Chapitre 4

Chapitre 4

13 octobre 2016

Lorsque j'ouvre les yeux, il n'y a que ma respiration qui comble le lourd silence assourdissant. C'est à peine si on peut entendre une mouche voler. Je regarde autour de moi, je suis seul, comme à l'habitude, et je me redresse avec pas trop de mal. Mon dos me fait souffrir, mais c'est supportable. Il faut croire que j'ai bien mérité ma punition. Ce qui retient mon attention présentement ne sont pas mes vulgaires lésions dans mon dos, mais bien mon ventre. Celui-ci produit un bruit bizarre et je porte ma main dessus en le massant circulairement. Je me rends compte que je n'ai pas mangé depuis un très long moment et j'ignore quand a été la dernière fois exactement. Je sais juste que mon ventre cri famine comme une baleine qui accouche et que c'est douloureux. En effet, mon estomac est si vide qu'il me donne des crampes jusqu'aux côtes. Je sais que je dois manger, mais je ne peux pas le demander, car si je le fais, madame et monsieur Carter me diront que ce n'est pas poli, donc ils me feront attendre un long moment encore. Je préfère patienter et prier pour qu'ils arrivent le plus rapidement possible. Mes doigts pèsent sur mon abdomen et je m'abaisse pour appliquer une pression. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour minimiser la douleur dû à la faim. Aussi, j'ai l'impression d'être en pleine sécheresse. J'ai soif, j'ai si soif. Je pourrais engloutir une piscine d'eau juste en quelques minutes. Mes lèvres sont craquées, signe de déshydratation et ma gorge est rugueuse. J'ai peine à avaler. Je sue et je hurle intérieurement à mon corps d'arrêter de produire de la sueur. Je dois contenir le peu d'eau qui m'habite.

Soudainement, la trappe de la cave s'ouvre enfin, quelqu'un commençant à descendre dans les barreaux de l'échelle dépliée. Quand je vois que c'est monsieur Carter, je sens mon cœur qui s'affole. Va-t-il m'obliger à m'entraîner maintenant? Je n'ai absolument aucune force, j'ai soif, j'ai faim. Est-il venu pour me frapper à nouveau? À cette pensée, je me recule contre le mur, toujours en position assise sur mon lit. Je ne veux pas qu'il m'attrape et qu'il me blesse physiquement encore.

-Bon matin, mon grand, m'avise-t-il d'une voix froide et se retourne vers moi avec un verre d'eau bien plein et une assiette contenant une rôtie au beurre d'arachides.

Juste à m'imaginer avoir ça sur la langue, mon cerveau fond à la tentation.

-Bon...bonjour.

-Bonjour qui?

-Bonjour, monsieur.

Je ferais mieux d'être plus que respectueux si je veux qu'il me donne à manger rapidement. Je ne tiendrai pas encore longtemps.

-Bien. Tu as fait de beaux rêves?

Pourquoi est-il si gentil avec moi tout d'un coup? Il n'a jamais été aussi doux que maintenant.

-Oui, que je mens.

Honnêtement, j'ignore ce à quoi j'ai rêvé.

-En fait, je suis juste venu te porter ton déjeuner.

Il pose le verre et l'assiette par terre et j'attends son signe de tête avant de me ruer dessus à quatre pattes. Normalement, je me serais levé, j'aurais pris les deux articles dans mes mains et me serais remis assis sur mon lit pour déguster. Mais maintenant, je n'en peux plus. Je veux boire, je veux manger: ce sont les deux seules actions auxquelles je pense. En à peine quelques secondes, je dévore carrément ma rôtie en quelques bouchées et je bois mon verre d'eau en trois gorgées. C'est si bon de sentir la fraîcheur couler dans ma gorge. Évidemment, j'ai encore faim et encore soif, mais ça me satisfait assez pour ne pas en redemander d'autre. De toute façon, jamais monsieur Carter n'accepterait. Je dois me contenter de ce qu'il m'offre. Avec madame Carter, c'est plus facile. Elle semble plus sensible à moi, donc je peux exagérer parfois et elle m'offre quelque chose d'un peu plus confortable. Monsieur Carter, lui, est impitoyable.

-Tu avais faim à ce que je vois... On ne t'a pas donné à manger depuis hier midi si je me souviens bien. J'ai sauté ton repas du soir pour ta conséquence.

-Je suis désolé d'avoir essayé de sortir de la maison hier, je voulais juste voir le ciel.

-Tu ne le verras plus, ce stupide ciel. C'est ici ta maison maintenant, et nul part ailleurs, tu m'entends? Tu restes ici, un point, c'est tout.

-Ou-oui, monsieur.

-Je t'en pris, comporte-toi en homme civilisé. Respecte-nous et on te respectera aussi.

-D'accord...

Il respire fortement et me dévisage une nouvelle fois.

-On aurait dû te tuer avant, tu es juste un paquet de trouble.

Je reste bloqué à sa révélation. Il a l'intention de me tuer? En fait, j'avais cette idée en tête quand je suis arrivé, mais je me suis vite rendu compte que tout ce qui comptait pour eux était de me faire souffrir, rien de plus.

-Alors, pourquoi ne me tuez-vous pas...?

-Parce que Rosaline s'est attachée à toi.

-Rosaline?

-Ta mère ou madame Carter si tu préfères.

-Elle n'est pas ma mère, que je réplique froidement. Ma vraie mère me croit sûrement mort.

