Chapitre 11

Chapitre 11

16 octobre 2016

Sous une respiration de trop, je peux enfin sentir la vie m'habiter. Parce qu'une douleur me transperce le corps à ce souffle, me faisant bien réaliser que je suis vivant. Mes doigts bougent faiblement, je me débrouille pour les dégourdir. Ils palpent une surface molle et des bruits surgissent d'à mes côtés. Des bips constants se font entendre, je reprends peu à peu mes sens. Je les avais perdus. Ma main se déplace avec difficulté sur mon ventre. Au moins, je porte un vêtement, je ne suis pas nu. Une pince étrange fait une pression autour de mon index et je me force mentalement à ouvrir les yeux, bien que j'essaie. J'en suis incapable, j'ai mal partout, comme si on m'avait passé sur le corps à l'aide d'un camion. Des personnes discutent entre elles, je peux difficilement distinguer ce qu'elles disent. Tout d'un coup, d'un mouvement rapide, je tourne la tête vers la gauche? La droite? Aucune idée, je suis complètement désorienté. Ouch. Je n'aurais pas dû le faire si brusquement, j'ai l'impression que mon cou va se décrocher de sur mes épaules. Je laisse sortir un gémissement étouffé, je ne veux déranger personne.

-Niall?

Oh non, j'aurais dû me taire. Ces gens dont je ne reconnais point la voix vont m'en vouloir à mort.

Tout doucement, mes paupières se soulèvent, mais je suis obligé de les refermer. Une forte lumière m'aveugle, des coups de marteaux surgissent à l'intérieur de mon crâne. Les bips deviennent plus agités, tout comme mon pouls, je peux le sentir à travers ma poitrine. Mon cœur se débat, comme s'il cherchait à s'évader... lui aussi. Que m'arrive-il? Où suis-je? J'ai peur.

Après de mainte tentatives, mes pupilles font finalement face au monde extérieur. Je ne vois rien, tout est embrouillé, donc je prends quelques secondes à replacer l'endroit où je suis. Des formes, puis des détails se dessinent devant mon regard vide. Les gens cessent soudainement de parler et ils me regardent. Je ne dis pas un mot. Un homme au sarrau blanc se tient à côté de moi, tandis que les autres personnes se tiennent plus éloignées, près de la porte qui est ouverte. Une porte ouverte? Oh mon dieu, je peux sortir.

Je tente de me redresser, mais un mal intense m'oblige à reprendre ma position initiale. Juste au milieu de mon torse.

-Hey, non, restez allongé..., me glisse l'homme à la chevelure grisâtre.

Pourquoi me vouvoie-t-il? Je ne mérite pas d'être vouvoyer. Pour qui se prend-t-il? J'essaie du mieux que je peux de parler pour lui demander, mais... aucun son ne sort. Mon cerveau est bloqué, gelé, inanimé.

-Je suis le docteur Cowell. Niall Horan? C'est votre nom?

Un docteur? Comment sait-il mon nom, cet imbécile? Je ne le connais pas. Et je ne veux pas le connaître.

-Vous ne semblez pas très en forme pour l'instant, ce qui est tout à fait normal, mais ne vous inquiétez pas, vous n'avez rien à craindre... Vous êtes en sécurité ici, à l'hôpital.

Quoi? À l'hôpital? Je n'ai pas le droit d'être ici, que fais-je ici? Où sont madame et monsieur Carter? J'ai besoin de les voir.

Je relève la tête pour me redresser une seconde fois, mais cette fois-ci, c'est le monsieur qui me remet en place.

-Tout va bien, essayez de vous détendre...

J'ignore pourquoi, mais à ces mots, une émotion me prend par la gorge et un sanglot vient se coincer dedans. Je le retiens. Si je pleure, je suis un trouillard. Par contre, malgré mon interdiction mentale de laisser un sentiment se dégager de moi, des larmes se mettent à rouler sur mes joues. Je reste immobile, tout comme mon cerveau.

-Niall... Vous souvenez vous de quoi que ce soit?

L'incapacité à réagir est tout ce qui m'habite présentement. Ce même gars me dit des choses dont je ne comprends point. Il me compte comment je suis arrivé ici, qui j'étais avant, mon état du moment, mais tout ça n'a aucun sens. Une bulle se referme autour de moi, comme un moyen de défense. Je me protège. Je me protège de ce monde inconnu qui croit tout savoir sur moi. Comment suis-je atterri ici? Je n'ai aucune idée de ce qui m'arrive exactement, je ne veux juste pas communiquer. Je ne peux pas. Je regarde le supposé docteur dans les yeux, dépourvu de quelconque émotion à présent. Les dernières larmes roulent sur mes joues humides, puis... plus rien. Je me reprends en main, mais pas de la manière que j'aurais espéré.

