Chapitre 24
J'en viens à me demander combien de temps tout cela va encore durer alors que j'enfonce mon pied dans l'estomac du gaillard déjà au sol. Finiront-ils par partir d'eux-mêmes ou devrons-nous les tuer ? Quoiqu'il y ait sûrement plus de chances pour ce soient nos corps qui finissent par nourrir les plantes alentours.
Combattre dos à dos avec quelqu'un d'autre est plus compliqué qu'il n'y paraît. Certes, c'est pratique et assez intelligent puisque je n'ai pas besoin de surveiller mes arrières ; mais je me prends sans cesse les contre-coups de Kaylan et sa sueur imbibe mon propre haut. Dégoûtant.
Malgré moi, la fatigue prend peu à peu le dessus sur l'adrénaline du début : mes mouvements commencent à se faire plus hésitant et mon attention à se relâcher.
J'ai réussi je ne sais comment à assommer l'un des deux compères, mais le second ne se laisse pas faire et je me contente de le tenir à distance du mieux que je peux. Je n'ai aucune visibilité sur ce que fait Kaylan de son côté, mais je peux affirmer que les coups continuent de pleuvoir.
Je suppose qu'il a mis hors d'état de nuire le plus faible qui lui faisait face, cependant celui qui semble être le chef de la bande paraît résistant.
Mes hypothèses se trouvent vérifiées lorsque Kaylan lâche un grognement sourd et que son bras heurte violemment mon épaule gauche. Un ricanement suit son mouvement :
— Je te pensais plus doué que ça, petit général.
L'homme a craché le titre de Kaylan comme s'il s'agissait d'un vulgaire apparat inutile. Celui-ci laisse le silence répondre à sa place et je le sens changer son arme de main. Est-il blessé ?
L'échange qui se déroule dans mon dos accapare mon attention et je remarque trop tard mon assaillant qui se jette à nouveau sur moi. Ce n'est cependant pas le cas de Kaylan qui, d'un mouvement si rapide que j'en distingue à peine la teneur, se glisse devant moi et laisse la lame de son épée planter le malotru en plein dans l'estomac.
Si la scène ne me ravit pas, je ne peux m'empêcher de remercier Kaylan intérieurement. Encore une fois. Décidément, il va vraiment falloir que j'arrête de dépendre de cet homme pour survivre.
Il ne reste désormais qu'un seul adversaire face à nous, mais la fatigue se fait sentir de plus en plus violemment et Kaylan est blessé au bras, comme le prouve l'estafilade sanguinolente en-dessous de son épaule droite. Si la blessure ne semble pas trop grave, cela n'aide cependant pas à maintenir l'avantage que nous avions difficilement réussi à acquérir.
Je me concentre pour ne pas disperser mes forces lorsque, sous mon regard stupéfait, le chef du groupe adverse replace son arme dans son fourreau. Mes sourcils relevés semblent l'amuser puisqu'il se fend d'un sourire narquois.
— Relaxe, beauté. Je ne suis pas venu pour vous tuer, tu ne t'en étais pas aperçu ?
Non, clairement pas. S'il n'est pas venu pour ça, pourquoi est-il là ? Je lance un regard à Kaylan, qui n'a pas baissé sa garde, mais aucune réaction ne déforme ses traits.
— Ton petit général l'avait compris, lui.
— Pourquoi êtes-vous là, dans ce cas ?
La question m'a échappée et l'air satisfait de l'homme face à moi me fait regretter mes paroles immédiatement.
— Je te pensais plus futée que ça. Je suis venue pour faire exactement la même chose que lui.
Il désigne Kaylan du menton et me regarde comme si tout faisait sens à présent. Sauf que non, sa réponse me laisse encore plus perdue. Il soupire.
— T'enlever. Te kidnapper. Te séquestrer pour servir mes intérêts. Quelque chose dans ce goût-là, n'est-ce pas ?
La dernière question ne s'adresse pas à moi. Un duel de regards s'engage entre Kaylan et l'intru avant que mon âme-sœur ne baisse la pointe de son arme vers le sol. Il se redresse néanmoins, sous mon expression ahurie.
— C'est mon âme-sœur. J'ai simplement souhaité la garder auprès de moi. Vous, en revanche, n'avez aucune raison légitime de vouloir vous en prendre à elle.
