Chapitre 6
Chapitre 6
14 octobre 2016
Ça doit faire des heures et des heures que je suis dans cette même position, étalé sur le sol. Je n'ai même pas le force de bouger, tout ce que je fais est de respirer du mieux que je peux. Je digère encore le coup dans l'abdomen que monsieur Carter m'a infligé, il doit sûrement être atrocement bleu-violet parce que mes poumons en souffrent. Il m'est plus difficile d'inspirer et d'expirer à présent, ça me fait mal. J'ai peut-être même des os cassés, mais je ne le saurai jamais. Tant et aussi longtemps que je n'aurai pas nettoyé mon gâchis, monsieur et madame Carter ne viendront pas me voir.
Je tousse, ce qui me fait grogner dû à la forte douleur à mes côtes et bizarrement, je me met à cracher un peu de sang. Quelque chose ne tourne pas rond à l'intérieur de moi. Je suis peut-être un idiot comme monsieur Carter le prétend, mais je sais que cracher du sang n'annonce rien de bon. Je tente alors de me redresser difficilement, mais sans succès. Je suis irréprochablement incapable de faire quoi que ce soit. Je crois que le mieux pour moi est de rester dans cette position jusqu'à temps que je meurs. Plus aucune force, plus aucune motivation, plus aucun pouvoir de changer les choses. Je suis détruit, complètement anéanti. Je sens des larmes ruisseler mon visage. C'est la première fois en 10 ans que je pleure, j'avais oublié à quel point je déteste ça. Je me sens si faible, j'ai juste envie de tout laisser tomber. Je m'en fous. Je m'en fous de mourir. J'ai soif et j'ai faim à nouveau, mon estomac recommence à produire d'intenses gargouillements. Mes yeux se ferment totalement cette fois-ci et j'essaie de rester conscient.
Ou... non. Une idée me traverse soudain l'esprit. Je rouvre mes yeux rapidement, mon cœur faisant plusieurs rebonds dans trop dans ma poitrine. Je ne vais pas mourir, je ne veux pas, qu'étais-je tout juste en train de dire, moi? Non, bien sûr que non. La dernière chose que je veux est de rester ici jusqu'à ce que mon cœur cesse de battre. J'élabore un plan dans ma tête, silencieusement, à l'abri des écoutes indiscrètes. Je sais ce que je vais faire, je sais ce que je dois faire pour que ça fonctionne. Cette fois, j'ai trouvé mon plan d'évasion. Oh que oui.
-
-Il est inconscient?, demande madame Carter à son mari, en panique.
-Oui, il me semble bien. Depuis tantôt que je le remue, mais aucune réaction.
Pas un son, pas un geste, pas un mouvement. Je ne fais rien. Je reste étendu, j'ai fini de réagir. Des bruits résonnent, un parfum de cannelle entre dans mes narines et une paire de doigts s'enfoncent délicatement sur le côté de ma gorge.
-Il a un pouls, il n'est pas mort, affirme-t-elle dans un soupir de soulagement. Il est même très rapide. Tu vois? Mon dieu, il a craché du sang!
-Merde!, lâche monsieur Carter et je l'entends bucher contre le mur.
-Tu n'aurais pas dû le frapper de la sorte...encore. Tu dois réussir à te contrôler, François.
-Mais il me fait perdre mes moyens, d'accord? Je déteste ce gamin, pourquoi est-il encore avec nous aujourd'hui, hein? Ça fait 12 ans!
-Parce qu'on a essayé d'avoir des enfants! On a tout essayé, sans succès. J'en voulais désespérément un et c'est toi qui est arrivé avec ce petit garçon, un jour.
-Mais moi, j'avais l'intention de le tuer, Rosaline! Pas de le garder vivant.
-Pourquoi ne le fais-tu pas, alors, hein? Pourquoi?
Madame Carter semble sangloter maintenant. Pourquoi pleure-t-elle? Je ne suis rien pour ces gens. Ils pourraient se débarrasser de moi si facilement.
-Je vais le faire maintenant! Je vais le battre à mort, ce petit voyou!
De grands pas surgissent près de moi, mais madame Carter s'exclame:
-Je t'interdis de le toucher encore! Tu m'as compris?
