toujours fourrée chez eux. Je crois même qu'à une époque, je les voyais plus que mes parents. Je peux vous dire que j'en ai fait subir des vertes et des pas mûres à mon grand-père. Il a tout supporté sans broncher et avec le sourire. Je m'amusais à le coiffer, je le battais constamment aux cartes (à moins qu'il ne me laissait gagner, je ne l'ai jamais vraiment su) et plein de choses dont je ne me rappelle pas. Nous étions très complices et il a plus été mon père que le vrai. D'ailleurs, les cadeaux de la fête des pères que je fabriquais à l'école étaient toujours pour lui, c'est pour vous dire. De toute façon, papa avait ceux de Christophe et j'ai l'impression que les miens auraient de toute façon fini à la poubelle.
C'est ma grand-mère qui est partie en première. Je savais à partir de là que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne la suive. Ils ont été mariés pendant plus de soixante ans. Je ne sais pas si vous vous imaginez mais passer autant d'années avec quelqu'un pour moi reste un mystère. Ils s'aimaient plus qu'au premier jour et malgré toutes les épreuves qu'ils ont rencontrées, ils étaient toujours aussi soudés. Ils auraient pu nous donner une leçon ou deux sur la survie de couple. Un an jour pour jour après le départ de ma grand-mère, il est allé la rejoindre. Dire que ça a été difficile de me relever est une litote. J'ai perdu tous mes repères et les seules personnes qui m'aimaient sincèrement. Je suis peut-être une indécrottable romantique mais j'espère vraiment vivre une expérience comme la leur. Je suis réaliste quand même, je ne vis pas dans le monde des Bisounours. Ils ont eu beaucoup d'obstacles sur leur chemin mais ils ont su se soutenir pour les franchir et c'est ça que je voudrais trouver. Quelqu'un qui me donne la force d'avancer malgré les épreuves.
«Les petits loups, il est à présent 6h30. L'heure de retrouver la météo»
Bon, il faut vraiment que je me lève. C'est mon dernier jour, ce serait mal vu d'arriver en retard. Tant bien que mal je sors de la couette et vais me préparer. Je me demande ce que fait Logan en ce moment. Je ne sais même pas où il est mais c'est normal après tout c'est secret-défense. Ça me fait bizarre de dire ça. Ça me fait penser à un film d'action.
Bon, je suis prête et j'ai fini de déjeuner. Je prends mon sac et mes clés et pars au travail. Je n'en reviens toujours pas qu'ils veulent me garder et que j'y retourne une fois mon diplôme en poche. Je m'imaginais déjà devoir chercher pendant des mois avant de trouver un emploi correct. Je vais être honnête, je suis ravie de la situation et ça m'enlève une grosse épine du pied. Je n'aurai pas à me demander comment je vais payer le loyer. Tout comme je n'aurai pas à rentrer vivre chez mes parents. Mon Dieu, l'horreur intégrale. Je crois que j'aurais encore préféré dormir sous un pont. En parlant d'eux, je n'ai toujours pas eu le courage de les affronter. Avec tout ce qui me tombe dessus en ce moment, c'est bien le dernier de mes soucis. Il vaut mieux que je donne la priorité à mes examens et à Logan.
Après un trajet coincée dans le bus, je peux enfin respirer. Heureusement, il fait beau sinon je crois que j'aurais le moral dans les chaussettes. Maria m'accueille avec un grand sourire que je ne peux que lui rendre.
- Bonjour Maria. Tu es toujours de bonne humeur, comment fais-tu? Donne-moi ton secret.
- Bonjour Gabriella. Mon secret? Attends que je réfléchisse... toujours voir le positif! me dit-elle en rigolant. J'essaie de voir ce qu'il y a de bon en chaque chose et en chaque personne.
- Je devrais essayer. Ta bonne humeur pourrait peut-être déteindre sur moi, lui dis-je avec un clin d'oeil.