Cette fois, c'est moi qui me mets à ricaner. Allons bon, on repart sur cette histoire. Kaylan et moi savons très bien qu'il ne s'agit pas tout à fait de ça et qu'aucune raison n'est réellement légitime pour arracher quelqu'un à sa vie.
— Elle n'a pas l'air de cet avis.
— Disons que s'en prendre à ma liberté n'est pas la meilleure façon de me convaincre de rester quelque part.
Cette phrase s'adresse directement à Kaylan, que je prends soin de dévisager. Il ne dévie cependant pas son regard de notre assaillant. Ce dernier lève les mains au ciel dans un mouvement improvisé.
— Très bien, mademoiselle. De toute façon, mon plan est un peu mort pour ce soir. Si ça ne vous embête pas, je vais récupérer ces incapables avant de repartir. Je vous laisse mon adresse si vous voulez venir chez moi de vous-mêmes, ou vous préférez que je revienne une autre fois ?
Je le dévisage sans comprendre. Pourquoi est-ce que les hommes sur qui je tombe sont toujours aussi loufoques ? L'inconnu hausse les épaules avant de relever ses camarades encore assourdis.
— Demande donc à Kaylan, il t'expliquera.
Je fixe l'intéressé, dans l'attente d'explications. Il se contente pourtant de me lancer un regard lourd de sens, du type « on en parlera plus tard ».
— C'est tout ?
Mon ton est plus froid que je ne le pensais. Encore mieux.
— Comment ça ?
Kaylan porte la main à sa blessure, sans vraiment porter attention à moi. L'inconnu, lui, a chargé chacun de ses acolytes sur ses épaules et semble se demander quoi faire du troisième que Kaylan a transpercé.
— On se fait attaquer pour une raison tout à fait obscure, puis on se met à discuter avec celui qui est à l'origine de cette agression comme si on prenait le thé entre amis et là on le laisse repartir sans rien dire ?
— C'est à peu près cela, oui.
Je ne sais même plus quelle émotion afficher sur mon visage à cet instant précis. Lorsque je me demandais comment allait finir cette bataille, je n'imaginais pas un seul instant qu'une issue de ce genre était possible.
— Mais enfin, il a dit lui-même qu'il était venu me kidnapper ! On ne va pas le laisser s'enfuir sans rien faire !
Kaylan hausse les épaules.
— Visiblement, il a changé d'avis. Peut-être que ce qu'il cherchait n'était finalement pas à la hauteur de ses attentes.
L'allusion à peine voilée à la situation de Kaylan ne m'a pas échappée et fait enfler une colère sourde dans ma poitrine.
— Si c'est ce que tu penses, je souffle, tu n'avais qu'à me relâcher avant. Je pensais que tu valais mieux que ça.
Le regard vide qu'il me renvoie ne fait qu'accentuer le malaise qui m'a saisie. Je fais de mon mieux pour retrouver une attitude froide et sereine et ne rien laisser paraître. En moi, pourtant, c'est la tempête qui se soulève.
— Bon, moi j'y vais. Loin de moi l'idée d'interrompre vos disputes compliquées de couple mais ça devient un peu trop inutile à mon goût. On se revoit très vite, Aaliyah.
L'intonation mise dans mon nom déclenche un frisson dans mon dos. Avant que je puisse analyser correctement les paroles du guerrier, il disparaît derrière les arbres et le bruit de ses pas se fond dans la nuit.
Alors voilà : c'est ainsi que se termine ma première bataille. Cette pensée réveille le souvenir de la dague dans ma main. Je n'ai pas relâché ma poigne dessus et les motifs du manche se sont imprimés dans ma paume. Je n'ai pas non plus besoin de relever mon bras vers la lumière de la lune pour deviner le sang qui tâche mon poignet.,
Déçue et blessée par les paroles de Kaylan à mon égard, je m'éloigne vers la tente sans un regard pour lui. J'ai besoin de mettre cette situation au clair dans mon esprit et surtout de nettoyer ce sang qui souille ma peau.
Cette scène ahurissante aura au moins eu le mérite de me conforter dans l'idée de mon départ. Je n'ai plus rien à faire aux côtés de Kaylan. Lui-même le sait visiblement très bien.
~~~
Hey !
Joyeux réveillon et joyeuses fêtes ❤️
Et si vous ne fêtez pas Noël, un très bon weekend !
Considérez ce chapitre comme un cadeau de ma part (même si j'ai une autre surprise pour vous demain !)
J'espère que ça vous plaira !
A bientôt ✨
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top