Chapitre 13
Mon corps glisse contre celui de Sûm alors que ses mains agrippent mes hanches. Ses amis sont partis profiter de la fête plus loin et je n'ai pas revu Kaylan ou Nephtys depuis que j'ai commencé à danser.
Les voix autour de nous se mélangent, forment un amas de sons qui évitent à mes propres pensées de prendre trop de place.
Je ne peux m'empêcher de me demander si je fais vraiment bien de rester ici. Toutes les cinq minutes, cette question s'insinue à nouveau dans mon esprit, sans que je n'y trouve jamais de réponse satisfaisante.
Je glisse ma tête dans le cou de Sûm et ferme les yeux un instant. Sentir son corps contre le mien me rassure, pourtant je le connais à peine. Est-ce que je lui accorde plus de confiance uniquement parce que nous avons déjà couché ensemble ? Ou est-ce parce qu'il a été le seul à rester à mes côtés, à me rassurer, depuis que nous avons quitté la ville ?
— Sûm ?
— Hum ?
— Dis-moi que je ne suis pas en train de faire une bêtise.
Il fait un pas en arrière, sans me lâcher, de façon à être certain que je le regarde.
— Tu n'es pas en train de faire une bêtise, Aaliyah.
Il prend quelques secondes, gravant son regard dans le mien, avant d'ajouter :
— Le lien d'âme sœur est particulier. Ton corps se sent à sa place ici, près de Kaylan. C'est normal. Tout comme il est normal que ton esprit n'accepte pas cela. Tu es ici depuis à peine vingt-quatre heures et tu as déjà laissé tomber toutes tes barrières, tu as lâché tous tes aprioris et tu as donné ta confiance. Cela n'a rien de logique. Un regard extérieur te jugerait sûrement folle de faire ça.
Il s'arrête un instant, le temps de vérifier l'effet que ses paroles ont sur moi.
— Mais tu es à ta place avec nous. Je peux te le jurer. Personne ne te fera de mal, ici. Et si quelqu'un ose, crois-moi qu'il ne vivra pas assez longtemps pour recommencer.
Il esquisse un sourire.
— Je resterai à tes côtés jusqu'à ce que ta tête accepte la situation, c'est promis.
— Et après ?
— Après, on verra.
Je ne sais pas d'où Sûm tient ce pouvoir, mais ses paroles ont le don de me rassurer et de calmer mes angoisses. Il a raison. Je dois être folle de faire ça. Seulement, ici, je me sens bien. Plus à ma place que je ne l'ai jamais été.
La nuit est de plus en plus obscure mais je n'ai pas envie d'aller dormir. Les mouvements de Sûm me bercent. Dormir pour rêver de quoi, d'abord ? Où suis-je censée passer la nuit d'ailleurs ? Pas avec Kaylan j'espère !
À mesure que les minutes s'égrènent, la piste de danse se vide et la musique s'apaise. Sûm s'arrête de danser.
Je me redresse et l'observe. Il a un léger sourire au bord des lèvres qui me donne envie de l'embrasser pour l'agrandir. Puis je me rappelle qu'il est le frère de mon âme-sœur et cette idée me paraît tout à coup beaucoup moins attrayante.
— Je vais aller dormir.
Sûm m'entraîne hors du réfectoire.
— Kaylan m'a dit de te laisser le choix.
Je hausse un sourcil, ne sachant pas vraiment de quoi il veut parler.
— Soit tu retournes dans la même tente qu'hier soir...
— Hors de question ! je le coupe.
Il sourit.
— Je m'en doutais.
Plus nous avançons, plus les bruits de la fête s'éloignent. La nuit tombe sur nous comme une douce couverture et le silence environnant m'apaise. Sûm presse sa main dans la mienne.
— Soit tu dors dans la mienne. Sinon, Kaylan te promet qu'il y aura toujours un lit pour toi dans sa tente.
— Pourquoi ne me le dit-il pas lui-même ?
Sûm hausse les épaules.
— Parce que tu ne lui fais pas confiance. Et t'inviter à dormir auprès de lui si tôt n'est certainement pas une bonne idée pour arranger les choses.
Je hoche la tête. Il n'a pas tort. Je lui adresse un sourire en coin.
— Alors il ne reste qu'une seule option, c'est ça ?
Il se tourne vers moi et son regard se met à pétiller sous les reflets de la lune.
— Eh bien, en réalité, c'est moi qui aie ajouté cette option...