- Sûrement. Mais je ne t'ai jamais vraiment vue de mauvais humeur. Ou alors tu la caches bien.
- Si tu le dis. Bon, nous avons des nouveaux arrivants tout à l'heure. Tu veux bien me prévenir quand ils sont là? J'aimerais les accueillir et m'assurer que leur installation se fait sans encombre.
- Bien sûr, compte sur moi.
- Merci Maria, tu es la meilleure.
Je vais à mon bureau déposer mon sac qui pèse une tonne. Pour une fois, je ne vais pas le mettre dans mon vestiaire. J'ai des cours dedans et du coup il ne rentre pas dans mon casier. Je pouffe en me disant que par contre la matière qui est dedans doit absolument rentrer dans ma tête et que ce n'est pas gagné.
Je vais à présent rendre visite aux patients. Ils sont de temps en temps bougons le matin et il leur faut un petit moment pour émerger mais avec les soins ils n'ont pas le temps. Le personnel soignant a donc toute ma sympathie et mon admiration. J'allais arriver dans la salle des soins quand mon téléphone sonne. Je regarde qui m'appelle mais je ne reconnais pas le numéro.
- Allo
- Madame Daniels?
- Elle-même. À qui ai-je l'honneur?
- Je suis le Général Simon, le supérieur du soldat Logan Miller.
Mon coeur a un loupé. Pourquoi m'appelle-t-il? Non, je refuse de croire qu'il est arrivé quelque chose à Logan.
- Il lui est arrivé quelque chose?
- Non, rassurez-vous. Il est parti en mission ce matin et m'a demandé une faveur. Comme nous avons des problèmes de connexion à la base, il m'a demandé de vous contacter afin de vous assurer que tout va bien.
- J'ai eu peur. Pendant un moment, j'ai cru que...
- Il est prudent et il est dans une bonne équipe. Il fera tout pour rentrer entier.
- Merci de m'avoir prévenue Général.
- Pas de quoi. Passez une bonne journée Madame Daniels.
- Vous aussi.
Je regarde le téléphone. Il a déjà raccroché. Je suis sonnée par cet appel mais rassurée aussi. Logan va bien.
- Salut Gabriella, tu rentres? me dit le kiné.
- Heu.. oui, oui. Comme d'habitude, lui dis-je avec un sourire.
- Ça va? Tu as l'air toute retournée.
- Et bien le général Simon, supérieur de Logan m'a appelée pour me dire que tout va bien, lui expliquais-je. Apparemment, il y a des problèmes de connexion au camps.
Le silence qui s'en suit me fait lever les yeux. Je vois Kevin qui regarde Franck.
- Y a un problème? demandais-je, ne comprenant pas leur réaction.
- Gaby, tu ne connais pas le fonctionnement de l'armée n'est-ce pas?
- Non, pas vraiment. Pourquoi?
C'est Franck qui répond.
- Un général n'appelle jamais les proches Gabriella.
- Quoi? Mais pourtant c'était lui. Je ne vois pas pourquoi quelqu'un m'appellerait en se faisant passer pour un général.
- Si tu veux, je peux me renseigner. J'ai peut-être pris une retraite anticipée mais j'ai gardé tous mes contacts, me dit Franck.
- Vous feriez ça?
- Après tout ce que vous faites pour nous, je peux bien passer quelques coups de téléphone.
- Merci beaucoup. Ça m'aiderait à comprendre.
- Ne t'inquiète pas Gaby, je suis sûr que ce n'est rien, me dit Kevin.
- J'espère de tout mon coeur que tu as raison.
- Mais oui. Tu vas reprendre ta tournée et on se retrouve après d'accord?
J'acquiesce et je pars. Je fais ma tournée comme une automate. Je termine ensuite les dossiers que j'ai en cours, histoire de ne rien laisser avant mon absence prolongée. Je ne vois pas les heures passer jusqu'à ce que Kevin vienne me voir.
- Hey Gaby, tu viens manger?