Une claque retentit et je frissonne à l'intérieur de moi. Plus un bruit, c'est le silence complet. Jusqu'à ce que madame Carter se met à sangloter de nouveau. Oh putain, il l'a vraiment giflé? Sa propre femme?
-Personne ne m'oppose, sale garce, dit-il d'un ton méchant et je me glace. Et surtout pas toi. Ça fait des années que je me retiens, mais maintenant, c'en est assez. Je veux qu'il meurt! Je veux qu'on retrouve son corps pour que la police arrête de le rechercher pour rien. Parce qu'il ne sortira pas d'ici vivant, c'est clair?
Un cri retentit, des débats, un bruit sourd, puis plus rien. Madame Carter a cessé de pleurer, je me demande ce qui se passe exactement.
-Et voilà, murmure monsieur Carter et je sens très vite son haleine qui empeste l'alcool m'effleurer le visage.
Son doigt parcourt le creux de mon visage et sa main me prend sauvagement le menton. Par contre, une fois de plus, je ne laisse place à aucune réaction. Mon jeu se doit d'être crédible.
-Qu'est-ce que je vais faire de toi maintenant que Rosaline n'est plus là pour m'en empêcher, hein? Sale merde, tu ne sers à rien. Je te déteste!
Allez, essaie de me tuer. Juste pour voir, monsieur muscles.
-Bon, bon, bon... (Sa main passe dans mes cheveux) Est-ce que je t'étouffe? Est-ce que je te noie dans la bol de toilette? Est-ce que je te fait souffrir avant pour que ta mort soit plus lente? Est-ce que je te plante un couteau directement dans le cœur? Oh oui, cela va être simple, efficace et rapide. Je veux me débarrasser de toi le plus vite possible, petit voyou. J'attends ce moment depuis si longtemps... Je vais chercher un objet beaucoup plus cool qu'un stupide couteau.
Il laisse un courant d'air en se relevant et je l'entends gravir l'échelle, mais... il ne referme point la trappe. Normal: il croit que je suis inconscient. Il sait que je ne bougerai pas. Dès que je me rend compte qu'il est parti, je rouvre mes yeux d'un coup sec. C'est le moment de sortir d'ici. Je fais tout pour me redresser, je livre toutes les forces qu'il me reste, mais je me sens défaillir quand mon regard sa porte sur madame Carter, étendue à mes côtés. Est-elle morte..? Je n'ai pas le temps de me faire des scénarios, je dois me dépêcher. Je me relève, la douleur se propage partout, mais je me tais. Me faire repérer est la dernière chose que je veux. La voie est libre, je me dirige vers l'échelle et me met à la gravir lentement, mais sûrement. Endurer cette souffrance est exigent, mais je me dois de le faire. C'est ma seule chance d'y parvenir: je pense à mes parents. Mes vrais. Je grimpe, je grimpe, je continue de grimper. Ma tête sort de la trappe, je me trouve au salon. Je regarde autour de moi, pas de monsieur Carter à l'horizon. Je tourne ma tête vers la droite: la porte d'entrée y est. Si seulement je pouvais l'atteindre avant lui... Je fais vite, je monte les derniers barreaux rapidement. Je me positionne debout, sur mes pieds et me met à courir vers la porte d'entrée comme un détraqué, mais la sonnerie retentit et monsieur Carter arrive derrière moi. Je panique, il court en criant mon nom, jurant magnifiquement. Je débarre la porte rapidement et tombe face à face avec un jeune homme aux cheveux bruns et une femme environ dans la cinquantaine. Leurs regards s'horrifient à ma vue et je tente de placer un mot, mais je n'y parvins point, car monsieur Carter me prend brusquement vers l'arrière et me projette contre le mur derrière avant de fermer durement la porte. Je tombe au sol, déstabilisé. Ils m'ont vu. Des gens m'ont vu. J'espère qu'ils ont remarqué ma détresse. La femme demande de l'autre côté de la porte si tout va bien pour le jeune homme blond. C'est sans aucun doute de moi qu'elle parle. Elle frappe à la porte pendant que monsieur Carter me dévisage plein de haine. Il va me tuer maintenant, c'est certain. Il a un couteau énorme à la main, je suis pétrifié de peur. La femme ne s'arrête pas de frapper. Elle donne des coups de plus en plus intenses et répétés en disant que le jeune homme, avec qui elle est, est en train d'appeler la police, donc que si monsieur Carter me faisait du mal, il allait le regretter. Il me regarde avec une rage incroyable, ses yeux sont noirs de colère et je suis sûr qu'il se fout de ce que la femme affirme, car il vient tout de même vers moi d'un pas lourd. Son couteau pointe vers mon torse lentement et je lève les mains en l'air pour en quelques sortes me livrer corps et âme à lui. Je ne veux pas qu'il me tue alors que je suis à deux doigts de la liberté.
