Chapitre 28

Une semaine. C'est le temps qu'il reste avant la première épreuve et l'angoisse qui me comprime la poitrine ne cesse d'enfler. Je me colle un peu plus contre Sûm et sa main se resserre sur ma taille. Son contact m'aide à me concentrer sur autre chose que l'horrible pensée du temps qui s'est écoulé trop rapidement.

— Et là, c'est Zeïn. Il n'arrêtait pas de bouger, alors son visage est un peu flou, mais je crois qu'on reconnaît quand même assez bien son air un peu taquin.

Côte à côte sur son lit, à moitiés nus, nous feuilletons l'un des carnets de dessins de Sûm. Ses traits de crayon sont fins, réguliers et je suis impressionnée par le réalisme qui ressort de ses productions. Je me demande s'il m'a déjà dessinée de la même façon, mais je n'ai aperçu mon visage sur aucun croquis et lui poser la question me semble trop personnel.

Quoique le terme « personnel » soit un peu superflu quand il s'agit de Sûm, étant donné le nombre de fois où il m'a vue nue et toutes les heures que nous avons passées ensemble depuis trois mois.

— Qu'est-ce qu'il y a ? À quoi tu penses ?

Sûm a refermé le carnet et m'interroge du regard. Il sait trop facilement quand ça ne va pas.

— J'étais en train de me dire qu'il ne me reste qu'une semaine à passer ici. Avant...

Je ne finis pas ma phrase, Sûm a compris. Nous en avons parlé de nombreuses fois, pourtant ces épreuves nous inquiètent toujours autant. Kaylan me les fait répéter tous les jours, mais elles me paraissent toujours aussi obscures et effrayantes. Tous les entraînements du monde n'y changeront rien.

Muette, je dessine du bout des doigts une étoile sur le torse de Sûm. Je ne suis pas aussi douée que lui en dessin, mais les frissons que mon contact lui arrache à chaque fois me font sourire. Cette fois ne fait pas exception.

Il me fait basculer sur le lit et se place au dessus de moi en commençant à m'embrasser doucement.

— Attention à ce que tu commences, prévient-il dans un souffle.

— Ça ne me fait plus peur depuis un moment.

Il se rapproche de moi, tout doucement, juste assez pour que ses lèvres effleurent les miennes sans m'embrasser tout à fait.

— Il me semble pourtant t'entendre crier régulièrement...

Je souris et l'embrasse pleinement avant de passer mes mains dans son dos. Sa main dans mes cheveux, il m'attire un peu plus à lui et je sens son corps se raidir sur moi.

Ses doigts jouent dans mes cheveux puis glissent le long de mon cou jusqu'à empoigner mes seins. Il me caresse jusqu'à me tirer de petits gémissements de plaisir, ravi de son effet.

Son sourire s'agrandit et il m'embrasse plus fort, en pressant mon corps contre le sien. Je ne réfléchis plus et le laisse faire tandis qu'il approche ses doigts de mon entre-jambe, jouant avec ma peau comme il sait si bien le faire.

Je ferme les yeux et me concentre sur la sensation que laissent ses doigts contre mon corps. Il sait exactement comment s'y prendre pour me faire oublier toutes mes plus envahissantes pensées.

Lorsqu'il finit par se décoller de moi, c'est pour me laisser le souffle court et l'esprit embrumé.

— Ça, ça va me manquer...

Ma voix n'est qu'un murmure mais Sûm m'a très bien entendue.

— Ce n'est sûrement pas Kaylan qui te fera jouir comme ça.

Je lui adresse un sourire narquois pour cacher mon malaise. Il a raison et même si Kaylan est tout à fait au courant de ma liaison avec Sûm, je me sens toujours un peu coupable de coucher avec son frère plutôt qu'avec lui. Un sentiment qui m'exaspère également et prouve que la liberté que j'avais mis tant de temps à acquérir s'est érodée au profit de mon lien avec Kaylan.

Je me redresse et pousse Sûm sur le dos.

— À ton tour, maintenant.

Il sourit mais attrape mes poignets avant que je ne puisse le toucher.

— Arrête, tu vas être en retard pour ton entraînement avec mon frère.

Le ton de sa voix renvoie des désirs en contradiction avec ses paroles, mais je sais qu'il a raison alors je m'écarte et descends du lit.

Kaylan ne voit rien à redire à notre relation tant que je suis ses entraînements avec application. Une condition que j'ai souvent du mal à respecter, à son plus grand malheur. J'ai beau être son âme-sœur, il reste le dirigeant du camp et moi, une de ses subordonnées, confinée à ses ordres.

Je me rhabille rapidement, prévoyant un rapide passage à la rivière avant de me rendre au terrain d'entraînement. Avant de partir, je ne manque pas d'embrasser Sûm et de lui voler de quoi manger en chemin.

L'activité physique ne manque jamais de me creuser l'appétit et j'ai beau avoir bien mangé à midi, la peur de ne pas avoir assez d'énergie pour l'entraînement de tout à l'heure de me quitte pas.