-Si je te tutoie, seras-tu plus à l'aise?, me chuchote le monsieur et encore une fois, je laisse le silence répondre à ma place.

Aucune réaction. Pas la force ni l'ambition de parler maintenant. Il va devoir se faire à l'idée, comme tout le monde. Il n'aura rien de moi, absolument rien. Monsieur et madame Carter ont toujours détesté les hôpitaux, et je comprends mieux pourquoi à présent.

-Mon garçon, je te le répète, tu es en sécurité ici... Il ne t'arrivera rien, compris? Pleins de gens sont là pour te supporter, ils ne veulent que ton bien.

Il pose sa main sur mon bras, mais d'un vif recul, je le retire de son emprise et il relève sa main aussitôt en me voyant m'agiter tout d'un coup. Je ne veux pas qu'il me touche parce que s'il le fait, je serai vulnérable et je ne veux pas être vulnérable. Je ne veux pas qu'il me frappe, je ne mérite pas de conséquence. Je n'ai rien fait de mal. De plus, je ne le connais pas. Je ne peux pas avoir confiance en lui.

-Je vois que tu as peur... C'est normal. Tu es en état de choc, et je sais que tu ne parleras pas aujourd'hui. Mais tu sais, il va falloir que tu le fasses un jour... Ça fait des années que la police, ta famille et tes amis espèrent te retrouver vivant après tout ce temps.

Mon regard se détache enfin de lui pour se poser devant moi, c'est à dire au mur. Je vais être malade si je continue de le regarder.

-Mais pour l'instant tu dois te reposer. On discutera de tout lorsque tu seras en mesure de réagir à mes paroles.

À ces mots, une femme assez âgée se met à pleurer et se retourne pour enfoncer sa tête dans le torse d'un autre homme aux yeux bleus. À l'intérieur de moi, je sais qui ils sont, je le sais. Mais je ne veux pas.

Je suis dans ce monde maintenant, j'ai été retrouvé. Je me rappelle avoir voulu m'évader d'un enfer, mais si j'avais su que je me serais retrouvé comme je suis aujourd'hui, jamais je n'aurais essayé de quitter la maison. Ma maison. Je suis perdu, je suis confus, j'ai peur, j'ai mal physiquement et psychologiquement, je ne sais même plus ce que je ressens, ni ce que je dois ressentir exactement. J'ai juste une impression: je vais devenir fou.

-Oh et... avant que je te laisse, si tu as besoin de quoi que ce soir, fais juste peser sur le bouton à tes côtés, juste là. Et une personne viendra. Des policiers surveillent la porte et je vais demander à tout le monde de sortir, ça te va?

Tu vois que je ne vais pas parler, docteur, donc arrête de gaspiller ma salive à essayer de m'aider. Je n'ai pas besoin d'aide, je n'ai besoin de personne. Je veux juste retourner à la maison. Je fixe le mur sans bouger un poil. La seule chose que je fais est de respirer avec cette affreuse douleur au milieu de mon torse.

-D'accord, j'ai compris.

Il s'éloigne doucement sans presqu'un bruit. Je l'entends demander aux gens présents de sortir parce que ''j'ai besoin de temps pour assimiler'' et que ''je suis en état de choc''. Je ne suis pas du tout en état de choc, je ne veux ni peux parler pour le moment, il me semble que ce n'est pas si difficile à comprendre?

Je tourne ma tête vers la gauche, mes yeux entrouverts. J'ignore ce qu'on m'a donné exactement, mais ça me ramollit le cerveau à fond. En plus d'être gelé, il est mou. Super. À travers mes cils, je peux apercevoir un jeune homme de mon âge qui se tient debout, deux mains sur la bouche et lorsqu'il se rend compte que je le fixe, il les retire pour mieux prendre conscience de la situation je crois. Qui est-il au juste? Ses cheveux bruns chocolat sont semi-longs, remontés sur le dessus de sa tête et il me regarde d'une intensité à en donner la chair de poule. Que me veut-il? Je ferme mes yeux complètement sans connaître la réponse. C'est plus fort que moi. Mes paupières étaient trop lourdes, les supporter était trop dur. Sans même être totalement conscient, je sais que je m'apprête à dormir pour très longtemps.

