Je suis tirée de mon sommeil par un mouvement de Kaylan. J'ouvre les yeux et le découvre au-dessus de moi, un doigt sur les lèvres, m'enjoignant de ne faire aucun bruit. Super, le réveil.

— Il y a du mouvement à l'extérieur, ne bougez pas. Je m'en occupe.

Comme si j'allais me lever, tiens ! On est en plein milieu de la nuit et je ne sais pas me battre. Je veux juste dormir.

Je referme les yeux à l'instant où Kaylan sort de la tente... pour les rouvrir quelques secondes plus tard en entendant les premiers bruits de bagarre. Je ne pourrai donc jamais avoir une journée tranquille ? C'est trop demander ?

Comme conseillé par Kaylan, je ne bouge pas d'un millimètre. Le moindre bruit pourrait attirer l'attention sur moi et, égoïstement, je préfère que Kaylan se prenne les coups à ma place. Oui, je suis exécrable quand je manque de sommeil.

La lueur d'une torche éclaire l'extérieur de la tente par à-coups, tandis que les sons d'armes qui s'entrechoquent retentissent dans la nuit. Génial, donc on se fait attaquer maintenant.

Je me redresse le plus discrètement possible et plisse les yeux pour deviner le nombre d'agresseurs. Il me semble en apercevoir deux, en plus de celui qui doit tenir la torche puisque celle-ci se déplace.

Je devine la silhouette de Kaylan, en prise avec les deux malfrats. Les pas du troisième se font de plus en plus proches de moi. Lentement, le plus silencieusement du monde, j'extirpe la dague de Sûm de mon sac et remercie son ingéniosité pour ce cadeau.

Au moment où la dernière silhouette fait face à l'entrée de la tente, je me tiens prête, arme au poing. Cependant, l'agresseur a à peine le temps de poser sa main sur le tissu que je vois la lueur vaciller et son corps partir en arrière. Un cri étranglé le suit, bientôt suivi d'un hurlement de douleur. Kaylan ne tuera probablement pas ces hommes, mais il n'aura aucun scrupule à les blesser, j'en suis certaine.

La principale source de lumière ayant disparue, je dois me fier à mon ouïe pour suivre le combat. La dague toujours en main, je repousse la couverture et m'avance à quatre pattes vers la sortie. Je n'ai pas prévu de me battre, certes, mais sans Kaylan, je ne rentrerai jamais chez moi.

Mes séances d'entraînement pour me déplacer sans un bruit ont porté leurs fruits, les intrus ne semblent pas s'être aperçus de ma présence.

Du bout des doigts, j'écarte minutieusement la toile pour me créer une fenêtre de vue. La torche a fini par s'éteindre complètement, maintes fois piétinée. Heureusement, la lune brille fort et malgré le couvert des arbres, j'arrive à voir sans problème ce qui se passe sous mes yeux. Encore une capacité d'âme-sœur, peut-être.

Je sers fort le manche de l'arme dans ma main droite. Trop fort sans doute, mais son contact me rassure. Je ne serai pas sans défense si l'un des assaillants de Kaylan se tourne vers moi.

Celui-ci est désormais aux prises avec les trois malfrats en même temps. Je suis stupéfaite par ses capacités de combat. Il parait parvenir à maintenir ses adversaires loin de lui sans aucun effort.

En tout cas c'est ce qu'il me semble, avant de distinguer la sueur sur ses tempes et la concentration qui plisse son front. Il a beau avoir blessé, plus ou moins grièvement, ses assaillants ; ceux-ci ne semblent pas vouloir renoncer. Je ne comprends pas la raison de leur entêtement, jusqu'à ce qu'une quatrième silhouette se dessine sur ma gauche.

Plus baraquée et plus grande que celles de ses compatriotes, l'ombre se faufile devant moi pour se glisser dans le dos de Kaylan tandis que celui-ci repousse une énième fois les autres hommes.

Lorsque le dernier arrivant lève son bras, armé d'une épée scintillante, pour frapper Kaylan ; je n'hésite pas une seule seconde.

Avec un zèle que je ne me connaissais pas, je m'élance en dehors de la tente et frappe l'homme au bras.

Il n'émet aucun son quand la lame de la dague s'enfonce dans la chair de son bras droit, ni quand je la ressors pour découvrir le métal couvert d'un liquide rouge vermillon.

Au contraire, et contre toute attente, il tourne lentement la tête vers moi et me lance un grand sourire, souligné par un regard carnassier.

— Regardez qui voilà... La petite protégée du général. Je ne m'attendais pas à croiser une pareille beauté aujourd'hui.