Arrivée à la rivière, je marque un temps d'arrêt. Le niveau de l'eau ne cesse de baisser. Aujourd'hui, elle m'arrive seulement aux genoux alors qu'elle atteignait mes hanches quelques semaines plus tôt.

Je me dépêche de nettoyer mon corps avant de repartir vers le terrain d'entraînement au pas de course. De cette façon, en plus d'être à l'heure, je serai déjà échauffée.

— Vous avez failli être en retard.

Je me redresse face à Kaylan, le souffle à peine court. Les heures d'activité physiques imposées par mon âme-sœur ont porté leurs fruits et je suis bien plus endurante qu'auparavant.

— Je ne le suis pas.

Il me renvoie un léger sourire. S'il continue de me vouvoyer, bien que je lui aie répété cent fois de ne pas le faire, j'ai cependant réussi à le dérider un peu. Ce n'est pas du luxe, vu tout le temps que nous passons ensemble. Loin de moi l'envie de me farcir un mur toute la journée.

— Les épreuves ?

Lister les détails de ce qui nous attend à chaque entraînement ne fait que renforcer mon stress, mais je me plie à l'exercice tandis que Kaylan me tend mon arme : une épée qui avait jadis appartenu à sa mère.

— Au nombre de trois, elles se déroulent toutes dans un labyrinthe dont le but est de s'échapper. La première a pour objectif de tester la force du lien entre les âme-sœurs. Les deux amants commencent à des coins opposés et doivent se retrouver avant de sortir, sans se faire duper par les illusions mises en place.

Kaylan hoche la tête et s'équipe à son tour. Nous échauffons rapidement nos articulations tandis que je poursuis :

— La deuxième épreuve est là pour attester de la force physique et de la dextérité des participants. Cette fois, les deux âme-sœurs sont attachés par les hanches, de façon à ne pas pouvoir se séparer l'un de l'autre. Armés, leur objectif est de sortir du labyrinthe en un seul morceau.

Sur ces mots, Kaylan attrape une corde et entreprend de la nouer autour de nous. J'ai encore quelques difficultés avec cet exercice, notamment à cause de ma proximité avec Kaylan, même si l'excuse que je lui donne diffère un peu de la réalité.

— La troisième, enfin, est un mélange des deux précédentes. Cependant, elle inclue cette fois l'utilisation des pouvoirs de chacun. Placés à deux extrémités du labyrinthe, les deux individus ont pour objectif de sortir vainqueurs, ensemble. Dans cette dernière épreuve, tous les coups sont permis. Les participants se battent les uns contre les autres et ont l'autorisation de tuer leurs adversaires. Si l'un des deux membres du couple meurt, le duo a définitivement perdu.

Kaylan se colle contre moi en acquiesçant et je retiens ma crispation. Chaque fois, son contact éveille en moi des choses que je préfèrerais réserver à Sûm et j'ignore si elles sont dues à notre condition d'âme-sœurs ou non.

— Prête ?

J'ancre mes appuis et répond par l'affirmative. Aussitôt, un groupe de six personnes nous attaque. Kaylan a augmenté volontairement le nombre d'assaillants au cours de nos entraînements, pour nous préparer au pire. L' exercice ne cesse de me rappeler cette soirée dans les bois qui a modifié ma vision des choses.

Mes gestes, bien plus souples qu'auparavant, se font plus précis à mesure que j'aiguise ma concentration. Il m'est de plus en plus facile d'esquiver les coups et de porter des attaques qui font mouche.

Pour cette raison, ma plus grande crainte ne concerne pas les combats armés comme ceux-ci, mais la dernière épreuve où il va me falloir user d'une magie que je maîtrise mal.

De plus, il y a une interrogation à laquelle Kaylan n'a pas encore répondu. Je lui en fait part en crochetant la jambe de mon dernier ennemi.

— Tu ne m'as jamais dit à quoi ressemblait le labyrinthe.

Je me redresse et Kaylan fait de même, le combat achevé. Il ne se tourne pas vers moi lorsqu'il me répond :

— Parce que je cherchais d'abord à recueillir un maximum d'informations sur ce terrain. Vous avez raison, cependant, il est tant que je vous en parle plus en détails.


***

Heyyyyy

Ça faisait longtemps, n'est-ce pas ? Et pourtant, ça y est, Aaliyah, Sûm et Kaylan reviennent vers vous pour vous faire découvrir la suite de leur histoire !

Vous l'aurez compris, je reprends la publication de Corps à Coeur ! Un nouveau chapitre tous les samedi, et je compte sur vous pour être au rendez-vous ! Comme toujours, n'oubliez pas de voter, commenter et partager ce chapitre et cette histoire si mon contenu vous plaît, c'est vraiment important pour moi ❤️

Pour celleux qui ne me suivent pas sur les réseaux, j'ai lancé il y a quelques semaines mon tout premier blog basé sur la littérature ! Cela me ferait très plaisir que vous alliez y faire un tour, il y a (et aura) des articles dédiés à Corps à Coeur également !

Bref, j'espère que vous êtes aussi content.e.s que moi de retrouver mes personnages et je vous dis à la semaine prochaine pour un nouveau chapitre !


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