Le VIH. Jules n'a pas la moindre idée de quand il a chopé cette merde, mais il se doute bien que c'est parce qu'il a donné son corps à quelqu'un l'espace d'une soirée pour pouvoir se nourrir le lendemain. Depuis combien de temps l'a-t-il attrapé ? L'a-t-il refilé à d'autres personnes ?

Il a arrêté de vendre son corps à n'importe qui. Il a quasiment arrêté de manger, par la même occasion. Il a arrêté de dormir, de rire, de sortir, d'essayer de retenir le prénom de toutes ces personnes à qui il a donné son corps : Sofia, Margaux, Naël, Adrien, Salomé, Nora, Lili, Alexandre, Pauline, Nina, encore un Adrien, Simon, Emma, Vincent, Arthur, Clément, Axelle, Mathilde, Clara, Hana - et il sait qu'il en a oublié d'autres parce que la liste est trop longue. Il veut tous les oubliés parce que parmi toutes ces personnes, il y en a une qui lui a filé le VIH. Un toxico, un pédé, ou juste un type qui l'a attrapé à cause de sa mère.

Et maintenant, c'est lui qu'il l'a. Lui qui pensait que ce genre de truc n'arrivait qu'aux autres, qui n'avait pas conscience du risque ne serait-ce qu'une seconde, qui se croyait au-dessus de ça grâce à son corps beau. Mais ce n'est pas ça qui va arrêter le VIH.