-Je suis désolé, que je pleure et je le supplie de ne rien faire.
-Comment ne rien faire? Merde, ces gens à l'extérieur se doutent de quelque chose, j'avais complètement oublié que Rosaline avaient appelé des designers pour notre chambre à coucher aujourd'hui! Bordel de merde, si seulement tu étais resté là où fallait que tu sois!
-Si...vous me tuez, vous irez en prison.
-Peu importe ce que je fais, j'irai en prison de toute manière, donc mieux vaut bien faire les choses, n'est-ce pas...?
-Je vous en supplie...
Mes larmes me brûlent les yeux, j'ai de la difficulté à bien cerner ce qui se produit en ce moment. Des gens derrière la porte contacte la police, une chose que je voulais faire depuis longtemps. Je suis à quelques minutes d'être enfin sauvé, je dois tenir le coup.
-Lo-lorsque vous serez en prison, je... j'irai vous voir et je vous aiderai à en sortir.
-Stupide gosse, si tu crois que je vais te croire, crie-t-il en pleine crise de rage.
-Je... je vous en fais la promesse.
La pointe du couteau se déplace subtilement vers ma gorge et la lame s'accote légèrement sur ma peau. Pas assez pour couper, mais juste assez pour me faire perdre espoir.
-Vous... vous m'avez vu grandir.
J'essaie la méthode sentimentale.
-Non, mais ça ne va pas, dans ta tête? Je me fous de cet aspect, tu étais comme un fils pour Rosaline, mais tu n'étais qu'un petit con pour moi. Jamais je ne t'ai considéré comme mon fils. C'est pour ça que tu vas mourir. Maintenant.
Je ferme les yeux pour ne pas voir ce qui s'en vient. Au lieu de sentir la lame me trancher la gorge ou me transpercer un organe, elle se retire brusquement et deux mains m'agrippent le corps. Monsieur Carter me relève comme une marionnette et me fait avancer vers la trappe. Il me tient prêt du trou en me secouant. Au même moment, de fortes sirènes surgissent dehors et je panique de plus en plus.
-Si la police doit me retrouver, aussi bien de faire ce que j'ai toujours voulu faire avant qu'il ne soit trop tard, pas vrai...?
-Mon-monsieur Carter...
Puis, d'un élan, il me laisse tomber dans l'échelle et je la déboule sans aucun effort. Mon corps se frappe sur les barreaux pendant un moment, et je finis au sol d'un impact immense, complètement vidé, aux côtés de madame Carter qui n'a toujours pas bougé. Les derniers mots que monsieur Carter me lancent me font glacer le sang.
-Meurs bien.
Il les dit comme de l'eau coulant sur de la roche. Ça sort si bien de sa bouche, à lui. D'un coup, la trappe se referme et un vacarme d'enfer se déroule, mais je n'y assiste point parce que mes paupières deviennent lourdes et je commence à sombrer.
Une haine en moi se déchaîne avant de mourir. Parce que monsieur Carter a réussi son but dans la vie: me tuer. Et il va continuer à vivre. Tout le contraire de moi. Je n'ai plus la force de résister.
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LOLOLOLOL je vous laisse ce suspense en attendant le prochain chapitre... ;) Est-ce que Niall va mourir? Qui étaient ces gens à la porte, selon vous? Est-ce que la police va retrouver Niall dans le sous-sol même si la trappe est fermée? Et madame Carter est-elle décédée? Mouhahahaha!
Vos avis? Vos commentaires? Vos votes? Mettez le paquet mdr!
Bisous, Xox
PS: Je vous adore!
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