-

~ Retour en arrière - 14 octobre 2004

Inconfortablement et piteusement assis sur le petit matelas, je regarde le sol. Je me doute que je vais passer du temps ici, beaucoup de temps. Je suis piégé. Jamais je n'aurais dû faire confiance à cet inconnu dans le parc. Papa et maman me manquent. J'ai le goût de pleurer, mais je ne le fais pas. Monsieur Carter me dit que je me dois d'être fort pour être récompenser. C'est ce que j'essaie de faire. Ça ne fait que deux jours que je suis ici et déjà, je commence à assimiler les règles de cette maison. Faire tout ce que monsieur et madame Carter m'ordonnent; voilà comment je dois m'y prendre pour ne pas qu'ils me punissent.

Soudainement, des craquements se font entendre et la trappe par laquelle je suis entré à la cave s'ouvre. C'est sûrement monsieur Carter qui vient me porter le repas, j'ai tellement faim. Je le regarde descendre les barreaux de l'échelle et il se retourne vers moi. Il sourit fièrement et s'approche, tenant une assiette dans les mains.

-Bonjour, Niall.

-Bonjour... monsieur.

-Je vois que tu as bien appris, tu m'impressionnes, mon petit. Je suis ici pour te donner ton repas.

Il reste debout et je peux déceler une rôtie au beurre d'arachides. Juste à m'imaginer la manger, ma bouche se remplit de salive.

-Quel âge as-tu?

Je continue de le regarder, un peu bouche bée.

-Si tu réponds comme il faut, tu auras à manger et je sais que tu as faim, qu'il roucoule.

-J'ai 8 ans, que je lui réponds d'une petite voix.

À cette réponse, il sourit.

-Et quand est ta fête?

Sur cette question, je mens. Pourquoi? Je me suis juste dit que s'il apprends que c'est ma fête, il va peut-être être plus gentil avec moi. Ma vraie date de fête est le 13 septembre, mais je lui réponds:

-Aujourd'hui. Ma fête, c'est aujourd'hui.

Il hausse un sourcil et je commence à être nerveux.

-Oui euh... je voulais inviter beaucoup d'amis à la maison aujourd'hui et je suis triste de ne pas pouvoir les voir.

-Tu ne les reverras plus jamais, me dit-il sèchement et me sourit à nouveau lorsque je cligne des yeux.

-Pourquoi je ne peux pas retourner à la maison? Mes parents me manquent.

-Maintenant, c'est ici, ta maison et c'est nous, tes parents. Ne pense jamais à vouloir partir parce que si tu le fais, je te jure que je te retrouverai toujours. Peu importe où tu te caches.

J'avale ma salive et il soupire. Il regarde l'assiette, moi, l'assiette encore et la dépose sur mes genoux.

-Tu n'as pas été le plus gentils des garçons en me posant cette question, mais il faut bien commencer quelque part. Je te promets que bientôt, tu seras habitué à notre style de vie.

-D'accord...

Je réponds ceci parce que je ne sais pas quoi dire exactement. Je veux garder ma rôtie et la manger. J'aurais pu lui dire que je le déteste et que je veux maman et papa, mais je me tais.

-D'accord qui?

-Monsieur.

Monsieur Carter sourit pour une énième fois, semblant satisfait.

-C'est bien. Bon appétit, Niall et... bonne fête.

C'est avec un air paisible qu'il retrousse ses pas et remonte l'échelle avant de refermer la trappe. Quant à moi, je fixe ma rôtie et sans hésiter, je la manipule pour prendre ma première bouchée.

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Tadaaaaam! Enfiiiiin, après une éternité, je poste enfin le chapitre 11. J'ai eu de l'inspiration soudainement hier après-midi et je l'ai terminé aujourd'hui.

Vos impressions? Que va-t-il arriver, d'après vous? Trouvez-vous la réaction de Niall normale face à tout ça? Niall n'a pas reconnu Liam, êtes-vous déçu?

Je vous entends déjà vous dire ''pourquoi il a menti pour sa date de fête?''? Comme dit dans l'histoire, Niall croyait que monsieur Carter allait être plus gentil avec lui, ou en d'autres mots, le laisser partir, s'il apprenait que c'était sa fête. À partir de maintenant, vous allez voir le déroulement des choses. J'ai encore beaucoup d'idées, mais je manque juste de temps et d'inspiration. Parce que oui, avoir des idées est bien génial, mais il faut les ÉCRIRE hein! Je recommence l'école le 22 août, donc... encore une fois, je serai moins disponible pour écrire ou sur Wattpad tout court. :/

Bisous, Xox

PS: JE. VOUS. ADORE !

PSS: Merci de votre patience, vraiment. Ça me touche de avoir que vous continuez de lire malgré mes absences occasionnelles. <3

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