Un son aigu et continu résonne dans la pièce et quelques temps s'écoule avant que je me rende compte que monsieur Carter vient tout juste de me gifler, ma tête étant désormais sur le côté. Lorsque je le regarde à nouveau, du vide dans les yeux, il me fusille du regard comme si j'étais la personne qu'il détestait le plus au monde.

-Ta vraie mère, c'est celle qui t'a vu grandir, celle qui t'a élevé. Tu es arrivé à 8 ans. Donc, ma femme est ta mère et moi, je suis ton père.

-Vous n'êtes pas mes parents, je ne vous connais pas!, je crie une fois de plus et ma phrase fait atteint la limite de sa patience.

-Mais tu vas te la fermer, oui?

Il me prend par les épaules durement et me fait lever du lit comme une poupée de chiffon pour ensuite me jeter violemment sur le sol. Au passage, ma joue s'égratigne et mon avant-bras frotte contre le béton. Je crois qu'il en a fini de moi, mais je me trompe parce que je le vois arrivé vers moi, les poings serrés. Je tente de me débattre en poussant des hurlements qui viennent du plus profond de ma cage thoracique. Il me frappe une première fois dans les côtes pour me stabiliser et aussitôt, j'arrête tout mouvement. Je ne veux pas qu'il continue. Je ne veux pas être blessé a nouveau, je ne veux pas perdre connaissance, je ne veux pas avoir d'autres cicatrices. Je déteste déjà assez mon corps comme ça pour en tracer davantage, il est tout massacré par la violence; celle que j'ai détesté durant mes premières années de vie. Monsieur me transmet un énorme coup de pied sur ma jambe, ce qui me sort de mes pensées comme une éclaire. Il m'en donne un troisième coup directement sur mon abdomen et dû à l'impact, mon estomac se soulève et me fait cracher mon déjeuner mélangé à du sang.

-Tu es dégoûtant!, me hurle monsieur Carter qui devient encore plus fou de rage, mais il cesse de me battre. J'ai fait un effort pour te faire une rôtie parce que je me suis dit que tu avais faim, espèce d'idiot! Il me semble que tu ne la veux plus maintenant, non? Eh bien, tu vas ramasser ton dégât, je ne touche pas à ça.

Ce sont les derniers mots qu'il m'adresse avant de remonter au rez-de-chaussée. J'entends du vacarme, madame Carter qui discute un peu avec lui et un sceau se projette sur moi avec une guenille, mais je reste immobile, dans les mappes.

-Allez, nettoie, il m'ordonne méchamment et je ne réplique point.

J'avais mal au dos en me réveillant, mais à présent, j'ai mal partout. Cela m'arrive extrêmement souvent, mais en ce moment, quelque chose en moi se déclenche.

-Tu m'entends, petite merde?

Oui, je l'entends, je ne suis pas sourd, mais je ne veux pas l'écouter. Madame Carter lui dit de ne pas me surnommer de cette façon, mais personnellement, je m'en balance. Mes yeux se ferment à moitié sous l'effet de la paresse. J'ignore ce qui m'arrive. Habituellement, je me serais levé pour effectuer la tâche demandée, mais cette fois, non. Je reste étendu, je ne dis pas un mot.

-Arrête de crier, mon amour, il va finir par le faire, tu le sais très bien, lui dit madame Carter fermement et il referme la trappe d'un grand coup, me faisant sursauter.

Du moins, je ne bouge pas plus. Je pense, je réfléchis, j'analyse. Sans un son, sans un mouvement. Mon cerveau est éveillé aux interrogations qui me barrent la route: est-ce vraiment la vie que je souhaite? Est-ce comme ça que je veux mourir? En souffrant? Ici, dans cette chambre minable qui empeste? Est-ce vraiment eux qui seront avec moi pour toujours? Est-ce que je vais revoir mes vrais parents un jour? Est-ce qu'ils ont émis des avis de recherche à mon égard après ma supposée disparition? Est-ce qu'ils croient réellement que je suis mort ou ils ont encore espoir même après toutes ces années? Est-ce que la police a trouvé une piste? Quelle sera ma vie si je sors d'ici vivant? Peu importe ce qu'elle sera, je sais qu'elle sera meilleure que celle que j'ai présentement.

Vous l'avez bien remarqué, non? Je ne parle pas au conditionnel. Parce que je suis certain que mon évasion arrivera un jour, bientôt. Je trouverai une solution de revoir le ciel et mes vrais parents.

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Chapitre 4, fini! Avec beaucoup d'inspiration ! :) Vous l'avez sans doute remarqué: ''Le Combat de la Liberté'' se nomme désormais ''Corps et Âme''. Deux titres sont revenus très souvent dans vos votes: celui-ci et ''Ici-Bas'', mais j'ai réfléchi à la suite de l'histoire, ce qui va se passer et tout (parce que oui, mon plan de l'histoire en entier est déjà fait) et ''Corps et Âme'' va mieux avec l'histoire. Mais j'aurais pu choisir l'autre évidemment, mais il me fallait trancher. Donc, voilà ! :)

Laissez-moi vos commentaires, j'adore les lire et je leur répondrai, promis. :)

Bisous, Xox

PS: Je. Vous. Adore. Comme. Pas. Possible. Bordel.

PSS: VOUS ÊTES INCROYABLES. MERCI POUR TOUT CE QUE VOUS FAÎTES.

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