- Déjà mais il ne peut pas être si tard, dis-je en regardant ma montre. Et bien si en fait.
Effarée, je constate qu'il est déjà passé 12h30. Je regarde Kevin qui me lance un regard compatissant.
- Viens avec moi, je t'ai gardé une place à notre table.
- Merci, tu es un ange, lui dis-je tout sourire. Qu'est-ce que je ferais sans vous franchement?
- Tu sauterais des repas et tu nous referais des frayeurs, me dit-il sérieusement.
- Donc vous vous êtes donné le mot pour me surveiller?
- En quelque sorte, me dit-il, un sourire énigmatique sur les lèvres.
Nous voilà près de la cantine. Ce qui n'est pas normal par contre c'est le calme qui règne là où normalement on ne peut pas se parler sans crier pour se faire entendre. Nous faisons les quelques pas qu'il nous reste et là je suis bouche bée. Ils sont tous regroupés et me fixent avec attention.
- Heu, qu'est-ce qu'il se passe Kevin?
- Et bien, c'est ton dernier jour aujourd'hui en tant que stagiaire et nous voulions te fêter tout simplement. Tout le monde a tenu à être là. La plupart seront probablement encore ici à ton retour mais ce n'est pas le cas de tous.
Je n'en crois pas mes yeux. Je sens des larmes pointer le bout de leur nez. C'est trop. Je n'ai jamais eu d'importance aux yeux de personne et d'un coup, je me trouve une famille et un petit-ami. J'essaie de toutes mes forces de retenir mes sanglots mais c'est peine perdue. Mes larmes descendent toutes seules. Je suis vite entourée par tous ces soldats.
- Ne pleurez pas voyons. Tout va bien, me rassure Franck.
- Je sais, ce ne sont pas des larmes de tristesse. Ce sont des larmes de joie. Je vous aime tous, leur dis-je tandis que je passe de bras en bras.
- Nous t'aimons aussi Gabriella, me dit Julien que je n'avais pas encore vu.
- Vous avez vu, nous avons préparé un buffet exprès, me dit Rudy un des employés de la cantine.
- Merci vous êtes adorables.
Je les regarde tous comme pour graver ce moment à tout jamais.
- Le jour où j'ai postulé pour faire mon stage ici, je ne savais pas que je tomberais sur des gens comme vous. Je m'attendais bien à des grincheux en tout genre, déclarais-je sous les rires, mais je ne pensais pas que je trouverais une famille. Merci à vous tous. Cependant n'oubliez pas que vous m'aurez de nouveau sur le dos à partir de juillet, dis-je en rigolant.
- On ne risque pas, promis.
Tout le monde rigole. Je propose que nous prenions une photo tous ensemble. C'est Hugo, un assistant qui la prend. Je suis heureuse pour la première fois depuis des semaines.
Nous nous installons et dégustons le buffet préparé avec soin. L'ambiance est bon enfant. Je me détends mais pas complètement. La discussion de ce matin tourne en boucle dans ma tête. Franck doit le remarquer parce qu'il se rapproche de moi et me prends à part.
- J'ai téléphoné à des amis. Ils ne sont au courant de rien. La seule chose qu'ils savent c'est qu'il y a effectivement un problème de connexion. Je leur ai demandé des renseignements sur le Général Simon. C'est un homme droit et humain. Ça lui est déjà arrivé par le passé d'agir comme ça. De plus, vous n'êtes pas la seule qu'il a contacté visiblement. Donc, je pense que ça ne sert à rien de s'en faire.
- Merci Franck. De tout coeur, lui dis-je en le prenant dans mes bras.
S'il est un peu surpris par mon geste il ne me le fait cependant pas sentir. Au contraire, il me serre fort en retour.
- De rien ma belle.
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En voilà un qui aura été dur à pondre! Mais il est là. Pour la peine, je vous le poste avec un jour d'avance.
Chapitre corrigé le 1/07/18
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