Il se détourne et esquisse un sourire.
— Les autres me plaisaient moins.
Je me retiens de rire. Ce garçon ne perd pas le nord. Soudain, une question m'effleure l'esprit :
— Mais, au fait, tu as quel âge ?
Il s'arrête et me regarde. Son sourire s'est effacé.
— C'est important ?
— Non, pas vraiment.
— J'ai 19 ans.
Il esquisse un sourire.
— Bientôt 20.
Je m'approche lentement de lui et pose ma main sur son torse.
— Parfait. Je vais pouvoir t'embrasser légalement, alors.
Surpris, il esquisse un pas en arrière et j'éclate de rire.
— Ne fait pas cette tête, Sûm.
Un rictus apparaît sur ses lèvres.
— Oh, je ne fais pas cette tête à cause de ce que tu as dit. J'étais juste en train de t'imaginer nue avant de me rappeler que Kaylan est dans le coin.
Je ris doucement et attrape son bras.
— Bon, on y va où on reste plantés là ?
— Ça dépend où tu veux aller et pour quoi faire...
Nos regards se croisent et le même sourire en coin étire nos lèvres. Je ne réponds rien, sachant que ce n'est pas nécessaire, et le laisse me guider jusqu'à sa tente. Il doit être passé minuit, à force.
Je tire la toile et entre. L'intérieur est bien plus petit que la tente de Kaylan, mais ici le lieu semble réellement habité. Des habits traînent un peu partout et des bibelots sans utilité apparente décorent les meubles. Je me sens beaucoup plus à l'aise ici.
Derrière moi, j'entends Sûm refermer la toile. Il s'avance, bricole quelque chose et une nouvelle source de lumière illumine la pièce.
— Bienvenue chez moi !
Je me retourne et le découvre, bras écartés, tout sourire. Je lui souris à mon tour.
— J'aime bien chez toi. Il y a quelque chose d'agréable.
— Merci.
Il étouffe un bâillement et ôte son T-shirt sans se poser de questions. Il ne se rend compte de son mouvement qu'au moment où il repère mes yeux sur lui.
— Oh. Pardon. Je n'ai pas réfléchi.
Mes yeux remontent le long de son torse jusqu'à capter son regard. Je m'approche de lui et le pousse sur l'unique lit.
— De toute façon, dis-je, je te l'aurais enlevé dans quelques secondes.
Je tombe sur lui et m'apprête à l'embrasser lorsqu'il me retient. Je le regarde sans comprendre.
— Je ne peux pas faire ça à mon frère.
— Oh.
C'est tout ce que je trouve à répondre. Je comprends parfaitement mais en même temps, je ne peux m'empêcher de haïr Kaylan pour ça. Est-ce que ça va être toujours comme ça à partir de maintenant ? Est-ce que chaque personne qui m'attire va s'arrêter parce que mon âme-sœur m'a trouvée ?
Je me laisse tomber à côté de Sûm tandis que celui-ci se redresse.
— Désolé.
— Tu n'as pas à t'excuser.
Et je le pense sincèrement.
Il repousse les draps, s'allonge et m'attire vers lui pour me serrer dans ses bras.
— En revanche, je n'aurais aucun scrupule à te tenir serrée contre moi toute la nuit.
Je me tourne dos à lui pour qu'il ne voit pas le léger sourire que je ne parviens pas à retenir. Il tire les fins draps sur nous et son souffle dans mon cou commence à ralentir.
Je garde les yeux ouverts un moment, seulement concentrée sur le mouvement de la poitrine de Sûm derrière moi. À nouveau, je me demande ce que je fais là et cette question ne trouve aucune réponse.
Alors, pour faire taire mes pensées, je ferme les yeux et la dernière chose qui traverse mon esprit est : est-ce qu'un jour je trouverai une réponse à cette question ?
~~~
Cela fait un moment que je n'ai pas pris le temps d'écrire, mais je ne me lasse pas de relire mes anciens chapitres avant de vous les partager. J'ose espérer que vous prenez toujours le même plaisir que moi à lire ces chapitres chaque samedi !
Le séjour d'Aaliyah dans l'univers de Kaylan n'est pas de tout repos, surtout pour ses pauvres pensées. Heureusement que Sûm est là ❤️ (Comment ça, c'est mon préféré ? Mais non, enfin, je ne choisis pas. *tousse*)
Des bisous !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top