Sa voix grinçante, comme irritée par un tas de pierres dans sa gorge, me paralyse. Doucement, tout en souplesse, il se penche vers moi et, sans se départir de son sourire, souffle à mon oreille :

— C'est dommage que tu doives mourir si vite.

Plus rapide que l'éclair, sa main se lève et le couteau qu'il tient entre ses doigts plonge sur moi.

J'assiste à la scène comme au ralenti. Mes pensées tourbillonnent et mon instinct libère sa puissance dans toutes les cellules de mon corps pour me sortir de ce guêpier. Il est trop tard pour reculer, mais pas trop tard pour se défendre.

Dans un pur réflexe de survie, j'élance mon bras en contre-sens pour bloquer sa lame avec ma dague. Je ferme les yeux en attendant le coup, qui ne vient pas.

À l'instant où je rouvre les paupières, je distingue la grimace sur le visage de mon agresseur et le corps de Kaylan devant le mien.

Malgré sa musculature, il est bien plus petit que l'inconnu. La force qu'il met dans son geste, pourtant, semble surpasser de loin celle de mon agresseur.

Ce dernier grogne et fait un pas en arrière en toisant Kaylan avec un regard sombre, tandis que celui-ci me souffle :

— Je vous avais dit de rester dans la tente.

— Eh bien, je n'ai pas écouté. Tu pourrais me remercier au moins, ingrat ! Je viens de te sauver la vie là.

Le soupir qui suit ma réplique en dit long sur les pensées de Kaylan et, d'un geste étudié, il nous fait basculer dos à dos.

— Nous sommes en infériorité numérique et vous savez à peine vous battre. Laissez-moi gérer ça et essayez juste de rester en vie, si possible.

La raillerie dans son ton ne m'échappe pas. C'est à mon tour de soupirer, tandis que j'étudie les deux voleurs qui me font face. Quoique, sont-ils vraiment des voleurs ? J'ignore encore pourquoi ils s'en prennent à nous, mais c'est l'explication qui me semble la plus logique.

— Je sais, Kaylan. Comme tu le dis si bien : « Il ne suffit pas de savoir porter des coups là où ça fait mal. Il faut avant tout survivre. »

S'il est surpris que je me souvienne de ses paroles exactes, il n'en montre rien et je suis presque déçue de mon effet avorté.

Presque étant le mot clé, parce qu'entre-temps l'un des hommes face à moi s'est décidé à me sauter dessus. Allons bon ! C'est bien la première fois qu'on cherche à me toucher dans un autre objectif que celui de me déshabiller.

Mon corps réagit avant moi et je bloque son arme avec la mienne tout en balançant mon pied dans son entre-jambe, sans aucun scrupule. Son acolyte, resté en retrait, probablement avec l'idée qu'un seul homme suffit pour maîtriser une femme, ouvre des yeux ronds.

Je lui adresse un sourire narquois, tandis que la victime de ma force nouvelle se roule de douleur par terre. Que c'est pathétique.

— Bon, tu viens ou je dois venir te chercher ?

Je sais qu'énerver nos ennemis n'est pas vraiment l'idée du siècle, mais ma réplique m'a échappée.

Le dos de Kaylan frappe violemment contre le mien avant que je ne puisse voir la réaction du malfrat. Déséquilibrée, je manque de tomber mais tiens bon en enfonçant mes pieds dans l'herbe. Retenir à la fois mon poids et celui de Kaylan n'est pas la chose la plus aisée qu'il m'ait été donné de faire.

Kaylan se plaint de mon incapacité à combattre, mais c'est lui qui va finir par nous faire tuer.

Je lance mon bras en avant, un peu à l'aveugle, en entendant des pas se rapprocher rapidement de moi. Mon coup fait mouche, puisque j'érafle la joue de mon agresseur qui s'est baissé pour me cueillir aux jambes.

Une technique qui a ses limites, puisqu'il se retrouve coincé sous mon bras au moment où je lui enfonce mon coude dans l'œil gauche.

Me priver de mon principal moyen de déplacement aurait été une très bonne idée, si seulement il n'avait pas sous-estimé mes capacités.

C'est dingue comme les hommes peuvent se croire supérieurs.

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Coucou !

J'espère que vous allez bien ! Ce matin il a neigé chez moi 😍

Ce qui n'est malheureusement pas le cas chez Aaliyah et Kaylan puisque chez eux, ce sont les coups qui pleuvent xD

Les scènes de bagarre ne sont pas mon fort et j'espère que celle-ci ne vous aura pas trop ennuyé ! A votre avis, pourquoi ces inconnus s'en sont pris à eux ? 👀

J'attends vos plus belles théories pour la semaine prochaine !

Bisous !